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GUERRES DE LA RÉVOLUTION ARTHUR ÇHUgUET ONDSCHOOTE PARIS LÉON CHAILLEY, ÉDITEUR PRÉFACE Ce volume retrace les opérations de l'armée du Nord sous le commandement de Kilmaine et de Houchard. Kilmaine est contraint d'abandonner le camp de César et de se retirer sur Arras. Le brave et faible Houchard, secondé parBerthelmy et Gay-Vernon, a plus de succès ; il gagne, mal- gré ses hésitations, la bataille d'ilondschoote et débloque Dunkerque; il écrase à Menin les Hol- landais. Mais Le Quesnoy capitule; les garnisons de Cambrai et de Bouchain sont taillées en pièces à Avesnes-le-Sec; l'armée évacue Menin. On rend Houchard responsable des désastres et on lui reproche de n'avoir pas profité dos vic- toires ; il est arrêté et condamné à mort. ^ n PRÉFACE Je dois remercier ici MM. Hennet et Charava d'avoir mis à ma disposition , avec une obligeand qui n'égale que leur savoir, l'un une foule d renseignements sur les généraux de cette époque l'autre les documents qu'il possède sur Fedmi nistration de Bouchotte. CHAPITRE I qni nomme Alesandro. — BouohoHo ûél eue oancre La premier* Comitâ. ^ Mar contre les noble* ot les sospccti. — Lei — Loi commissaires du pouvoir aie plans el annotations. — Soi rÉponsi 1. Le premier Comité de salut public ou Comité de Dan- ïin, élu le 16 avril 1793, ne comptait d'abord que neuf membres, nommûs dans l'ordre suivant : Barère, Delmas, Btéard, Cambon, Danton, Robert Lindel, Guyton-Mor- *eau, Treilhard et Delacroix, Mais il devait s'augmenter; Bi Bréard et Treilhard en sortirent bientôt, si Malbieune fil qu'y paraître, Hérault, Ramel, Saint-Just, Couthon y 'entrèrent le 30 mai, Berlier le b juin, Jeanbon Sain'- jAndré et Gasparin le 12 juin, MallarmC le 27 juin (1). I. ReouaU Aulird, 111, HQ, 182; IV, 381, 510 : V, 48, 100, 119. I f HO.NDSCHOOTE Ceux qui se chargèrent du département de la guerr furent Delacroix, Delmas et Gasparin. Le 29 juin, le Co mité, considérant que les circonstances exigeaient la plu grande activité, décidait que Danton et Delmas surveil le raient les opérations du ministre Bouc hotte ainsi qu l'exécution des décrets et arrêtés relatifs aux armées Danton se laissait suppléer par Delacroix, et ce furen Delacroix et Delmas qui prirent connaissance du travai des promotions dressé par Bouchotte et l'adjoint Muller qui, de concert avec le ministre, dépouillèrent sur le registres de correspondance les notes données aux offi- ciers supérieurs. Delmas lisait à la Convention un rap port sur le mode d'organisation des 40.000 hommes di la nouvelle levée et de 30.000 hommes de cavalerie; i obtenait cjue Tarmée de la Vendée serait formée de com pagnies où entreraient des hommes tirés des régimenti de ligne et des bataillons de volontaires de 1791 ; il pré- sentait il l'Assemblée la liste des ofûciers qui compose raient Tctat-major des onze armées de la République Delacroix rédigeait les décrets qui défendaient au3 administrations d'arrêter la marche des troupes, d« transports, des convois, et qui prescrivaient la levée d( 25.(.0f) cavaliers, la revue extraordinaire de tous Itt corps, la (îréation de huit nouvelles compagnies d'artille rie il cheval et des compagnies départementales de ca- nonuiers nationaux (1). îiO premier Comité n'aimait pas Bouchotte et le traitai' avec Hié|)ris, parfois avec brutalité. Il ordonnait unjou] d'euvoyiîr dans des départements insurgés une troupt de g(Mularuies nationaux à qui le ministre fournirait de* I. lUon. 12 juUlol; séances des 13. 16 et 22 avril, 4, 13, 15, 27 ioà '*S etc. nvaux. BouchottG ou son adjoint dsinandërent assez pAisemeiit s'il fallait fournir des selles en mÉn^e temps fin des chevaux; sur quoi Danton, qui pourtant n'écri- Kt guère, prit la plume et. de sn, propre main, libella ce blet qu'il fit signer par deux de ses collègues : ft Les représentants dupeupïe composant le Comité de Uut public au ministre de la guerre et à ses adjoints : K< Allez vous f ... f. .. Que le diable vous confonde, s'il nus fanl des ordres pour donner des selles quand il bus a été enjoint de fournir des chevauxl Faut-il aussi HB ordres pour que vous donniez des brides? ■ « Daaton, Robert Lini>et, Cambon fus aîné (1). » eAussi, le premier Comité fut-il bientôt fatigué de Bou- ■otte qu'il jugeait mou et dénué d'énergie. Barère Etaruit que la République périrait par le ministère de Kguerre et que le mal était 16; Bréard, que l'organisa- nD de ce mioislère perdrait l'Ëtat et qu'il fallait la nnsformer au plus vite ; Gasparin, qu'il était impossible nftUer avec Bouchotte qui, bien intentionné, n'avait pas bctivité nécessaire pour « suivi'C la violente rotation de K machine »; Cambon, que Bouchotte était inerte et nioruDt en matière d'approvisionnements : « quand on pi demande combien il y a de fusils il sa disposition, nels sont les moyens qu'il prend pour les faire réparer H transporter, on est quinze jours sans avoir sa réponse, n tout languit. » Plusieurs membres de la Convention ■fîgaaieul leurs plaintes à celles du Comité. Pelet décla- BÎt que Bouchotte ne cessait de désorganiser ; Génissieu, n'il méprisait les lois et devait être destitué ; Defermon, hi^il démontrait chaque jour son incapacité; Lidon, que mA, Tailiou luMlorique, I, 375, 4 UONDSCHOOTE son déparlemeRl était < dans un état de st^gaâtioii qui exigeait un prompt chaDgement » ; Haussiuano, que B cboUe était d'une ineptie inconcevable et que ses fautas compromettaient ie sort de la République; un autre, ^u jamais ministre n'avait passé de marcliés plus onéreux. A diverses reprises, les représentants du peuple près l'armée du Nord combattirent Bouciiolte. Les commis? saires Beffroy, Courtois et Duhem disaient au Comité: « Le ministre et ses bureaux se f. de nous. avaient beau écrire ', le plus souvent, Bouchotte ne répcHi^ daitpasou, s'il répondait, ses lettres n'étaient ni promptes ni satisfaisantes. « L'inertie des bureaux, assurait Befi&Of, et l'inaptitude du ministre paralysent tout (1). » Le 27 mai, Bouchotte offrit sa di^mission, et, trois jotif plus tard, la Convention chargea le Comité de lui ioi" quer un sujet. L'insurrection dirigée contre les Girondina vint à la traverse. Mais, le 11 juin, Bouchotte priait (te; nouveau, « suppliait > la Conveution de lui donner u Eucceeseur: il avait de puissants motifs pour quitter son poste; il trouvait de grands obstacles, et « le courant était si considérable, qu'il ne lui restait presque pas ià t«0]ps pour méditer sur les objets les plus importants.» Le Ëurtendemain (iSjuin), le Comité proposait Beauitar^ nais à l'Assemblée. Bouchotte, disait fiarère, ne pouvut tenir les rfnes de son département avec l'énergie qu's geaieot les besoins pressants du moment, et son activiU ne répondait pas à son patriotisme ; Beauharnais, coosbI par son civisme comme par ses talents militaires, avait été chef d'état-major et s'était préparé par cette sorte dv i. Bec; AuUrd, 1V,57; séances de la Goni-eniion du 25 m^ dN « et 13 juin : lettre de Gispirin à La Marlière, 15 juin f A, N. w. SSti; CourtoU et Dubem au Comité, BelTroy au Comité, !1 JitB BOLiCHOTTË noviciat au tninistÈre de la guerre; après avoir conduit une armée, il en conduirait onze, et, de la direction immédiate des troupes de la région du Rhin, il passerait aisément à la direction centrale et suprême de toutes les forces de la République. Beaubaruais, agréé par la Convention, refusa de se jeter dans les orages de lit Révolution. Le 21 juin, le Comité désignait au choix de l'Assemblée Alexandre, commissaire ordonnateur en chef à l'armée des Alpes, homme d'une probité sévère et d'uo républicanisme pro- noncé. Mais Thuriot affirma qij'AIexandre n'avait pas les talents que réclamait l'emploi, qu'un seul homme ne pou- vait d'ailleurs embrasser tous les détails de l'administra- tion do la guerre ni vérifier les pièces présentées â sa signature, ni même lire la moitié des lettres qui lui étaient adressées, et il proposa de partager le fardeau que Bouchotte avait jugé trop pesant, entre Alexandre et deux autres. Bréard convînt que le ministère était en effet trop compliqué pour un homme seul et il demanda que le ministre fût dispensé dorénavant du soin des sub- sistances et des fournitures de l'armée. Finalement, la Convention chargea le Comité d'examiner s'il ne fallait pas donner au département de la guerre trois ministres au lieu d'un. Le lendemain (29 juin), le Comité déclarait qu'un seul ministre suffisait, et derechef il proposait Alexandre dont il garantissait le patriotisme. L'Assemblée nommaAloxan- dre. Mais aussitôt un député s'écria qu'Alexandre était six mois auparavant courtier à la Bourse, et Billaud- Varenne confirma le fait : plusieurs membres du Comité de lit guerre avaient attesté la veille qu'Alexandre était agent de change au 10 août. Vainement Fabre d'Eglan- tine assura qu'Alexandre commandait le bataillon du BOJiUSCHOOriî faubourg Saintr-Marceau à l'aLtaqiie des TuilerîèE, que tous les généraux voulaieTil l'avoir près d'eux b. cause da son zèle et de son activité, que les meilleurs ministres de l'ancien régime, Louvois et d'Argenson, n'avaient pas été lieutenants-colonels, n i nifime capitaines. La Conven- tion annula le décret qu'elle venait de porter (I), Bouchotte resta. II avait dans la Convention de chauds partisans. Lequinio ripostait k ses adversaires qu'imç cabale se montait pour le perdre et que des admiDi&trfr^ leurs malveillants se liguaient pour rejeter sur lui leun propres fautes. Billaud-Yarenne conseillait àTAsseiofalée de diviser le ministère en trois parties et de conservw Bouchotte en lui donnant deux adjoints. Enfin, les Jacobins exigeaientle maintien d'un homme de leur bord. Ilsavaient 1. Rpc. Aiilard, IV, 482,526 ; Mon., séance» de» 13,2i,et «jntn. AlaiandrQ (Gharlcg -Alexis) élait né le 8 décembre 1735 k Pni-ls. Ageot-. de (tbaage en HSÔ, il fut successive miiii cspilaia bataillon de Suint-Mnrceau, coiam.indant du bNiaillan (IISI], ubet la première légion de Paris, e( joua \ia grnnd rôle dana toute* M affaires qui eoreat lieu du mois d'avril iTè\ h la lin de septembre (TA; il disait iiii-mËine qu'il avait occupa h Paris la seconde place dsnB ^ garde na'iooale et que le seul qui [ùt au-cl été rm mai'i^ bal de camp. Ajirâa avoir été commissaire exécutif i. CbaniUly et rempli sa missim avec intelligence. 6 Durembre ('792, uuo place de commissaice-ordanuateur k l'û des Alpes et, quelques jours plus tard, le ii nnvembrc, celle du » mUtaire-orlonnateurencberk la. même armée. DBslilué{t5avriH'S réinlégré (13 juin 1795), réformé (31 aoflt 1795), de nouveau rtilntégi (19 avril 1196), ordonnateur en cbeF k l'armée du Nord et de Sunbp et-Meuie liO décembre 1796) et h l'armi^e des Alpes (ii a.vr)li7Hj( chef de division au miniatfire delaBuerre (octobre J7H7),ordonM' " de la 18' divUton mlUtaire â Dijon {:< octobre 1793), (7 février 180J), Aleiandre fut membrn du Tribunal (an VIlI-1"' j minai an X), puis chef de division ï ludmintalratlon générale i dridts réunis,et,eQ 1SI5, directeur descuntributions directes du Htot- Rhin. Il mourut le Z7 icptombve \.f2b. Roederer le qualine, dans Mt Chronique -le cinquante jours (éd, Lescure, 1875. p . lu) de « dleU émule de Sanlerre *. BOUCHOTTE accueilli la nomination de Bcauharnais par des cris de fu- reur, et bien que Couthon prétendîf que lu jeune général, quoique ci-devanl, avait reçu l'éducation d'un saoB- culotte, Parein et Grammont écrivaient de Tours à Vin- cent que ce choix décourageait les jacobins des départe- ments : « Comment, voua n'avez pas pu trouver un patriote pour occuper cette place qui, dans les circon- stances actuelles, ne devait être donnée qu'a un sans- culotte! Que faites-vous donc â Paris? Que fait la Mon- tagne? Dort-elle ou est-elle corrompue? A vez-vous oublié que vous faites la guerre aux nobles, et vous nous élevez un noble au ministère I > Real et Varlet s'indignaient en pleine Commune de Paris qu'un aristocrate, un ancien membre des Feuillants, fftt «hargé d'un des plus hauts emplois de la République, Le club protesta bruyamment et, dans la séance du 14 juin, Eanriot, Legendre, d'autres encore, crièrent que Bcauharnais appartenait à la caste nobiliaire et ferait le troisième volume de la contre- révolution; qu'il était bon général, mais mauvais admi- nistrateur; qu'on ne l'avait pas jeté tout exprès sur la terre pour être ministre; que le Comité semblait croire qu'il fallait être noble pour diriger les bureaux de la guerre, mais que la Société allait se réunir à l'Évèché et prendre de vigoureuses mesures. Gasparin, effrayé de cette « violente sortie », craignait déjà que le club ne vint demander èi la Convention ie rapport du décret (1). Une campagne ardente s'ouvrit contre le Comité. On publia qu'il avait fait son temps et que l'heure était venue de le changer à cause de sa tiédeur et de son modéran- 1. Cf. lea dlanour» de Leqninio (aéanro du 8 juin) ot de Billaiid- Varenne fH juin;; de Real el de Varlet, IS juin (Mon. du 17); Mège, Coc'M/j. de Couthon, 25Ù; Le Publicisle, a' 223 (21 juin); Journal de la Montagne, 16 juin; Gasparin i La Marlièra, 15 juin. 8 HONDSCHOOTE tisme ; il avait, disait-on, manqué de nerf dans la répres- sion de rinsuprection normande ^t transformé le dépar- tement dé TEure en une autre Vendée. On lui reprocha de dédaigner Bouchotte, de contrarier et d'entraver dans sa marche ce « brave républicain >, de s'élever avec humeur contre toutes ses propositions. On Taccusa de pousser les nobles, ces « esclaves blanchis par l'ambi- tion », de garder Custine à la tête de l'armée du Nord, et, le 19 juin, des commissaires du club des Jacobins allè- rent inviter le Comité à chasser tous les ci-devant des fonctions civiles et militaires et à répudier pour toujours les « scélérats' de cette caste infernale ». On se moqua de Delmas qui s'appropriait les mémoires militaires de Dillon et les débitait comme siens, non sans se ren- gorger et en assurant qu'il étudiait dès ses jeunes ans Turenne et Montecuccoli ; ce Delmas, ajoutait-on, affec- tait l'empire de la guerre ; il faisait à son gré les nomi- nations et les destitutions; il recommandait au ministre des contre-révolutionnaires (1). Marat, Laveaux, Hébert, Chabot, Vincent, attaquèrent sans ménagement la plupart des membres du Comité. Marat ne soutenait pas Bouchotte; suivant lui, le minis- tère était une charge trop lourde pour les épaules d'un seul, et l'on devait le diviser entre plusieurs hommes éclairés, actifs et probes qui chacun auraient soin d'une armée . Mais il incriminait le Comité ; selon Marat, le Comité se composait de gens sans vues et sans énergie ; il était incapable de faire le bien; il gênait les opérations de Bouchotte; Cambon n'avait contre le ministre que des motifs personnels* tirés de quelque petite passion »; i. Séances de la Convention, 4 juillet {Mon, du 6 et du 7) ; des Jacobins, 14 et 19 juin {Journal de la Montagne des 16 et 21). (arère, politiipie lin et rusé, habitué à nager entre deux t * l'ennemi le plus dangereux de la pairie *, jelui qui < paralysait toutes les mesures de vigueur >, Ssirait évidemment qu'un patriote ne fût pas au timon s affaires (!}, Laveaux défendait Boucholte avec passion. Le Comité, lit le journaliste, trouvait des torts & Bouchotte, tarée que Bouchotte était patriote et que, sous un minis- : patriote, la Révolution allait son train; le Comité ^'endormait; le Comité môritait le nom de Comité de la e publique; le Comité renfermait des intrigants qui k montraient un petit bout de pavillon aristocratique *; B Comité voulait sauver la patrie, mais il était faible et a conduisait comme les satrapes de l'ancien régime; il ^cco^dait beaucoup à la sollicitation, à la protection ; il (rait de l'orgueil et de la morgue; il répétait tous les [ours qu'on doit voir les choses en grand, sans s'amuser X détails; il exposait des idées hardies et rendait de beaux décrets; il établissait d'excellents principes et prenait des mesures salutaires; mais il n'avait aucune suite dans ses plans et ne pensait pas au mode d'exécu- tion; pourquoi laissait-il à la tête des armées les com- plices de Dumouriez, et notamment Custine (2)? Hébert faisait cause commune avec Marat et Laveaux. « Est-ce que le Comité, s'écriait le Père Duckesne, est d'accord avec Custine et manigance avec ce bandit la ruine de la République (3) 7 » Mais c'était surtout dans le club des Jacobins que grondaient la menace et l'outrage. Gâteau déclarait qu'il 1. Le PabUcisl', n"» 223, Sît, 237, iiî. £. Journal de lu Montagne. ï\ et 23 juin, 3 juiilot. fl. Lt Pèrt Duchëme, n" 257. I HOAttSCHCMTE n'y avail, ao Comité, que des insouciants et des traîtres qui méprisaient toales les acmsations portées contre Custîne Chabot demaadail que le Comité fût renouvelé : on ne oonsenerait que trois membres, les seuls vérita- blement patriotes, les seuls dont le civisme ne fût pas suspecf, Jeanbon Saint-André, Sainl-Just et Couthon; mais les autres étaient usés; Mathieu teout les discours les plus inciviques; Bamel refu^ail d'armer les sans- - culottes et croyail que les propriétaires sauveraient la h'Chose publique; Cambon ne pactisait pas avec les Bris- I Botios. mais il voyait tout avec une loupe, et les objets [■■lai paraissant trop gros, Teffrayaient à la dislance de I cent pas; Guyton élait hounéle bomme, mais tremblait [: toujours comme un quaker; Delmas faisait nommer des [ sujets incapables ou perlîdes (1). Le pliis acharné des adversaires du Comité était Vin- teCnt, secrétaire général du ministre Bouchotte, révoln- l.tionuaire enragé, dévoré d'ambition, résolu coûte que I coûte k garder sa situation, méditant de soustraire l'ad- I ministration de la guerre ii toute autorité, de renverser fie t^mité et d'investir de la suprême puissance le Conseil l'>exêcutif, pratiquant, suivant l'expression du convcn- L tionnel Gay-Vernon, le système d'avilir les représen- 1. tants. Le Comité avait, après l'échec de Famars, chargé t un de ses chefs de bureau, Teissier, de faire-une enquête rmr les évéoements et de s'informer exactement de la l'tîtuation de l'armée du Nord : dans une séance du club, L Vincent dénonça Teissier qui prenait un ton dictatorial I envers le ministre et voulait lui forcer la main, l'obliger replacer bcb créatures. Il accusa le Comité de ne s'être pro- l,DODcé pour Bouchotte contre Custine qu'après de longs b l. Journal de la Uontagne, 8 et 10 juillel. délais el comme à regret. Dans un mémoire qu'il lut aux Jacobins, il atfaijoa la plupart des membres du Comité, même Danton, avec une extrême virulence. Il prétendit que les meneun et faiseurs passaient leur temps à calomnier Paris aulieu de sévir contre les Irai très, qu'ils ne voyaient pas volontiers les nominations patriotiques du ministre, qu'ils favorisaient les contre-révolutionnaires et s'api- toyaient en dépit du bon sens sur le renvoi des aristo- crates. Il les traita d'élres insipides nu vendus dont l'âme était pourrie. Quoi ! ils avaient conservé ce Custine qui, dans une lettre fameuse, quaiiSait Brunswick d'altesse sérénissime et de pacificateur du monde! « Hommes froidement atroces qui connaissez tant de crimes et en avez le détail effrayant sous les yeux, vous dififérez encore d'arracher ce brigand de l'armée ! Nation française, en quelles mains est ton salut! Quels sont tes manda- taires! Ils ont la lettre de ce nouveau Dumoun'ez, et c'est ce poison k la main que le Comité appelé de salut public, l'a fait proclamer général des deux armées 1 » II reprochait au Comité de ne pas répondre h Boucbotte qui lui dénonçait Devrigny, investi tout récemment par Custine et par les représentants du pouvoir redoutabli de désarmer les escadrons incomplets : * Citoyens, jugez de tels patriotes, de tels représentants. Serrons-nous enfin à la barre de la Convention. Rendons publique toute cette trame et qu'un grand acte de justice nationale frappe indistinctement tous les coupables 1 » 11 concluait avec une singulière audace : « Une telle conduite est bien digne d'un Cambon qui ne cesse de calomnier la sublima insurrection du 2 juin, d'un Barère qui, à cette môme tri- bune, voulait la force armée h la réquisition de la Con- vention, l'anéantissement des Comités révolutionnaires, l'insurveillance des postes et les fers pour le municipal IIONDSCUOOTË ■ qui aurait eu le courage de troubler la correspondance des contre-révolutionnaires! Elle est bien digne de cet ■ homme qui a tant proposé au Comité de faire nommer Clistine général des deux armées du Nord et des Ardennes, malgré sa trahison à celle du Rhin, qui a fait porter au ministère l'ex-vicomle Beauharnaia dont la nomination mort-née avait réjoui les contre-révolution- naires, et ensuite avec le brissotin Grouvelle, son ami, le modéré et plat Alexandre? Elle est digne de Delmas, de ' cet homme voué à la vie et à la mort à Beurnooville (je tiens sa lettre à ce contre-révolutionnaire). Elle est digne enfin de ces hommes qui avilissent assez leur patrie pour penser avec Machiavel — qui parlait aux despotes — que l'on ne peut se passer de cette caste infâme qui ensan- , glante la patrie, qu'il faut se servir de ses vices mêmes pour sauver la République, comme si le combat de la raison et de la vertu pouvait être soutenu par le crime! Il faut étouffer les ambitieux dans une République, et c'est en élever à chaque instant, que d'exhumer de l'on- bli des hommes qui haïssent tout ce qu'ils sont forcés ■ d'estimer et qui n'ont jamais su que mépriser leurs sem- , blables. C'est d'ailleurs dédaigner dans les armées les braves à la valeur et à l'intrépidité desquels la Républi- que doit ses triomphes. Je ne sache pas qu'elle en doive encore de grands aux généraux nobles (1)1 > Robespierre désapprouvait de pareilles invectives: Toutefois, lui aussi plaidait pour Bouchotte et jugeait qne le ministre, plue instruit qu'actif, plus propre à. déli- i bérer dans un Conseil qu'à régler les opérations des 1. Mémoire de Vincent, lu sans doutes la lin du mois de Juin (A. G.); cf- sur sa querelle avec Teisaier ia séance des Jacohlni iId , 1< juin, et Rec. Aulard, IV, 330. 1 J i 'mées, joignait le patriotisme aux talents et le plus pur tvisme aux lumières. Quant au Comité, Robespierre ne défendait qu'avec mollesse. Sans doute, disait-il, ce nité ne devait pas encourir la proscription puisqu'il it rendu de grands services, découvert des complots, ■eloppé des vues sages et profondes, donné l'impul- n à d'avantageuses mesures, et d'ailleurs la perfee- n est impossible, et il serait impolitique de jeter de la ''Ûéfaveur sur une réunion d'hommes chargés des plus graves intérêts et des affaires les plus importantes de l'État. Mais, reiùarquait Robespierre, tous les membres .u Comité n'étaient pas également éclairés et vertueux; Is avaient commis des erreurs et des fautes, et l'on n'a is assez fait pour la patrie quand on n'a pas tout fait (1). Le 10 juillet, deux jours après es discours de Robes- pierre, un député proposait à la Convention de renou- veler aussitôt le Comité. Drouet et Bentabole appuyèrent la proposition et demandèrent que le Comité fûtréduît k neuf membres et nommé ii haute voix ; moins il serait nombreux, mieux il ferait le travail, et s'il était élu par l'appel nominal qui est la vraie pierre de touche du pa- triotisme, on connaîtrait les véritables patriotes de l'As- semblée. Drouet ajoutait que quelques membres de l'an- cien Comité ne méritaient pas la confiance, et Camille Dosmoulins, toujours étourdi, n'intervenant qu'à contre- temps, outrant les choses, pressé de frapper le vaincu, assurait que le Comité causait beaucoup de mal par son ignorance, par son incapacité, par son ineptie et ne sa- vait ni déjouer les trahisons, ni empêcher les plus humi- liants désastres, comme la surprise du camp de Famars. t 1. Jovrmlde la Montagne. 17 juin ot 8 juillet; Ilan 1 4 HO^DSCHOOTE La Convention décréta que le Comité ne comprendrait que neuf membres qui seraient nommés dans la séance du soir à haut€ voix. Ce furent Jeanbon Saint-André, Barère,Gasparin,Couthon, Hérault de Séchelles, Thuriot^ Prieur de la Marne, Saint-Just et Robert Lindet (1). Ni Danton, ni Delacroix, ni Delmas n'étaient réélus. L'Assemblée n'avait choisi que d'ardents jacobins, des Montagnards, et, comme disait le Père Duchesne, des hon- gres à poil, Barère était renommé, malgré Marat qui le traitait de royaliste déguisé et qui l'invitait à se pro- noncer une bonne foisen faveur du nouveau régime; mais suivant le mot de Drouet,ilavaitde l'esprit el il serait tou- jours l'homme principal du Comité, celui qui se chargerait des affaires secrètes, des commissions dangereuses, des rapports difficiles (2). Robespierre se réservait. Il gouver- nait le Comité par Saint-Just et par Couthon ; il y siégea le 26 juillet sans y être encore adjoint, et y entra le 27, à la place de Gasparin qui se retirait en alléguant la fai- blesse de sa santé (3). II. Le second Comité ne futpas au-dessous de sa tâche, comme l'avait été le premier Comité, Pas de lenteurs ni de délais, pas d'irrésolutions. Il agit avec décision et fer- meté. « La vigueur seule, écrivait-il aux représentants, t. Jeanbon et Barère, 192 voix; Gasparin, 178; Couthon, 176; Hérault, 175 ; Thuriol, 155; Prieur, 142; Saint-Just, 126; Lindel, 100 (Uec. Aulard. V. 224). 2. Le Publiciste, n« 242 ; Fersen II, 95. 3. Hec. Aulard, V, 371 et 393. Il est probable que Gasparin, qui donna sa d^mi»si), et Cbamvïy, Carnot, H, 451~4â3. 1 8 HOynSCHOOTE détat et de princij»es. des hommes qui combattaient pour leurs j>ropres droils. Xe lisait-on pas dans les gazettes que j»iiisqti*c»n faisait la firuerre aux nobles, ils ne devaient pas la dii'ifirer? Barère ne nommait-il pas les nobles des tra'iirf'fi cowm^nc^sl Couthon ne s'écriait-il pas qu'il fal- lait se guérir de la manie d employer ces comtes, ces marquis, ces ci-devant qui étaient,de fait ou d'intention, les ennemis du nouveau système, et ne plus se servir que de plébéiens et de ceux que l'ancien régime api>elait avec mépris des officiers de fortune? Vainement Du Bois du Bais conseillait d'éviter les grandes commotions qui sui- vraient une mesure de proscription universelle, et, sans dédaigner les dénonciations, de ne pas les accueillir toutes. Vainement Le Cointre écrivait que < les armées sans chefs se dissipent et s'anéantissent », et que le Comité remplissait les prisons de généraux, et n'osait les punir s'ils étaient coupables, ni leur rendre justice s'ils étaient innocents. Vainement les représentants conser- vaient des officiers nobles qu'ils ne savaient comment remplacer. « Les successeurs, disait le Comité, sont dans les cantonnements; on les aurait trouvés, si on les avait bien cherchés (i).» Le Comité usa de tous les moyens pour détruire dans l'armée les souvenirs de la monarchie. Les officiers des vieux régiments ne se résignaient pas à quitter l'habit blanc, et il fallut ordonner à ceux de l'armée du Nord de B'iuibillcr de bleu pour le 10 ou le 15 aoôt au plus tard, fioloii qu'ils appartenaient au camp principal ou auxdivi- HJonH éloignées. Ils obéirent de mauvaise grâce. Presque touH conHorvôrent sur leur nouvel uniforme les boutons I. ^ar^l•e, dlicoura du 25 sept.; Mège, Corresp. de Couthon, 250; <1ii HoU du DhU hu Comité, 31 Juillet; Le Cointre au Comité, 12 août "^O ; lieu Aulapd, V, 474. BOUCHOTTE 1 9 blancs avec le numéro du régiment et les épauleltes en argent. Plusieurs, et notamment ceux du 17*, ci-devant Auvergne, avaient même au retroussisde l'habit une gre- nade ou un autre signe qui rappelait la couleur de leurs anciens revers. On dut, le 21 août, leur enjoindre de porter, dans le délai de quinze jours, les épaulettes jaunes et les boutons jaunes avec la légende « République fran- çaise » (1). Pour mieux « patriotiser » Tarmée, le Comité garda Bouchotte et le maintintenversetcontre tous. Le25 juillet, DartigOf*yte invitait la Convention à mettre au ministère un homme qui fût digne de la confiance publique et à congédier cet ignorant de Bouchotte qu'une intrigue, une € espèce de magie », fixait encore à la maison de la guerre (2\ bien qu'il eût donné sa démission depuis deux mois. Boucher Saint-Sauveur répondit que Bouchotte était patriote, et Barère, que le Comité aimerait mieux nommer de bons adjoints que de changer le ministre. Malgré Boucher et Barère, la Convention résolut de dresser, le jour suivant, une liste de candidats. Mais deux députations se présentèrent à sa barre : l'une, dépêchée par les Cordeliers, engagea l'Assemblée à laisser au minis- tère de la guerre l'intègre et civique Bouchotte ; l'autre, envoyée par la Société républicaine du Dix- Août, pria la Convention d'arracher au commandement des armées les nobles, « ennemis nés de la liberté »,et de ne pas écarter Bouchotte : on employait contre lui les mêmes manœu- 1. Ordres du 31 juillet (signé Des Bnislys) et du 21 août (du camp de Gavrelle); Viger à Bouchotte, 25 août (A. G.). Cf. Bigarré Mém., 190 : « cet habit blanc que j'avais eu de la peiue à quitter en 1793 ». On tenta môme d'effacer, sans y réussir, les fleurs de lys et les couronnes empreintes dans le creux de la lame des sabres des hussards (Golaud à Des Bruf^lys, 4 août). 2. C'est ainsi qu'on nommait alors le ministère de la guerre. ï. ■ l Bomccaoon Très cpie contre Pache: mais l'Assemblée résislendt A loDles les in^noatioos et placerail des patriotes et non des teienlifiquet â la tête des administration». Robes- pierre appuyâtes pétitionaaires. Tanta la probité st^Tère do minière, assura qu'il ne serait jamais un Reurnon- Tille et qu'il saurait rompre les trames ourdies par de DOUTeauxDnmouriez,<]u'il avait laconfiance des patriotes et la faaine des aristocrates, qu'une aTeug;le prévention lui attribuait les fautes de ses a^nls et de ses ennemis ; si la Convention, conclut Robespierre, voulait donner quelque assiette au goavemement et de la soite, de la consistance aux opérations de la guerre, elle annulerait le décret qui prononçait implicitement le renvoi de Bonebotte. La Convention annula le décret au milieu des applaudissements répétés du public, et le âS Juillet, sur le rapport du Comité, elle décidait que le ministre de la guerre était autorisé, non seulement à remplacer et h suspendre provisoirement les officiers généraux et les officiers des états-majors, mais â choisir dans tous let gradei, sans être astreint aux dispositions des lois précédentes. Pourtant BouchoLte fui encore nttaqué. Le 12 août, Gossuin annonçait que les ennemis cernaient Cambrai et marchaient sur Péronne. Bouchotte, disait-il, ne faisait rien par lui-même, ne prenait conseil que des clubs, ne ientait rien pour arrêter l'invasion (1). Delacroix s'unit A Gossuin; il s'étonna qu'on n'eût pas accepté la démission de Bouchotte et affirma que le ministre n'avait pas de talents militaires, n'avait p, tandis que le ministre préparait la . il Gloire il'Hundtcboote. M f EOrcHOlTE ïl saires pour seconder utilement les armées. Maie, séance tenante, Barère répli^jua ijue le Comité voyait dans Bouchotle un homme d'an talent considérable, d'un sûr républicanisme, d'une exacte probité, et que, môme sous le fameux slëcle de Louis XIV, l'administration de la guerre n'avait pas la tâche immense de Bouchotte qui mettait 500.000 soldats en mouvement. Six semaines plus tard, le 25 septembre, Barère plaidait derechef pour Bouchotte, protestait que le ministre n'était peut- Jtre pas assez énergique et révolutionnaire, mais qu'il ipossédaitlapremière des qualités, une qualité préférable It toutes les autres, le patriotisme. Une nouvelle attaque eut lieu contre Bouchotte dans 3 derniers jours de i793. Par trois fois. Bourdon de l'Oise le dénonça; il affirma que ses commis allaient aux P.Cordeliers et ailleurs calomnier les députés, que ses nigents entravaient les mesures des représentants, et il I demanda la suppression des ministères et de ce Conseil exécutif, « puissance monstrueuse » qiii rivalisait avec la Convention et le Comité. Hais Bouchotte avait, au con- traire, prescrit à ses agents de se renfermer strictement dans les limites de leur mission et de « ne pas lutter de pouvoir avec ceux à qui l'autorité immédiate élait délé- guée. » Barère fit son panégyrique et déclara qu'il s'était engagé très avant dans la voie de la Révolution, qu'il avait la passion de la liberté, qu'il se rendait assidûment au Comité pour recevoir ses ordres. Robespierre appuya Barère; le Comité, remarq;uait-il, surveillait tous les ministres, et le caractère de Bouchotte opposait aux conspirations une insurmontable barrière (1). 1. Ordreide BoucboUe, 30 sept, et Î3 nov. [A. G.]: a£ancea delà CoavenUoii, EO dov., 'l et 17 déc. {Mon. dai S, 6 et 19 aie). Robespierre coovrît non sealementle mittislre. mais un L des adjoints du mintslre. Daubigoy. Ce DaubJgDy était da 1 même pays qse Saint Just q;iii témoignait un jour qu'il ne I coaoaissaîtpasde meilleur ami. de plus ardent patriote et 1 de citoyen plus estimabli?. Le 7 janvier 1794. au nom du \ Comité des marchés. Charlier montrait à la Conventîoa des elTets destinés ans soldats, une paire de bas si mau- I vaise qu'elle pouvait à peine se porter une fois et une [ capote d'hiver faite d'étoffe très légère et doublée de r toile d'emballage. L'Assemblée décréta que k-s fournis- seurs serait-'nt arrêtés et, â la requéle de Bourdon de '' l'Oise, que Daubigny, chef du bureau de l'habillement, [ paraîtrait devant le tribunal rcvoluttonnaire. Mais I Robespierre proclama le zèle de Daubigny et les services I que ce < coopèrateur du Comité » rendait à la patrie ; il certifia que Daubigny ignorait de pareilles dilapidations et lapina que l'incident n'était pas assez approfondi, que I l'assemblée ne devait pas frapper sans mûr examen ua i agent du gouvernement et paralyser ainsi le gourerne- I ment lui ni^me. 11 oui gain de cause. Biiucholte était donc l'homme dn second Comité, et le ^ Comité le tint dans sa dépendance, le semonça le sti- mula, l'obligea de présenter tous les dix jours un tableau analytique des travaux de son ministère pendant la décade, et tous les quinze jours, par bref état, le contrôle ■ des régiments et des bataillons [1]. Lorsque le comman- [ dant de Cambrai écrivit que l'administration de la guerre 1. Boucbotli: disait plni tard qu'il avidt «envoyé au Ckiniilê,oh«qiia décide, le compte compreBant lotilcs loa (ip^ralions el 1» coFreopon- ■q mitiialre. Lb dé parte menl de la guerre ne pourait errer que [jpeDdaDldU jours sans ipie le i omii^ en cAl connai-^saoce Jamais le ^mltâ D'à argué lea comptas décsdaircs. ■ Cr. le décret da ■idée. t793 (Rec. AuLard, U, 151). 3P1 i BOCCIIOTTE îï n'avait pas encore répondu depuis deux mois à. ses demandes pressantes, Couthun et Jeanbon SainL-André reproclièrent durement à BouchoUe la négiigenee impar- donnable de ses bureaux et lui enjoignirent de chasser lea malveillants, les Iraîlres qui nejcessaient d'enlraver la marcbe des opérations (1). Le ministre obéit docilement au Comité, Ce fut sur l'ordre du Comité qu'il s'eflforça de « sans-culottiser » l'armée du Nord ou, comme on disait alors, de la dèmus- sadijiei; de purger et de nettoyer les états-majors, « Les IrahidûLB sans cesse renaissantes des ofdciera, lui écri- vaient Robespierre, Hérault etGarnot, doivent vous faire ientircombienilest important de prendre sur leur compte iûus les renseignements qu'esige le salut de la patrie. » Bouchotte déclara, avec le Comité, que les ci-devant ivaient la République sur les lèvres et non dans le cœur, ju'ils étaient les secrets enuemis de la Révolution, qu'ils jpposaient au mouvement populaire une force d'inertie, il les saerifla sans miséricorde. Les grades, répétait-il, devaient être donnés qu'à de véritables sans-culottes, le patriotisme suppléerait aux talents.Lorsque,à Mau- aeuge, les soldatsdu 36' régimenld'infanterie chassaient leurs oi'ficiers nobles, riaient au nez du général Gudin ■jui menaçait de les désarmer et protestaient qu'ils se ■aient plutôt hacher en morceaux que de rendre les Bouchotte applaudissait û, leur civisme et encou- ;eail son agent Viger à propager ce républicanisme dans autres régiments (2). « Le tact du soldat, assurait-il, . I,B Comilé à BouchoUe, 22 juillet (A. D.)i c^ Reo, Aulard, el VIII. 243 ; iks le 6 novemlre. tou» loa soirs, ï <1U heures, e Coa^Dit eiéi;utif se réunit au ComitË pour délibérer avec lui sur 'étal de la llëpublique. 2. Le Comité [Coatbon et Jeuibouj ï Bouchotte, 2S juillet ; la . ' tf .i*in "Tl ,.i .1.. ^.J. ^ ■ .• ■ - . .r - ■ !■ ■ -^ ■ .■■ ■*. -ta. ■-<•'■ r.." ■ ■' .• .^ .'. ..a ^ »■ . . - ■• «I •' 'V»^ '"^ '• ■ ■ • «îîs , . , ...'*«' ^ .^«» - . • . ■ ",•'«» ■' r.^ ■. ^■••-.« . . m * • ..^.. ^^,^ *T ..«■.Il .t: ,at^ _wi ^* ^™ «^ . ^. . . f ... f . .. .- ■-#^. ^ < .' -V-i-J. • • '«'• *..*»'? ■ ••? ■»• "■. ^" .,.'■ II. 1 . — ._ . 'IL ... **. »•■'■■•.>■ '^ '. ' ■■■■' ^afti;*."*" l.t.'l "._ •:"." .^-^ Ce fut à l'instigation du Comité que Bouchotte envoya des « pivpiers publics » aux armées. Déjà Fabre d'Églan- tine, criant que les adversaires de la llévolution travail- laient à égarer ses défenseurs, proposait de fonder une gazette militaire. Déjà paraissaient des fournaux qui semblaient, par leur titre, uniquement destinésau soldat: le Postilhn des aiinées, bulletin général de la France el de l'£uropc et le Bulletin généi-al des armées et de la Conven- tion nationale ; mais, comme l'indique le sous-titre, ils s'adressaient aux lecteurs de toutes les classes. Déjà ■juinze cents exemplaires du Bulletin de la Convention ■étaient expédiés à l'armée du Nord et, sur l'ordre des représentants, ce journal était affiché quotidiennement à ':i porte des casernes et dans les camps, a un potean lacé au centre de chaque bataillon. Bouchotte répandit larmi les troupes l'Ami du peuple, le Journal de la Mon- tagne, le Républicain ou Journal dus hommes libres, le J'ère Vuchesne, le Journal universel, le Batave, leRougyff, V Anti- fédéraliste et le Jou7-nal militaire. 11 n'acheta que soixante-quinze collections de l'Ami du peuple à Marat qui les lui fit payer au prix coûtant. Mais, le 24 mai, il abonnait le ministère de la guerre pour 2.000 exemplaires lau Républicain ~ qu'un de ses agents, il est vrai, jugeait [« plus que modéré»,— pour 2. OOO exemplaires au Journal |de la Montagne, et pour 3.000 exemplaires au Père •£}uchesne. Le 13 septembre, il prenait 12,000 exemplaires ■■. Hébert. Tous les jours, de son propre aveu, 8 à 10. OOOfeuilles étaient envoyées aux armées, etle ministre tloblesse au premier degré. Aussi Boucbolle eut-ii en 1773 sa aous- Ueuleniacs; le mInUtère jugea <[at « le sieur de Buohholz, jouisaïQt de la nnbleise acquise pWBon père et étniat nalui-slisé aujeldu prince fle Nassau, avait toulea les qualitiîs requises pour oblenir le grade «l'ornder daas ierig-lmeut de son Altesse. > (A. G.) k à HO.tDSCHOOTE qui calculait les abonnements dans la proportion d'une feuille par jour et par f«nl hommes, consacrait mea- suellemeot ft cette dispense 30 a35.()U0 livres en assignai», c'est-b-dîru 12.000 livres en numéraire (i). On reproche ordinairement b Bouchotte d'avoir pro- pagé cea « papiers nouvelles >, surtout le Père Ouckeme, et di; lus avoi r payés sur les fonds de la guerre. 11 a essayé de De juHtillur. Ne fallait-il pasavertir les soldats engoués de giinéraux qui « ne cessaient de faire des reculades »? Ne fallait-il pus les mettre en garde contre le « principal agent de la chose publique », s'il abusait du pouvoir qui lui était cunllé, et s'il attentai! à la loi? Ne falluit-il pas leur parler de la patrie et leur rappeler sans affectation les objets < transcendants » auxquels ils devaient s'atta- cher et se rallier? N'était-ce pas servir la cause popu- laire que de leur montrer l'uristocratie bous ses odieuses et véritables couleurs? D'ailleurs, le ministre ne faisait qu'exécuter les volontés du gouvernement. 11 n'était qu'un ttimple abonné, et il était abonné parce qu'on lui enjoi- 1. IM«<:oiiri de Kabreiux Jacobin), \Q]a\n(Journaldela lHunt/igw, i» Juin) ; Aulrtrd, Btudea et teponi. 1S93, p. 213: Toup.i.-'nx, Bihtàjn de l'Iil*!. de Pari* puodint lu Hévol., [I, p. 65Q et 611 ; Cbamii,: Carnat, U.iOi; \yeti«\, LaiidU riBolutionnaires, 1S15, p. 324; Jov- niil do Msi-st, n" 229, £9Julii (letti'u de Boucholla etrépoQM de Mnt qui d^cl^re avoir Luucbd un mandat de 1.500 livres) ; ordre de Bou- ebuUe, 24 mai, coac ornant le Républicain, l» Monlai/ne et le Plrr Diicheani ; ordre du t! lepLembre de ■ porter, k eoiupler de deinali, t'a]>utiTiemeiit au Père Duclitane, à 12.000 eiemplnires » ; l'.ellîei'k Boijchotlo, <5 juillet (A. G.). PI ualeura journaux luucbèr'oi eniembllr Iq \2 Juin, à la tréioreiie, une somme de 50.000 livrci (joaroal in Marftt, n* t2U). 1l4bert ruurnit on tout au ralmslèrede la goMM' J.188.00U exemplaire! du l'ive Duc/iesiie, au prix de deux soualIL. reulll?, et requl d'abord 90.000 livrei, puis 14.400 livrâii, piiia eoeore H,400 livres, c'eit-k-d)re IIS.OOO livres oo asiigoali (chilTreB sud» ''"■'nis par Boucbotto et opposés aux cblilres faux de Camille Del^ ■j cf, Bûchez et Uouï, IIUl. parlgm. XXXI, p. !37). gnait de l'être. Le Comité n'avait-il pas, après le 31 mai, manifesté l'intention d'envoyer des journaux aux armées? La Convention n'avaît-elle pas mis à la disposition du Conseil exécutif i6 million.s, et, sur celle somme, des arrêtés du Conseil n'avaient- il s pas réservé au ministre Boucholte 1 .200.000 livres dont il rendit compte et reçut décharge {!}? Ce n'est donc pas de sa propre inspiration et avec les fonds de la guerre que Boucholte a payé les journaux. El si les feuilles politicpies, dit-il encore, produi- saient un mauvais effet, pourquoi les représcnLints du peuple ne s'opposaient-ils pas à cette dislributioaî Duquesnoy n'écrivait-il pus qu'elles étaient une « nour- riture bienfaisante » qui soutenait le bon esprit du mili- taire, el neprenail-il pas assez d'abonnements au Rougy/f pour prolonger la vie du grossier journal de son ami et compatriote Guffroy (2)7 Le Comité ne décidait-il pas au mois de novembre d'abonner les clubs à cinq journaux rédigés « dans le sens de la Révolution républicaine », au Moniteur, au Journal Universel, k V Antifi^dM'alhle , au Hépublicainet... ànPêre Duchemel N'arrélait-ilpa3,le26 floréal suivant, de continuer l'abonnement des armées au Jtfpublicain et a.\i Journal Universel (3}?Boucholte a donc 1 . Cf. le mc>moire de Boucholte (Bâchez el Rom, XXXI, 23-J-238} ; ta deux brocharea BoueliolU à ses concitoyens, 3-7 el 3 ; ATenel, Lundi» révol., 323; rapport de CoiirloiB, IS; Bec. Aalard, III, 467 et V, 150; décrets du \6 avril (6 miUioaa pour dë|ipa>0K secrèiea) et du 29 juin (10 mQlinns pour assurar les sub9i:ttani>e3 des di^parle- ments el déjouer les intrignPa des cootre-révolntinnonires). Lea ■rrilés du Coo^ollqui allou>ml des fonds à Bouctiotlc.soQt du 22 mal, du 2 juillet el du 30 vxnlûie un 11 ~ *■ u Comité, 2iJaoai (A. G.); Rougy/f, a" 116 et 150, 24 a it21 nr 1 1791. ard, Eludea e ri.pporl de Courtois, 1 Lésons, 235-237; Rec. Aulard, VRI. l Î8 ' HONDSCnOOTE raison d'alif^guer qu'il av;nt besoin d'un ordre supérieur pour supprimer l'envoi des journaux et qu'il « n'aurait pu ordonner cette suppression sans se mettre beaucoup de personnes it dos. » Mais le ministre de la guerre devait-il répandre des gazettes qui calomniaient les généraux et ruinaient la discipline? Il affirme qu'il ne désirait pas diminuer la considération des chefs et l'obéissance des soldats. Il reconnaît « l'inconvénient de ce temps-là », les « écarts », les « personnalités» des journaux, «t prétend - que c'était au ministre de l'intérieur à punir « cette licence » et à « réprimer les écrivains ». Mais des commissaires de la Convention, Beffroy, Bollet, Duhem ne blâmaient-ils pas les agents du ministre qui - semaient, avec les feuilles de Hébert et de Laveaux, des soupçons odieux sur les généraux? Enfin, pourquoi Bou- chotte prenait-il, de son plein gré, au milieu de sep- tembre, 9.000 abonnements de plus au Père Duckesne, è. ce Père Duchesne dont le langage dégoûtant et ordu- " rier, dit Camille Desmoulins, avilissait la République et faisait croire à l'Europe que la France était peuplée de barbares et de Vandales, « comme si ses saletés étaient celles de la nation, comme si un égoût de Paris était la Seine >? Pourquoi, de son chef, sans ordre du Comité, cessait-il, le i" octobre, d'envoyer dans les camps le Journal de la Montagne? Ne fut-ce pas sous l'impulsion de Vincent qui se vengeait ainsi de Laveaux, devenu son ennemi? Ke fut-ce pas sur le conseil impérieux de Vin- ■ cent qui ctiauffait avec la braise de Bouchotte les four- neaux de son ami Hébert [1)? 1. Valenciennes.l^l ; ordre du 4 octob-e, signé Vlnceat : ■ L'ad- joint suapondra le dépari dii numéro de \n Montagne ; son aboaaemenl .{A. G.) ccné à compter du l" Valei BOlCaOTTE t» PCes commissaires dits du pouvoir exécutif, Celliez, I, Defrennei 1,1, furent chargés de distribuer les jour- laux à larniL-e du Nord, et Prosper Sijas, l'iLdjoiDtda linislre, leur donnait ordre de remettre eux-mêmes dam i les bataillons les feuilles qu'ils recevaient chaque Outre Celliez [qui avait pour aeci'élaire Compèr»), Vsrin et Derpenno — et. sur ce dernier Valenciennes, 188-189,61 but Ctlliei et Varin qui ne ae quiltaieDt guère, Retraite de Bruntuiick^ 6') e! 1 13 et Vateiwtnnes,iS6-i9l— il Caul citer encore Huguenin.ADcard, Viger, Dcsubascaux, Mîtchinlt et Tainturicr. Preaijue tous avûeiit Itté Paria i la auilo d'une dicision priie le 13 mii par le Conseil ;ulir ; Kagaenin et Dii^ntie poar l'armée du Nord, Ancard pour êamp de Cassel, Celliez et Varia pour te camp du Pérooue (ili [èrcnt surtout au camp de César). Crosne ponr Msubeuge, MftCbauiL ei Deschaseaiix pour Maubeuge et CharlcvUlo. Lui"' Juin, Bouchollo autorisait Crosne, Derrenne, Deachaseaux et Viser i aclieler touLcJ ies armai de guerre qu'ils trouveraieDl daaa le Nord, hors des manufactures aa'.ioDales, et h les diriger sur Paris. Crosne alla it Duukerque, t Cambrai, à Lille. Deschaseaux le roodR ï Strasbourg. Macbault, parti de Paris le 1! juillet, visira Lille, Duukerque. Cambrai, Maubeuge. Philippe Viger, chargé la SS mai, par le Cunaeil eiécutif, de vérilier la ijuaulilë d'aimei de loule espèce qui ae trouvaient dans les arseuaui et manufac- tures de l'armée du Nord, demeura quelque temp^ ï Maubeuge et envoya plusieurs rapports sur la division. Tainlurier, qui fut un ins- tini, avec De^enae, l'auxiliaire de La Valette a Cambrai, ne tarda pas k s'éloigner, et Debenae ëcrivalt, le 7 julllcl, qu'il ne l'avait jamais vu. Tous ces ageols furent rappelés par le décret du 23 aoilL Mds une décision de BouchoUe, du l^ sepiemlire, envoya dans le Nord et tes Ariiennes : pour le reoruteinent, Méchin el Villera; pour l'arme- ment, Viger et Defrcnne IDeacamps el Probat avûenl la même mis- sion, l'un dans la Moaelle, l'autre en Alaace); pour aurvelller laa manuractnres de Cbarlov'Qle et de Maubeuge, Descbaseaui et MachauU. Crnane Élail reslé k Lille el, dit Lavaletta dans une lettre du 10 oclobre, y établit, grâce ~a aon iotelligPDCe et ï son civisme, le plus bel atelier d'annes qui se aoît vu ; mais blenlôl, écrivait le reprÉ- sentnnl Cbiles (13 novembre). Crosne, prMre do son métier, fut en guerre ouverte avec Lavalette et sa prfaenre i Lille devînt une occasion de troubles; Bouchotte râpondit k Chlles,qualre jours plus tard, que Croane n'était plus employé, qu'il n'avait pas étë nommé agent et que les commiaaairea de la ConvenUon lui avaient condé l'atelier de réparation d'armes. 3 HONDSCHOOTE jour du département de la guerre : « Cette mesure, disait Sijas, est d'autant plus urgente, que la plupart des états- majors sont infectés d'aristocratie; c'est à nous, bons républicains, à fortifier l'esprit public et à terrasser tous les scélérats qui veulent nous replonger dans les fers. » Mais les agents avaient une autre mission plus impor- tante, celle de surveiller le matériel et le personnel. Bou- chotte leur recommandait de s'attacher à connaître ceux qui servaient bien la République et ceux qui la trompaient ou ne lui étaient d'aucune utilité, de « mettre l'ivraie de côté », de chercher dans tous les rangs de l'armée et d'ar- racher à leur poste les citoyens qui joignaient les talents militaires à un pur civisme. Ce fut sur leurs rapports que Bouchotte prononça ses suspensions. Il avait en eux la plus grande confiance, il lisait leurs lettres avec une extrême attention et les analysait, les annotait soigneu- sement. Une ligne, un mot de Celliez, de Varin, de De- frenne décida souvent du sort d'un officier. Lorsqu'un décret du 23 août supprima les commissaires du pouvoir «xécutii, Bouchotte déclara que le Comité devait € de toute nécessité > obtenir l'abrogation de cette mesure, que le ministre manquerait de renseignements exacts sur les jfficiers tant qu'il n'aurait pas dans les camps des agents qui, « armés d'un pouvoir, se défendraient de la malveillance. > Il se plaignit au président de la Conven- tion. Ne fallait-il pas des commissaires pour hâter la fa- brication des piques et la fonte des cloches, pour con- trôler et accroître le travail des manufactures d'armes, pour propager l'esprit public, et leur rappel n'allait-il pas décupler le labeur du ministre? Le 11 septembre, la Convention décréta que les ministres pourraient envoyer des agents aux armées à condition de renseigner tous les bu t jours le Comité de salut public sur leur nombre et l'objet de leur mission. Le 30, Bouchotte présentait au Conseil exécutif la liste de ses agents. C'étaient, pour rarm6e du Nord. Celliei, Varin, Châles et Berton. 11 leur donna des instructions nouvelles : ils seraient Tœil du ministre; ils s'efTorceraient de décou^Tir les trahisons, les intrigues et les abus, de sonder les génijraux et les élats-majors, de savoir s'ils appartenaient à la noblesse ou s'ils avaient été partisans de la tyrannie el des fac- tions, « créatures de Lafayette.deDuraouricï, deCustine, de Bouchard *; ils visiteraient les hôpitaux et les pri- sons, vérifieraient l'état des fortifications, surveilleraient la confection des habits, enverraient des informations sur les besoins des troupes et la position de l'ennemi (1). Hais Bouchotte ne se contentait pas de dépouiller la correspondance de ses agents personnels. Il lisait les lettres des représentants, des généraux, des commissaires des guerres, les résumait, et envoyait à ses adjoints les demandes et les réclamations, k mesure qu'elles lui pas- saient BOUS les yeux. Lorsqu'il reçoit, après la défaite de Famars, les plans de Custine, de Tardy, de Sauviac et de Gobert, il les examine et les discute. Il étudie dans de longs exposés et avec une minutieuse attention les pro- jets qui lui viennent de tous côtés, calcule exactement & quelle époque arriveront les secours qu'il envoie, essaie de deviner, en consultant les cartes, ce que fera l'adver- saire, recherche les causes des échecs et « les moyens de porter remède aux inconvénients (2). » 1. BouchoUs au Comité, 96 et 29 a Mil exécutif, at juilletî inalraclion Aul»pd, "VI, 73, 419; Vil, 133. 2. OirrPspoDdadce du ministre (A. G.) ; projet de secourir Landau etie d'pBr?3 et par une : i\

unier. et une fois Eft. kpi pourchasser avec mai * i(u'on peut attendre Il présentait D ilt!-âirait que i^'ïls eussent leurs ad « traverser une •s le lieu du bdodoniiant le .vQt anllement ■1 'bt posscrire t â«a cabinet; ttbllrlfl rronlitri- du Nord de munitions de boudhe pour résister aussi lon^tenips, et il montrait au général ses propres états d'approvi- sionnements (1). Il encouragea les chefs, remonta leur moral, lAcha de les rendre plus résolus et plus audacieux. « Nos ennemis, écrivait-il à Houchard, ne sont pas innombrables, et lorsqu'ils se portent en masse sur un point, ils sont de moins dans un autre (2). » Il prit quelquefois d'excellentes mesures. Après la désertion de Dumouriez, il dépêcha dans les places prin- cipales du Nord des agents chargés de rallier et de ras- sembler les sous-officiers et les soldats qui gagnaient l'intérieur (3). 11 défendit aux militaires qui portaient des dépêches au gouvernement, de rester vingt-quatre heures à Paris sans sa permission, et aucun d'eux ne put y venir, même pour les affaires de son bataillon, même avec le consentement de son général, si le Conseil d'ad- ministration n'avait pas envoyé au ministre une demande de congé (4). 11 exhortait son monde à l'économie, s'éle- vait avec force contre les prodigalités. « Qu'on ne donne que ce qui est nécessaire et qu'il n'y ait pas de dilapida- tions. » S'il expédiait des poudres, il rappelait que les canonniers avaient souvent, dans de précédentes occa- sions, tiré hors de portée. « Nous n'avons rien de plus ■écieux que les poudres », ajoutait-il, et il priait l'artil- ie d'en faire un judicieux usage, de ne pas doubler ou I: Inslruction poar le iriaéral en cbctf de l'armée du Nord cit dei ArdeansB (collection Cbararay) ; Boucbotio i Larnarchc, t3 mal [A. G. et Cbsravay, Ca-iiot, II, 23T) ; et. ses leUrea t Damplerre ( Falen- eitnnes, iS) et à Custlae [tU, 130). . 8. Bouchotte i Houchard, ZJ lodt [A. G.). 3. Boucholte an Comité da sûreté g-énérile, 6 mal (A. G. et Rec. ilird.lll. 131). ' Bouchotte i Limarche, t3 mai (Charava;, Camot, il, 23!)}. ■ 34 IIONDSCHOOTE tripler inutilement les charges (1). Le premier, il se servit de !a poste pour le transport des troupes, et l'entre- prise, qui parut singulière, s'exécuta avec une remar- quable précision. Le premier, il employa dans la corres- pondance militaire le tachygraphe ou télégraphe inventé par Chappe (2). Sa taciturnité, la simplicité de son extérieur, ses façons un peu niaises le firent prendre pour un homme totalement incapable. Mais il possédait de grandes qua- lités d'administrateur, une infatigable activité, une application continuelle et raisonnée. Le premier Comité le salut public le surnommait la « statue de pierre » et le « ministre d'fgypte ». Le Comité, répliqua Bom^holte b, cette satire, « a donc su apprécier le sang-rroid du ministre, sa sobriété de paroles et sa puissance de tra- vail (3). » 1. Charsvny, Carnal, \l, 231. 2. Mioi de MéliU), MCm. 1M13, 1, p. 35-33; Miot orwiÎBS le (rans- port dca Mayemnis en Vendée, el il assure qu'il subatltu» le Lnim do téléîO'iplie 1 la dénomiuaion impar.aile do tscbygpaphe pruimsée par 3. Mémoire âe BouchotU) analysés rtaiiB l'Amatfiur il'aviographes du l"jiiin 1863.Je«a-B.ipM»lo N.)ël Bouchotip,n* le 2S d-^CPOibrc ilH & Metz, volonla'iro «u régiment de Nassau {i" ami 1713) et soufl-llen- loDSol t ce L'éKlinenl (t'< janvlur 1175], tons-Ueutenaiil au Royal- Nusau biissards [21 juillet 1175], r^^ronnâ comme Français {voir plai haut p. 2-1, note 1] et ntincbi^ au lôginieul Royal-C ravales avec un trailement ilp 6110 troncs eu altendant une aoiia-llcuienance vacante (ia juUIeL 17711), lieuleuaul en second dans le 2' rfgliiimii de cbevan- lègers qui avait pris le ii.>m de navalerie a de cavalerie, et il Fui proposé par le ministre. Bonaparte reCtisa. Valne^ ment, t divergea reprises, Boucbotte aolltcita le Kénéraiat, réclama du moins le Miiième du traitement ds ministre comme traitemoal de 3 S IIOSDSCHOOTE n'entendait plus parler de lui, qu'il semblait ne pas exis- ter. Mais Carnol, devenu raenibre du Comité, comprit ces mots du ministre, que les circonstances avaient qua- I druplé le labeur et que, sur toute la surface de la Répu- I felique, la machine militaire était désorganisée (1). Aux remontrances et aux objurgations, Boucholte ré- tjonàait qu'il était à chaque instant arrêté par les soUi- 1 citations des municipalités et des administrations dépar- i •ihrme i «Il est, écrivslt-U, dea choîss de décence; un ancien I minisire ne doUpas être eipuaé ï ae loger au mois, à courir pour s diner el i. chercher des dislraclions au afé; il lui faut un 5 tbei lu: où il puisse prendre ses repas et se faire des occupdtlous F ttUles. ■ Vainement il objecta i^u'il n'avûl rien fait pour lui-mËme * durant son administration et que le minislre, tiré du militaire, était rs, à son avènemeol, inv-oati du ^rade d'officier -général, ft-.^'Albai'adc avait 6tê nommé contre amiral, que lui, Boucbollc, aurait u le grade correspondant dans l'armée de terre, â'il avait paru fie désirer : ■ Ma modération ne peut Sire un tort, elle ne peut eSacer il. » Vame.nunl il désira (Ifi oot. 1P09) aorvir eomine adjudant- I général tt l'élat-majar général du corps d'ai'mée commanda par Dau. Itéformé d'abord sans traitement [2U avril 179t), puis avoo t traitement de réforme (1797-1799), il enile traitement d'acUvild comme ladjudanl-sénéral (17 acpl. n&9-21 sept. 1801), enauilo comme ai^u- K dan l-co m mandant (il sept li«)]-21 sept. 1804), et, enQn, une solde de krelfallB de 5.000 francs qui fut conrerlie lo 1"^ avril 1811 ea penaion tde colonel. 11 n'était pourtant pks saUslait. A la Reslauration, il E'demsnda, inutilement d'ailleurs, la. croix de Saint-Louis qui « atteste ft d'anciens services et qui est un signe delà protection de Sa Majesté*, A il faisiiil les vœux les plus respectueux pour la coQscrvaUon ds s X.VI11 el pour la prospérité et la perpéluilé du rËgne des Boar- l.bona 11 demanda, en 1830, une augmentation de pension, et Jourdan, ftcinsi que la députation de la Mn^selle, appu)'èrenl sa pétition en " îu^t qu'il él^l Sfié el chargé de famille. Le minislre lui répondit K justement (2ocl. 1^31) que l'Empire, en llxantaa pension, avait pris .sidéraUoQ sa qualité d'ancien ministre qui était jointe dans le [brevet k celle d'adjudant-com mandant et que son grade mili- taire ne pouvait, en aucun cas, déterminer une pension de plus de 3.0 r^uncs. Boucholte mourut le 7 juin 1840 au ban Saint-Martin. 1. Charavav, Carnot, II, 230; Boucholte à Maral, 11 mai {LÀma- I leur a'aida/i'-aphes, l"juin 1863). I J mentales toujours inquiètes et toujours insatiables. Dn ne peut marcher rapidement, écrivait-il, à cause de ^multiplicité des affaires, des demandes indiscrètes des citoyens qui voient toute la République dans leur com- mune, et des contre-ordres; tout cela est une suite pres- que inévitable dans une Révolution; il faut que nous marchions avec tous nos embarras; le patriotisme est plus occupé de les diminuer que de se roidir contre eux. En vain, on parle raison aux administrateurs et leur dit que, dans une défense aussi étendue, il n'est pas possi- ble qu'il y ait quelques points de la République qui ne souffrent, que l'essentiel est de garnir telle ville de pre- mière importance, de tenir telle position essentielle, et qu'en maintenant ces points, l'on sauvera la République, puisquu l'ennemi ne pourra pas faire d'établissement solide. Ce sont paroles perdues; chacun ne voit que sa localité (1). » 11 répondait que la nation n'était pas servie pour son argent, que l'esprit delucre dominait, que, de toutes parts, 50 commettaient des dilapidations, que les fournisseurs ne se pressaient pas et ne se souciaient que de leur pro- pre bénéfice : « Ils ne veulent que gagner; ils prennent leurs aises pour faire leurs livraisons et n'ont pas l'hu- mour assez bienveillante pour songer à la République en Iime temps qu'à leurs affaires (i). » U répondait qu'il n'avait pas à sa disposition d'îm- înses ressources, qu'il donnait des ordres et de longue [te, mais que les besoins étaient si étendus qu'on ne jUvait les satisfaire tous à la fois, qu'il agissait de son 1. Boucliollc k Houchard, 5 sept. (A. G.). : 2. BouchoUoli Houcbsrd, !5 aoiliA. D.]; cf. Rpc. Aulard, VI, SOS. . BONDSCEIOOTE mieux, qu'il envoyait les habite, les munitions, les armi < avec autant de célérité que le comportaient les soir que nécessitaient les autres armées et dans la proportio de ce que la République possédait. * Isoré le priait d'à] provisionner de poudre la forteresse de Lille ; le ministi répliquait qu'il ne perdait pas de vue les demandes d conventionnel, mais, ajoutait-il, < nous ne sommes pa riches de ce côté-là. » On le sommait de découvrir de fusils : 4 Tous no.s moyens réunis, déclarait-il, sont hiei inférieurs au nombre d'hommes que nous avons h. armer, ) Les représentants k l'armée des Pyrénées-Orientalei réclamaient îles effets d'artillerie; Bouchotte leur mon. trait le relevé des ordres donnés et des lettres échangée! k ce sujet : « Vous serez, disait-il, h même de juger qu( je n'ai pas cessé de m'en occuper un seul instant; les retards tiennent à des causes accidentelles qui ne dépen- dent pas de ma bonne voloul(5 (1). * Situation difficile s'il en fut jamais I La confusion régnait partout. Au H octobre, le ministre n'avait pus encore l'état exact de tous les corps de troupes, et inuti- lement, à quatre reprises différentes, en janvier, en avril, en juillet, en août, il avait exigé des Conseils d'adminis- tration des bataillons !e registre de contrôle (2). Bou- chotte avait beau écrire, soit sur de grandes feuilles, soit, plus souvent sur des billets et de petits bouts de papier : ceci doit être prompt. 11 ne pouvait rien contre le désor- dre universel, et il reconnaît qu'avec leurs six cents em- 1. Bonctiollo i Cnstlne, 42 juin, a\ l Houcliard, 1£ août; horé â Boutholle,14nov.,etri'ponie de Bouchotte; lettre du i février 1794 (A. G, et pnllection Chaplvay). 2. Jourrioiiil nu< CiiD-eils d'nd mi nia Ira lion, 29 aaill (leltre qui rap- pelle loi demandes du 31 dâoemtire 1792, du £0 avril et du 15 juil- let 1793. A. G.). BOUCHOTTE 3 9 ployés, les divisions du niinialère n'avaient pas même le temps de mettre les affaires au courant (1). Le 15 septem- bre, il s'émeut, s'écrie qu'il reçoit tous les jours des « nouvelles infiniment pressantes sur la nécessité d'ap- provisionner promptement Maubeuge », prend sur le champ des mesures... et Maubeuge faillit être alTamé. Il ne cessait d'envoyer des instructions, de recourir à cette formule : « Donnez des ordres en conséquence. » II stimulait, il poussait ses auxiliaires, leur prescri- vait, à l'entrée de l'hiver et à. l'instant où les demandes allaient se multiplier, de « jeter un coup d'œil sur toutes les armées et de prévenir tous les besoins ». Lorsqu'il apprenait que l'armée du Nord avait manqué de pain durant deux jours, il remarquait que les chemins étaient afiFreux. mais qu' « un pareil dénûment avait lieu d'éton- ner ». 11 faisait aiguillonner par des circulaires la vigi- lance des commissaires des guerres; il enjoignait aux accusateurs et aux juges de police militaire de punir les charretiers et tous ceux qui commettaient de grands abus dans la livraison des fourrages ; il menaçait l'administra- tion des subsistances et la requérait de surveiller ses agents, de leur imposer travail et bonne volonté, ou de les destituer. Il se plaignait très vivement à l'adminis- tration d'habillement, résumait avec force les trois griefs qu'il avait contre elle : t° pénurie, S" mauvaise qualité, 1. Boucholla ft l'adjoint de la i« division, 8 oct. (A. O.). Cf. le mot -lu Comité [nec. Aulard, VIU, 360) que les hureanx de la iruerre sont aurchllrK-és de Iravail. Pour le nombre des employés du minia- ISrBjVoirLa ChesQiie Les bar mu^ de- la guerre aous la Terreui- 1887). Le cahier étudié par Li Cheanaie, donne une liste de 454 noms; mais U date du mois de juin et le 19 novembre, liini une lettre W Yiàbeau, Bouchiitte parle de ôOil employéa. La listn des 454, dit La Chuanaie (p. 10), « «ppara» coratne un re'ufe dea naurragéa de toutes les cal- rlères et un radeau de ^aureLage. • HO.SDSCIIOOTE 3* cherti^ de ses fournitures, et assurait que les doléances et récriminations , un « viseur d'un millier de rapports », un « donneur d'ordres de détail qui absorbent tout son temps » et qu'il ne devrait que « délibérer dans le Conseil pour l'exécution des lois et des mesures générales nécessaires â l'action du gouvernement »? Ne dit-il pas encore qu'il voudrait « lier à la responsabililé » les chefs des bureaux, les principaux commis et jusqu'aux expéditionnaires, « lier à lu responsabilité » les commissaires des guerres. les régisseurs, les entrepreneurs, et qu'il n'en « a pas les moyens »? Bouchotte lit donc ce qu'il put. On ne doit pas oublier qu'il conserva Hiot dans les bureaux de son ministère, et le futur comte de Melito rapporte dans ses Mémoires que Bouchotte travaillait avec lui plusieurs fois par jour, lui témoignait une entière confiance et ne lui parlait pas politique. Il suspendit un grand nombre d'officiers, mais il ne les suspendit que provisoirement. Il ne prononça que rarement la destitution. « Le ministre, écrivait-il plus lard, a très peu destitué; ses actes étaient ordinai- rement des suspensions qui laissaient plus de facilité à revenir là-dessus, s'il y avait eu erreur, » 11 perdit Cus- tine ; mais Custine l'avait outragé personnellement et se rûvollait contre l'autorité ministérielle. 11 destitua La Marlière; mais La Marliëre, d'ailleurs vaniteux et avide 3 (15, 20,25, 29 aept., ■lui. ftéc] in QSE do popularité, désobéissait au Conseil exécutif et sem- blait compromettre la sûreté de Lille. MioL atteste que Bouchotte fut, par ses sentiments, tout à fait étranger aux condamnations des généraux et qu'il détourna le coup fatal de bien des personnes qui ne crurent jamais lui devoir la vie. Ce fut Bouchotte qui sauva Canclaux en ilarant que le général cessait son service et présentait mémoire pour obtenir sa retraite. Il sauva Jourdan. Q sauva Desaix, frère de deux émigrés et dénoncé par le club de Riom, et, sur les sollicitations de Pichcgru qui ne pouvait se passer de son lieutenant, lui laissa le comman- dement d'une aile de l'armée du Rhin. Enfin, il a, sui- vant ses propres termes, concouru aux victoires en appe- lant & la tête des troupes d'habiles généraux. S'il ruina les états-majors, il les reconstitua, les réorganisa sur-le- ,amp, et souvent avec bonheur. Durant les mois de juil- lt, d'août et de septembre 1793, les suspensions pleu- lient dru comme grêle ; mais de môme, les promotions. lies reprochait à Bouchotte de « multiplier les dépla- imcnls »; mais Bouchotte pouvait dire qu'il « s'occu- ,it activement des remplacements de manière qu'il n'y it point de lacune >. Son choix se portait particulièro- ïnt sur les jeunes gens qui sont « plus propres à servir Révolution que ceux qui plient sous de vieilles habi- II nommait, le 3 septembre, Gratieo, Proteau, ijardin. Despeaux, Brun, Cordellier, généraux de bri- et Drut, Duqnesnoy, Alexandre Dumas, Élie, iidoit, généraux de division ; — le 13 septembre, Iloche, général de brigade, et Balland, Chancel, Doppet et Sou- ham, généraux de division; — le 20 septembre, Ernoul', Marchant, Schlachter, Legrand, Morlot, généraux de bri- gade, et Colaud, Desbureaux, Favereau et Muisonneuve, généraux de division ; — le 22, Fromentin et Leclaire, HONDSCHOOTE généraux de division; — le 23, Pellapra et Dommartîn, généraux de brigade, et d'Kspagne, adjudant général chef de brigade. Si, le 24, il suspend presque tout l'état- major des armées de la Moselle et du Rhin, il l'ait, le 23, une fournée de généraux de division : Mayer, Michaud, Jacob. Mengaud, Offenstein, et de généraux de brigade : Mouzin, LaSabatie, Guinet, Pinteville, Deverchin, Lorge, Richard, Malye, Jacob, Sabardin. Telt, Vaillant, Vachot, Dorsner, Ortlieb, Sautter, Fébure, Blanc, Pergaud, Blondeau, Clerc. Le 30, il nomme généraux de brigade : Bournet, Robert, Canuel, Chambon et Vimeux (1). Tel a été Bouchotte, intègre, nullement ambitieux, servîteuractif et infatigable du Comité {%}, absorbé par 1. Miol, Mém., I, 3G;proposittOD de Bouchotle relative à Cincittui, 29 sept. (A. G. cf. Rec. Aulard, Vil, 113); lettres de Bouchotle du 17eldul9ao¥. (nelte dernière 4 Yaabeau] ; mot de Châlaa (Rec. Aulard, VI, li>4). Dans uae pélltion du 9 veat/HB nn IX., apuBtillËe le 13 par AuSBL'eau (collection Char-avay), Boucbotle a ëcrlt ces lignes : ■ Bouchotte mît tous ^ea soins à prucurcr des gânéraui inatruils et déïoués a la République. Le général Bonaparte lui nommé ftén^ral de brigade h cette époipie, à l'âue de 23 aos. Los gén^raui Moreau, Du Gommier, Desaix, Augereau, Jourdan, Marceau, Mas si aa, Hoche, Brune, Leiebvi'e, Vauboia, Colaud, Ilatry, Mareacot, Eblë, Daicobert, Pérignon, Ab balu coi, Mortier, Del S, On reproche à BouchoLte la nomina'ioa de Rosdg'nol et de Rod- aln. Mais Rossignol oe fut-il pas le u Nia aîné du Comité >> et, dans une leltPB i Robespierre {Rapporl de Couploia, las). Bouchotte ne dll'il pas jiiBtcmnnt : ■ La uomiuaiioD de Ronsin au généraLat de l'armée révolutionnaire, aînai que de son état-m^jor, fut l'objet de l'opInloD publique; leComilè, pour s'en assurer, envoya la liste aux Jacobins, où ils furent agréés »? D'ailleurs, le dâcret du 4 décembre (Rec. Aulard ,IX, l!3ô) réierva la nomiuation des généraui on cbeC k la Conïeution, et le ministre no put faire aucune promotion d'officiers généraux sans présenter lï lislc au Comité qui l'acceptait ou ta rejetait. 2 travail, ne cessant de noircir le papier de son écriture menue et serrée, et, du fond de son cabinet i[ii"il ne quittait pas, envoyant des ordres de tous eûtes, - et de tous côtés prodiguant les exhortations. « Au milieu de tout cela, écrivait-il à Bouchard, rien ne doit relâcher notri! zèle etnotre dévouement pour servirnos concitoyens; il existe une vérité, c'est que la nation veut êtrelibrc, et, dans cette volonté, il y a des ressources intarissables. » Caluae, imperturbable, craignant de perdre la moindre parcelle de son temps, il vaquait à sa besogne sans riposter aux attaques des journaux et aux pamphlets des partis, sans se plaindre des inculpations do ces ardents députés qui, suivant son expression, croyaient signaler leur patriotisme eu formant des accusations, sans maugréer contre la surveillance qu'exerçaient les commissaires de la Convention. A l'occasion, il tenait tète aux représentants, et lorsqu'ils combattaient la nomination d'Alexandre Dumas, il priait le Comité de * conserver l'unité de gouvernement » et demandait que les décrets de l'Assemblée fussent < la base des actions civiles et politiques ». Mais il reconnaissait volontiers que les conventionnels ne faisaient que leur devoir en conlrùlant ses actes, et cecontrûle, il ne le redoutait pas; € le fonctionnaire probe gagne toujours à ôtre examiné. > 11 engageait les représentants à suivre de près les opéra- tions militaires, t se rendre aux Conseils de guerre, & . interdire aux généraux les négociations. Il louait leur « conduite militaire qui devait produireun bien bon effet sur le soldat. » Les administrateurs du Bas-Rhin, incar- cérés par Saint-Just et Le Bas, se plaignaient à lui; il leur répondit que les deux envoyés du Comité étaient de grands amis du système populaire, qu'ils jouissaient de la conliance des patriotes et n'avaient pris une mesure * * HOSDSCIIOOTE rigoureuse que parce qu'ils la jugeaient nécessaire au salul piiblic (1). Son principal torl fut de livrer les bureaux de la guerre aux ultra-révolutionnaires ou hébertJstes el de payer par des cou descend an ces trop fréquentes la protection que lui donnait la Commune de Paris. La Commune, dil un de ses subordonnés, trouvait en lui. à quelques égards, on second Pache. Ne choisit-il pas pour collaborateurs le gendre de Pache, Xavier Audouin, et ceux que Pache avait employés, Viucent, Ronsin, Sijas, Jourdeuilî N'étaif-il pas un familier de Pache et n'avait-il pas avec 80n devancier plusieurs affinités et ressemblances, labo- rieux comme lui. réservé, silencieux, un peu sournois? Les amis de Camille Desmoulins le priaient un jour d'adoucir le ton de Hébert : il les renvoyait au dépai'- tement de l'inlérieur en ajoutant qu'il ne se mêlait pas de la presse; miiis ignorait-il la campagne de Hébert contre Camille? Il a dit plus tard qu'il n'inséfait pas d'articles dans les gazettes, que les jouruaus ne recevaieni les nou- velles de l'armée que lorsqu'elles avaient été lues à la Convention, qu'il ne voidait irriter personne, qu'il ne donnait pas d'argent k Hébert pour calomnier certains diîputés, qu'il n'élail d'aucun parti. Mais élait-ce n'être d'aucun parti que de répandre dans les armées près de douze cent mille exemplaires du Père Duchesnel Hébert ne faisait-il pas aux Jacobins le panégj'rique de son abonné qui « ne respirait que pour le bonheur de ses concitoyens » el n'avait pas commis * la plus légère faute »? Le sincère el sérieux Miol.si favorablement dis- 1. BouchoLleô liauchard, 5 et là septembre {\. G.) ! "" Comité, 4 Dovcmbro; aux udminiairnlQura du Ba9-Hhia,S3 novrmbre [collec- tion Chiirnvav) ; Uuchei et Roui. llkt. parlent.. XXXI, 235. h^ UOUCHOTTli 4 5 posé pour son chef, n'a-t-il pas affirmé le ]dévouement de BouehoLte à. la Commune et assuré que le ministre prouva maintes fois son attachement à cette faction'.' Dans la journée du 2 juin, Cambon ne criait-il pas à Bouchotte : « Ministre de la guerre, nous ne sommes pas aveugles; je vois très bien que des employés de vos bureaux sont parmi les chefs et les meneurs de tout ceci (1)1» 11 est vrai que BouehoLte dut, après la trahison de Dumouriez, rappeler la plupart de ceux qu'avait écartés son prédécesseur Beurnonville. On demandait que les bureaux de la guerre fussent, selon un mot de Brune, de formation toute civique. « Le public, rapporte Bouchotte, se plaignait qu'on ne se servît pas de patriotes. » Hais, s'il n'était pas véritablement hébertiste, s'il ne fut pas impliqué dans la procédure de Hébert et de Ronsin. s'il ne fut mCme pas assigné comme témoin et s'il a raison de dire que ses ennemis ne l'auraient pas ménagé s'il avait donné prise, il ouvrit la maison de la guerre à des hommes qui mettaient au-dessus du bien public l'intérêt de leur propre parti. « Tu te plains, écrivait-il à Duques- noy, de certains de mes adjoints et de la méchante qua- lité des gens qui m'entourent, quoique je sois l'homme du monde le moins entouré, » et il jurait qu'il avait pris ses renseignements, qu'il ne soutenait ni le vice ni les vicieux. 11 affirmait pareillement à Cavaîgnac que s'il y avait dans la foule de ses commis des malhonnêtes et des inciviques, ■ les intentions en masse étaient bonnes ». Mais il lit de Vincent son secrétaire générai, son second, presque son aller ego, et lui-même reconnaît que Vin- HONDSCHOOTE cent était < peu travallleuf » et ne s'imposait que par soD sans-cul ottismo, par son « habitude de parlage », par son exagération >. Or, on sait jusqu'où Vincent pous- sait l'exagération. 11 ne se contentait pas d'être arrogant et de faire revivre dans les bureaux, suivant le lémoi- gnage de Philippeaux, la morgue et l'iasoleuce de l'an- cien régime. Vincent conviait le club des Cordeliers à parcourir les rues de Paris et à. massacrer lesarislocrales dans leur domicile, après avoir planté devant leur porte un drapeau noir, signe de la vengeance populaire. Il déclarait que les placards les plus horribles étaient plus républicaiçs que tous les écrits de Mably, et Mercier le quaMe d'atroce, le compare au cannibale. Un contem- porain qui le vit dans la prison du Luxembourg, le représente petit de taille, violent, emporté, injuriant ses eo-détenus, accablant d'invectives furieuses le général O'Hara, et un jour, dans un accès de rage, saisissant un couteau, se jetant à un gigot cm qui pendait â la fenêtre, en coupant une tranche et criant comme un fréné- tique : « Que ne puis-je ainsi manger la chair de mes ennemis (1)1 > i. Voir loa deux brochupea de Bovchotte à ses conciloyens eV tas lettres à Robespierre dmia le Rnppnrl de Courtois, 12S, i. DuTnesaoy. 17 déc. (A. G.) et l CsTsItinac, Pinel et Moneeller, 4 Tévrier 1794 (ooUection Chsravty). Cf. sur Vincent le cabier analysé par La Cbes- n»le lani les Bureaux de la i/uerre sous la Tei-rear, 7, H-12; Jemmapus, Uf; Mercier,teiiou!iea(( Pari», 1862, H, p. 201 Mimanacft des prisons, an 111, p. e5'66. Franc oia-Nif.olaB ViaBont, né en 1767, OU d'ua coDderife de prison, clerc de procureur, s'éiail siicnalé dans le club des Cordeliers pir son raraotêre que Danioo jugeait impé- tueux et violent, lise voûtait d'avuir £té iW^ane des Cordeliers toutes les Toia que celte • avanl-^farde de la Révolutiou • av^iit pro- posé des merures rigoureuses aun Jacobins. Membi'C de lu. Com- mune du 10 août, électeur de Vi'di, el cbef de bureau de la garde nationale ^ la mairie, il entra, sons l'administration de Pache, nu BOUCHOTTE *7 de ^ntaJ Voilà la tache de Boucholle. 11 eut des mérites iodé- niables; il entra pauvri; au ministère, en sortit pauvre, et il dit (ièremeiit que « les députés qui l'avaient proposé pour cette place connaissaient bien sa moralité tout comme sa répugnance à y venir. » Mais il fut le protégé de Vincent, et, quels qu'aient été ses services, ils n'effa- iront pas ce mot de Camille Desmoulins, que « Vincent lit le Pitt de Georges Bouchotte. > mîaist^re de la guerre comme cbeF de bureau des renvois et fut cbugè sp^oialsmeot par Pucbe de surveiller les employas, leur bon service el leur eiactitudu. Renvoyé par B eu rn on ville, il renlri îe 14 avril 1193. Il déclai'e, dans ta. noUcc, i^u il est * recommandé par iM Cordeliers et les vrsis Manlagnsrds, Legendre, Audoulo, Pache, etc. ■ Héherl assure {Mém. du 24 décembre} qu'il avait la coQdanco de Marat et communiquait à l'ami du peuple • toutes les pièces qui servirent à prouver la scéléralesse des généraux coDspi- CHAPITRE II Cimbni - U. - il- Kl, m»i«f — Si m — DeaiituiioD* -L«ii.r ll»^uc « r^n . Gobfrt. [j>I»l ece. Neyrt d, — O'M afric sn it d^ geniraai. chcfd . — DAco Plan de C e(d>H« tio--C «Uji •I Atrinn . - L.C •)« Yock l. Custîne, mandi- à Paris par le Comité de salul pu- blic, avait quilté Ciimbrai le 16 juillet. Dufresse. chargé par Bouchotle de sonder les esprits, prétend que ce dé- part ne produisit aucun effet, que tout demeura silen- cieux et que nul seutimont ne se manifesta {P. Mais Cus- tine était aimé du militaire. Bans le premier transport Bouchûllp, 18 juillul(A. G,). de leur colère, des bataillons avaient déchiré ou brilli? les numéros du Père Dvcheme qui le diffamaient, et ils dé- claraient hautement qu'il était un brave homme, qu'il réorganisait l'armée, qu'il lui redonnait le courage et la vigueur (1). Un soldatdu nom de Francœur, répondait au journaliste Laveaux, l'un des plus implacables adver- saires du général Moustache, que les troupes, lasses de leurs retraites, accablées de leurs défaites, soumises aux plus cruelles épreuves, ne désiraient que la discipline, unique cause de leurs rêvera, et que puisque Custine leur avait rappris la discipline et fourni les moyens de vaincre, elles lui resteraient dévouées, malgré les cla- meurs et les délations (2). Davout, commandant du 3" bataillon des volontaires de l'Yonne, louait non seule- ment les talents de Custine, mais son républicanisme, et se rendait caution de sa loyauté (3). Les oflîciers de I. Valenciennes, IM. Z. Réporvae de P>iin^(Bur k Laveaux (A. G.]- 3. M"' de Blocqueïillo, Davoul, 1879. I, 30S. Davout élail im modéré. DaoH loa derniers joura d'avril, les asenls de BouchoUo, HugueaïD et Garaerin, Drent viaile k Dampierre qu'ils trouvèrent avec Uavaul et un aide de camp. Les deux oflloiers ne Dacbèrent paa leur aversion pour la Moattgne; iU parlèrent dâ Marat, de Danton, de Bûheipierre aveo indig-nation ; il» Jlrunt l'éloge de PcUan, do Bria- iol, de Guadet; ïla vanlèrenl les vertus de Ro md. Au dîner, Gnrue- rin qui s'était chargé de • faire la chouette, > ditque Paris jouissait de la plus grande Iranquillité et ijue le calme serait sûrement de loogoe dur<''e puisque la Convention avalL traduit Maral au tribunal révolutlunnaire. Les olliciers de l'élat-majar et Davout lumbèrent dans le pièee, et rf'pondireut que Marat mi'ritait son sort. Garuerin avait reconau Davoul. • N'âlc»-vous pas, lui dit-il, cet oflicier de Royal- Cbampae ne qui fut cLasaÉ de aou corps et enferin* k la cita- delle d'Arras? G'eal voua qui, en llyO, aviez pris parU pour les soldais patriotes qui donnaient le premier exemple d'ua pacle fédéraUr entre los citoyens et les troupes de ligne. Je suis étnnné de vous voir aujourd'hui al fortement prévenu coDtro Marat, Raheâpieire et les jacobins. Ne sont^ce pas les jacobins Robespierre et Marat qui vous OQt défendu lorsjue vous étiez victime du pouvoir arbitraire? • — " SO HONBSCIIOOTE l'état-major et les généraux Le Veneur, D'Hangest.Sabfe- Tois ItauBsancourt, Dosponchés ne cachaient pas l'estime et le respect qu'il leur inspirait, Queiijues-uas travail- laient l'armée, insinuaient que le camp de César devait écrire à la Convention et redemander son chef. D'autres disaient que c'était une infamie d'appder Custine à Paris ne fûl-ce que pour trois ou quatre jours, dans l'instant du plus terrible péril, lorsque tonnait au loin la canon- nade, lorsque Valcnciennes envoyait pent-ôtre à 1' \utri- f.hien ses derniers boulets. D'autres affirmaient qu'il serait dédommagé de son voyage et reviendrait avec des pouvoirs illimités, que le peuple de Paris l'acclamait, le portait en triomphe de la Convention ii la rue saint- Martin (1). Soudain éclata la nouvelle de l'arrestation de Custine. L'état-major fut déconcerté, et les agents ministériels « Je ne aula pu, répondit Davout, prévenu contre ceux qui Turent mes défenseurs en 1790; je rcfusaîa alors de servir 'as proiets d'un roi qui 6tait nioD bienfaiteur; je refuse aujourd'hui, pour la même raison, de servir les jacobins et de soutenir leurs plans qui me psrais- leut d^Baslreui. • Hugiienln dénonça Daïout. Mais on se aouveoait i{ue Davout avait pouriuivi Duinoitriez fugitif. Le S juillet il [ut nommé adjudant-général chef Bouctialte l'approuva, et Davout revint en Bourgogne pour ■ se livrer, diaût le ministre, à l'élude militaire et it la p'atlque des vérins clv|i|ueg jusqu'ï ce que le souvenir île son oriirine ne fût plui un obstacle à la conliance publique qui lui était due personnelle- ment. • (Documenta de la guerre; cf. Léon Hennal, Le maréchal Daeoul. 1885, p. 14-15). 1. CelUex et Varin k Boucho lie, 24 juillet (A. G.] mandaient qu'il ne sa^■ait plus quelle contenance faire. L'armi''e avait la même surprise, le même saisissement, et les représentants Delbrel, Le Tourneur et Levasseur^ voyant que la sensation était grande, résolurent de par- courir les camps, tant celui de Paillencourtqueles petits camps ou, comme on les nommait, les camps flanqueurs, pour empêcher « les malintentionnés d'égarer lopinion et de produire un mouvement » (1). Les soldats se rassemblèrent par brigades, en batail- lon carré, sans armes, sur le front de bandiëre. Les com- missaires, accompagnés de Kilmaine et des généraux, et entourésde tout l'appareil de La représentation nationale, lurent une proclamation conforme aux circonstances. Ils engageaient l'armée à rester dans l'ordre et l'obéissance, lui assuraient que Custine était gravement inculpé et serait prochainement jugé, mais que s'il prouvait son innocence, il rentrerait au camp de César et gue ses dé- nonciateurs seraient punis. Le cri de Vioe la République termina leur harangue. Les troupes le répétèrent froide- ment et sans enthousiasme. Une morne tristesse s'était emparée d'elles. Les uns demandaient en donnant des marques d'abattement et de consternation : « Serons- nous donc trahis à chaque instant en face de l'ennemi?» Les autres regrettaient Custine, et des soldats, des offi- ciers crièrent aux représentants : « Vive Custine! Qui vous dit que nous aurons confiance dans un nouveau chelî(2) > Parmi les troupes de ligne, le 72» régiment d'înfan- 1. Celliez et Varia à Boucholle, 25 j uUlel {A.Q.) ; Rpf. Aulard, V, «5 (irDotiDn Ili, 153 (nouvelles reçues de Lîlto : rfaî Kiief/iuotk kann iich nicht cou dem Staunen erholen ».) 2, Journal du canonnier Brlritrd, 68-69 ; Kilmsine s Buucholle 4 août; Leva^sour à la CoavenUoa, 27 juillet (A. G.) lerie et le ^ rê^meaf de canlerîe okaatiBïcal le pins de mêcoDtentement. Hais des bataîUonB de toIubUiks se plaiçoaleot égaleakent de rarreslalioa da ^-aéral. L C*étaieDl les bataillons bretons, eacore dërooès de onir ÏA d'ime, comme Irars départements, aopartî de la <■■- I Toade. Les représentants STaient la leur proelamatinit [ au milieu d'un carré forme par le 2^ ré^menl et I0 M' bataillon d'Ille-et- Vilaine. Le îî* nria : 1 A bas la no- L blesse ! pins de nobles poar nous commander l > Mais [ les volonlairesdille-el- Vilaine, officiers et soldats, rêpli- I quèrent avec furcar : « Nous voulons Cnstine I Saiu Chs- [ Une, point d'année » (1;. Delbrel prit la parolv. « Qooi, dit-il. seriez-vous assex feUchespooT abandonner la défense de la patrie, rons, f Bretons, vous qui. les premiers, levâtes Tétendard de la I Révolution! Ne préjugeons rien sur la culpabilité du général Cu&tine; reposons-Qous sur la justice de la Cou- ■ vention nationale. Si Custioe est innocent, il vous sera r rendu ; s'il était coupable, voudriez-vous devenir les com- Bplîces ou les iuslruraenls des trames qu'il a ourdies? riTavez-Tonspasélé plusieurs fois déjà victimes de la per- Sàie de vos cliefs? Les exemples en sont trop fuoestes et ■Dp récents pour être effacés de votre souvenir. S Dieu B plaise que je veuilleaffaiblirenvous l'esprit desubor- rdinatïon nécessaire dans une armée! Vous devez obéis- t Bance et respect à vos généraux, aussi longtemps qu'ils f conservent la coniiance du gouvernement. Mais, lorsque t des préventions s'élèvent contre eux, il est du devoir du [ gouvernement d'examiner scrupuleusement leur con |,duîte. La Convention nationale que l'expérience du passé a rendue ombrageuse, devait-elle attendre qu'un chef devenu suspfict eût accompli ses premiers despeins, qu'il eût livré nos places, qu'il nous eût livrés à un mas- sacre inévitable, pour lequel tout eûtétÉ concerté et dis- posé d'avance entre lui et nos ennemis? Votre Vie est précieuse à la patrie, et c'est pour ménager votre sang que la Convention nationale ne veut laisser à votre tète que des hommes dont la fidélité lui soit parfaitement connue. La sur\'eillance qu'elle exerce et la sévérité qu'elle déploie ne devaient vous inspirer que delà recon- naissance. Comment se fait-il qu'elles soient aujourd'hui pour vous un motif de rébellion? Quel est votre égare- ment? Voulez-vous faire triompher nos ennemis, vous qui criez si fort : point de général, point d'armée ! .N'est-ce pas un généra!, n'est-ce pas un chef digue de votre estime, celui que nous vous proposons au nom de la Con- vention nationale? Le général Kilmaine combut depuis longtemps à votre lôte; vous avez été souvent h même d'apprécier ses talents et son intrépiditi'i. En vous don- nant aujourd'hui un chef digne de vous, nous espé- rons trouver en vous une armée digne de la Républi- que. >■ Cette haran^it; produisit quelque impression sur le grand nombre. Mais plusieurs volontaires et surtout des officiers poussèrent encore des clameurs séditieuses : « C'est Custine qu'il nous faut! » Les représentants pou- vaient user de sévérité, punir les plus mutins et statuer un exemple. Ils firent semblant de ne rien entendre : ils savaient que le temps et la réflexion ramèneraient le soldat à des sentiments plus calmes. « Nos discours et nos proclamations, mandaient-ils au Comité, main- tiennent 1e bon ordre »,et ils priaient leurs collègues de HONDSCHOOTE publier au plus tôt les preuves du crime commis par Custine (1). Pendant çue Delbrei, Le Tourneur et Levassenr par- couraient le camp à cheval, en costume, avec leur escorte et toutes les marques distinctives de leur mission, le représentant Desacy faisait sa tournée à pied sans autre suite qu'un secrétaire et d'autre insigne que le plumet de son chapeau. Les soldats, voyant qu'il n'avait près de lui ni généraux ni officiers, causèrent librement sans gène ni contrainte. Les volontaires se soumettaient volon- tiers aux décisions de la Convention nationale. « L'As- semblée, disaient-ils à Desacy.abien fait de ne pas nous renvoyer Custine, puisqu'il est su.spect. Quel que soit le successeur qu'on lui donne, nous lui obéirons, nous le suivrons partout ofi il nous conduira. » Un seul volon- taire, jeune. presque enfant, remarqua: «Elnotre général Custine ï Est-ce que nous ne le reverrons plus? » Mais ses camarades lui répliquèrent : * Tais-toi, la Convention sait mieux que toi ce qu'il nous faut. > La Convention était en effet l'idole de la plupart des volontaires. Us approuvaient tout ce qu'elle décrétait. « Nos législateurs, écrit un Corrézien, travaillent journellement au bien public; quiconque attaque la Convention, attaque l'armée républicaine; Custine était très aimé; mais s'il est inno- cent, il triomphera de ses ennemis; s'il est coupable, qu'il périsse, le traître I » Le lendemain. De sacy s'arrêta de préférence aux habits blancs. Les soldats des vieux régiments n'acceptaient pas les décrets de l'Assemblée aussi docilement que fai- saient les volontaires ; mais ils n'eurent pas une parole de 1 réLellîon. Tous désiraient connaître les griefs du fomité de saluL public contre Custine et disaient à Desary : « Si Custine est coupable, qu'on le punisse; s'il est innocent, qu'on le renvoie. » Plusieurs, mais en petit nombre, ajoutaient : « Ou qu'on nous donne un général qui ait autant de talents que lui (1). » Quelques Jours plus tard, le 9 août, Bentabole et Levasseur visitaient le camp de la Madeleine, sous les murs de Lille. Les bataillons qu'ils haranguèrent, leur répondirent par les cris de Vive la République, vivent les représentants. Des soldats sortirent des rangs pour se plaindre de la trahison des généraux et prier les commis- saires de purger l'armée. Leur seule idée, attestent les deux conventionnels, c'est d'être bien commandés et conduits (2). Les esprits, d'abord animéi contre la Convention et favorables ô Custine, tournèrent donc peu à peu. Colliez et Varin, agents du pouvoir exécutiT, s'efforçaient, comme les représentiinls du peuple, de « patriotiser » l'armée. Ils appelaient les militaires aux séances du club de Cambrai, un des clubs les plus enragés de France, et qui proposait naguère de nommer le camp de César « camp de la République >, Là, Celliez Usait, aux applau- dissements de l'assistance, le numéro du Père Duvkesne où Hébert déclarait traîtres tous les aristocrates et jurait de crier et de tempêter tant que la Convention n'aurait pas ôté le commandement au ci-devant Custine qui médi- tait de livrer LÎUc aux Impériaux (3). Une fois, deux sol- 1. Deiacy ïu CimitÉ, 30 juillet (Roussel, tei volonla-res, «19-222) ; lettre de DarcambiLl (Sellbac, Les baliiillons d: naloiitaires de la ^Çarriie. 1882. p. 99-100.) ~i iiiaboti' et Levasseur au Comilâ, 9 août (A. G.] .e n° £59; cr Valendennta, 183 et une lettre de Celliez ï Bon- :, 13 jamot(A.a.) HOSDSCHOOTE F dais défendirent le général : le premier criait Vice Cwtine et le second setonaait que les chefs de l'armée I fussent dênoDCés tous les jours. Mais Celliez et Varin L ripostèrent aisément aax deux avocats de Custîne :les I troupes de ligne, écrivaient-ils à Bouchotte, pouvaient [ être un instant égarées par leurs officiers, mais « cette L erreur ne serait que passagère II) »- Lespomarède, naguère capitaine des douanes à Délie, f enr la frontière du Haut-Rhin, et depuis quelques semaines adjudant général, secondait Celliez et Varin. Le ministre de la guerre Tavail chargé de recueillir à Cam- brai les fugitifs de Neerwinden. Mais Lespomarède était resté dans la ville sous le titre de commissaire national pour enDaromer le patriotisme de la garnison. Il aimait I ce rôle d'instructeur cirique et proposait sérieusement à l' la Convention d'attacher & chaque armée de semblables I émissaires qui ne cesseraient d'éclairer les soldats et de I surveiller les officiers (2). Après l'arrestation de Custine, il déploya tout son zèle de prédicant et, avec plus d'ar- deur que jamais, exposa dans les séances du club les , vrais principes de la sans-culotterie. « La tranquillité, I disait- il à Boucholte le 26 juillet, règne dans Varraée; ' malgré l'aristocratie qui a voulu crier que sans Custine I tout était perdu, le soldat n'a été pénétré que de respect I pour la loi (3). » 1. Cfillleï et Variti i Boachollo, M, S5 et ÏS juillel A. U ) Lg [■ «tub do Cambrai avait, outfe aoa préaident LespotniPÈde, deux sccré- !■ dnDl une femme, la Giloyencie Druon. 2. Patriotn Franf'is, du 15 avriJ et Journal de la Montagne HS juillet. B-nlabote proposait égulemeDt d'envoyer aux armées des ' « mltilonatires de la liberté • ubg,r[;fs de l'éparcr le mal que les talriiit etorncleri traltrea Tùialeot il la République (Rec. Aulard r. 610,) I. LMpOiDHâde i. Bouchotlc, 2IjuUlet; Rouasat, La volant. 318; II. Charles-Edouard Jennings de Kilmaîne — dont le nom est bizarrement orthographiB diins les lettres et les journaux de l'époque Kilmene. Killermaine, Kuillemaine, Killemann, Killemain, Guillemin, Guillen et Culmao — était né à Dublin, le 19 octobre 1731, et apparentii à la famille desJennings, deKilmaine.dans le comté de Mayo. Il vint en France à l'âge de onze aas et vécut quelque temps à Tonna y-Charente où son père exerçait la médecine. En m4, il s'engageaildans le régi- ment de Royal Dragons. Quatre années plus tard, il était adjudant aux volontaires étrangers de la marine et prenait part en cette qualité a l'expédition du Sénégal. Mais c'est au 6°hussards, ci-devant Lauzun, qu'avant de s'élever aux hautes dignités de l'armée, il fît, à proprement parler, plus Barth, Notes biogr. *ur les hommes de la Révol. à Straabourg, 369; Relraite de Brunswiclc, 20i; Rec Aulard IV, 4W. Ce Lespoinarfeda était paru de Délie, avec l'autorisation du ministre dea contribuUoDs publiques Clsvlèi-e, et il avait rùl la route à pied, son bsi: sur le dos et un mousquet sur l'épaule. Il vit la retraite dos Prussians et suivit, comme aiile de camp, Valeace en Belpqun. Après avoir l'empli durant le mois de mars 1793 les fooctious provisoires de commis- saire des guerres, puis celles d'inspecteur des douanes de Saint- Amaod et employé ses préposés i, cmpScber la désertion des volon- tures, il deviot le coryphée du club de Cambrai qui vanlait sa * vertu républicaine et enlrsloaote > et le déclarait • inuorruptlble ». Il n'a jamais, disait le club, • composé avec personne, jamais connu que les priociBes ■ et il a toujours k opposé un front d'airain i tout ce qui senlail la lyranoie, l'arbitraire et l'injUBlice ■ (Le club i bou- cbulte, 9 et 31 aoilt). Le 12 septembre, aprëa la défaile de Declaye, il haranguait sut- ta pince, au nom des auiorllés constituées, la garde naUonale de Cambrai : ■ J'ai vu vraiment du patriotisme, éi^rlvait-il auasitût i Boucbotle, notre posiUoti n'est pas beurpusu, maiscomptei que je me brûlerai ta cervelle, malgré notre Taiblofse, plulùt que de consentir que la ville se rende. » Deux jours après, on lui volait 6.525 livi'es dans son armoire, et il recommandait k Bouchotte sa femme et ics entants qu'il avait laissés It Délie. (Liittres du 12 et du 14 septembre). L'année suivante il est h Strasbourg; le 2S mara il entre aux Jacobins ; le 31 m^, il les préside. H0SD8CHO0TE E ^Bm. carrière de soldat. Sons-lieutenant et remarqué en ^Bimérii|ue par Mathieu Dumas qui louait sa vitjueur et ^r*on jugement, lieutenant.capitainejil dirigea durant neuf ans le manège et la petite guerre au,régiment de Lauzun, et ce fui lui qui, à Metz, enseigna les nouvelles manœu- vres aux détachements des six régiments de hussards, il se distingua dans l'Argonoe, et son escadron, pi^nétrant par Marcq au travers de la forêt, en des endroits où jamais cheval n'avait passé, allait jusqu'à Grandpré et Jnzancy, harceler les Prussiens et couper leurs convois. Seurnonville assurait qu'on ne pouvait être plus adroit, iplus ferme, plus intelligent que cet « excellent capî- ». Dumouriez le nommait le brave Kilmaiue, un peshommeslesplusexpérimentésde l'armée de Belgique, t témoignait qu'à Jemappes il avait, en couvrant la laissée par la brigade Drouet, rendu les mêmes hervices que le fameux Baptiste et que le due de Char- tes, et sauvé le centre de la ligne d'infanterie. Nommé hîeutenant-colonel après Jemappes, Kilmaine obtint ^l'année suivante, dans l'espace de cinq mois, les grades j plus éminents; il était en janvier 1793 colonel, en Bjaars général de brigade, en mai, général de division. J*pe somptueux, infatué de ses mérites, il se vantait de Pparler les quatre principales langues d'Europe aussi bien que le français, d'être le seul officierdc la République qui pût produire les rapports les plus honorables sur sa con- duite, et, à l'entendre, nul ne l'égalait à la této d'un régi- ment de cavalerie, des troupes légÈrcs et de l'avant- garde. Mais il avait justilïé ses rapides promotions par sa brillante valeur dans les bois de Raismes et de Vicoigne ^aux mois d'avril et de mai lorsque l'armée du Nord tenta B débloquer Condé. Le représentant Courtois le jugeait ÉCtif, entreprenant et difficile à remplaceren cas de mal- heur.Du Bois du Bais proposait au Comité de lui donner, à cause de ses talenls et de son énergie, l'armée des eûtes de La Rochelle, l^e Cortseit exL'uutif voulail, à la morL deDanipierre, lui confier l'armée du Nord, Kilmaine eut du moins la division ou armée des Ardennes qui n'existaiLpas, et qu'il créa, forraa.organisaLauL bien que mal dans le camp de Villy, près de Carignan. On lui sut gré du projet qu'il conçut, dans les derniers jours de mai, de tendre la main à l'armée de lu Moselle et d'es- sayer de concert avec elle une puissante diversion dans le Namurois et l'évéché de Liège. L'opération n'eut pas lieu, sur l'ordre positif de Custioe ; mais Kilmaiue soutint qu'elle était possible et il se piquait. sans être < un téméraire et encore moins un rêveur »,de la mener à bonne fln. Son zèle lui valut les éloges des représentants IlenLz et De La Porte. S'il n'avait pas, disait-il. assez de forces pour marcher en avant, il lâche- rait de défendre eflicacement la frontière de Longwy à Givet, et il fit quelques heureuses incursions en pays ennemi, décida de la victoire d'Arlon en dépêchant des secours à Delaage. Aussi, lorsque Koucholte appela Custine à Paris pour le destituer et le perdre, il chargea Kilmaine de commander provisoirement l'armée du Nord (1). Kilmaine laissa sa division des Ardennes k Champollon et se rendit à Cambrai, le 15 juillet, pour y recevoir les L Alger, EnglUhmen in the Freneh Révolution. 1889. p. 153-153; ChBravay. Cnrnot H, 338 el 405; ReCrailede Brunnwick.Aiii; Dumaa, Mém. 1, 71; BeuraonviUe i. Dumourlei, 2 oct. 1792; Corres/i. de DumoiiPlez et de Pnche 1793, p. 189 et 192; Courtola ï Boucbotle, 5 juin; Du MnU du BhU su CoTDitê.Sd juUlet: Kilmïiiie k Bi>»chotte, ISJuin; Muii^botte A Kilmùns, 1^ juillet (A. G.); Wissembiiurff, 26; Valeneietines, ii, etc. I SOSDSCHOOTE isstrnctioas de Costine. Les rlifficoUés '(ni t't'ntoiinu<^ ne parurent pas l'eflraycr ilaliord. SiL trompait nntri^^i « ao plus liant point. » ft crnyait inaiaûe irérraser c-Ht Jkyrfrr. $'il ï-e pliii^ait de la désct-tion t-t .annonçait .1 ec bumeur <[n'uB ;uJjodant-^nëral et cïnct sergents- maj.tts du. 17* moment, ainsi i]u'aD ofBcier, araiest passé il us Ut conip lies alliés, a'importe. êrriyait-il. ■> oda ira. A feiubu i[ai; 1^ nille ou que j'y perde la vie 1 > Il luenar A tes traîtres ipii s'agitaient dans Valenciennes : « »t lejotndroDS ces tkbes cotpiins et lis ne riruoL pas ; vous le prtHlîs ei aoî nen prédit ea vain jus(|aa Bornent ; mes hnssards me nommaient te propA-ê/e Vkmrtux colonel! * Il prenait même en faee ilcs ennei ua ton singulier d'audai:» t?t de jactauL-e, Cobour^ réctamoît itu âous-tieutenant Lichtenliayn rpii s'él enftii i;hei les Français après avoir volé le pzvt.Silma rl^untlit au prince cpiil ne rendr:iit Uctitenliayn i\v êchaDi;e de Thou\~eQol. l'ancien ebef d'élut-major Domniirief : Thuuvenol ^ trouvait à Leuze. â portt lui aussi était déserteur, lui aussi avait volé la «ois Et tes oominissaires du pouvnir exécutif , Celliez et Var louaient ca « style nouveau ■ ipie les généraux franc n'avaient pas encore employé : à leur avis, une parei lettre ne faisait qu'augmenter la confiauce qne U inspirait Kitmaine : 1^ Le t.ua de sa correspondance se modifia bientôt et a le 28 juillet, il déclarait qu'il ne pouvait plus se charj. du fardeau. U demanda des renforts. 11 demanda de l'a tiUerie légère pour suppléer au défaut de cavalerie (2). , . Kilmalnek BoocboUe, 34Juillet et 4 uiût:à Cobours. SjnUle I edlle* Bl Varin i BonnboUe. 3t joUlet [A. G.'. Z. Kllmalne à BoucboUe, 23 at S^JaiUet (A. Q.1 7 Mon. 3 Mût. Ca naDda des lieutenants qui l'aideraient à s'acquitter de (^Uicfae. « Nous sommes, disait-il, dans une extrême itaorie d'officiers génÉraux et le service en souffre extrô- tement. » II ajoutait que, si Valenciennea capitulait, sa kjiatioa deviendrait critique; le camp de César était ■oellent après la déroute de Famars et il avait alors uvé l'armée; mais, après lareddition de Valenciennea, serait très mauvais ; il ne couvrait pas une grande Otendue de frontière el, si l'armée y restait, les coalisés s'empresseraient de l'assiéger, de l'emprisonner, de se mettre entre elle et Cambrai. Son plan de retraite était déjà dressé. 11 irait camper derrière les sources de l'Escaut, entre Honnecourt et le Catelet, dans une posi- tion avantageuse qu'il avait fait reconnaître par Coquebert de Hontbret et qu'il avait vue de ses propres jeux : de la sorte, il ne cesserait pas de protéger la *'ensée, l'Escaut, le canal de Palluel à Douai et il comp- lit par le canal de flottage qui va du Catelet à Bohain c par les bois qui se prolongent sur la droite jusqu'à la ambre, garder ses communications avec Landrecies, vec Maubeuge, peut-être avec le Quesnoy. Vint la prise de Valenciennes. Sans doute, remarquait Kilmaine, il eùl fallu secourir la ville. Mais les moyens existaient-ils? Etait-il possible d'agir sans cavalerie? Qu'auraient pu 5.000 chevaux contre les innombrables escadrons autrichiens? Les régiments de hussards et de dragons manquaient des objets indispensables. Les ainsi que Bi^n'abole disait aux Jacobma que, puisqu'on [n'avail pas A cavalerie, il Foilait doubler rarlillerie vulanlo, qu'une compagnie A te genre valait k elle seule deux régiments de cavalerie : t No ennemis n'en ont pas, et celte arme terrible iiui passe partout avec L rapidité de l'éclair, leur cause une iGcreur Inconcevable ■ (Mon. di 13 octobre.) I bataillons J'infaDtene ne i::nn]ptaient chaeon i|^ , 100 hommes oapjtbles d« tenir Is '.-ampasse. Le I" infllf «t- Vilaine avait juste ,^4 vnLuntûres. El les alliés i^ipnt chj»ient,ces redoutables alliés tjDÎ rûsaienl la guerre am plus 'l'habileté ipie- raniiw [ireceilente. ipu [in:fuuent Jn territoire! Gay-Vernan exhalait Its inrmcs plaintes. Lai «m» jngeail la situation « désolantcr >; lui aussi demaiiA des secoars, surtout en cavalerie, pour tirer Its troi^ de I' ^êtal de mollesse » auipiel elles étaient uunttta nées. * Sous sommes bien pau^-res », uiuoiiaît-tl BoQcbotte et il allirmait fjue, sur toute lu fronlîère, dt Dunkerque^i^arignan, la ltepublii[ue n'avait au pliisqm S.OOU vigoureux iléfenseura. CoDime Gay-Vemon et Kilmaine, les reprôsenlunk fronvjHcnt la situation de l'armée ■ de plus en plus afai niante ». Ils reeonuatssaienL i.wiO cavaliers, prescrit la levée des t:hi:vaux et le moA tf'A'pération? Pctarquoi n'envoyai t-on pa;. au .amp A iPakUtoeonrl les chevaux de luxe réquisitionnés? EILUAIHE Du Bois du Bais avait perdu toute confiance dans les troupes. « Ce qui arrive aujourd'liui, écrivail-il, n'est arrivé dans aucun temps », et il déclarait qu'à, la moindre terreur les soldats se débarrassaient de leurs armes. Il avait vu des fuyards qui n'étaient pas poursuivis, jeter presque sous les murs de Haubeuge le fusil qu'ils auraient pu consers'er sans inconvénient. 1 es Français, concluail-il avec tristesse, regardaient autrefois comme un déshonneur d'abandonner leur drapeau; aujourd'hui i/s s'en font un jeu, et il rappelait amèrement que les rebelles de la Vendée qui n'avaient d'abord que des bâtons, disposaient maintenant de carabines et de pièces d'artillerie qu'ils avaient prises aux républicains (1), Au même moment le ministre achevait de désorganiser l'armée, du moins pour quelques jours, en frappant à coups pressés dans les rangs de l'état-major. Les généraux de division Lamarche, Le Veneur, d'Hangest, Sabrevois, les généraux de brigade Baussancourt, Desponchés, Ker- morvan, Devrigny, le chef de l'élat-major Des Bruslys, les adjudants généraux Chérin et d'Ardenne furent sus- pendus de leurs fonctions. Ils étaient victimes de Celliez, de Varin et de Defrenne. l'es trois commissaires du pou- voir exécutif, et particulièrement Celliez, les avaient dénoncés à. l'administration de la guerre, et Bouchotte les ôlail Ji l'armée parce que Celliez les lui désignait et les notait comme des suspects, «justement suspects », et « plus que suspects », comme des gens qui tenaient une conduite incivique et qui devaient être proscrits, 1. KQmsine k BouchoUe, 30 jiiUlet et 4 aullt; Qay-Vernun k Bou- choUe, 2S jaillot; Desacy au Comilé. 30 juUlel ; {Levasseur à la Cod- ventlon, 27 Juillet ; Levasseur, i^e Tourneur et Deliirel &ii Comité, £7, 28 et 30 juillet; Du Bois du Bois au Comité, 3D juUlet (A. G.); Rec Aulud, V, 423. .n fi4 tlO>DSCBOOT& puisque leurs intérêts différaient essenliellemeot des intérêts de la sans-cnlolterie. « Nous somme? trahis, avait écrit CeEliez le 15 juillet, et l'ennenii connait tontes nos démarches. Que ces hommes disparaissent ea6nl Quoi 1 des nobles, des complices de Dumouriez, des biribis. des ignares, des intrigants de toute espèce, sans- talents et sans vertus, àla tête des soldats républicains!» El Bouchotte suspendait, suspendait. Tous les ofScîers que dénonçait Celliez, venaient à Paris rendre compte de leurs actes (1). Lamarche était condamné depuis l'affaire du camp do Famars. Il est, disait Delacroix, inepte ou traître, et on oflicior mandait aux Jacobins de Paris que ce soudard, était d'autant plus dangereux que son obscurité ie rast- tait à l'abri de l'an imadv ers ion publique, qu'il était e réalité* le plus astucieux des conspirateurs », qu'ilav^t opéré la plus honteuse retraite, et que Coboui^ s'éton- nait sûrement qu'un pareil anthropophage eût écha|q»é i la guillotine. CelUez et Varin le qualifiaient d' « iTrogae parfait » et l'inculpaient nettement de trahison ; il M- ' lait, marquaient-ils à Bouchotte, « en purger l'armée», et ils rapportaient avec un sentiment d'indignation qu'il était, depuis l'arrestation de son ami Custine, plus tam- turne et plus sombre que jamais (2). Le Veneur avait donné de l'ombrage dès l'année pr^ cédente, et s'il avait fait Les campagnes de r.\rgonne et de la Be]t:ique, on n'oubliait pas qu'il s'était, au lOaoAt 1782, déclaré pour Lafajette et qu'il engageait ses chefe de bataillon à rétablir le roi et à marcher contre Petion 1. Rec, Anlard V, 420; Collier k BourhoUe, li jnîîlet [K G.). 2. Mol de Delicroîi, séanca du 10 juillet (Mon. du 12) ; séance du Jiei^inades 15 et il îaiWel, Ooumut dr la Montagne des IG et ISillO- M; CelUez et Varin à BoucboUp.ïSet 28 juiUBl(A. G.) J et Paris. Boucholte n'avait pas caché sa supprise lorsque les repréaentiints confiaient à ce général le commande- ment du camp de Paillencourt pendant que Custine par- courait les places de la Flandre. Mais Celliez ne manqua pas d'attiser la colère du ministre; il accusa Le Veneur de loger au village d'Abancourt chez un parent de Galonné, royaliste avéré, dont les deux lils, l'un officier, l'autre chanoine, avaient émigré. Ernouf, alors adjudant-général et naguère quartier-maître du l" bataillon deJl'Orne, incriminait Le Veneur plus gravement encore : sous l'an- cien régime, disait Ernouf, Le Veneur était détesté des soldats; retiré dans sa terre de Carrouges, il avait su se faire élire procureur-syndic du département de l'Orne, mais bientôt perçait le bout de l'oreille; les patriotes, fatigués de ses menées, lui administraient à la fête du 14 juillet une volée de coups de bâton, et il fallait, pour le sauver, le couvrir de la bannière fédérative. Et, ajou- tait Ernouf, cet intrigant se transformait quelques mois plus tard en général ! Le Voneur fut suspendu. Il regimba, répondit que la patrie avait besoin de défenseurs et qu'il resteraitàl'arméecommesimple soldat. Outré, Bouchotte écrivit à Kilmaine que Le Veneur n'avait qu'il déférer aux ordres du Conseil exécutif et que, s'il refusait de quitter le camp, il devait être traduit devant une cour martiale. Mais déjà Le Veneur était sous les verrous ; il projetait de publier une adresse à ses concitoyens ; les représen- tants Levasseur et Le Tourneur, irrités qu'il désobéit au pouvoir civil et voulût notifier aux troupes sa désobéis- sance, le firent arrêter [1). D'Hangestj Sabrevois, Des Bruslys, Baus sancourt, 1. Celliez àBourlioUc, 14 juillet; dénonciation d'Ernour; Boucbotte il Kilmaine, Siioût(AG.); Rec. Aalard V. iH; VI, 15; C! >ur Le I Venenr le IraraU d'El. Ghararay, (A...G.) Le Général Le Veneur, 1395. BONDSCUOOTS OeBpoochés. Kerroon-an, Devrigny, Chérin. d'Ardenne I flobirent le même sort. D'Haogiist était depuis lungt^mps iiccusé de professer '.des opinions* aolicivîques »; Damouriez le nommait dans lee premiers jours d'a^l, commandant de Douai, et le ministre ne l'avait conservé que sur la proposition ' de Lamarche (1). Sabrevois était, suivant le mol de Celliei, un aolre ^ «"Hangest (2). Des Brusiys, dénoncé parDefrenne, par Celliez et Varin, par Vincent, par Billaud-Varenne et Niou, passait pour B ari-toerate, un < égoïste dangereux >, et l'on disait . qu'il n'avait « aucune morale dans les principes », qu'il arait signé l'ordre atroee de faire fusiller le soldai, qii'il svait tout mis en œuvre pour livrer l'armée aus enne- mis (3). . Baussancourt n'avait pas dissimulé son attachement k Cnstine (4). Despottchés, ancien colonel du 19* régiment, ci-devant . Flandre, était, selon l'expression de Celliezetde son col- i. CellLei I Baucholte, I5juillel {K. G.) ; cl Trahiton de 189. S. Cdliei » Boucholle, ISj^iUIel (A. G.;. 3. Celliez el Vtrini Boucholte, £.î juiUet: Deteone 1 RoucbolU, B a>rU; BUIiud et Niou a.a Comité, Il loût (A. G ) Né il Brirei (l soat t757), lieulenuit d'artillerie en second [I7S0I el en premier (1783), adjuduit général lipiilenaal-colonel (("sept. 79ï(, eolaoel îfi oct. 11U2), g^Dértl do brigade (15 mai 1793], Des B-'ialfs devint giaértl de dirûlon Je 13 juillet I8u8 et se brûla la rervHie à L& R^u- aloii le 25 lept 1S09 plut&t que de traîler avec les Angles t. Fmnfoii de Bauisancouii, né à Andelot (Hau "-Marne) la I n uplembre 1742, avait servi ea Puloene et séUil retiré aTeo to I gnAt de capitaine ; ^lu lieutenaot-colouel du 3* batailloD de la Marne m moli de lepienibre 1791, il élût géainl de brigade depoii le 1 U avril 17U3, lègue, un intrigant consommtï et l'un des plus ardents adversaires de la Révolution ^1). Kermorvan, lui aussi, était un intrigant, et le complice de Lamarche ; Celliez et Varin prétendaient qu'il avait- trahi la République au 23 mai en ouvrant le camp de Famars aux Impériaux, et Courtois ajoutait qu'il man- quait de talents militaires et devait son avancement é. ses liaisons intimes avec Dumouriez (2). Devrigny était sûr, après la chute de Custine, de n& plus rester à l'armée du Nord : il avait reçu du général et des représentants, malgré les plus vives objection» du ministre, des pouvoirs illimités pour inspecter les corps de cavalerie. Aussi Bouchotte, Vincent, Ronsin l'avaient-ils accablé d'invectives ; on scrutait son passé, et si l'on reconnaissait qu'il avait provoqué la sédi- tion do Belfort en 1790 lorsqu'il était porte -étendard aux hussards de Lauzun, on rappelait qu'il appartenait âla noblcsscetbrutalisaitle soldat (3). Chérin, ce Chérin que Dumouriez chargeait d'étouffer & Sedan la rébellion de Lafayette, ce Chérin qui se pro- nonçait avec fougue contre la défection de Dumouriez et que les représentants nommaient alors un patriote actif et inteUigent, n'était plus aux yeux des agents ministé- riels qu'un « petit intrigant » et un « contre -révolution- naire » parce qu'il avait arrêté Celliez et Compère aa camp de César. « N'a-t-il pas dit, écrivait Celliez, que, s'il en avait le pouvoir, au lieu de nous conduire à m Cambrai et de nous enfermer dans la citadelle, il nous- P 1. Celliez et Varin à Boucholle, E5 juillet (A. G.) 2. Celliez et Varin k Boucbotlc, S5juUlet(A. G.); Courtois h Bau- ohotle,5juin [Cbaravay, Carnol II, 330). 3. Rapport de Roosb, 11 août (A. G.); Cf Valeneiemia, 174-176. HCIMDSCHOOTE ferait pendre aussitôt? » Celliez l'accusait même de con- nivence avec l'ennemi : puisque Chérin dirigeait vice iIb l'espionnage, n'avuit-il pas trouvé l'occasion de trahir la Rt'publique (1)7 Quant au collègue de Chérin, l'adjudant-général d'Ar- denne, il avait fait, le 2 avril, arrêter Pille qui résistait à Dumouriez ; il avait pris la place de Pille ii l'étal-major; il, était en relations étroites avec Custine et Le Veneur (2) . Les commandants des forteresses n'étaient pas davai' / tage épargnés, et Bouchotte les suspendait pour la p' / part : Toupville à Maubeuge, Rosières à Douai, Gobert a Philippevilie, Lapalière à Cambrai, Neyrod au Quesnoy, Kerenveyerà Dunkerque. I Le lorrain Chupuis de Tourville, volontaire à quinze ans, colonel du 18° régiment d'infanterie, ci-devaot Royal- Auvergne en i791, mariichal de camp en 1792 et lieute- nant-général depuis le 8 mars 1793, avait, dès le premier instant, abandonné Dumouriez. 11 maintenait i l'ordre parmi les troupes de Maubeuge et déclarait qu'il ne souffrirait pas dans l'armée des < gens sans frein ». D'Harville le regardait comme un des meilleurs géné- raux de la République et le j ugeait intelligent, dévoué à la patrie, toujours occupé des besoins du soldat et parta- geant leur peine, humain et compatissant autant que juste. Du Bois du Bais le défendait avec chaleur contre les attaques des émissaires jacobins ; il avouait que. Tourville était sévère et que ce vieux militaire avait le caractère « un peu rude » et « l'ancienne manie d'une 1. Cf sur Chérin Trahison de Dumourier., 192 et Vattncienne», 190-191, 195; Celliez et Varln ï Bouchotte, 31 juillet (A. G.); Chérin, «Trtlé, écrivait lo 5 su Comité pour corapai'alU'e deviut le tribunal IftéToluUotiaalre. • 2. Celliez à Bouchotte, 14 juillet (A, O.)- discipline rigoureuse »; mais oa n'aurait pu mettre, assurait Du Bois du Bais, plus de bonne foi, plus d'acti- vité, plus de scrupule dans l'accomplissement de ses devoirs; grâce h Tourville, la division de Maubeuge était « extrêmement bien tenue », et le représentant invoquait le témoignage de Jourdan. Ce général plébéien ne pro- clamait-il pas que Tourville avait tant de zèle et de vigi- lance qu'on lui trouverait malaisément un successeur? Mais Tourville était noble; il avait fait chasser de Mau- beuge l'agent Defrenne qui répandait dans le camp retrancbé le Père Ducbesne et le Journal de la Montagne ; il avait écrit que Hébert ét^iit évidemment payé par les ennemis pour désorganiser toutes choses; il avait pro- testé contre le départ de Custine, le seul qui, suivant lui, eût réussi à dresser et à instruire l'armée du Nord; il avait averti Boucholte que les ci-devant qui restaient fidèlement à leur poste et que le ministre remplaçait par des ignorants, iraient peut-être porter chez les alliés leurs connaissances et leur ressentiment. Boucholte saisit la balle au bond ; il envoya la lettre de Tourville au Comité : Voilà, s'écriait-il, ce que pensaient ces aristocrates qui envisageaient sans frémir l'instant où ils pourraient rejoindre Cobourg ! Tourville accueillit sa suspension avec sang-froid ; il fil de simples et touchants .adieux à la division de Haubcuge, loua la subordination de ses soldats, leur ardeur, leur émulation et leur désir d'ap- prendre: « Je vous exhorte, leur disait-il, à porsovérer dans ces exccllenis principes, et la victoire couronnera vos travaux (1). » 1. CharavBy, Cnrnot II, 341 ; d'Hariille ï PncLe, 25 dfc. il^l; Du Bois du liits Hu Comité, 30 el 31 juillet i7H3; Toarville itBouchoUc, 26 juillet (et note de Buucbottc); Tourville à lu dividan de Mau- Rosières, chevau-Iéger de la garde, puis capitaine dans Fumel-cavalerie, avait cherche fortune en Hollande et aux Pays-Bas autrichiens. Lieutenant colonel dans la légion de Mailleboîs et ensuite dans un corps de lattciei'S ou de uhlans levé par les patriotes contre le stalhouder, général-major de l'armOe belge et l'un des coopérateurs de Van der Mersch en Flandre et k Namur, capturé par les impériaux et détenu perdant huit mois, il avait regagné la France lorsqu'éclata la guerre de la Révolu- tion, Nommé maréchal de camp, il conduisit dans l'Ar- gonne un corps de 1.100 Belges et il dirigeait à Je- mappes cette partie de l'aile droite qui emporta Quar- gnon. Il avait présidé le comité militaire de Bruxelles et tenté de former une armée belge dont il devait être le chef En février 1793, il vint à la barre de la Convention offrir Bruxelles à la France et demander, au nom des représentants provisoires de la ville, que les dettes con- tractées avant l'annexion fussent payées en numéraire. Rentré au service do France après les revers et promu général de division, il avait mené la gauche de l'armée sous les ordres de Miranda, Il se vantait d'avoir entraîné du camp de Bruille à Valencîennes trente-six bataillons et « sauvé la République dans ce moment critique ». Mais on lui reprochait d'avoir hautement professé les opinions de Dumouriez, et l'on assurait, non sans raison, qu'il avait louvoyé dans les premiers jours d'avril et fait arrêter sur l'injonction du traître les adjudants-généraux Chérin et Pille. Enfin, il était comte et s'appelait naguère M. de Rosières. L'agent Defrenne disait qu'il ne valait pas mieux que Moreton, et Courtois le déclarait incapable I défendre une place aussi importante que Douai (1). r Goberl avait donné des pi-euves de son répubUcanisme et de son eïpérience depuis le diJbuL des hostilités. AprÈs avoir aidé Kilmaine à organiser Tarmûe des Ardennes, il avait fait tant bien que mal approvisionner les plai-es de Cambrai, de Bouchain, du Quesooy, de Landrecies, de Saint-Quentin, et ré paror leurs remparts. « Il est pour- tant l'ami de Dampierre, s'écria Guy-Vernon en appre- nant qu'il était suspendu, el il est parvenu par ses talents! » Mais Cellîez et Varin l'avaient dénoncé comme un faux jacobin, ennemi de aos succès et grand ami de Custine. Gobert obéit à l'ordre du ministre. Le 4 août, il se retirait à Corbeil ; arrêté au Ménil, ii six lieues de Paris, fouillé de la tête aux pieds, traîné dans une prison, gardé deux jours au secret, il fut enfin conduit au Comité de sûreté générale qui le reconnut innocent et le mit en liberté. « Rendez-moi, disait alors ce vaillant oflicier, rendez-moi 1 honneur et laconfiancede mes concitoyens; j'ai O'-cupé les postes les plus importants; je les quitte sans peine, avec le regret cependant de voir qu'on prive la patrie d'un bon et brave dcfenseur (2). » Guérouit Lapalière, ancien gendarme de la garde, réforme en 1784, rentré au service sous la Révolution, était devenu promptcment général de brigade. Mais on croyait qu'il devait son avancement k Delacroix et à, Danton, ses amis, et bien qu'il eût déclaré, selon la for- 1. Charttinï. Camot, 11,843 et 330; Rosières i Boucholle, 4 août; DefreDiiu * Koijctaolte, 6 maX; Courtois à Bouchotte, 5 m ti (A. G.]; et Jemam'e^, '■i- 90. 2<*8, 251 et Trahison de Dumounez, l;)li. 2. &11.HÏ "t Varia h Bouchotlt, 25 juQIel (A. G.,. Ej:i»-sé de la condwli- 'Je ilohert, 13-15, cl sue Gobert no» lolu m?» (l'-'^cù.ientï notam m^'ii Valini/, p. T^, !51, 253, et Chwavay, t» Veneur, p 15 L HONDSCHOOTE mule du temps, qu'il s'ensevelirait sous les ruines de Cambrai, un agent priitendait qu'il « avait le gousset garni » pour rejoindre Dumouriez lorsqu'il aurait livré la ville. Detrcnne et Lavalette !e traitaient de coquin : suivant eux, Lapalière n'avait pas le ton qui sied à un républicain ; il publiait que l'ennemi avait des forces doublement supérieures à. celles de l'armée du Nord, et, depuis son arrivée à Cambrai, l'aristocratie y était « montée de plusieurs crans (1). » Neyrod, retraité comme capitaine en 1773, élu lieute- nant-colonel du 1"" bataillon des volontaires de la Moselle, était général de brigade depuis le 15 mai 1793 et com- mandait au Quesnoy. Le représentant Du Bois du Bais le jugeait actif, zélé, et assurait que sa correspondance était franche, pleine de patriotisme et nullement suspecte. Mais Defrenne avait dit que Neyrod faisait plus d'em- barras que de besogne, et un capitaine des grenadiers du 1^' bataillon de la Vendée, Alexis Vinet, le nommait le plus maussade des officiers, dénonçait ses propos incivi- ques, affirmait que Neyrod regrettait l'ancien régime et qualifiait les commissaires de la Convention d'imbéciles, d'ignorants et de patauds. Le 25 juillet, Bouchotte don- nait ordre à Neyrod de cesser ses fonctions et de se reudro à Paris (2). Les représentants Duquesnoy et Le Bas secondai^t' Bouchotte dans sa tâche d'épuration. Ils inspectaient 1, Cbsfavfty, Camot II, 242; lettre d □eten <. Carnol lu ménageait el se contentait do remarquer fju'O'Moran craignait tau- T 4 IlON DSCHOOTE jours de se compromettre: « Il est d'une prudence qui me désespère et que je aonimerala pusillanime si je ne respectais ses talents militaires. > Le Comité avait fini par prescrire JL Bouchotte de déplacer O'Moran et de l'employer dans une forteresse de deuxième ou de troi- sième ligne. Mais Du^uesnoy, ce Duquesnoy que l'agent Gadolle appela le grirnd râleur des généraux, assurait qu'O'Moran, « ainsi que bien d'autres encore », trahis- sait la France. Pourquoi cet Irlandais avait-il constam- ment désapprouvé l'attaque de Furnes? Pourquoi, malgré les avis des émissaires, prétendait-il que les ennemis se renforçaient ïi Furnes et k Ostende? N'avait-on pas dû le pousser, l'épée dans les reins, à cette entreprise et le menacer de, destitution? N'avait-il pas essayé de rendre - l'expédition inutile et de « faire tout manquer »? N'était- ■ ce pas sa faute si la division de Stettenhoffeo était arrivée UHB heure après la reddition de Furnes? Duquesnoy avait saisi les papiers d'O'Moran. U y découvrit une lettre du général à Custine ; la présence des commissaires Carnot et Duquesnoy, y lisait-on, avait sans doute empêché les exemples de sévérité, et Custine seul pouvait établir et propHger la discipline. Duquesnoy fut exaspéré: O'Moran louait donc en public les représentants qui s'opposaient aux exiès de soldat, et en secret il rejetait sur eux l'insu- bordination de l'arméel (1) Richardot eut le même destin qu'O'Moran, Ce Toulou- sain qui devait mourir de maladie dans les prisons de la Terreur, était colonel des chasseurs du Hainaut lorsqu'il 1. Chiravay, Carnot l[. 24S, 257, 272, 337,344.447; cf. Defrenneà Boucfantl", il uvrU. Gas::urta et Lesa^e-Senault su Corn lé, 19 mai ) Courtois il Bunchutle, 5 juin ; DaqueBDoy et Le Baa &u Comitâi ' 11 laùt ( V. (i.) { Rec. Aulard, V. 4 ; dépoiitioD do Du^uenjoy lô I I«ocèB d'IVMoran (A. N. W. 3i5.) fut nommé général de brigade. L'agent Gadolle le jugeait « bien essentiel, actif, ferme, trave et franc ». Mais on répétait que Richardot appartenait à « la perfide coali- tion des généraux ci-devant nobles » et qu'il s'entendait avec Custine. On l'accusait d'avoir dit, devant Fromentin elle curé de Rexpoede, que les Français ne pouvaient se passer de roi et que les troupes de ligne étaient à plain- dre parce qu'elles servaient avec ces canailles de volon- taires. On lui reprochait délaisser ses bataillons dans l'inaction, de blâmer les attaques, et, lorsqu'elles avaient réussi, de n'en tirer aucun avantage. On lui imputait l'in- succès de l'échauffourée de Fumes : il avait allégué, comme O'Moran, que l'ennemi disposait de forces consi- dérables; il avait affirmé que le canal de Furnes était large de quinze pieds, au lieu de quarante ; il avait fourni des madriers qui n'avaient que la moitié de la longueur nécessaire; il n'avait donné ni pelles ni pioches ni bâches pour faciliter le passage de l'artillerie dans un pays coupé de haies et de fossés (1). Avec O'Moran et Richardol disparaissait de l'armée du Nord un personnage appelé plus tard à la céli brité : Etienne ditJouy, le futur académicien et l'écrivain libé- ral de la Restauration. Après avoir brillamment servi dans l'Inde, il s'était jeté dans la Révolution, et Corsas, son ancien maître, s'honorait d'être l'ami de ce fervent patriote. On avait vu Jouy, dans les représentations tumultueuses, guider le parti républicain. Le 3 novembre 1790, au Théâtre Italien, après un affreux vacarme, il faisait « parles seules armes de la politesse et de la rai- son » sortir de leur loge les noirs forcenés qui bravaient le parterre. Le 17 DOTembtY snirant. an tbéitn! de la Nation, avant le leT« da Hdeaa, il venait, ao nom du public, haranguer Hirabean. Lieutenant au I" régiment d'infanterie, capitaine (17^). adjn dan t -généra) chef de bataillon {!" avril 1793 . il était aide de camp d'O'Horan qui %-antail ses talents militaires. Mais, Français du xnu* siècle jusqu'à la moelle, méchant, roué, mystifica- teur, ne cherchant qu'à s'amuser, courant d'aventures en aventures et d'intrigues en intrigues, jouant volon- tiers les rôles que lui offrait l'occasion, inconséquent et impradent à plaisir, Jouy avait plus d'esprit et d'imagi- nation que de cœur et de jugement. 11 fit l'aristocrate tout en servant la République et causa par ses indiscré- tions et ses folies la disgrâce d'O'Moi-an autant que la sienne propre. Suspecté par Duquesnoy, dès le mois de juin, défendu, puis abandonné par Carnot, il fut sus- pendu le 11 aoftt. Mais il avait prévu le coup et pour le parer, il s'était rendu dans les derniers jours de juillet à Paria. Lh. par ses gi-imaces et le verbiage jacobin qu'il adopta pour la circonstance, il sut obtenir une mission importante. BouchoLte qui le crut aussi patriote qu'intel- ligent, le chargea de conduire en Flandre les renforts de rarmi^e des Ardennes. Jouy s'acquitta de sa tAche avec Hucc6s, mais sans renoncer aux sottises et aux extrava- gances dont il avait pris l'habitude, mêlant de sang- froid aux actuB d'un républicain d'inutiles effusions dn royalisme, reqmirant de l'argent dans les villes bien iin'll eût reçu les fonds nécessaires, content de faire à \si foix le bien et le mal, trouvant une piquante jouis- Hiinco fi HO (liHtinguer et û. se compromettre tout ensem- lilu, plein de rugc lorsqu'il connut sa suspension mé- riUio, heureux finalement de se cacher it Paris dans u» nt des 5 et 19 nov. i7B0 ; Charavay. La Révolulion française, a" du 14 iiov. I8e2, 410-120 et Car-nnt, ll,42S; Mém. du génrtnil Tliiébaull, I, 352, 359, 3in, 414^4^; ordre de Bou- clioll* d.i 24 juillet (A. G.) 2. CoUud k Dea Briolys, 4 août {\. G.) HONDSCHOOTE chef d'étal-major Des Brusljs la lettre qui le suspen- dait (1); il ne pouvait se passer de lui et ne savait com- ment le remplacer; tous ceux qui lui semblaient capables de tenir l'emploi, le refusaient sans hésiter. 11 demanda Achille du Chastellet, lui proposa de venir au camp de César : Bouchotte objecta que Du Chaslellet n'avait pas la confiance. De guerre lasse, Kilmaine signifia sa sus- pension â Des Bruslys et nomma chef d'état-major à titre intérimaire Tadjudaût-général Thuring. Ce Thilring con- naissait bien la Belgique et la Flandre : il avait eu de Dumouriez une mission secrète en Hollande; il s'était lié au club de Saint-Omer avec Carnot qui le protégeait. Mais pouvait-on compter sur cet aventurier, homme de cabale et d'intrigue, ancien sergent du régiment suisse de Casteila et sous-boutenant de Royal-Liégeois, officier de la garde nationale dunkerquoise, capitaine de com- pagnie franche, lieutenant-colonel du génie belge, qui n'aimait dans l'état-major que la partie de l'espionnage et ne cachait pas son envie de manier des fonds (2)7 Enfin, le soldat se décourageait. Depuis la prise de Valenciennes, il murmurait de son inaction. On disait dans le camp qu'il était dégoûlant pour des militaires de rester l'arme au bras et d'assister de loin à des désastres sans faire un pas ni tirer un coup de fusil. Des hauteurs 1. PareUlemeat, le général Queyssat, Buependu le 30 juillet, ne ' refut sa lettre de suapeasion que le 11 aoiil de la nuin de Houchard; 11, tc3 représcnlacts Lcvaiseur el Le Tuurneur éi'rlvaiaiit K ■ SouchoUe que Kilmai le déaii'aît conserver provisoirement Queysitt. 2. Kilm^iine L Baucbotle, l" el 7 aoûi; Bauchotle à Kilmaine, "" ol 8 aoât; Oay-Vernoo au Comilé, l" août et k Xaïier Audouin, Es aoftt (A. G.). Cl. BUT Thûring la notipo de Chinvay {Carnol II, 91) ~S p1u>i(>urs lettres de Berthelmy (notamment celle du 34 aoAt], qid FsUBpccte la • délicatcase » de ThurJng et refuse d'apoBliller ses Bmâmoirea et do rembourser ses dépenses. de Paillencourt on avait vu Valenciennes en feu. Pour- quoi n'avail-on pas marché au secours de la pjarnisoa et porté & ces malheureux frères d'armes le renfort qu'ils attendaient de Jour en jour? Ne semblait-il pas quis l'ar- mée n'avait plus de chefs? « Nous sommes désorganisés, écrivait Gay-Veraon à Xavier Audouio, nos troupes n'ont pas le moindre enthousiasme et il nous déserte du monde de la division de Lille (I). » 111. Maîtres de Valenciennes, Cobourg elle duc d'York avaient résolu d'emporter le camp de César. Il fallait, comme disait le colonel Murray, chef d'état-major du prince anglais, livrer une bataille qui serait silreraent gagnée ou du moins chasser l'ennemi de sa position. Le camp de César ou de Paillencourt formait un carré irrégulier dont l'Escaut, la Sensée, l'Agache et la forêt de Bourlon couvraient les côtés. Son aile droite s'appuyait à l'Escaut; son aile gauche s'étendait jusqu'à Aubigny- au-Bacel Oisy; son front était protégé par la Sensée et défendu par des redoutes. Tous les passages entre Bou- chain et Cambrai avaient été bordés de retranchements. Pareillement, sur le derrière du camp, de Cambrai, à Marquion et sur le terrain compris entre l'Escaut et l'Agache, on avait élevé des fortifications de campagne garnies de canons et d'oliusiers. Des abatis masquaient la lisière de la forêt de Bourlon. Enlin, sur la rive droite 1. Journal de Brlcaril, 6S-69: Gay-Vernon k Audouïn, 3 BO&t; celatioD irAnimiiiin [A. G.). Cet Ingéaîeur accoiniingnaH le duc d'York : a Les Français, dit-U, n'avaient point de obet. Le Veneur qui avait lUcRêiié à CiuQiie, venait d'£tre deatiiué. Un ecrtslii général Antoine cammandait la cavalerie, et peul-êtro filail-ce lui qui oom- mandail en clief. Onaaiissiparlé dans le temps d'un giînéral Kilraaiae. CfUe ioncrlllude démontre autant iiiio tonte autre cbose l'exlrSniQ coaruiioo qui résnaît parmi les Français. » HOSDSCBOOTE de l'Escaul, les villages de Hordain, d'iwuy, de Thun- Sainl-Marlin, d'Escaudœuvres étaient occupés par des partis d'infanterie et de cavalerie, qui s'abritaient der- rière de grands épaulements. Les dispositions de Cobourg prouvèrent une fois de plus l'espriL méticuleux et linassicr des stratégistes de la vieille école. Aujourd'hui, pour augmenter la vigueurde l'opération essentielle, on attirerait à soi tous les déta- chemynls qui ne sont pas indispensables dans l'endroit ail ils se trouvent; à cette éptique, on renforçait au con- traire ces détachements pour que l'adversaire ne mît pas obstacle h l'altaque principale. Au^si, bien que l'effort le plus énergique dût se faire par le centre, le généralissime et son cher d'état-major, le prince de Hohenlohe-Kirch- berg, crurent-ils nécessaire d'affermir les ailes, la droite k Marcliiennes et â Orchies, la gauche à Villerspol, & Houdain et, k Bettignies. Ils envoyèrent h Marchiennes S.OOU llauovriens, à Orchies 4.01)0 autres Hano\xiens, à Villerspol et A. Houdain 8 baLaîUons et 8 escadrons d'Im- périaux. Les Hessois eurent ordre démarcher sur Rome- pies pour observer la forôt de Hormal. Les troupes pos- tées ù Denain durent se diriger vers Aubigny-au-Bac pour tenir en respect les garnisons de Bouchain et de Douai. Restaient ainsi pour l'action capitale, 23 batail- lons, 16 compagnies et 44 escadrons de troupes auLri- chiennes, ainsi que des Hessois, des Hanoi,Tiens et des Anglais au nombre de 9.000, c'est-à-dire en tout 35.0(30 hommes. Le camp français ne pouvait être attaqué de front et ! le flanc droit qu'avec de grandes difficultés et non 018 perles considérables. Cobourg et Hohenlohe-Kirch- 5 décidèrent d'occuper l'ennemi sur les bords de iaut et de le tourner au sud de Cambrai . Us formèrent T trois colonnes. La première composée de 9.000 Hessois et Anglo-Hanovrienset de 3.0O0 Impériaux, sousiesordrea du duc d'York et de Hohenlohe-Kirchberg, devait assail- lir les Français sur leurs derrières. La deuxième et la troisième colonne, menées, l'une par Collorcdo et l'au- tre par Clerfayt, les inquiéteraient sur les rives de la ^ Sensée et de l'Escaut et, comme on disait alors, leur don- neraient des jalousies. La colonne que conduisait CoUoredo, partie le 7 août du camp de Hérin, poussa par Saulzoir sur 'Villers-en- Cauchies, et, après avoir dispersé des partis de cavalerie qui tentaient de l'arrêter à Rieux et quelques pelotons 'd'infanterie qui défendaient mollement le village de WNaves, arriva près de l'Escaut. Mais les Français avaient "ouvert les écluses et inondé la plaine. Colloredo ne pou- B.Tait passer la rivière qu'au pont de Thun-l'Kvêque qui iemblnit fortement gardé. Il altaqua le bourg de Thun- laint-Martia, refoula les troupes françaises qui compre- naient, suivant la relation autrichienne, un régiment de Cavalerie et deux bataillons d'infanterie; puis, sans don- 51er aux fuyards un instant de répit, il s'empara du pont ■et du village de Thun-l'Evèque où il mit trois compa- Kgnies de tirailleurs. La nuit qui tombait et la lassitude •de ses soldats lui interdirent d'aller plus loin. La colonne de Clerfayt, partie également le 7 août, traversa la Selle à Haspres et entra dans Iwuy. De leurs retranchements, sur le bord opposé de l'Escaut, les Fran- çais firentcontre Iwuy un feu violent; mais Clerfayt se maintint dans sa position et durant la nuit, sur l'ordre de Cobourg, il dressa plusieurs batteries et prépara les matériaux d'un pont qui serait jeté dans la matinée du lendemain. Tandis que Clerfayt se logeait dans Iwuy, son lieute- H0ND3CH0OTE Sur le champ Kilinaineexpediasesordres.il fil évacuer sur ArrttB et Bapaume par le commissaire-ordonnateur Petiljean le trésor, la poste, les ambulances et les voitures de l'administration. 11 prescrivit qae l'armée prendrait la FOute d'Arras et enverrait les équipages aussi loin qu'ils courraient aller, au moins ju&qu'à, Vis-en- Artois. Lui- môme gagna Fontaine-Notre-Dame, le premier village (pt'on rencontre au sortir de Cambrai sur le chemin de Bapaume, et s'y installa avec une forte division pour eouvrir la retraite des bagages et du reste de ses troupes. Le duc d'York et Hohenlohe auraient pu l'assaillir pen- dant ce mouvement. Hais leur colonne avait fait autour de Cambrai un immense circuit, la chaleur était extraor- dinaire, et les derniers bataillons ne traversèrent l'Escaut «|u'à (.'iuq heures du soir. Les Austro- Anglais virent les républicains lever leur camp et se retirer sur Fontaine- Sotre-Dame; mais ils ne les abordèrent pas. Las et recrus après avoir fourni cette longue traite, ils remirent l'attaque au lendemain. La fatigue des hommes et des chevaux, assure Cobourg dans son ./ounia/, défendit de ywusser plus avant. Mais le jour suivant, une fois encore, Kilmaine rompit k dessein des coalisés, 11 savait que sa position de Fon- taine-Notre-Dame n'était pas tenable. Le 8 août, dès l'aube, l'armée se dirigea sur Biache-Sainl-Vaast. L'in- fanterie était en lâte, puis venaient le parc et les équipages Banques par un régiment de chasseurs à cheval. L'artil- larie légiire et la cavalerie fermaient la marche. On avait fait une lieue lorsque Kilmaine et Delbrel ébran- lèrent l'arrière -garde qui appuyait sa droite à Marquion et sa gauche à Bourlon. A ce moment le duc d'York arrî- Tait sur le flanc des républicains. H avait formé trois ^"'"ines qui s'étaient acheminées sur Cnnlaing, Anneux et Graincourt. La première colonne s'arrMa entre Caii- taing et Marcoing. Lès deux autres continuèrent d'uvan- cer. York comptait atlaijuer l'ennemi sur les hauteurs de Bourlon. Mais déjà Rilmaine avait évacué Bourlon el se repliait au delii de Marquion. Le duc traversa Bourlon, Sains-les-Marquion, et déboucha devant Marquion. Il y avait encore à Marquion deux bataillons d'infan- terie française. Ces bataillons, demeurés en arrière et partis de Thun-l'Ëvéque, avaient pris la route de Mar- quion, au lieu de celle d'Aubenchcul-au-Bac. Ils tom- bèrent au milieu de la cavalerie anglaise qui les enve- loppa. Une pièce de 12 qu'ils traînaient avec eux, leur fut enlevée. Plusieurs se rendirent. La troupe entière allait déposer les armes. Mais Kilmaine accourut avec Delbrel. Il mit une partie de sa cavalerie et l'artillerie légère en bataille el en réserve à droite et à gauche du chemin; puis, avec le reste de ses escadrons, il chargea l'adversaire. Le choc fut rapide, mais impétueux. Le 2° régiment de dragons, ci-devant Coudé, était en lètede la colonne française, el semblable, dit un témoin oculaire, & un torrent auquel rien ne résiste, il renversa tout ce qu'il rencontra. Des hussards noirs, montés sur des chevaux sans selle et ne maniant que des bâtons, firent des prisonniers. Grâce à ce mouvement hardi, les deux bataillons furent dégagés, et lorsqu'ils aperçurent Delbrel coiffé de son chapeau au plumet tricolore : « Repré- sentants, s'écrièrent-ils, sais-tu qu'il était temps d'arri- ver? Nous avions usé toutes nos cartouches! » Ils sor- tirent de Marquion en bon ordre. Kilmaine. satisfait de ce résultat, revint au del& de Marquion dans la position qu'il occupait d'abord. Avanl d'abandonner Marquion, il avait coupé le pont du ruis- seau de l'Agache, rompu la chaussée à l'endroit du pont HO^DSCII00TE et incendié le village. Le duc d'York fut arrêté pax les obstaciesdu chemin et la rupture du pont. Les Anglais ne ■ purent passer le ruisseau qu'avec peine, lentement et un à [ un, non sans être incommodés par la chaleur des flammes t qui dévoraient les maisons. Enfin, ils se mirent en bataille I et firent raine de charger en flanc la cavalerie française . ' Hais, k l'instant, des escadrons que Kilmaine gardait en réserve, se précipitèrent au-devant d'eux. On aurait dit, rapporte Delbrel, que les deux partis allaient s'écraser, [ 86 foudroyer, et, durant plus leurs minutes, le convention- V nel admira ce speclacleimposant. Bientôt les Anglais tour- nèrent bride. York n'avait ayec lui que 2,000 chevaux. Il voyait la cavalerie française qui l'attendait sur deux lignes, forte de la supériorité du nombre et d'ailleurs protégée sur son front par des pièces d'artillerie légère. Après quelques volées de canon, il se retira. Il avait failli périr. Suivi d'une seule ordonnance et de l'émigré Langeron, il avait traversé Marquion embrasé au grand galop et poussé en avant de l'Agache sur une petite hau- teur, lorsqu'il remarqua de la cavalerie h. vingt pas de lui. Le jeune duc avait plus de bravoure que d'expé- rience. 11 cmt voir des escadrons de Hanovre qui por- taient à peu près le même uniforme que les Français, et s'écriant :« Voilà mesHanovriens!>, il courut à l'ennemi. Langeron n'eut que le temps de saisir la bride de son cheval: « Monseigneur, lui dit-il, ce sont les Français », et lui faisant faire demi-tour, il le ramena vers Marquion. Cependant, la colonne de Colloredo avait, durant la matinée, passé l'Escaut sur le pont de Thun-I'Évêque, et celle de Clerfayt, sur le pont de bateaux jeté à Iwuy. Elles se réunirent et dressèrent leur camp dont la gauche s'appuyait à Thun-l'Évôque et la droite à Cuviliers. Huit pei k" u BOl rut es] escadrons furent dépêchés à la suite des nationaux et rejoignirent le duc d'Yorlï à Harquioa. La journée était terminée. L' arrière-garde républicaine, conduite par Kilmaine et Delbrel, reculait donc au pas habituel, dans une fiôre et menaçante attitude, sous les yeux de quelques Anglais qui l'observaient encore etlasopraientparfois d'assez près. Si Cobourg, Hohenlohe et York avaient su ce que cachait l'épais rideau de cavalerie que leur opposait Kilmaine ! Le gros de l'armée française, infanterie, parc d'artillerie, bagages, marchait tranquillement vers Arras, à l'abri de toute insulte, de tout péril. Mais soudain des lâches crièrent sauve qui peut. L'alarme se répandit d'un bout à l'autre de la colonne. Des bataillons, pris de terreur, se débandèrent et arrivèrent aux portes d'Arras comme si ces kaiserliks, qu'ils n'avaient pas vus, étaient à leurs trousses. « Le soldat, écrivaient Billaud-Varenne et Niou, s'est tellement trouvé abandonné à lui-même que, dans le désordre général, l'artillerie est allée se réfugier au delà des murs d'Arras, et le corps d'armiic en a été séparé pendant près de douze heures » (1). Ainsi fut pris ce fameux camp de César qui, de même e camp de Famars, était trop étendu et facile à. lurner. Kilmaine eut le mérite de mettre hors d'atteinte son armée fugitive. Sa retraite, qu'on nomme la retraite de la Scarpe, est sUrement son plus glorieux exploit. Elle sauva le dernier noyau de forces qui restait République sur les frontières du Nord. L'Irlandais 'ail su profiler des fautes de la coalition. Les mesures . Wilzleben, Coburg II, 258-2S1 ; Slcharl, Gesch. der hannov, Armée 1871, v. I. IV, p. 236-239; Delbrel, Noies hUt. 41-44; Jomini, IV, 19-33; Gay-Vernon, Cusiine et HowkarJ ,2îO-Ztft; relations d'Ar- naudln et de LangeroD;BUl&ud et Niou au Cumilé, 11 août [A. G,). L HONDSCHOOTR de Coboiirg el de Hobeolobe étaient mal conçues, A quoi bon envoyer Clerfayt et Colloredo â Iwuy et « Tlmn- l'Évèque contre le front inatlaijaable des Français, avec des troupes considérables? A quoi bon donner à Clrr- fayt et à Colloredo trente-quatre escadrons qui ne pouvaient leur être d'aucune utilité? Pourquoi ne laisser & la colonne do duc d'York qae vingt-quatre heures d'avance sur les deux autres colonnes, et ne contier uu prince anglais que dix escadrons? il eût fallu, pour enlever la position et détruire rarmée qui la gardait, adopter le plan de Langeron. L'émigré proposait de lancer ostensiblement un corps d'infanterie légère vers le Cateau et Solesmes, comme si les alliés avaient l'intention de se diriger sur le Quesnoy, puis, par une marche forcée, de pousser ce corps à droite, der- rière Cambrai, sur le chemin d'Arras, par Inchy, Pro- ville, Villers-les-Cagnicourt, et de couper de la sorte toute retraite aux Français ; cependant, de» tètes de colonnes auraient menacé le front du camp, et les meil- leurs bataillons, choisis exprès, auraient emporté coûte que coûte le poste d'Aubencheul-au-Bac sur laSensêe :les républicains, absolument entourés, étaient anéantis ou contraints de capituler. Hais, quand York n'aurait fait que se conformer au plan de Cobourg et de Hohenlohe, il eût, avec on peu de promptitude, mis Kilmaine en déroute. Son corps d'armée, qui vint le 7 août à CrëvecŒur, avait six lieues au plus à parcourir. Comment son arrière-garde ne franchil-elle l'Eaciiut qu'à, cinq heures du soir? De même, le 8 août, lorsqu'il alla de Crèvecœur par Marcoing et Cantaing sur Bourlon, pourquoi ne s'ébranlait-il pas dans la nuit et en toute diligence? Pourquoi donnait-il b Kilmaine le temps de faire filer sur Arras les équipages, la grosse > artillerie et la plupart des bataillons? Pourquoi laissait- 1 une de ses colonnes à CanEaîng? Pourquoi ne deman- ■dait-il pas sur-le-champ aus autres colonnes des renforts cavalerie, la seule arme dont il eût besoin? îvidemment, l'opération fut maladroitement conduite. 'Au lieu de s'avancer avec rapidité, de brusquer le dénoue- ment, de frapper un coup subit et vigoureux, on s'attarda, on ne partit qu'après la pointe du jour, on marcha lentement, pesamment, et non sans plusieurs haltes. Les alliés eux-mêmes reconnurent leurs erreurs. « Un ppu de lenteur, marque un officier dans une lettre en fi'ani;ais, nous a fait uL'gligcr tous les avantages que la fuite de Kilraaine nous offrait, et nous n'avons pris qu'un canon, fait une centaine de prisonniers, et tué autant. N'ayant plus d'ennemi devant nous, nous avons tourné tout autour de Cambrai, et une partie de 1" armée y a bivouaqué. Après tous ces succès, le résultat est que l'armée retourne dans son ancien camp. » Thugut, irrité, écrivit de Vienne qu'on avait perdu quelques jours précieux après la reddition de Valenciennes, que les républicains avaient eu le loisir de prendre leurs mesures et d'échapper : « Us se sont, disait-il, retirés pour le moment et reviendront nous harceler par la suite, et les petits combats qui codtent tant de monde, n'auront jamais de fin (i). » ■ 1. Cr. outre Wilzkben, Jomini el Langeron, lïohna, III. 203, et VlVfiii.t, Vevti-aut. Bi-iffe an Thugal, I, .'U Scharnhoral (voir la biographie de Max LebmiDii, 1, H3) essaya de juslifior le duc d'York : ■ la chaleur, dil-il, ^tait trop grande; uoe partie de l'ialaulerie resta en cbfmin; ou eut lort de ae faire marcher lo3 Iniupos qu'eo une EPule colunne. enfin. 1c but de l'entreprise fui alleint piiisqii'ou voulait BimplemoDl. aulou les Instruttioaa du quarliur-gfnira!, * se d>^ba.i- raiser de l'cDnemi pcadaat quelque temps. • k 9 HOSDSCHOOTE Kilmaine fixa son quartier-général d'abord à Vitry-en- Artôis, puis à Gavrelle, sur la route d'Arras à. Douai. Le corps d'armée occupait les hauteurs sur la rive gauche de la Scarpe qui couvrait par conséquent le front du camp. La droite était à Rœux et la gauche en face de Biache- Sainl-Vaast. Les flanqueurs de droite s'étendaient de Rœux à Arras et les flanqueurs de gauche, conduits par Colaud, s'installaient entre Palluel et Courcheleltes, der- rière le canal de la Sensée; mais la compagnie des Qua- tre Nations, munie de carabines, traversait le canal pour écarter les patrouilles ennemies aux alentours d'Arleus. L'avant-garde s'établit à Biache ainsi qu'à Monchy-le- Preux, et ses reconnaissances poussèrent sur le chemin d'Arras à Cambrai. La cavalerie, appuyée par l'infanterie légère, tenait Palluel,Hamblain-les-Prés,Sailly-ea-Ostre- vent. De petits postes défendaient Ëtaing, l'ÊcIuse et Hamel [i). Dans cette position qu'on a nommée le camp de Gavrelle ou encore le camp de Biache, Kilmaine pouvait, disait-il, rassembler toutes ses forces plus facilement qu'à Pailtencourt. 11 était fier de sa manœuvre et sur ce ton avantageux qui lui était propre, il assurait qu'il avait défait les alliés, bien qu'ils lui fussent trois fois supérieurs en nombre; qu'il avait opéré, sans perdre un seul homme, par une plaine de six lieues, une retraite comme il y en apeu; que tous ses cavaliers s'étaient battus en héros et que l'Anglais avait plus particulièrement senti le poids de leurs sabres; que l'audace française dégoûtait les coalisés. Mais, à son insu, il était déjà remplacé. Il passait pour noble, se targuait de noblesse avant 1789, DQCbolte, 10 août; et l'état militaire de France l'ayait qualifié L'armée se défiait de lui et savait qu'il ne la menait que provisoirement : « Comment, disait Gay-Vernon, la con- fiance peuUelle s'établir? » Les commissaires du pou- voir exécutif le regardaient comme sujet à caution, et Defrenne avait insinué qu'il était la créature de Dumou- riez. Surtout, on lui reprochait d'être Irlandais, et cette origine qui devait rehausser sa gloire, se tournait alors contre lui. On vanta plus tard ce flls d'Érin qui montrait sur une terre hospitalière comment il faut combattre pour la liberté, et lorsqu'il recevait le commandement de l'armée d'Angleterre, on aimait à dire qu'il attachait les yeux sur le pays natal et qu'il allait délivrer sa patrie du joug britannique. En 1793 on suspectait cet étranger. « C'est un bon soldat, pensaient Celliez et Varin, mais on a des craintes sur son compte. » Courtois remarquait que le républicanisme ne se fixe pas aisément dans une tête irlandaise et qu'on agirait peut-être imprudemment en le nommant générai en chef. Kilmaine lui-même écrivait à Bouchotte que sa naissance donnait aux malveillants un prétexte de dénonciation : < J'ai le malheur d'être né en Irlande, quoique élevé en France, » et il offrait, soit de reprendre la direction de l'armée des Ardennes, soit de servir k la division de Cassel, sous les ordres du gé- néral Barthel; si on l'avait employé à l'expédition d'Os- tende, ajoutait-il avec sa jactance habituelle, ce port n'existerait plus ; bref, que le ministre le mît ici ou là, il ferait son devoir. Le 4 août, le Comité notifiait aux représentants la suspension de Kilmaine : le gé- néral avait des relations de famille avec les Anglais; il avait, avant la capitulation de Valencienncs, exprimé les plus vives espérances, et ensuite il déclarait qu'il k HOSDSCHOOTË avait trop peu de monde pour résister; comment se fier àlui(l)? Bouchard succédait à Kilmaine. Hais il étaitâ l'armée de la Moselle et ne pouvait gagner sur-le-champ son nou- veau poste. Bouchotte prescrivit au général Bartltel de faire i'intérim. Barthel, Lnrrain et Thionvillois, alors âgé de soixante-quinze ans, était parvenu dans Tarmée royale au grade de capitaine des grenadiers. Il était lieu- tenant-colonel du 1" bataillon des volontaires de l'Orne et commandant temporaire à Bergues lorsque Carnot et Duquesnoy voulurent réparer l'injustice dn Conseil exé- cutif ji son égard. Nommé, le 1" juillet 1793, général de brigade et, le 30 du môme mois, général de division, il remplaça O'Moran à Cassel. Mais Duriuesnoy reconnut bientAL que Barl.hel, excellent patriote, n'avait plus la tête ni l'activité nécessaires pour exercer une fonction de cette importance. Ce fut ce Barthel que le ministre char- gea de commander les troupes du Nord et des Ardennes jusqu'à la venue de Houchard. Le vieux soldat partit incontinent. Le 7 août, en entrant h. Cambrai, il appre- nait que son armée, tournée parles Impériaux, se repliait en hâte et que l'état-major, ainsi que les représentants, avait quitté la ville; il voyait les alliés pousser leurs postes sur le glacis ; il entendait de toutes pai'ts les feux de la mousqueterie et de l'artillerie. Ignorant la situa- tion, n'osant sortir de peur d'être enlevé par les coureurs ennemis, ne pouvant se procurer des chevaux, Barthel resta dans Cambrai. Le H août, dès que l'adversaire eut disparu des environs, Barthel se rendit au quartier-géné- 1. DcfroDoe k BouchoUi^, 32 avril ; Courloia â BouchoUe, 5 juin; CtUlei nii mima, 18 et 26 juillet; Kîlmabe k BouchoUe. 4 et S août (A. 0.); Rpo. Aulard, V, «4: Gharavay, Cai-not, II, 328; Galerie mitUaire, nu XllI, tome IV, p. 355 et 351^. I rai d'Arpas. Mais Bouchard était arrivé; Barthel, confus, reprit immédiatement le chemin de Casael et, renvoya au ministre la lettre de destitution qu'il n'avait pu remettre à Kilmaine (1). Kilmaine ne reçut donc sa lettre de suspension que le 16 août. Il informa Bouchotte qu'il ae retirait à Passy sans inquiétude ni crainte aucune : il n'était ni vain, ni ambitieux; il n'avait jamais intrigué, jamais sollicité de grade; malgré les calomnies et des injustices d'ailleurs inévitables sous un régime qui sacrifie les intérêts parti- culiers au bien commun, il demeurait invioiablement attaché à la République et à la plus sublime cause que les mortels eussent encore défendue; mais, ajoutait-il, « vous avez besoin d'un homme comme moi pour com- mander la cavalerie. > En dépit de cette fière assurance, il fut arrêté le 29 décembre et n'obtint qu'en 1793 sa réintégration dans l'armée. Un des agents du ministre, Viger, t'accusait d'avoir interdit la distribution des papiers patriotiques. Bouchotte écrivait à Fouquier-Tin- vilte qu'il aurait dil ae poster àSolesmes pourselieravec la forèl de Mormal et qu'il avait abandonné le camp de César sans coup férir. Robespierre le quEiliGait d'Anglais et prétendait que Kilmaine était, comme Dnmouriez et Custine, un membre de cette faction anglaise qui voulait mettre sur le trûne dû France le duc de Brunswick ou le duc d'York, qu'il avait livri; le camp de Paillencourt presque sans combat, qu'il projetait pareillement de livrer Cambrai. Barère déclarait qu'il fallait ôter des 1. BouchoUc à Barthel, 4 août ; BarLliel il Bouchollc, 7 et 12 août; HédouvUlc à H«. — Diflt tmann. - Ja«n-N. Barlhelmj — Organisât ;at-miiinr. - Piaii da Bmh.lmy. - Élat d - Jeanbon et Pr - BenlibolB. - Billaad -Vireone 8tMi<™.-Le8pit Kilmaine n'avait été nommé que provisoirement. Le 22 juillet, le Conseil exécutif conférait le commande- ment des armées du Nord et des Ardennes à Dieltmann. C'était la seconde fois que ce Diettmann recevait la suc- cession de Custine. On l'avait mis à la tête de l'armée du Rhin lorsque le général Moustache parlait pour la Flan- dre. Mais Diettmann n'était, comme on disait dès cette époque, qu'une vieille culotte de peau. Après le combat de ROkheim, il avait déclaré qu'il ne pouvait mener les troupes, qu'il ne connaissait ni les positions, ni les mou- vements, ni les cartes et ne savait rien de ce que doit savoir un général en chef. Il refusa donc de diriger les - armées du Nord et des Ardennes et assura de nouveau qu'il ne possédait pas les aptitudes nécessaires pour J SB H0NDS(.HOOTE manier des masses, qu'il était attaché ù sa division de cavalerie, qu'il n'avait d'autre désir, d'autre ambition, que de rester à ce poste. Les commissaires de ia Conven- tion, Louis et Pflieger, tentèrent inutilement de fléchir son « inaltérable modestie ». Mais déjà Bouchotte se repentait de son choix. L'ar- mée du Nord ne voulait pas de Diettmann. Elle l'avait vu de près, et le bruit courait qu'il était l'ami dt' Duraou- viez, qu'il avait, aii \ avril, essayé de soulever le camp du Haulde et engagé les soldats à la désertion, qu'il pro- fessait des principes anticiviques. CeUiez écrivait au ministre que l'arrivée de Diettmann produirait une « secousse dangereuse », et Gay-Vcmon, qu'il serait -dénoncé dès le premier jour (O. Quel général fallait-il donc envoyer dans la Flandre? Ce général, disaient Celliez et Varin, devait être, avant tout, « bien intentionné », et « sans-culotte », et ils n'en- tendaient prononcer que deux noms : celui de Houchard et celui de Ferrier. Le Conseil exécutif lit ce que propo- saient ses commissaires; il décida, le 1" août, que Ferrier remplacerait Houchard à l'année de la Moselle et que Houchard commanderait les armées du Nord et des Ardennes. Jean-Nicolas Houchard avait six pieds de haut, des manières âpres, l'œil terrible, l'allure fiére et sauvage, le visage défiguré par trois estafilades et par une plaie d'arme à feu, la bouche déplacée et remontant vers 1. Wissemboarg, 26 et 59; Celliez et Varin, Gay-Vernon h Bou- chotte. 2S juillet (A. G.) ; Rec. Aulard, V, 443. Ct. sur Dieltmiinn uqo noie d'Et. Chararay, te Veneur, p. 13 : né à Lunéi-illB le 21 novem- bre 1739, gendarme d'ArtJÎa {it^'i), colooel du Ï2' caralerle (5 fé- vrier 1193', ma 'l'icba! do cxpp (22 irmi 17-?, ; ■,;ienajil-géné.-Dl [12sept.l jî), UomliiûiueUiîlluiiinnraourulJt Coi.cii iHl9raBi-s1'i94. HOUHHAnD 97 l'oreille gauche, la lèvre supérieure fendue en deux, la joue droite sillonnée do duux balafres parallèles. Aussi CustÎTie l'envoyail-il porter une sommation au gouver- neur de Mayence : ce que le messager avait de dur et de rébarbatif répondait aux menaces du message. H était d'origine germanique; ses aïeux avaient francisé leur nom dont la forme primitive est Huschard. 11 naquit à Forbach, et passa sa jeunesse à Sarrebourg oii son père exerçait un emploi dans l'ailministration des subsis- tances militaires. Son éducation fut négligée et il pai'la toute sa vie un français assez étrange, mêlé de mots allemands, et qu'une difficulté de prononciation rendait plus raboteux, plus barbare encore. Jusqu'à son der- nier jour, il lit dans ses rapports et ses lettres des fautes grossières, et il écrivait carlier pour quartier, rensemeni pour pansement, l'apelle pour l'appel, inanition pour inanité et envuiera pour envLira Enrôle au régiment de Royal-Allemand cavalerie, sous lieutenant de grenadiers, puis cornette aux volontaires de Hiimut il prit part aux six campagnes de la guerre de Hanovre et recul h Sondershausen un coup de feu a la eu s e et à Minden, outre une contusion à la jambe, trois coups de sabre sur la lête. Sous-lieutenant aux dragons de la légion de Lor- raine, il se distingua de nouveau par son intrépidité dans l'expédition de Corse. Il avait eu la mâchoire fra- cassée par un coup de fauconnier et s'était fait panser lorsque les ennemis attaquèrent te village où se trouvait l'ambulance; il sortit de son lit et, le chef emmailloté, rejoignit son peloton qu'il anima de son exemple. Cette prouesse lui valut une pension ou gratification annuelle de deux cents livres qui lui fut octroyée sur la caisse de Textraordinairedes guerres, et bientôt après, le brevet de lieutenant. Promu premier lieutenant, puis lieutenant L 9B HONDSCHODTt^ avec rang de capitaine au 3° régiment de dragons, alors Bourbon-dragons, nomme chevalier de Saint-Louis, il avait épousé la fille du notaire de Sarrebourg, Catherine * Henriet, et songeait à demander sa retraite et à vi\Te dé- sormais.sur son bien. La Révolution éclata. Houchard était en garnison à \rdres, dans le Pas-de-Calais. « Il n'y a pas moyen, marquait-il à. sa femme, de quitter dans des moments où la patrie est en danger; il faut que tout Français la défende de son pouvoir, » II sut conserver la discipline; ses dragons, assurait-il, n'avaient rien à dire puisqu'on ne les tracassait pas, et il espérait les mener jusqu'au bout, 11 se prononçait pour l'Assemblée contre le roi ; il blâmait les prêtres réfractaires qui forçaient la Constituante à « prendre un parti violent », et lorsque des commissaires présidaient à ta prestation du nouveau serment, il était, avec le quartier-maître Dufrénoy, le seul officier du régiment qui les suivit au club. Pourvu d'une compagnie, il fut envoyé à l'armée du Rhin, Custine, qui possédait la faïencerie de Niderviller, près de Sarrebourg, avait noué depuis trente ans avec Houchard des relations de voisinage et d'amitié; il le choisit pour aide de camp. Vint la déclaration de guerre, puis la chute de la royauté. Les commissaires de la Légis- lative qui parcouraient l 'Alsace, nommèrent Houchard colonel du 2' régiment de chasseurs à cheval ; il avait pour lui, disaient-ils, l'expérience, des blessures, la voix publique, et la juste confiance de Custine. Le nom de Houchard parait dès lors h chaque page de l'histoire de l'armée du Rhin. 11 guide l'avant-garde l'rançaise à l'affaire de Spire; il entre à Francfort, s'empare des sa- lines de Nauheim, impose à la Wetteravie des contribu- tions; il bat à Limbourg un détachement de l'avant-garde prussienne ; il essaie dedéfendre Hochheim ; après Bingen HOUCHABU 99 il est à l'arrière -garde et repousse, à Obor-Pl5rsheim, l'attaque de Brunswick, Sis mois lui suffirent pour s'éle- ver aux premiers grades : général de brigade le 1" dé- cembre 1192 et de division le 8 mars suivant, il obtint, le 29 avril 1793, le commandement derarméedelaMoselle. Il avait tenlé de débloquer Mayence et il se réinsta lait dans ses cantonnements de la Sarre lorsqu'il reçut l'ordre de remplacer Custi ne dans les Flandres (1). Il n'était que sabreur et n'entendait rien aux grandes opérations. Custine louait sa probité sévère et sa vail- lance, mais ajoutait que Bouchard, excellent pour entraîner une avant-garde, échouerait dans le comman- dement d'une armée, qu'on lui faisait un funeste présent en le mettant à la tête des troupes, qu'une pareille tâche serait au-dessus de ses forces et qu'il faudrait le diriger. Xavier Audouin disait qu'il n'avait de militaire que la bravoure et qu'employé dans les remontes, il était plutôt ]. Cf. sur Houcbard lei Mém. de Beugnut, I, 226 ; Cbasalgnet, Un solJat lorrain, 188(i, p. 12-20 ; Cbaravay, Carnot 1,48, 55, 15;Expéd. de Custine, lU, 53, P2, iH, 12ii.l28. US, 252; Wùsembourg, H-16, 3&, 46-59. Il était né ï Porbaob le 24 janvier 1138 de Jean-Beraard Houcbard et de Ma'ie- Madeleine Kniiepfler. Il s'enrôle dans Royal- Allemand cavalerie le 4 □□vembre 1755. devient suu s- lieu tenant de grenndiers le 1" janvier ITfJO et coiiiette le 30 décembre 1761 aux volootaïres de Usinant, sous-lieutenant aux dragons de Lorrùne le 24 avril 1763 et lieutenant au mâme régiment le 20 août 1773, lieute- nant aux dragons de Bourbon le 7 mai 1776, premier liE^ulenant le 5 décembre 1T78, lieutenant avec commission de capiiaine le 8 avril iT79. Il avait Fait, en volontaire, les campagnes de 1758, de 1759 et, ea onicier, les campagnes de 17â0, de 17U1, de 1762 et celle de Corse, (1769). Il rut pourvu d'une compagnie le 15 septembre 1791 et aomniâ aide de camp de CusUne le 15 octobre de U même année, Son madage eut li«u le 8 janvier 17SÛ; ae» amis et cimai'adea aaslalaient Ma bânèdlclion nuptiale, et parmi eux, Lsndremonl et Scbauenburg ; ni Hducbard, ni Landremonl, ni Scbauenburg ne se doutaienl alors, dans la petite éKlisc de Sarreliourg, qu'ils seraient tous trois, en 1793, géoè- rauieû cbcf de la République el/luus lr<.îs destitués le même jour. I 100 HONDSCHOOTE [ marchand de chevaux qu'officier et connaissait mieux les 1 foires du Limousin que les garnisons et les camps. I Lacoste et Guyardin assuraient qu'il avait la rÉputation I de bien conduire une division, mais qu'il ne pouvait L commander une armée ni prendre de grandes mesures, I qu'il n'agissait que par les conseils de son intime Ber- I thelmy. Delbrel était d'avis qu'il montrait du courage r lorsqu'il n'avait & manier que plusieurs régiments, mais L qu'il n'avait pas toujours l'audace qu'exigentles circon- I stances et que la conscience de son incapacité le rendait [ plus timide encore. « H fut, rapporte Legrand, accablé 1 de ses fonctions; il eût été un très bon chef de partisans; I on en fit un mauvais général, et il gagna la bataille h d'Hondschoote grâce aux dispositions de Gay-Vernon. > I Lui-même, modeste et très sincère, avouait qu'il n'osait F rien exécuter sans l'assistance d'autrui, et il n'accepta le I commandement des armées de la Moselle et du Rhin qu'à I condition d'être « entouré et secondé » par des gens l dont il avait éprouvé les talents. Avec quelle minutie et r quel amour du détail il traçait, de sa lourde main, le [ 23 août 1793, un règlement sur le service des troupL's à l chevall On sent qu'il est iji dans son élément et comme [ chez lui, qu'il ne voit au monde et ne sait qu'une chose, I le métier de cavalier (1). I Hais les commissaires de ïa Convention Pflieger et Louis I prûnaient ses longs services. Savaleur.etsafranchisepas- I salent en proverbe. 11 était actif, vigilant infatigable. Dans un temps où la discipline semblait inutile et ridi- I «ule, il ta maintenait avec fermeté. A toute heure de la L 1- Cu9lne« Ruche, 14 ot 25 no i'. 1792, et noie de Xavier Andouin ; I «Ole de Le fl i, 1. Le Directoire de la CorrSie à l'ABscmblée, 20 oct. 1*91 (A. N. DXV, 6); Afon. Ib août IIVZ (lelti-e qne Brival lit à U Lê^slaUï* et qui est sûreroem de Berltielmy) ; Mon, 31 jnillel IIK; Wiitembourg, B et 40; De Seilhac, La bal. des volontairti de la Corrèze, 106-114, (M*m. jusUDcatif de Berlhelmï); autre mf'ni. de Berlholmy {K. N. w. 296) ; CuiUae I Pache, 31 oct 1792 : Gay-Vernon à Berlhelmy, 11 juillet 1793; LaBOïle el Guyardin. au Comilé, 4 et 6 août; Jetubon et Prieur au Comilé, 6 août; rapport de Ronain, 17 août [A. G.). EUenoe-AmliroisB Berlhelmy était ué le 34 septembre 1764 11 Vau- ïillera (Ilaulp-Ssùne). Succoaaivemenl attaché ftm Irsvnux de navi- gaUon de la Charente, élèïe de l'école des ponts el chatia^éaa où il remporta, trois premlera prix, employé t dlrenea constructioni de M HÛDCH4BD Houchard arriva le 9 août à Vitry où Kilmaioa avait d'abord établi le quartier-général, il examina sur-lo- champ les positions et les approuva, bien qu'il eût, ainsi que Kilmaine, préféré de camper derrière les sources de l'Escaut. Mais, dès ses premiers pas, il fut dans un embarras extrême. Il ne connaissait personne dans l'ar- mée qu'il venait commander, et il la trouvait absolument désorganisée par la suspension du chef de l'état-major Des Bruslyset d'unelvingtaine d'officiers supérieurs. «Y a^t-il, s'écriait le mallieureux, une situation plus cruelle? > Il se jeta Jans les bras de Gay-Vernon qu'il avait vu cinq ou six fois h Mayence et dans l'entourage de Custine, le nomma son sauveur, le supplia de faire sa correspon- puiita, nolnmmeDl i Pont-Saint-MaxencB et IL Gray, il avût f'I^ nommé, le 5 déctimlire 1787, suus-tngénieur pour le Bia-Limoiiain, avec rési- dence h Tuchard — Bertlielmy se laissa t'aiie général le 9 aoflt. Maia, comme on le verra plus loin, il Fut suapeonu le 22 seplembre et enfermé h l'Al'biiye. Mis en liburlé le 20 thermidor, employé i l'armée des PyrénéM) occidenlaloa [25 prairial an lit] et mainiciia dan» ses foncUoQS (10 brumaire an IV), Bcrthelmy ne reparut plua dani le» , camps. Hémlégré à Tulle dans l'adm lui si ration des ponta et cliaussées, puis commlHsalre du Directoire eiéuutiF prbs l'adininialralion cenlrile de la Corrèïe. iigent-gëaéra] des conlribiitiona, roei^bre du Conaeil des Cinq Cents, aix il contribua à l'organisation de 1 Ecole polytechni- que, un iaslanl membre du Tribunal, Berthclmy ae Uni à l'écart sous l'Empire. Promu chevalier de Sainl-Lutiia le 19 juillet IS14 el admis au lrait«menl de réforme de son grade le 20 août suivant, il sollicita ei, IStS la siipriressiim de ce Iraitemeut do l'Torme pour jouir d'un trdte- ment d'activité comme ingénieur des ponls el ^'hBusséea. Après 1830, SI fut, duninl trois ans, maire de la commune de Chameyral. II mourul au mois de 'piln 1841 k Paris où il avait entrepris un voyaifr'. Cf. les documenisde la Pierre et l'article de G. Clément Simon. (Biitlelindo lA SODi&té des letlres, sciences el arta de la Corrèze, J, 1819 p. 559- 567.) 1 ÎÙ8 HONDSCHOOTE dance. 11 se hâta de demander à Boucholto les appiiis qui lui manquaient. 11 demanda Bertiielmy qui n'était pas encore h son postp. Il demanda Schaucnburgqui s'en- tendait à dresser les soldais et à leur inspirer l'amour de leurs devoirs : s'il avait cet habile officier, l'armée du Nord changerait de face, et, en six semaines, son infan- terie, qui ne tenait pas en plaine, seraiL capable d'atten- dre de pied ferme les escadrons impériaux. 11 demanda Kilmaine : il avait le « besoin le plus presrant » d'un générai qui combattait depuis dix mois sur cette fron- tière, et qui seul pouvait conduire l 'avant-garde, il demanda l'adjudant-général Jarry que le ministre allait suspendre, et il loua le zèle de Jarry, sa fermeté, sa nais- sance roturière, ses sentiments républicains (1). Berlhelmy se présenta le 10 août. Mais Bouchotte ne voulut donner h Bouchard ni Schauenburg, ni Kil- maine, ni Jarry. Schauenburg devait rester fi l'armée de la Moselle où il était général en chef et d'ailleurs Bou- chotte méditait déjà la suspension de ce ci-devant. Kil- maine ne sérail plus employé : « Les circonstances, disait le ministre, ont forcé k faire ce changement, et la con- duite de ceux qui, jusqu'à ce moment, tout en paraissant servir la Uépublique, avaient l'air de penser à autre chose, en nécessitera encore de plus considérables, > Enfin, Jarry avait, avec Chérin, arrêté le commissaire Celliez, et Bouchotte déclarait qu'après avoir pris des renseignements, il ne saurait conserver Jarry : « On peut, mandait-il à Bouchard, on peut quelquefois se masquer vis-à-vis des supérieurs qui ne sont pas à même d'être aussi bien instruits qu'il le faudrait pour déjouer toutes ;, 10, H. la aoill el ; les trames dont nous avons été trop longtemps vietiraes, » et il priiiit le général de m réparer par son activité le di^fif.il des circonstances (1). » Ces belles paroles ne consolaient pas Houchard, et, s'il possédait BerLIielmy, il ne laissait pas de gémir sur le « labyrinthe affreux » dans lequel il se voyait engagé, sur le « délabrement » de son état-major, sur l'ignorance et la mollesse de ses ofQciers, sur 1' « état décousu » d'une armée encore étourdie de sa retraite précipitée. Les adjudants-généraux, envoyés par Je ministre, n'avaient pas la moindre teinture de la guerre et n'étaient propres qu'au travail du bureau, t Je ferai tout ce que vous voudrez, tout ce que je pourrai, écrivait Bou- chard à Boucholte, je me servirai de tous les moyens bons ou mauvais que vous me donnerez, mais la machine n'en ira pas mieux. » Comme Laraarche, comme Cusline, comme Kilmaine, il redoutait la cavalerie des alliés, cette cavalerie énorme qui pouvait entourer les Français de tous eûtes et qui couvrait si bien les mouvements des Austro-Anglais qu'il était impossible d'agir et de mordre sur leur infanterie, II craignait que Cobourg ne vint se poster soudain sur le chemin d'Arraa et lui couper les vivres, intercepter les routes do Saint-Quentin, d'Amis et de Bapaume, et il conjurait le ministre d'envoyer à Sainl-Omer et à Lille des approvisionnements considéra- bles pour la nourriture des troupes. Berllielmy s'exprimait de même. Pas un seul adjoint de l'étal-major qui connût l'armée, et il n'avait aucun des quatre adjudants-généraux, qu'il devait avoir. Il répé- tait que la cavalerie était nulle, qu'il fallait pourtant HONDSCaOOTE opposer cavalerie à cavalerie, qu'on ne serait actif et hardi que lorsque l'infanterie, jusqu'alors étonnée par les escadrons des alliés, reprendrait son assiette. L'armée, disait-il aussi, avait un nombre prodigieux d'hommes, et elle n'était pas forte parce qu'elle se disséminait, s'épar- pillait sans ordre sur tous les points; elle renfermait une infinie quantité de bataillons étrangers et de corps francs qui comptaient chacun cinquanteàcenlcinquante hommes et presque autant d'officiers que de soldats. Le service des subsistances était dans * l'état le plus déplorable » et la plupart des places manquaient de munitions de bouche. En aucun pays, il n'y avait autant d'avoine que dans la Flandre, et l'avoine faisait défaut (1)1 L'insubordination, la licence renaissaient. Sous le commandement de Custine, l'armée s'exerçait assidû- ment et ne murmurait pas; à peine était-il parti que la discipline dont il était l'âme, n'existait plus (2). Colaud s'indignait de la conduite de ses flanqueurs de gauche qui dévastaient le campagne et commettaient des actes de brigandage. « Les Autricliiens, écrivait-il, ne feraient pas pis, » et il menaçait d'arrêter les soldats et les offi- ciers qu'on trouverait hors du camp sans une permission signée du commandant de leur bataillon (3). 1. Houchardi Bouchotle, 11, 12, 17 soûl rm^moire de Houchird, £9 sept, ; Berthclmy à Bouchotle, 11 août (A. G.). 9.. Ti^miiignage de Gobert. 3. CoUad auï généraux, 13 août. Cf. le mot d'un officier du 1" butaiUoniJe la Sarthe i Viger (21 août) : « La conduile licencieuse et InlcmpÉrante dei soldats est la preuve coDvaiacanle ifue Pïlt a répandu son or dana les armées. • Voir aussi l'arrèlé pris la 13 août par Carnot et Le Tourneur (Ctiafavay, Camol, II, 45i) : • Dans l'éva- cuation du camp de Pailleucourl, plusieurs individus de l'armée se ■ont portés aux excès les plus coadamaabics et livi'és au pillage dos msliiuas de la campagne. ■ HOUCHARD 1 ( I Le soldat, ébranlé par dos revers multipliés, n'avait plus confiance dans ses chefs. Il se plaignait d'avoir abandonné le camp de César qii'il croyait formidable, se plaignait de ne voir jamais de généraux à la f.éte des colonnes. Après avoir visité les positions de Gavrelle et de Biache, Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne remarquaient que l'armée saignait encore des plaies que lui avaient faites ses échecs réitérés, qu'un sentiment de crainte se mêlait à son patriotisme et à son désir de mar- cher en avant, « Serons-nous toujours trahis^ » deman- dait-elle aux représentants. Bentabole, qui s'attachait surtout à connaître l'esprit public, confessait ses inquié- tudes: les volontaires lui semblaient généralenientbons, mais les troupes de ligne étaient évidemment égarées, 8 très froides pour la République », et du reste rebutées de leur inaction, dégoûtées par tant de trahisons et de retraites (1). Billaud-Varenne et Niou confirmaient le témoignage de leurs collègues. Envoyés le 29 juillet dans le Nord et le Pas-de-Calais par le Comité de salut public pour appré- hender tous les suspects et saisir leurs papiers, ils avaient fait des arrestations, apposé des scellés, examiné la mai- son et les caves du collège anglais de Saint-Omer. Mais ils n'avaient pas négligé de parcourir les places fortes et les camps. Ils rapportaient qu'on disait communément ii Douai que la ville succomberait après quinze jours de eiège.^ Us avaient vu Houchard; « tl arrive, c'est déjà quelque chose : le soldat parait avoir conflance en lui, et lui-même annonce le plus grand zèle. » Mais l'armée, HONDSCHOOTE ajoutaient-ils, serait, de l'aveu de Des Bruslys, tailli5e en pièces si les alliés l'attaquaient avec plus de vigueur; elle était trop faible; elle ne comptait que quarante mille hommes; elle manquait de poudre et de canous; elle n'avait que dix-neuf pièces de position, au lieu d'en avoir cinquante, et chaque bataillon ne possédait que deux caissons de cartouches. Le régiment de Chambo- rant, ainsi que plusieurs dépiMs de cavalerie, languissait dans l'inaction, faute de montures, tandis qu'A Paris, sous les yeux de la Convention, des sybarites « employaient une multitude de chevaux h traîner inutilement leur stupide existence! » Ils avaient passé les bataillons en revue et on leur avait crié : « Point de trahison, point de marche rétrograde! » Enfin, Billaud-Varenne et Niou proposaient au Comité de réduire et d'épurer les Com- missions ; il y avait, suivant eux, trop de représentants, et leurs passages fréquents fatiguaient les administra- tions des départements; la différence de leurs opinions amenait la diflérence des opérations, et les mesures de sûreté et de salut public s'exécutaient mollement et sans ensemble. Mais Niou elBillaud-Varenne ne s'avisaient-ils pas de saisir les papiers de Gay-Vernon et de les empor- ter à Paris? Or il j avait, dans ces papiers, des notes pré- cieuses, des plans, des mémoires sur les forteresses et la frontière du Nord. Bouchotte les avait confiés à Gay- Vernon qui devait les remettre à- Bouchard. Quelques jours se passèrent en pourparlers : Bouchard réclamait avec instance ces documents qui lui seraient de la plus grande utilité ; Bouchotte priait le Comité de renvoyer promptement au général les plans et les cartes qui « ne tenaient pas àla correspondance particulière»; leComilé engageait le ministre ù, s'adresser directement aux repré- sentants Niou et Billaud-Varenne, Ce ne fut qu'au 2i août que les papiersrentrèrentdans les mains de Houchard.(l). Ronsin avait reçu pareillement une mission dans le Nord. 11 connaissait la conlrÉe : il assistait h Jemappcs. et il avait publié un Détail circonstancié de la fameuse bataille; il avait remplacé Malus en Belgique dans les fonctions de commissaire ordonnateur en chef et, lors- qu 'éclata la révolte de Dumouriez, il inspectait les villes du Nord et le port de Dunkerque. Lui aussi fît sonrapporl sur la situation. 11 qualifiait de nobles ou d'étrangers la plupart des généraux que Bouchotte avaitdéjà suspendus ou mis en arrestation. Comme tout le monde, il deman- dait de gros renforts de cavalerie et retraçait la détresse de Chamborant qui n'avait plus que deux à trois cents chevaux, n racontait brièvement la journée du 8 août où les routes de l'Artois étaient couvertes de soldats errants qui cherchaient leurs drapeau x et leurs chefs. Non sans exagération, il assurait que le eampétait rempli de traîtres, de lâches et d'espions. Mais les pages les plus intéres- santes de sa relation concernaient l'état-major. L'homme de lettres, l'auteur dramatique que la Révolution chargea d'approvisionner et de commander ses armées, a su, d'un coup d'œil perçant, observer, juger les per- sonnages. Bouchard, disait Ronsin, était excellent mili- 1. BUIftud-Vapenne et Niou au Comité, 11 aoûl; Houchard à Bou- chollc, 16 août et noto do Bouchotte ; Bouchotte au Comité, 19 aoflt (avec ta riponnq du Comité) et aux représentant', 2[ août, il est donc faux que Biilaud ail emporté i. Paris, comme l'a dit G&y-Vernon fili (Cimline et Iloiichard,i30), les registres d'ordres et de norreapon- daii"i», qu'il ait refusé de loi rendre parce qu'il lea avait trouvés dans une cuisine et voulait montrer au Comilê la négligenes da l'état- major, que Gay-Vernon objecta vainement qu on avait établi le bureau dans laeuisiie parce qu'elle élail la pièce la plus spacieuse de la maison. 11 s'agit de mémoires et da caries que Biilaud avait saisis parce qu'il avait mission d'apposer les scellés sur les papiers de Gay- HONDSCHOOTE laire, bien que facile, un peu lent, incapable de profiter des avantages que lui offriraient les circonstances, trop enclin h perdre le temps en délibérations. Aussi devait- on mettre à cAtii de lui des gens actifs et imbus de l'esprit révolutionnaire. Pour l'instant, il s'abandonnait à Berlhelmy et à Gay-Vernon. Ces deux honanies menaient réellement l'armée du Nord. Mais ils excitaient l'envie de deux autres officiers qui, sans être bien sûrs, avaient < de l'esprit et tous les moyens qiiien dérivent », Thûring et Sauveur Chénier. Enfin, il y avait un tiers parti, composé d'un général de très fraîche date, Landrin, et des Belges Davaine et Lamy, tous trois étroitement liés, censurant déjà le nouvel état-major, et n'aimant ni Bertlielmy et Gay-Vernon, ni Thûring et Chénier, Ainsi, concluait Ronsin, « l'unité n'existe pas autour de Bouchard; il ne sera occupé que de petites querelles personnelles; c'est aux représentants k s'emparer de sa conûance pour contre-balancer chacun de ces trois partis (1). * it lA,G,); cC.co l'apport dins Claaravayi CHAPITRE IV YORK ET COBOURG icbard. — Alucine d«B populationa.— Réc CorresporiduiES entre Mers; I IMcIaration flu duc dTork. — nsri{a«. — Qâpart des Prussiar sèment dag Hallsndiii A l'instant oii Bouchard prenait à Gavrelle le comman- dement des troupes, la République était aux abois. Lyon et Marseille se soulevaient. Toulon allait appeler les Anglais. Les insurgenls de la Vendée remportaient des victoires. La capitulation de Valcnciennes et l'abandon du camp de César ouvraient à Cobourg le cliemin de Paris. L'armée du Nord, refoulée sur Arras, ne pouvait arrêter la marche des alliés. Xavier Audouin avouait aux Jacobins que les ennemis seraient, s'ils voulaient, en quatre jours devant la capitale. Houchard déclarait que Péronne, Saint-Quentin et les places de la Somme étaient très gravement menacées, que les coalisés tenaient, milieu des forteresses du Nord, une position « vraiment '"; il lent ' IlONDSCIIOOTli; désolante », qu'ils occupaient un pays 1res riche en subsistances, qu'ils étaient à trois lieues de Bapaume et que, si leur cavalerie poussait jusqu'aux environs de Paris, il n'aurait que de bien faibles moyens à lui oppo- ser. Quand cette cavalerie, ajoutait Bouchard, ne comp- terait que deux mille hommes , elle ferait assez de dévas- tations pour répandre l'effroi dan8 plus de quatre-vingts départements et « influencer l'esprit public de la ma- nière la plus désastreuse », et il priait Bouchotte de réquisitionner les gardes nationales et de lus rassembler sur la Somme dans te délai le plus court. Les populations tremblaient. Des partis autrichiens couraient la Thlé- rache,le Verraandois,le Soissonnais, sommant les maires de jeter à bas les arbres de la liberté, exigeant des con- tributions, emmenant du bois et des fourrages. Le Con- seil général de l'Aisne ne cessait d'écrire que l'avaat- garde des Impériaux approchait et mettait tout à feu et à sang; il requérait les commandants de Péronne et de I.aon de donner du secours aux communes; il requérait cinquante gendarmes du département, requérait trente hommes du dépôt de cavalerie de Ctiauny, requérait vingt hussards du dépôt de la Fère. Le maire du village de Caudry envoyait i la Convention, au nom de sa paroisse.cette lettre naïve, mais saisissante et, en certains endroits, animée d'une chaude et patriotique éloquence : « Les habitants de Caudry sont dans la plus grande désolation à la vue des maux qui les environnent. L'en- nemi est pénétré chez eux depuis huit jours. Tous les jours, c'est de nouvelles réquisitions en paille, foin, blé, et seigle, et eau-de-vie. Et pillés, et votés, sans tout cela, de vaches, de moutons, linge et habits; tout leur est bon. Mais, dites-nous, qu 'avons-nous fait pour mé- riter cette désolation, ainsi que tout le beau pays qui YORK ET COBOURG 117 nous environne ? Voilù Montigny, Quievy, Haussy, Beriry, Saint-Aubert, Avesnes-les-Aubert, Iwuy, Car- niêres, Boussières, Bevillers, Caltenières, Wambaîx, Esoes, Crèvecœur, Bantheux, Bantoiizelle, Honnecourt, Marcoing, Graincourl, Bourlon, Anneux, Marquion, Le Cateau-Cambrésis, Neuvilly, Seranvillers, Solesmes , Saint-Python, Catillon, Ors, Viesly, Maretz, Busigny, Maurois, Honnechy,Reuinont, Saint- Benio, Saint Soiiplet, Mennevret, La Uaye-Manneresse, Saint- Martin-Rivière, Troisvilles, Inchy, Caullery, Clary, Vaux-en-Arrouaiae, Escaufourt, Somain, Fenuin, ut cinq cents villages ici alentour auxquels il ne reste que les yeux pour pleurer. Mais nous avons fourni notre contingent pour la force publique. Il n'y a pas ici un village alentour, si petit qu'il soit, qui n'ait fourni depuis vingt hommes jusqu'à quatre-vingts et même cent. Far conséquent, nous avons droit à la force publique. Si on nous en demande, nous en fournirons encore. Nous avons acheté les biens nationaux à grand pris; nous payons nos contributions, El pourquoi méritons-nous qu'on nous abandonne ainsi à la merci de nos scélérats ennemis et des aristocrates? Quoiqu'ils ne soient pas ici en grand nombre, encore y en a-t-il. Nous vous en conjurons, envoyez-nous un peu de troupes. Tout notre pays se joindra b. eux, je vous en réponds, pour repousser les satellites qui nous ruinent, et qui nous égorgent, et que nous haïssons encore plus qu'ils ne nous font de mal. Vous manque-t il du monde? Demandez-en, vous n'avez qu'à parler. Mais donnez des secours. Vous manque-t-il des chevaux ? Vous n'avez qu'à parler, nous brûlons de donner notre bien à notre patrie et nous mourons de rage de falloir le donner à nos tyrans. Voilà si longtemps qu'on avait décrété de lever un cheval par chaque municipalité 1 On aurait eu tout. 7. t(8 HONDSCHOOTE l d'un coup 43.000 chevaux. Eh bien, on n'en a rien fait, n y a au moins deux mois que vous avez encore décrété 30.000 chevaux. Eh bien, celn est encore resté là. Qu'est- ce que cela coâterail à chaque commune ? Presque rien, et aujourd'hui nous en donnons bien d'autres à nos ennemis, sans ce qu'on nous vole. Ils sont bien cou- pables, ceux qui retardent l'exécution de bons décréta ou qui empêchent de les mettre k exécution. Vous avez au moins 30.000 hommes : cavaliers, dragons, hussards, qui ne sont point montés : vous auriez de suite de quoi les monter et de quoi nous secourir. Au nom de la patrie, au nom de l'humanité, au nom de la force publique, — nous croyons y avoir des droits — envoyez dans nos environs SOO hommes ou un bataillon au plus d'infan- terie, 100 hommes de cavalerie, i pièces de canon : cela nous fera un point de ralliement, et, avec nos fourches, fauchets, pioches et piques, nous répondons du reste. Ne soyez point inquiets pour les subsistances ; tant que nous en aurons, nous les nourrirons; ce sera nos frères, et noua en aurons soin. Nous l'avons demandé vingt fois au district de Cambrai, mais ils sont sourds; jamais ils ne nous répondent. Nous vous conjurons, au nom de notre commune, de prendre nos besoins et nos maux en considération ; vous trouverez toujours en noua des patriotes disposés à tous les sacrifices pour le bien de notre patrie. » Mais Bouchotte et le Comité ne s'effrayaient pas de ces housardailles. Le ministre se hâtait de tranquilliser Hou- chard : « Nous n'avons pas, lui mandait-il, partagé vos inquiétudes, même dans le moment où les ennemis sem- blaient s'avancer. » Il ordonnait de mettre h. Saint- Quentin quelques dépôts de cavalerie qui suffiraient h contenir les détachements de fourrageurs et à éloigner ÏORK ET COBOORG 119 les pillards isolés. H envoyait Belair h. Péronne et le chargeait d'établir un camp entre Ham et la Fère. 11 dépéchait à Laon le général Beaurgard. Ce Beaurgard avait signé le revers, et, d'après la capitulation de Valen- ciennes, ne devait plus servir contre les alliés; mais il n'hésita pas à violer son serment. Ce fut lui que le Con- seil général de l'Aisne requit de se rendre à l'extrême frontière du département et d'arrêter les progrès de l'envahisseur. Beaurgard n'avait pas de troupes à cheval. J] ramassa dans les villes, à Laon, à Vervins, à la Capelle, fi Guise, vingt et wn cavaliers qui faisaient l'office d'esta^ ■ Jettes et portaient les lettres de l'administration. 11 itsourut la campagne avec ce peloton et parvint k ras- ^Burer les habitants. Le village de Catillon allait livrer, P sur les sommations autrichiennes, six cents bottes de vfoin et douze cents sacs d'avoine et de blé. A la tête de Bdeux mille paysans armés de piques et de fourches, Bçaurgard marcha sur Catillon, fit conduire les four- i Landrecies et opéra sa retraite en divisant ses savaliers en trois patrouilles. Les escadrons impériaux Ppoursui virent néanmoins leurs incursions. Le 3 sep- plembre, ils ravageaient la contrée au nord de Saint- Quentin et enlevaient les besliaux et les grains. Parant, ||;^i commandait k Saint-Quentin, écrivait au ministre r qu'il restait impuissant et n'avait qu'une faible garnison de l.MO fantassins et de 100 cavaliers, que les alliés pos- sédaient les cantons de BohaEn et du Catelet ainsi que la moitié du canton de Fonsommes, qu'ils renouvelaient leurs pilleries avec plus de fureur, qu'ils venaient régu- lièrement chaque jour prendre le blé que le paysan bat- tait pour eux et sur leur ordre (1). 1. Jovrntd de la Monlngne, U août {léance du II); Houchard i, ISO UOXDSCHOOTE Par bonheur, et comme à leur ordinaire, les coalisés ne s'entendaient pas sur la direction de la guerre et sur l'emploi des forces dont ils disposaient. Ils auraient pu vaincre la Révolution en France même, trouver des ressources et une aide cfflcace dans le cœur du pays. Mercy ne cessait d'appeler leur attention sur les dis- cordes de l'intérieur: on devait, disait-il, entretenir ces troubles, leur donner de la consistance et les « rendre décisil's»; sans cette diversion, les succès des alliés sur les frontières seraient incomplets, insuffisants, et l'on ne pouvait finir la. gi'anrfeauenïuî-e, si l'on u'appuyait les sou- lèvements de la Normandie, de la Bretagne et de la Vendée, si l'on ne tendait la main aux insurgents, si l'on n'empêchait la République de réunir ses troupes et de les affectera la défense des Flandres. Toute l'Europe ne parlait alors que de Gaston, de ce brave Gaston qui rendait de si bons services à la cause commune : tantût il s'emparait de Nantes, tantôt il paraissait devant Niort, tantût il prenait aux républi- cains quinze à dix-huit pièces de canon. On prétendait qu'il avait été major d'infanterie, puis lieulenant-cotonel, qu'il avait prêté sermentà la Constitution de 1791 et que, lorsqu'il avait émigré, les princes, qui refusaient les gens utiles et acceptaient les inutiles, l'avaient chassé, comme ils chassaient le célèbre d'Arçon, Le chevalier de la reine, Fersen, toujours fécond en projets, proposait d'envoyer h ce Gaston des secours en munitions et en armes, un peu d'argent et un corps de quatre à cinq Bouchottp, Il et IS août; lettres du tnalre de BohaÏD, S4 août; du procureur gèuéra) syndic du département de l'Aisne, du Conseil ^néral de l'Aisne, 27 et 31 boQI; de Pierre Canaonae, majre de Cau- dry, 31 août ; de Beaarsard, 30 août ; de Parant, 4 et 5 septembre {A. Q) •11 TOBK ET COBOCHG tes m"" mille hommes qui se saisirait d'un point et « donnerait un coup de collier»; pourquoi Gaston, s'il était secondé, n'irait-il pas à Paris et ne ferait-il pas î\ lui seul la contre-révolution? En réalité, ce Gaston n'était qu'un perruquier et très petit chef de bande, aEfublé de l'uniforme d'un offi- cier républicain qu'il avait tué, et il tenait la campagne avec les gars de son village. Mais l'éloignement grossit les choses et grandit les personnages. L'émigration n'imaginait pas qu'un homme de basse condition se fût mis à la tête des révoltés : elle fit du perruquier vendéen un marquis de Gaston, et, bien longtemps après que Gaston avait succombé — il périt le 15 avril au combat de Ghallans — elle se figurait qu'il était le généralissime des royalistes de l'Ouest. . A défaut de Gaston, n'avait-on pas Dumouriez? Pour- nnoi ne pas confier une expédition au vainqueur de jemappes? Sans doute, écrivait Mercy, on devait se garder des « prestiges » de l'aveuturier. Mais Dumouriez avait de l'activité, un esprit remuant, des talents incon- testables. Il ne fallait ni l'écouter ni le rebuter tout à (ait, et il serait avantageux de le débarquer en Nor- landie où il croyait avoir un parti, avec les deux Thou- Venot, les officiers de son état-major et la poignée de monde qui l'avait suivi sur le sol belge et qui restait oisive au camp de Leuze. La cour de Vienne voulait expulser des Pays-Bas ces transfuges qui vivaient à ses 'frais et lui causaient mille embarras par leurs préten- ions et leur humeur rétive. Mais Gobourg avait promis pas les abandonner. Manquerait-il à sa parole? It ne valait-il pas mieux demander au cabinet de iaint-James des vaisseaux qui transporteraient sur les France Dumouriez et ses compagnons? in HOSDSCHOOTE L'Empereur fit la sourde oreille. Il chassa Dumouriez qu'il nommait un rodomont au perfide verbiage et aux propos extravagants, et il refusa d'employer les officiers émigrés de l'armée du Nord, encore tout chauds de la lutte contre l'Autriche et opposés à toute idée de démem- brement du territoire français (1). Du moins les alliés ne pouvaient-ils, au lieu de s'étendre sur la frontière, marcher en avant et pousser aussi loin que possible? Le 1" août, ia Convention décrétait que Marie-Antoinette serait transférée sur-le- champ à la Conciergerie et traduite devant le tribunal révolutionnaire. Fersen et La Marck, pris tous deux d'angoisse et de désespoir, conjurèrent Mercy de sauver la reine et d'envoyer un gros corps de cavalerie dans la direction de Paris : les escadrons impériaux, disaient-ils, trouveraient toutes les granges remplies et ne rencon- treraient pas un seul obstacle. Mercy fut de glace. Il répondit que ce serait le second tome de la Champagne, que la famille royale était perdue, que les démagiigues l'immoleraient pour lier la France entière à leurs forfaits et ne laisser à la nation d'autre parti que celui de vaincre ou de mourir. Pourtant, sur les instances de La Marck, il promit d'écrire à Cobourg une lettre très vive et très pressante. La Marck la rédigea et Mercy la signa. Mercy priait Cobourg de riposter aux conventionnels par un acte de hardiesse et de vigueur. Le prince reste- rail-il immobile en un pareil moment? Laisserait -il se 1. li'ûPsen, II, 72-74, 81-32; Thiirheim, Briefe, 18, 82-88. 91, 97-98 ; Tornauï, Terreur VI, S77 ; lung, Dizbois-Craiicé, I, p. 390 (rapport d'Hervilly ei de Vsugiraud) : ■ Le tjtre d'nrméo de Gaston est un mot do coQveoUoi) emptoyé à l'étranger, in&is puint en France. » YORK ET COBOTJRG consommer un grand attentat à quelques joi troupes victorieuses, sans faire au moins quelques efforts pour Tempôcher? Ne pouvajt-il imposer aux factieux, leur inspirer une salutaire terreur, retarder la procédure qu'ils commençaient, le crime qu'ils méditaient? Lee habitants de Paris, ajoutait Mercy, ne sont émus que par ce qui les touche de près; ils ignorent le danger qui les menace parce qu'ils ignorent les forces des alliés; ils s'imaginent, sur la foi des gazettes, que les coalisés perdent leur temps devant les places de la frontière. Mais que Cobourg se rapproche du «. foyer de la scélé- ratesse»; qu'il attaque et emporte Cambrai, dernière barrière qui le sépare de Paris ; qu'il envoie des corps de cayalerie dans des plaines sans défense. L'apparition de ces escadrons calmera les fureurs du parti révolulion- naire et sauvera peut-être la reine. Elle répandra l'effroi dans le pays. Elle arrêtera la circulation des subsis- tances, arrêtera la formation du camp que les natio- naux veulent établir entre la capitale et leur armée. Les Parisiens comprendront que Cobourg n'assiège plus les forteresses et qu'il passe devant elles sans s'en inquiéter ; épouvantés, dès qu'ils le sauront dans leur voisinage, ils penseront que « l'heure de la vengeance a sonné ». Cobourg répondit aussitôt qu'il était pénétré, comme Mercy, d'une douleur profonde et qu'il remuerait tout pour sauver l'auguste tante de François 11. Mais serait-il prudent d'avancer vers ce Paris qui renfermait des mil- liers de gens armés. de poignards et prêts à mériter une couronne civique par l'assassinat'? Certes, l'approche de ses escadrons sèmerait l'alarme et la peur. Amorlirait- elleles passions? N'enflammerai l-elle pas l'ardeur aveugle des régicides qui se hâteraient d'égorger la reine avant l'arrivée de ses vengeurs? D'ailleurs l'expédition dont T it\ HOSDSCHOOTE parlait Mercy, n'étail-elie pas périlleuse et contraire aux règles de la guerre? La dernière campagne ne prouvait- I elle pas où aboutissaient de pareils coups de main? On I avait perdu, l'année précédente, armées, argent, honneur, [ et, selon toute vraisemblance, le malheureux roi de i de France, qu'où voulait délivrer par une rapide etauda- I cieuse entreprise, serait encore en vie et peut-être sur le trâne si l'on avait agi froitiement et avec réflexion. En marchant sur Paris de son propre chef et sans ordre ■ de l'Empereur, Cobourg jetterait les puissances alliées 1 dans un immense danger et n'atteindrait pas le but que proposait Mercy; il assumerait envers son souverain, envers l'Europe entière, la plus grave responsabilifé ; c'était, concluait le prince, « un des tristes devoirs d'un . général de se sacrifier lui-même, ses vœux les plus ardents, ses desseins les plus cbers, et tout cela, pour ' mettre h l'abri de l'invasion les ingrates provinces des Pays-Bas! * Trois jours plus tard, Cobourg écrivait de nouveau k Mercy que les conventionnels avaient différé l'instruction du procès auquel était soumise la reine de France. Mais ne pouvait-on leur demander d'échanger Marie-Antoi- nette contre les quatre commissaires livrés récemment par Dumouriez? Ne pouvait-on les effrayer en leur annon- çant que si la moindre violence était exercée sur la veuve de Louis XVI, ces quatre commissaires seraient immé- diatement roués vifs? S'ils parlaient de représailles et menaçaient de mort les otages de Mayence et de Deux- Ponts, ne pouvait-on déclarer que les coalisés seraient aussi barbares que les républicains et n'hésiteraient pas> de leur côté, à immoler les prisonniers français? Puisqu'il n'y avait plus chez les nationaux ni foi, ni justice, ni reli- gion, ni humanité, ni remords, et qu'ils se conduisaient TORK ET COBOORG t ï 5 comme des monstres, ne pouvait-on les exterminer comme des monstres et venger le sang par le sang? il' [allait vivre en une horrible époque pour tenir uff pareil langage; mais quels moyens plus efficaces, plus imposants saurait-on employer sans compromettre le suc- cès de la campagne, les engagements de l'Autriche envers les alliés et la réputation de ses armes? A ces lettres de Cobourg que Fersen jugeait trts plates, Mercy répondit derechef par la plume de La Marck. Le prince, disait Mercy, ne l'avait pas compris. Mercy ne pensait pas que l'armée autrichienne dût marcher aussi- tôt sur la capitale; mais il croyait utile de s'emparer de Cambrai pour montrer aux Parisiens qu'entre eux et les alliés n'existait plus de place forte; il croyait utile de lancer sur la route de Paris des corps de cavalerie qui enlèveraient les moissons; il croyait utile de répandre dans Paris une double alarme, celle que causerait la proximité des ennemis et celle que causerait la certitude de la famine. Pourquoi ne passe rapprocher de Paris?' Était-ce entraver les opérations? N'était-ce pas plutôt les accélérer? N'était-ce pas se donner un moyen d'entamer avec fruit des négociations? N'était-ce pas menacer sans rien dire? Et Mercy réfutait le projet de représailles exposé par Cobourg. Menacer des gens que la menace ne pouvait atteindre, c'était les irriter et non les effrayer, et ils exploiteraient les sommations comminatoires du prince pour surexciter la foule. Leur annoncer le sup- plice des quatre commissaires? Ils en avaient les oreilles rebattues. Leur parler de regorgement des prisonniers? Ces « hommes féroces » assuraient hautement qu'ils égorgeraient le tiers de la France. 11 fallait donc, suivant Mercy, faire une proclamation et l'appuyer par des mesures militaires, la soutenir par une « impression de L HONDSCHOOTE \ terreur » et, puisqu'on avait une cavalerie nombreuse et redoutaljle, tenter une expédition de partisans, Daas la guerre de succession d'Espagne, des orficiers au ser- l vice de Hollande n'avaient-ils pas saisi, sur le pont de I Sèvres, le premier écuyer du roi de France? La capture de r quelques députés ne pi-oduirait-elle pas plus d'effet que t le gain d'une bataille ou que la conquête de plusieurs Tilles (1)7 Le motif le plus puissant qui déterminait Cobourg, [ c'était le départ de l'arraée anglaise. Le mot de Dumou- f riez se vérifiait: « Il vous arrivera, avait- il dit à un Autri- [ 'chien, comme aux voleurs de grand chemin qui, après r avoir pillé un cocher, se brouillent et s' entr' égorgent ] lorsqu'il s'agit de partager le butin (2),"» Déjà, lorsque les Impériaux prenaient possession de [ Valenciennes, les Anglais demandaient leur part de l'ar- l tillerie et des munitions de guerre. L'Autriche avait pro- ' testé. A quoi serviraient des forteresses dépouillées de ' leurs moyens de défense? « Si l'on nous donne un poste ' à garder, s'écriait Mercy, il ne faut pas en ûter la ' serrure» (3)! Une question plus grave se posait. Personne n'igno- . rail dans le camp des alliés que l'Angleterre désirait s'emparer de Dunkcrque pour en faire un second (■ Gibraltar (4) et donner à son négoce de contrebande un 1. Baoourt. Corresp. entre Mirobfau et La Marck, 111, 400; ['Thûrheim, 123, 125, 128; Porsen, 11,82-87 ; Auckland, JouniaJ, 111,111. 2. Auckland, Joui-nal, 111, 52. 3. ThûpliPim,in;cf, Vivenot, Verlraul. Britfevon Thugut, I, £8; I tl BomblB que Knobeladorf ait élevé la raSnie prétsDtlon que Tbugui i juge aoa seulement trèa indiscrèle, mais abiurde et déouée de Ton- [ dément. 4. Eipresaion de Grimm {Lellres l Catherine II, 1886, p. 466). YOllK ET COBOORG lï7 eatrepâtsur l'autre côté du canul. Aussi les diplomates autrichiens évitaient-ils de pa,rler net et franc sur le cha- pitre des indemnités. Lorsque In nom de Dunkerque était prononcé dans les conversations, ils promettaient de com- bler le port, de raser la citadelle, de démolir les fortifia cations, de détruire ce nid noms do quelrpies bâtiments qui tËmoignenl de l'éplié- mtre populnrilé des généraux de la République : le Dumouriez, U l'oslitlon de Oitmauriez, le Cuiline, le Vaillant Custine. fc ^ HONDSCHOOTE Ion pas pourvoir au plus pressé, et, au lieu de s'attacher À un siège qui réussirait quand on voudrait, s'appliquer ù ' de (grands objets, pousser au cœur de la Flandre, suivre sans relâche ses avantages en plein d(^partement du Kordî Pourquoi s'attarder devant des bicoques? Pour- ' quoi ne pas frapper des coups décisifs, ne pas se diriger [ sur Lille ? Les généraux La Marlière et Lavalette étaient I décrétés d'arrestation ; Duliem quittait la ville ; le peuple □'avait pas envie de résister; Lille pris, les Austro- l Anglais se rabattaient et « se trouvaient tout portés n I Bur Dunkerque qu'ils enlèveraient en peu de jours; ils I auraient pour l'hiver et pour l'ouverture de la prochaine t campagne une position superbe. El derechef Mercy mon- I trait que les circonstances étaient « uniques », « inouïes », et qu'elles ne seraient jamais plus favorables â la cause commune; que, si les alliés laissaient échapper ce moment le plus précieux que la guerre leur eût encore oEferl, il ne se présenterait plus que très difScilement; qu'une semblable occasion manquée entraînerait des revers dont les efl'ets seraient incalculables et le repentir éternel ; qu'il était urgent d'agir avec promptitude et ie; qu'en cette conjoncture ce qui était différé I serait vraiment perdu ; qu'en déployant diligence et acli- L vite, on pourrait, dans l'état des choses, terminer la t . lutte (I). Mais le duc d'York répétait que Dunkerque était son 1 point de mire et que l'Angleterre n'entrait dans la coali- [ tion que pour conquérir ce port de la Flandre. Dès son l arrivée, il avait dit qu'il ne se joindrait à Cobourg que [jusqu'à la chute de Condé, et il ne consentit à faire le les II. ÏOBK ET COBOt'HG liO siège de Valenciennes qu'à la condition de diriger l'entreprise. « Il n'a d'autre buL, écrivait le 23 avril l'at- taché militaire prussien Tauenzieu, que de s'emparer ;e Dunkerque; le ministère anglais y tient absolument, le colonel Murray .1 déclaré que c'était le grand motif qui avait décidé le Parlement ^ la guerre », Cobourg dut céder et, pour garder les Anglais avec lui, tandis qu'il investissait Valenciennes et Condé, il leur promit qu'après avoir emporté ces deux places, l'armée com- binée se saisirait de Dunkerque. Le 1" mai, à Quiù- vrain,Mack, esquissant le plan de campagne, marquait que alliés, maîtres de Valenciennes, assiégeraient Le luesnoy et Lille, mais qu'ils marcheraient, au nombre le 30.000 hommes, avec la plus grande rapidité, sur nkerque : les munitions seraient facilement tirées de Hollande et d'Angleterre ;on aborderait l'ennemi dans ses lignes et l'on empioieraitavee vigueur tousles moyens qui pourraient mettre les coalisés en possession de la ville; selon Mack, Dunkerque tomberait à la fin d'août (1). Le 3 août, deux jours après que la garnison de Valen- ciennes eut déposé les armes, Cobourg, York et Knobels- dorf tinrent une conférence au quartier-général de Hérin. Le duc d'York annonça qu'il devait obéir aux ordres qu'il avait reçus et se diriger sur Dunkerque. Cependant, à la prière de Cobourg, il voulut bien jouer son rôle dans l'affaire ou, comme on la nommait pompeusement à l'avance, dans la bataille gui débusquerait, le 7 août, les Français du camp de César; mais, la bataille donnée, il irait à Dunkerque. Le camp de César fut enlevé sans trop de peine et tiobourg supplia le duc d'York de demeu- rer avec lui quinze jours eacore, de l'aider à prendre 1. Willleben, II, 197; Hausser, 1, 491; DohoB, It, 14. iio>i]«ciioorc Cambrai. York fot cette fois inQesible; il objecta qu'il iivait les inslructioDS les plos (omielles, les plus pré- cj^^ de soD (^urernement e(, le 10 août, marcha sur Duiikenjue a^ec 37.0i)0 hommes, dont 15,000 Impériaux. Cobourg avait inutilement essayé de retarder le départ de l'armée anglaise. Il eut recours au roi de Prusse et lui • lit adopter un nouveau plan d'opérations : Ântriohiens et Prussiens se rapprocheraient, se tendraient la main; Cobourg attaquerait Haubeuge et Fhilippevilte, tandis que Frédéric-Guillaume bombarderait Sarreloais; le duc d'York, trop éloigné des Impériaux, n'oserait assiéger Dunkerque. Mais l'Empereur et Thugut s'opposèrent au dessein du généralissime. Ils allaieat se lier plus étroitement au ministère britannique et conclure avec lui, comme ils disaient, une alliance intime, une union particulière. « Dans la coalition des cours, écrivait Thugut, la outre et celle de Saint-James sont les seules dont les intérêts et le but soient parfaitement analogues; nous voulons assurer notre tranquillité future par l'afFaiblissement de la France ; les autres verront avec répugnance un dépè- cement considérable des provinces françaises. » François 11 répondit donc à Cobourg que l'Autriche devait montrer aux Anglais, dans la situation actuelle, tous les égards, et remplir avec exactitude les engage- ments qu'elle avait pris envers eux. Il insinua même que les alliés accusaient le prince d'irrésolution et de lenteur; il lui reprocha de trop dépenser et de demander quatre millions de llorins; il lui conseilla d'user de la plus Blrictu économie et de réprimer par une vigilance assidue loM dilapidations et les négligences des subalternes. Cuboufg, blessé, offrit sa démission; il n'avait, diaait-il, Rucua bl&me à se faire et il déployait la plus grande activité ; mais, puisqu'on lui imputait indécision et indo- lence, puisqu'on prétendait q;ue l'administration de son armée était prodigue, noncha,lante, inaltentive, il quitte- terait le commandement. Qu'un autre, plus capable, âjoutait-il, vînt exécuter les intentions de l'Empereur; pour lui, il succombait à la tâche, et sa vue, sa mémoire diminuaient sensiblement. François II refusa la démission deCobourg qu'il jugeait désavantageuse au bien du ser- vice. Cobourg resta. 11 lenta, le 27 août, un dernier effort pour obtenir le concours de l'armée anglaise, et affirma, dans une lettre à l'Empereur, que le siège de Dunkerque aurait un roalieureux dénouement. Mais François II répliqua qu'il devait éviter toute « discussion désagréa- ble » avec le cabinet de Saint-James : si la cour de Lon- dres soupçonnait le moins du monde un manque de bon vouloir, l'Autriche éprouverait un irréparable dommage; le peuple anglais désirait Dunkerque, et le roi George aurait un extrême déplaisir s'il voyait son fils, le duc d'York, renoncer à cette entreprise et compromettre, avec sa gloire, l'honneur des armes britanniques (1). B Les Prussiens suivaient l'exemple des Anglais. Selon yle plan établi dans les conférences de Francfort, au mois de février 1793, Cobourg devait, après le débloquement de Maëstricht et la reconquête de la Belgique, envoyer 15.000 hommes à l'armée qui faisait le siège de Mayence. Mais Cobourg n'envoya que 6.000 Impériaux, Frédéric- Guillaume réclama les 9.000 qui lui manquaient, et, ne les voyant pas venir, rappela les 8.000 Prussiens que HOSDSCMOOTE Knobolsdorf commandait t;n Flandre. Le i aonl, il ordonnait h. ^on général d, à différer de qaeliiues jours le départ de Knobetsdurf. Les Prussiens demeurèrent dans leur camp de Cyeoing jusqu'au 23. Mais le if. malgré les adjurations du prince d'Orange, Knobelsdorf parlilpour ne pas s'attirer, disait-il, la dis- grâce de ma roi. « Adieu, hravet Prussiens. * cHèreutlcs vedelles françaises aus chasseurs qui s'éloignaient il). Un corps de 3.000 Hollandais et de 5.000 Impériaux qui furent sous les ordres de Beaulieu, releva les Prus- siens dans leurs quartiers, Si Cysoing, à Bouvines, à Marchiennes, à Orchies. et Cobourg ne perdait pas au change. Mais le zèle des Hollandais commentait à se refroidir. Eux aussi désiraient une augmentation de ter- ritoire : au congrès d'Anvers et à la conférence de Hérin, le prince d'Orange n'avait pas dissimuK' que les États- Généraux exigeaient leur part du butin, et l'on soupçon- nait qu'ils demanderaient à l'Autriche la ligne de démar^ cation qu'ils avaient en 1713 et le reste du pays de Maëstricht. Thugut répondit que les propositions des Hollandais étaient inconvenantes et déraisonnables, qu'ils avaient tort de réclamer un dédommagement, qu'ils ne s'étaient engagés dans la guerre qu'à contre- cœur, après avoir dévoré longuement et avec une patience stoïque les outrages de la France, qu'ils avaient résisté mollement à l'aLtaque des carmagnoles, qu'Us auraient succombé sans les secours de l'Autriche et i, Vtlitr dm Feldiug derJ'r 1,307; Dolina,IIIJ ï,210,2! YORK ET COBOlillG iï3 qu'ils Bortai eut àpeinedei'élourdîsscmentoiiles jelaieat leurs revers, qu'il était donc étrange que leur premier cri fût un cri d'avidité, qu'il ne leur seyait pus de gùner les grandes puissances par des prétentions exagérées et de comparer leurs minces et médiocres ressources aux immenses efforts de l'Empereur et de l'Angleterre, qu'ils feraient bien d'avoir en vue, non pas un morceau de la Belgique, non pas une portion des domaines de celte maison de Habsbourg qui les avait sauvés, mais une île. une colonie d'outre-mcr dont la possession favoriserait l'accroissement de leur navigation et de leur commerce. Mercy appuyait Thugul. Quoil La Hollande visait à des acquisitions aux dépens de l'Autriche, à, des avantages qui « morcelleraient le boulevard des provinces belges ! » Mais n'était-ce pas un protit considérable pour elle d'obtenir la sûreté de son propre sol? Qu'elle ne pose plus une pareille question, ajoutait Mercy, et qu'elle se contente d'indemnités pécuniaires qu'elle prélèvera sur l'ennemi commun, c'est-à-dire sur la France : agir autrement, serait exciter d'interminables discussions de la plus fâcheuse conséquence. Mais les Hollandais, dépités, menacèrent d'abandonner la coalition et ne firent plus la guerre qu'à leur corps défendant. Le prince béréditaire laissait entendre qu'il regagnerait bientôt ses frontières, et, à l'idée de cette défection, Cobourg et Mercy s'indignaient: le prince ne protégeait que quelques lieues de terrain, il avait uue lâche facile, et il allait se retirer, livrer la Flandre et les magasins à l'invasion française, mettre les alliés dans un « embarras extrême * et « faire manquer la fin de la campagne » I {!). k- J ' -l • UOXDSCnOOTB gence et la bravoure de Joardan, disait Bouchard, sont -connues, et il servira sûrement la Rêpaltlique avec le fnèrae zÈle rju'il a montré dans le cours de la guerre. » Pendant ce temps, Barthel agirait entre ta rive gauche de la Lys et la mer; il tirerait des places les meilleurs bataillons; il rassemblerait 12.000 hommes en répandant le bruit qu'il les menait h Arras pour couvrir Paris; puis il entrerait dans la Flandre maritime, à Furnes. à Sieu- porl, à Ostende. dont il brûlerait le port ; il aurait soin de mettre à la tête de ses colonnes un officier du génie qui connaîtrait la région, les postes retranchés qu'elle renfermait et les moyens de les emporter sans effusion de sang; on tournerait l'adversaire et le prendrait à revers pour essuyer aussi peu de pertes que possible, et, après avoir ramassé, ràflé tout ce qu'on pourrait, on se replie-rail sur la frontière (1). Celte expédition, assurait Houchard, se réduirait à un coup de main. Contre son attente, le coup de main allait devenir une véritable expédition. Le 13 août, Colaud lui écrivait qu'au dire des paysans d'Abscon, les habits rouget levaient leur camp de Denain et marchaient sur Dunkerque. Deux jours plus tard, Houchard mandait au ministre que les Anglais se dirigeaient en grandes forces vers Ypres et Tournay, qu'ils voulaient sans doute assié- ger Dunkerque et, pour s'en saisir, combiner les attaques par mer et par terre, qu'il était naturel que l'idée leur vint de s'emparer d'une ville qui n'était qu'un camp retranché, que la Flandre maritime serait dorénavant le théâtre de la guerre (2). 1. Houchard à Joiirdan et !i Barthel^ 13 août (A. G.). S. Golaud à Houcliaril, ih août; Haucliard a Buucliotte, 17 août (A. G.). L'armée du duc d'York s'acheminait, en effet, vers Dun- kerque sur deux colounes, par Baisieus, Tourcoing et Menin. Mais elle prenait ses aises et défilait avec une incroyable lenteur; elle mit neuf jours pour faire 14 lieues! Il est vrai qu'un combat, le combat de Linselles, re- tarda ses mouvements, Le 18, soit pour couvrir la ma- nœuvre des Anglais (1), soit parce que leur voisinage l'enhardissait et lui donnait confiance, le prince hérédi- taire d'Orange attaquait les villages de Blaton et de Lin- selles avec 9 bataillons et 17 escadrons. L'opération était imprudente et il ne devait en tirer aucun avantage. Il disposait de forces peu considérables; il n'avait d'autre mission que d'observer Lille et de réprimer des tenta- tives d'invasion ; enfin il était certain que les Frani^aia ne manqueraient pas de revenir à la charge. Ce fut ce qui arriva. Après avoir emporté Linselles et Blaton, les Hollandais marchèrent vers Wambrechies. Jourdan accourut avec Béru et toutes les troupes du camp de la Madeleine. A quatre heures du soir, il pénétrait dans Lin- selles, enlevait dix canons, infligeait aux Hollandais les perles les plus sérieuses. Surles 1.000 hommes des batail- lons de Nassau et de Waldeck qui défendaient Linselles, 850 étaient tués, blessés ou prisonniers. Mais les répu- blicains avaient, comme dit Béru, une soif déplorable de pillage ; ils quittèrent leurs rangs pour saccager les mai- sons. Le duc d'York envoya trois bataillons de la garde, commandés par le général Lake, pour reprendre Linselles Cette soudaine attaque déconcerta les carmagnoles. Ils furent saisis d'une terreur panique et s'enfuirent à toutes L 138 HONDSCHOOTE jambes; c'était, de l'aveu deJourdao, une déroute et non une retraite, et il semblait aux soldats anglais qu'ils pous- saient devant eux et refoulaient lemofi de Londres. Comme , toujours, les charretiers coupèrent les traits des chevaux [ pour échapper plus vite. Les assaillants s'emparèrent [. de huit pièces dont six de campagne et deux d'artillerie L légère. Le représentant Levasseur, entraîné parsonbouil- I lant courage, essaya de sauver un de ces canons ; trois I Anglais l'entourèrent et le sommèrent de se rendre : « un [' député, leur répondit-il, ne se rend pas, » et il piqua des [ deux. Heureusement, Jourdan et Béru réussirentà rallier L les troupes en dehors du village et sur le chemin de Bon- 1 dues. Le brave Jourdan tenta même de regagner le ter- rain abandonné et parvint à réoccuper Linselles. Mais il ! put y rester, et à la nuit il se repliait sur Wambre- chies. Le chef de brigade Macdonald avait chassé les Hollandais de Blaton ; il dut pareillement évacuer le vil- lage. 11 raconte dans ses Mémoires que ses bataillons ren- trèrent à Lille en triomphe et que le succès de Blaton , efFaçarimpressiondei'échecdeLinselles : «Toutlemonde chantait victoire, mes troupes étaient enivrées, et pour dire la vérité, je n'étais pas le dernier à en jouir,mais le plus discrètement possible. » Telle fut cette affaire de Linselles qui n'eut d'autre résultat que de coûter inutilement 2,000 hommes aux deux partis. Dans la soirée, le duc d'York fit relever les trois balaillons de la garde anglaise par trois régiments bessois. Le lendemain, sur l'ordre du prince, ces Hessois Tasaicnt les retranchements de Linselles au son de la musique, puis rejoignaient l'armée anglaise (1). Leduc d'York, satisfait, poursuivit sa marclie. Il avait divisé Bon armée en deux corps. L'un conduit par le ma- réchal hanovrien Frcytag (i) et composé de 14.500 Hanovriens, Autrichiens et Hessois, devait former le corps d'observation (2) ; Vautre qu'il commandait lui-même l'armée de siège. 25aoù[; Soub. de Macdonald, 23; SDhel», 11; DUfurlb, 73-81; Calvert, lM-107; Hamillon, HUl. Grenadier Guardi, J8TÏ, 11, 286 (Les Anglais, au nombre da 1.12Î, curant 38 lues et H3 hleâséa); ïudin fait, au sujet du combat de Lmsellcs,une rétlexlon ci Q da remarquer jusqu'il quel sang de leura conipat?iotes. 11 y eut lonobal, et i, pciue y en avail-il un n comptait quelques oniciera. Mala i, quoique la perle se trouvât com- objet da deuil et de c « Celle action, dit-il, fournit point lea Anglais sont avares di deux cenla hommes mis hors di Uera ds tués. Dana le oombre c'étaient loua des Anglais. Au peusée par le succëa, elle devin pour tout co qu'il y avait de sujets briianniiiuea dana l'armée du auc d'York. Quelle folie, su disait-on, da sacrjfler tant de monde pour la conquéle d'un posle qu'on ue devait pas garder I Mais, piLr dessus tout, la Rrende fortune des neuf au dix oMciers compria dans le nombre des tués ou blesiés, devenait une considération qui rendait rëvénameat encore plus lamentable. On ne saurait qu'applaudir aux aenlimenls d'humanité qui diclalent de pareils murmures. Mais il serait à désirer qu'ils a étendis sent un peu plus au prclil île tous les bummcs sans distincUoo de nation. On pourrai! mCme soupçonner que cetlc philanthropie domestique qui sa fait remarquer chez lee Anglais dana l'homma de la dernière classe comme dans l'homme d'Etat, a dû, en bien des occitsions, nuire au auccËa da leurs aiïalrea lant poUliiiuea qne militairea. Sous c« dernier rapport, elle a souvent pu induire les chefs dans les armées k avoir recours k des eicés de précautions pour la conservaU.on de leur monde, qui auront eu le double efTel de rendre la valeur dea Anglais douteuse aux yeux daa troupes élrangères servant avec eux et pour eux, et d'accoutumer leurs gens de guerre k attacher à l'eiislen ce un prix plus haut qu'il ne con- vient de faire à un véritable soldat. > 1. Freytng (Henri-Guillaume de),ué le 17 mars 1120, raortii Hanovre le 2 janvier 1798. Cf. sur lui l'articie de VAllgemeine deutscht Bio- 'cyiag avait sous ses ordres tous les Hanovriens, les bataillons ~ ■ ■ ' don-Verl ainsi que trois escatlrons dea n bataillon de chasseurs bessois et le l'é- graphie. 2. r HO.NDSCHOOTË La ri^gîon oit s'engageait York est silloanée de canaus dont les deux principaux sont le canal de Dunkerque à Fuines ou canal de Furnes.el le canal de Dunkerque t ■ Bergues ou canal de Bergaei. Entre ces deux canaux [s'étendaient alors la petite Moëre et la grande Moëre, L lagune de 6 kilomètres environ, disparue aujourd'hui et intièrenient livrée à la culture, mais à celte époque, I et bien qu'ii diverses reprises, sous le régime espagnol, l'fit sous la monarchie des Bourbons, elle eùl été des- ► aéchée sur un espace considérable au moyen de ma- I cbines hydrauliques, encore marécageuse, coupée de , fossés innombrables, très facilement submersible et tou- jours submergée en temps de guerre. Parallèlement au canal de Bergues court l'Yser qui prend sa source au nord-ouest de Cassel et traverse un pays au sol ferme. Deux grandes routes conduisaient les alliés vers Dun- kerque. L'une, qui partait d'Ypres et allait à Bergues par Poperinghe, Rousbrugge et Rexpoëde, était barrée par la i'urteresse de Bergues, et cette place, située à deux lieues au sud de Dunkerque et fortifiée par Vauban, avait un puissant appui dans l'inondation qui pouvait être tendue autour d'elle. L'autre route qui partait de Furnea, et longeait le canal dit de Fumes, était également barrée par un camp établi à Ghyvelde et par des forts bâtis & Zuydcoote et à Leffrinkhoucke; mais elle offrait aux alliés l'avantage d'être près de la cûte et de leur amener les pièces de siège qu'ils attendaient d'Angleterre. Outre Dunkerque et Bergues, les Français avaient de petits camps ù l'est de Bergues, à Hondsehoote, à Rexpoëde, Oost-Cappel, à Bambecque. Freytag eut ordre de prendre, avec le corps d'observa- tion, la route d'Ypres par Poperinghe.RtmsbnigKe et Rex- poëde : il chasserait les Français du terrain qu'ils occu- paient entre !e canal de B^rgiiis et ITser; puis, mas- quant Bergues et Cassel, s'établirait dans une position favorable poureouvriple flanc gauche de l'armée de siège- Le 21 août, après avoir atteint Poperinghe et Rdus- brugge, une partie de Vavant-garde de Freytag attaquait le poste tl'Oost-Cappel. Le colonel Priischenk et le capitaine Ochsqiii menaient ce détachement, avaient avec euxdegs canons et une compagnie de chasseurs hessois, deux com- pagnies de Laudon-Vert, un bataillon de grenadiers hano- vriens et 400 dragons. Deux bataillons de volontaires, le 5' du Rhône et le 5' de la Somme, défendaient les retran- chements d'Oost-Oippel garnis de quatre bouches à feu. Mais ils ne se gardaient pas, bien que le général Barthel les eût avertis la veille qu'ils seraient prochainement assaillis. A deux heures du matin, Priischenk paBsal'Ysep, sans tHre aperçu sur un pont de planches et de fagots cou- vert de paille, gagnala route deBambecqueàOosl-Cappel qu'il trouva défoncée et impra.ticable pour l'artillerie, et laissant ses deux pièces derrière lui, marchant à droite et à'gauche du chemin, arriva devant le village. On le vit, on tira sur lui, il eut des morts et des blessés, mais il en- tra dans Oost-Cappel, se saisit d'un canon et fit une cin- quantaine de prisonniers. Pendant ce temps, lacompagnie des chasseurs hessois du capitaine Ochs, obliquant à gauche, débouchait soudain, au tournant de la chaussée de Bergues, en face d'un petit camp. Les Français, encore à demi endormis, sortaient de leurs tentes, et les officiers les rangeaient en bataille. Le capitaine Ochs et ses Hes- sois s'élancèrent aussitôt en ci-iant hourrah, et les répu- blicains, après avoir déchargé leur fusil, sansblesser per- H05KSCH00TI: sonne, s eDruirent ^urla route de Bcrgues. Ochs se mil à leurs troosses. Un officier d'artilierie I&chait de sauver troie pièces el de les entrainer au galop. Des chasseurs I lie&sois, prenaDt une trarer^. réussireol à le derancer. ) Cerné, abandonné par sa propre infanterie, l'olficier ré- [ flolutdeoe céder ses canons qu'à la dernière extrémité. Il [ ouvrît un feu de mitraiUt-. liais les Hessoîslui ripostèrent I par des salves de mou^quelerie et, savançant peu à peu j BUT la chaussée, sautant darbre en arbre, finirent par I aborder les artilleurs. La mtlée fut horrible. Les Français M défendaient h coups de refouloir. Leur officier qui I s'était armé d'un fusil, allait percer le capitaine d'état- r major Flies de sa baïonnette ; Ochs accourut el lui traus- I perça le corps de son épée. Ce malheureux combat d'Oosl-Cappel exaspéra Bar- thei, llouchard et Duquesnoy. Le représentant etlesgé- i néraux proposaient de faire un exemple éclatant. Barthel ' écrivait que deux bataillons s'étaient laissé surprendre et forcer sans résistance; Duquesnoy, que les chefs de ces bataillons aTaient fui comme des poltrons et qu'il ., fallait les traduire devant inie cour martiale et les passer parles armes; Bouchard, que le poste d'Oost-Cappel, malgré ses superbes retranchements el son artillerie qui pouvait foudroyer toutes les avenues, avait été quitté lâchement sans qu'on eût tiré un coup de canon ou de (uail, que les soldats avaient en détalant marché sur le ventre d'un commandant qui se cachait sous des ronces dans un fossé de la route, qu'on devait arrêter cet indi- gne officier et l'envoyer ft la barre delà Convention. Mais le mémo jour, l'avant-garde du maréchal Freytag obte- nait un nouveau succès. Le colonel Prtlschenk s'était, au sortir d'Oost-Cappel, dirigé sur Rexpoède, Il y avait là un bataillon de volon- tarres.Ie l"de l'Orne, commaniii5 par Jacques Fromentin, ancien soldat de l'armée royale. PrUsclienk fit avancer ses deux pièces de 3 et une batterie volante. Le bataillon des grenadiers banovriens marcha sur Rexpoëde par la chaussée. La compagnie des chasseurs du capitaine Ochs tourna le village par la droite. Les volontaires de l'Orne s'enfuirent et abandonnèrent quatre canons. Prilscbenk dépêcha sa cavalerie à leur poursuite. Vainement Fro- mentin essaya de rallier ses hommes et de taire tête aux dragons de Hanovre ; après avoir reçu cinq coups de sabre, il fut laissé pour mort sur la route, et les ennemis prirent encore troispièces d'artillerie. Dans cette journée du 21 août, tant à Rexpoëde qn'à Oost-Cappel, les Français perdaient 11 canons et avaient 150 tués et blessés, et 130 prisonniers. Les commissaires de la Convention, Châles, Detbrel et Le Tourneur, déplo- raient l'insouciance et l'impéritie des officiers ; les uns ne songeant qu'à se divertir, toujours pressés de courir à la ville, ne gagnant leur poste que deux mois après leur nomination, ne devant leur brevet qu'à l'intrigue ; les autres, parvenus à leur grade par l'ancienneté, fort honnêtes d'ailleurs, mais timides et incapables de com- mander (1). Barthel voulut réparer l'échec de Rexpoëde. Il chargea l 'adjudant-général Ernouf d'aller avec la première bri- gade du camp de Cassel au secours de Fromentin et de prendre les assaillants en D.anc par Herzeele. ^Ernouf 1. Ditfurlli, 82-88 ; rappofl du 5' RhÔne-el- Loire ou ii' de Soissons 2â août (rapport va.gue oâ le bataillon prélead. pour le justilier, qu'une coloone de cavalerie le prit en queue et ■ cau.ia par celle manœuvre le plus grand de iordre »); Barthel ï Hauchardet iLeCaal, 22 et 23 ïoût; Duijueanoy au Comité, îï Boût;nonohardà;Biiur.hotte, 26 aoùl;Cbftle3,Dalbrel et Le Tourneur au Comité, 3 août; Foucault il Sauveur Chénier, 21 août ^A. G.). k rt*l HOSDSCHOOTE arriva trop lard, et tous les postes avancés de la division, eraignnnt d'être coupés, se replièrent sur Cassel ou sur Bergues.Un bataillon, le 'î" de la Seine-Inférieure, occu- pait le village tl'Hondschoote, à gauche d'Oost-Cappel. Le chef de ce bataillon tint conseil de guerre avec ses officiers et gagna le camp de Ghyvelde en disant quel'en- droit n'était pas tenable el qu'il serait sûrement tourné par la cavalerie ennemie. Il emmenait avec lui trente hommes de la garde nationale de Hondschoote et leur commandant Herwyn, qoi vinrent déposer leur drapeau et leurs armes k Dunkerque {1). Le lendemain, 22 août, le gouverneur de Bergues, Corrion, voyait les alliés paraître devant la place, et il re- Govatt une sommation signée de TiValmoden. Les troupes de Sa Majesté Brifannique, disait Walmoden, avaient passé l'Yser et s'avançaient sur Bergues ; pour évitera la ville et à la garnison les suites funestes d'un siège dont l'issue n'élait pas douteuse, le commandant ne dcvuiUil pas accepter dont ce tnoment-ci une capitulation Uonorablt) ? Carrion répondit simplement, selon la for- mulo dont s'élaient servies les municipalités de Lille et do Valt'iicicnnes. qu'il élail un franc et fier républicain, qUfHoa camarades lui ressemblaient, que tous avaient f»il le serment di^ vaincre oudc mourirct avaientle par- jure nn horreur (âj, I . lUvIhol k Iloiichtn), 23 Noftt i\. G.) ; Poucarl et Finot, La dé- f»HM nattimil* »iiitiat; le Comlli^ i Carrion, ^ sept. {Résuma de la conduite de Carrion) ; Lehlond il GulTroy, 28 noût (A. G.) ; loltre dei représenlants (Mon. du aOaoùl); Ditiurlli. &*.;9; Slohnrt, 255-Î60. se concerterailavecBéru et lâcherait par tous les moyens de chasser l'ennemi de la Flandre maritime (1). Mais Jourdan avait prévenu les instnictions de Hou- chard. Après le combat de Linsclies, il rétrogradait sur Armentières et y campait dans la soirée du 20 août. Il savait que les Anglais passaient la Lys, qu'ils s'achemi- naient sur Ypres, qu'ils prenaient la direction de Dun- kerque : il marchait donc h leur hauteur et suiviiit leurs mouvements. Dès qu'il connut l'échec d'Oost-Cappel et de Rexpoëde, il se rendit à Cassel et ce fut lui qui, le 24, assaillit Wormhoudt. Le 25, après avoir confirmé les ordres de Carrion et prescrit de tendre l'inondation entre Bergues et Dunkcrque, bien que la moisson ne fût pas achevée, il tenait conseil de guerre. Duquesnoy, présent à la conférence, fit décider que le général partirait aus- sitôt Èi la tête de sa division, qu'il longerait le canal de Gravelines pour demeurer nnaltre des écluses et couvrir Saint-Omcr, qu'il mettrait un bataillon dans Gravelines, un autre dans Dunkerque, un troisième dans Bergues, et qu'avec le reste, il se posterait à petite distance de Dun- kerque pour y jeter du secours quand il voudrait (2). Le môme jour, Ilouchard, très inquiet, craignant que l'ennemi ne vînt tourner Bergues et Dunkerque par la droite et s'emparer des écluses, accourait à Cassel. Il approuvâtes résolutions du 'conseil de guerre. Jourdan agirait offensivement avec sa division mobile sur tous les points menacés; il irait è-Watten et à Linck se saisir des écluses, puis, passant derrière la Colme, il se ren- 1. Tloucbard d BouchoUe, 22ïoi!Lt, et ïjaurdin, 2Sauùt; Berthelmr SBarlh-l, 21 aoilt (A. <;.). £. Jourdan aux l'opréacntarsts, 19 aoi'it (Pouc&rt et Flnot, II, 86)i l'adjudaQl-g^ lierai Dupunl b Bai'lhel, 20 août; Duiruesno; auComlÙ, 25 aoul (A. G.) ; Le Bataoe, i sept. drait à Dunkerque ; il laisserait trois bataillons dans la place, un autre à "Watten, ua autre à Linck, un autre encore à Gravelines ; avec lus huit bataillons qui lui res- teraient, il protégerait la Colme et, chaque nuit, enverrait à Dunkerque assez de troupes pour que la garnison pût opérer des sorties et que la ville fût à l'abri d'une attaque de vive force {!). Le 27 août, Jourdan était à Dunkerque et annonçait à la municipalité qu'il venait à son aide et qu'il saurait défendre avec courage le poste que Houchard lui confiait. Mais à peine arrivé, il recevait une autre mission. Hou- chard le rappelait afin de préparer avec lui l'écrasement de l'armée anglo-hanovrienne (2). Pourvu que Dunkerque tînt seulement quelques jours, il n'était pas difficile en effet d'accabler les assiégeants dans la position défavorable qu'ils avaient prise. Les Français avaient eu le temps d'ouvrir les écluses et de submerger les prairies entre Bergues et Dunkerque h droite et à gauche du canal de Furnes. Ils occupaient les deux forts Louis et François qui commandent la chaussée de Bergues à Dunkerque. Le duc d'York n'osait donc pousser entre les deux forts un simple détachement et ne bloquait Dunkerque que par l'est. Or, de ce côté, l'unique route dont il disposait, celle de Fumes, traver- sait une bande étroite de terrain, large au plus d'une lieue, entre la mer et le canal. Si les Français se jetaient hardiment sur Furnes par Menin et Ypres, ils prenaient le duc d'York à dos et l'acculaient à. la mer. Quant à Freytag, sa situation n'était pas moins difficile que celle jHri. Hauchurd \ Boucliotte, 26 août (A. G.). ^KS, Foucart et Finol II, 7B. HOSDSCHOOTK de York. Trop faible, lui aussi, pour s'emparer de Ber- gues et s'assurer de la seule route qui relie cette forte- resse à Dunkerque, ne pouvant s'avancer entre la place et la petite Moëre, il avait dd s'instaUcr, non pas entre le canal de Furnes et le canal de Bergues, mais entre le canal de Bergues et l'Yser, Par suite, York et Freytag étaient isolés et il leur devenait presque impossible de s'appuyer mutuellement : séparés par les Moëres, ils ne communiquaient l'un avec l'autre qu'en faisant un détour et en passant par Furnes. Le maréchal Freytag reconnaissait le danger : il envoya son premier aide de camp, le colonel de Spdrken, dire au roi d'Angleterre qu'il redoutait d'être bientôt attaqué par des forces supérieures, qu'en ce cas il abandonnerait les quartiers et irait s'établir en arrière, à Hondschoote , entre la grande Moere et l'Yser, mais que l'expédition échouerait certainement sî Dunkerque ne se rendait sous peu de jours (1). l, 247-248 et 260; Ditturl!:, % ^ CHAPITRE VI LE PLAN D'ATTAQUE mes s Berlhalmy anr 1 1 sltBiIio . - Opin ans de Oa^ol B, de Rïoain. ds Jean -Andr* da Ben n'mlB, d Golff oj, do Dolbrai. da Bjràre. — Al'inu ïmpa doanâ 01 dem nid. ar Sauviac, Gaj-Vi. HoucllJrd -Ordr .da C mil*. - Mîaaion de Jeuiboii et de Pci Lellre imp -rieuio d uComi éauK ■opMseolaaW - i/otr II. Le l*a esqu saô par B BCthelm y- — Cas^el as août). -Proj t d'Eraou eici-U Gay-V^on t march - AU.qne d a ÎS août. — Engage nsnu de q. de L« no. et de Ronoq - Prise d8 Tour coing. - - Esofl, os soi als. - S uHe du g and d sssin. — Ledtoi do Bouohn l> Bi de Carnot lu Hoaoha ri. — Le de Du kerqua avant to.jl. - i'"(3'o aoflt) - Change- pla^. - Anglais par Cas Il ondschno le — Ob» botce ei d Q CarnM -Orga -Me> De31ili.ll n dB P tltjean. — Ardeur Je Ber- Ihelmy - Triste pKiS B Hou eh rd. I. Les Français avaient peine à s'imaginer que les coa- flisés eussent pris réellement la résolution de se séparer. I Ils craignaient un piège et ne voyaient dans le raouve- [. ment de York qu'un stratagème, Hoochard n'en revenait I pas : < Je me défie de ces ruses, » écrivait-il au Comité vAe salut public. Châles, un des commissaires de ■Convention, trouvait la marche des alliés « vraiment le la ment 1 1 H0ND3CHO0TE bizarre » et ne concevait pas qu'ils pussent r l'attaque de Lille ou de Douai; ils veulent, pensait-il, « nous distraire et diviser nos forces (1). >t Mais, au bout de quelques jours, les doutes se dissipèrent. La faute des ennemis était flagrante, et il fallait en tirer parti. Anglais et AuLricliiena réunis présentaient un front invincible; puisque les xins allaient à droite et les autres à gauche, on pouvait les assaillir successive- ment. Ce fut le chef d'étal-major de Houchard, l'actif et avisé Berthelmy, qui conçut et proposa ce dessein. Le 23 août, il mandait aux représentants qu'on devait pro- fiter de la mésintelligence au moins apparente des alliés et de leur partage en deux armées distinctes, rester sur la défensive en face des Autrichiens, mais chauffer et foudroyer les Anglais, fondre d'abord sur le duc d'York qu'on aurait à meilleur marché que Cobourg, et, par un premier succès, assurer le second (2). Le plan était simple et grand. Il marque une révolu- lion dans l'histoire de la stratégie. L'art de la guerre ne <;un8iste plus désormais à surveiller toutes les routes, à occuper tous les passages, à n'avancer qu'avec circon- spection sans laisser une place derrière soi, à cheminer lentement en se gardant de tous eûtes sans se décou- vrir, à tourner une ligne par d'ingénieuses et subtiles manœuvres. Former une masse, la mouvoir rapide- ment, la jeter sur les ennemis et les écraser par la supénorilé du nombre : tel est le nouveau système. Il n'appartient pas k un seul homme. Tous, commis- saires, représentants, généraux, le recommandent à i. CbBles lu Comité, 17 août j Houchard au Comité, 29 août (A. 0.]. S. Berthelmy tus représenta ois, £3 août, et ï Bruue, 29 aDÛl(A.G.}. LE PLAN D ATTAQUE 1 5 S l'envi. « Il faut, écrit Gadolle, — ou un De profundis menace la République — il faut un Dins iree national contre la coalition du Nord, c'est-ù-dire le mouvement d'une masse colossale {)) ». Ronsin prévoit une infructueuse campagne si l'armée du Nord ne reçoit pas un renfort de 20.000 fantassins et de 10.000 cavaliers; sans ces 30.000 lio mm es, pas d'of- fensive, pas d'entreprise hardie qui stimule l'ardeur du soldat et relève son courage (2). Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne déclarent que les revers ne doivent être imputés qu'aux chefs, aux Lafayette, aux Dumouriez, aux Custine; qu'un bon général, entouré de patriotes intelligents, rendra le succès aux armes françaises s'il ramasse ses forces au lieu de les disperser: que ce général ne donne pas h chaque bourgade, à chaque hameau, une garnison ou un cantonnement; qu'il se porte sur les points essentiels; qu'il sache, par une marche rapide, atteindre, accabler les ennemis, et le soldat, plein de zèle et de confiance, heureux de ne plus languir dans l'oisiveté, fera des pro- diges et d'un élan chassera l'envahisseur ! (3) Bentabole combat avec véhémence la méthode de guerre que les généraux ont jusqu'alors pratiquée. N'y a-t-il pas ioO.OOO hommes répartis dans les camps et garnisons du Nord? Et, malgré ce chiffre formidable, les villes sont prises et les troupes demeurent inactives l Ne sait-on pas que le Français aime l'attaque 7 Ne peutr on arrêter l'adversaire en réunissant une armée con- sidérable ? Ne doit-on pas, lorsqu'on dispose d'une telle 1. Gadolle, ll^U^e du 3 jailUl fA. E.) J. Rapport de Ronsin, 17 aoùi {A. G.) L 3- Cf. le rapport imprimé de Jeaution et IIONDSCHOOTE quantité de soldais, sortir de l'état d'humiliatioa où. l'on est présenlcmeot (!}? GufFroy demande avec fougue tpi'on marche révolu- ttonnairemeot au pas de charge, à l'arme blanche, qu'on naooce au\pélarades de poitei, qu'on attaque toujours en masse < comme les Francs, quand ils conquirent le pays que nous habitons », Lui aussi, prétend que les généraux se contentent d'une guerre stérile de tactique, les accuse de « s'cugraisser par de sanglantes parades », les com- pare & ces empiriques qui « savent nourrir les maladies pour mieuK faire bouillir lear pot-au-feu » (2). Delbrel assure que la défensive érigée en système a causé tous les échecs, qu'elle oblige l'armée à se mor- celer et par suite à s'affaiblir, qu'elle « flélriL l'âme des Boldals », que les troupes, accoutumées à la présence de l'ennemi, s'endorment à sa barbe dans une sécurité pro- fonde et qu'il les aborde à son gré, à son heure, en pre- nant ses avantages et sur les points qu'il choisit. L'offen- aive, tel est le vœu de Delbrel : l'offensive va mieux au génie national, et il faut la saisir aussitôt en rassemblant une armée immense contre laquelle les alliés ne sauront tenir (3). Barère, le porte-voix du Comité et de la Convention, exprime les mêmes idées en phrases souples, habiles, brillar.tées (4). Il rappelle la furia francese et s'étonnt que la France ne soit plus cette belliqueuse nation qui marchait à travers l'Europe comme un torrent irrésis- tible et dont la valeur passait en proverbe dans l'Italie trois fois conquise. •<: Jusques à quand nos généraux ) . Letlra de Benloliole, 13 août (Bec. Aulard V, 510.1 t. Botigyff, a" i5. 37, 38, elc. 3. Delbrel, rapport du 23 sept, (A. G,) 4 . Brillanler oal un des mots fivopis de BarÈre. 1 LE PLAN D ATTAQUE 157 ,éconnaitront-ils notre lempérameot qui se dÉlruit par l'attente et qui remporte des victoires dès qu'il se met en mouvement'? » Et Garère ajoute que l'irruption, l'attaque soudaine conviennent seules aux Français; que la guerre actuelle est, non pas un tournoi de rois, non pas un jeu lalcul et de combinaison où triomphent les plus adroits, mais la guerre de la liberté, c'est-à-dire une inondation qui « renverse en un instant les digues du isme et couvre des flots bouillonnants du courage ,et du patriotisme les hordes ennemies ; ■» que, pareille à l'impétuosité gauloise qui abattit l'empire romain, l'impétuosité française doit abattre le colosse de la coalition (1). Attaquer et attaquer en masse, était donc le schibbo- leth des camps et comme le mot h la mode. Dès les pre- miers jours de son arrivée en Flandre, Berthelmy disait qu'il fallait, non plus aller à Utons et guerroyer en détail, mais avant tout former des < masses agissantes » avec les troupes disponibles et toutes les garnisons dont les places seraient couvertes par la marche de l'armée; qu'on pouvait créer de la sorte une force imposante et de beaucoup supérieure à calle des ennemis; qu'on arra- cherait ta victoire si l'on renonçait au « compassement » et faisait un de ces mouvements brusques, une de ces attaques imprévues et promptes, vigoureuses et précipi- tées qui réussissent toujours. Les représentants suivirent ce conseil. Levasseur et Bentabole décidèrent de ne lais- ser dans les villes que des dépôts et d'en tirer sans scru- pule et sans crainte tous les bataillons capables d'agir. Us chargèrent Dufresse de se rendre dans les chefs-lieux des départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme ■3 du 14 i?l du!6 a' ^^58 HONDSCIIOOTB etde l'Oise pour mettre en réqoisiUonlesgardes nationales el les jeter dans les forteresses. Ils requirent Favart d'en- voyer à la frontière la garnison de Lille et de la rem- placer par la garde nationale. Bouchotte rappelait qu'aux termes d'un arrêté du Conseil exécutif, 4 000 hommes au moins devaient rester à Lille. Le vieux Favart se plaignait, objectait qu'il n'avait plus que 1.600 volontaires et qu'une cité de 80.000 âmes ne se défend pas avec si peu de soldats, que l'armée s'éloignait à huit ou dix lieues, qu'un adversaire exactement ren- seigné pouvait passer derrière elle et tomber sur les pla- ces, que Lille aurait peut-être le destin de Schweidnitz dans la guerre de Sept Ans, que la prudence exigeait de ne pas jouer ainsi le sort de ce boulevard de la Flandre. Gay-Vernon le traita de radoteur. Les représentants dégarnirent Lille et répondirent au timide Favart : Nous vous couvrons (1). Mais il ne suffisait pas de dégarnir Lille. Il fallait gros- sir l'armée du Nord aux dépens des autres armées, lui envoyer les bataillons instruits et bien encadrés qui demeuraient inactifs sur le Rhin et la Sarre. Carnot grondait, murmurait. I! lui semblait qu'une armée qui comptait plus de 100.000 hommes n'avait pas un besoin si pressant de renforts. Pourquoi ne pas modifier simple- ment les mauvaises dispositions qui l'avaient disséminée t. Berthelmy à Houchai^d, 17, 25, 29 août, et à GudJii, 2 sept.; s.rrSlâ de Levaaseur et de Beutabole, 17 soût; lellre dea mêmes & Favart, U août; Boup.botte h Houchard, 15 sept. ; Favnrt ï BDUcbotte et au% reprêientaats, Tl août et h Houchard, 13 sept. ; Gay-Veraon i Audouin, 3aoat(A. G.) Cr. Mémoires sur Carnol, T, p. 391. Le DU de Caraol i vu clair ea ce point et • refuse > ï sou père • riniUstive • de ce plan d'attaqutr «n messe; dès le début de la criae, ces mois sorUreat de la bouche de tous. LE PLAN D ATTAQUE 119 et diminuée? Néanmoins, il fit tout ce que demandait Houcliard. Le général désirait des chevaux d'artillerie ; il les aurait en grand nombre. Il désirait 5 à 6.000 cava- liers; il les aurait aussi tût que possible. Il désirait des troupes de l'année de la Moselle et de colle du Rhin; on ne négligerait rien pour hâter leur arrivée (1). Le second Comité adoptait donc le plan que Custine développait au mois de juin, que Gay-Vernon appuyait alors avec chaleur, que Sauviac, Tardy, Gobert et les représentants Henlz et De La Porte avaient énergique- ment soutenu : appeler sur les rives de l'Escaut et de la Scarpe les meilleures brigades des armiîes du Rhin et de la Moselle (3). La plupart des conventionnels et tous les hommes de guerre se ralliaient k ce plan et le regar- daient comme le seul moyen qui put rétablir les affaires. « Valenciennes est rendu, criait Gouthon, l'indignation dans mon cœur est â son comble, il faut que la France se lève, nous allons faire marcher sur Valenciennes les 100.000 hommes qui allaient à Mayencel» (3). < Il est instant, écrivaient "Billaud-Varenne et Niou, de porter l'armte du Nord, celle qui dans ce moment doit fixer toute votre attention, à 20.000 hommes de plus qu'on pourrait tirer des armées du Rhin et de la Mo- selle > fi). Dans un nouveau mémoire, Sauviac avançait que les troupes de Lorraine et d'Alsace, aguerries, disciplinées, exercées par un chef aussi habile que Custine, devaient « passer dans les points les plus vivement attaqués». i. Csrnot aux reprise ni in li, 25 août (A. G.). ". Valenciennes, i2i~i3l. , MègB, Corresp, de CouIIiod, 255. . BUlaud et Niou bu Coinilé, 11 août (A. G.) HONDScaOOTË > tandis que les contingents occuperaient les points qui ■n'étaient que faiblement menacés(l). Giiy-Vernon proposait avecplus d'insistance que jamais Lde faire refluer sur l'armée du Nord toute l'armée des I Ardcnnes et lacavalerie entière de l'armée de la Moselle (2). BerUielmy mandait à Bouchotte qu'on n'avait besoin que de renforls pour chasser l'adversaire et qu'il suffisait d'augmenter la cavalerie et d'amencrSO.OOO combattants delà région de l'Est (3). Kilmaine déclarait qu'il fallait laissera l'armée de la Moselle 23.000 hommes et dépêcher le reste soit dans les Flandres, soit dans les cannps de l'armée des Ardennes qui se joindrait 'a celle du Nord: «L'égoïsme nous perd, » disait-il, et il accusait, non sans raison, les généraux, les départements, les villes, de penser à leur propre intérêt et à leur défense particulière, et non pas k l'i-.'nsemble. Le Nord n'était-il pas le point principal, l'endroit sur leiluel les alliés tournaient leur plus violent effort? N'était-ce pas là, par conséquent, que devraient se réunir les forces les plus sérieuses de la République? Quoi! l'armée du Nord combattait dans un pays de plaines immenses, et elle avaib moins de cavalerie que les autres armées! L'infanterie, ajoutait Kitmaine, n'est que secondaire en celte région; souvent même elle nuit; au lieu d'en obtenir du secours, il faut la secourir, la dégager et passer son temps à la sauver du péril (4). Houchard pensait comme Kilmaine. Lui aussi afUr- mait qu'il y avait trop d'armées, que toutes étaient «paralysées», qu'aucune ne pouvait «agir ofTensive- 1 Mémoire de Sa,iviae, 31 août (A. G.). 2. Gay-Vernon »u Comité, l"aoiU (A, G.}. 3. Bertùelmy h. Bouoliallc, 23aoïlt (A. G.). 4. KUmMne ï Bouchutte, 31 juillet, 1 et 10 aoill (A. G.). LE PLAN DATTAQUi; 161 menl » et « porter de grands coups », qu'on ferait bien de calculer diffère tuaient, de former des corps considérables, de dégarnir l'armôe de la Moselle dont les positioDs défensives ne pourraient être enlevées qu'après de rudes combats (1). Le Comité céda. Déjà, par un arrêté du 23 juillet, il avait ordonnô de prendre aux armOes des Ardennos et de la Moselle 6.000 hommes d'infanterie et 3.000 hommes de cavalerie. Déjà, Prieur de la Marne et Jeanbon SainU André, chargés par un arrêté du 1" août de se con- certer avec les généraux, obtenaient, non sans peine, de Beauharnais et de Schauenburg 11.373 hommes qui seraient dirigés sur le Nord tout organisés et prêts ! à se battre. Le 8 août, le Comité prescrivait à Prieur et à Jeanbon de tirer des armées de la Moselle et du Rhin 30.000 hommes qui seraient transportés en poste dans un camp intermédiaire, à Péronne et à Saint-Quentin, et il consacrait une somme de cinq millions aux frais de l'opération. Les circonstances, disait le Comité, étaient devenues de plus en plus aggravantes; il fallait refouler Cobourg qui faisait des « progrès rapides » et qui mena- çait Paris, par suite la République dont l'existence dépendait de la sûreté de Paris ; il fallait sauver « tout le corps politique >; il fallait envoyer à l'armée du Nord un secours effectif et si nombreux que tous les esprits fussent rassurés et comprissent que le mal, le vér'Uable mal qui était au Nord, allait être sur-le-champ réparé; il fallait lui envoyer les troupes les mieux armées et les plus aguerries, la rendre égale à l'armée que Cobourg, Clerfayt, les Anglais, les Hauovriens, les Hollandais et les Hessois rassemblaient sur cette « malheureuse ligne » 1. Houchard ï Bouchotte, 12 ùi 19 auûl (A. G.) nOSDSCUOOTE de la Flandre; il fallait Termer l'oreille à toute autre considération et sans le moindre délai, sans crainte aucune, sans souci des réclamations, des objections les plus fortes et des plaintes les plus vives de telle ou telle partie du paya qui se croirait abandonnée, découvrir les frontières de l'Alsace et de la Lorraine. Ces fron- tières étaient encore intacies; elles pouvaient résister " longtemps grâce à une simple défensive; elles se trou- k -valent à cent lieues de Paris. Mais Vaienciennes et Condé, B^ont l'ennemi s'emparait, étaient à quarante lieues de 1 capitale, et Cobourg préparait évidemment une vigou- Tteuse attaque. Ne devait-on pas le combattre « avanta- f geusement » et « avec des farces respectables », et toute \ autre mesure, toute mesure contraire à la prompte for- I xaation d'une puissante armée du Nord ne perdait-elle |f pas la République? Le sort de la France, concluait le i Comité, se fixait entre Cambrai et Péronne; si l'on s'op- i posait à la réunion des meilleurs bataillons là où était E le seul et réel danger, il ne restait plus qu'à se voiler la l'iéte (1). Prieur et Jeanbon exécutèrent sans hésitation et sans Irctard l'arrêté du Comité. L'infanterie se rendit h Sois- ions et la cavalerie à Péronne. Bouchard reçut permis- ■«on de porter l'une et l'autre ofi il voudrait, et aucune ■colonne ne marcherait sans ses ordres. La cavalerie fit diligence. Quelques détachements arrivèrent même assez ttôt pour être enveloppés dans la retraite du camp ►■de César. A l'instant où Kilmaine pliait ses tentes, le régiment du hussards entrait au Catelet; assailli sur i. Rec. Aulsrd, V, 344, 345, 442; Wùiembourg, 6-1-69; lellro du '^mltâ lui reprëaenUDts, sans date, mais bien prabi.biemeDt du «août. LE PLAN D ATTAQUE 18à ses derrières par les escadrons anglais et entourii, il s'ouvTÎl un passage le sabre à la main. Un parti du 16' régiment de cavalerie, moins heureux, fut mis en déroute k Villers-Plouich (1). Si!ir de ses renforts, Houchard pouvait agir. L'armée du Nord n'était plus l'armée du camp de César, cette pauvTe armée, comme on la nommait naguère, dépourvue d'armes et remplie de recrues inexpérimentées. Après n'avoir osé jusqu'alors pousser en avant, elle allait désormais, selon le mot de Delbrel, prendre l'offensive en grand; elle allait, suivant l'expression de Collombel, sortir de cette léthargie qui la tuait et qui tuait la Répu- Iblique (2). ■■ . Berthdmy avait, dans uns lettre du 22 août à Bou- ihotte, esquissé le plan d'opérations. Il y aurait trois forps. Le premier ou le corps de Cassel compterait 1. Rd&Mon d'Araaudta; Kllmalne à Boucbotle, 10 aoAt; Bouchotte fcHouchard, SO août, et aux commlasalres de latré^averie nationale, 9 août (A. G,)- On a vu que le Ipinsport des troupe» devait ooiiier cinq milliona. Trois millioDS fureot donaés nut pustea et messageriei nationalos; douze cent mille livres, i la section des Étapes de l'adoii- aislraUondes subsistances mlliitalres; huit ceul mille iirres, àl'adml- nislraiion des trapsptirlsmiUlBîrea.U'opériUon ne Tut pas aussi prompte et efficace qu'on l'avait cru. • Les troupea qui viennent à pied, éorf- vil alors l'adjudant -gêné rai Damas, sont bien moins {iMguéet et ea bien meilleur ordre que celles gui vîenueot en poste; cette manière de les faire voyager es! extrèment dispendieuse et destructive ; les armes sontou mutilées ou perdues, et les soldats, harassé» de fatigue; le résultat pour la oélérité lie la inarrhe se réduit à rien. • On a l'état des bataillons U''és dea armées du Rhin et de la Moselle pour reo- forcer celle du Nord : 1" et 2' bat. du 36-, 1" et 2" bat. du 67', 1" bat. au 49° et du 74°, 2', 5' et 6° bal. du !laut-Rbin, 2< et 11* des Vosges, 6" el 7" du Jura, 4« du Var, i' de la Gironde, 8' de Seine-et- il Oise. 7* du Dnuba, Z» bal. du i3°dea fédérés, 3» des 83 départements, " 6' de rOise, 3' de la Hante-Marne, 3' de l'Eure. " 2. Rapport de Delbrel, 23 sept.; Collombel au Gomilé, 23 août (A. 0.). à i 25.000 hommes et « atlnqueraît les flanqueurs de Vtak- nemi i, c'est-à-dire rnriiic^ de Freytag et de Wallmoden qui tdoipiail Bergues et Cûavrail l'inTestissement de Dankerque. Le deuxième ou le corps de Haubeuge, formé de 20.000 hommes ainsi que des troupes du camp de Gavrelle, surveillerait Cobourg et le tiendrait en échec. Le troisième corps ou l'armée principale, forte de SO.OOO hommes, se rassemblerait au camp de la Made- leine, devant Lille, et ferait coup double : il se jetterait Bur le prince d'Orange, puis snr le duc d'York (I}, Le 23 aoâl, pendant que Berthelmy restait à Ga\'relte, Houchard arrivait à Cassel avec Caj-Veruon et tenait conseil de guerre. Ernouf proposa de délivrer Dunkerque en tombant sur Freytag qui serait aisément débusqué d'floudschoote et des rives de ITser; Freytag mis en fuite, Tarmée victorieuse irait passer le canal de Fumes à Bnlscamp ; elle prendrait Fumes; elle intercepterait la chaussée qui relie Furnes à Dunkenjue par les Dunes et l'Estran ; elle cernerait le duc d'York qui n'avait pas d'autre chemin pour reculer. Bouchard et Gay-Vernon jugèreul le projet excellent. Mais Gay-Vernon déclara qu'il avait en tête un plan meilleur encore On devait, opînaif-il en étalant la carte, réunir de grandes forces, di^'garnir hardiment le camp de Gavrelle. tirer six batail- lons du camp de Cassel, et, avec cette masse considérable, emporter Menin et mettre le prince d'Orange en déroute, marcher sur Furnes et de là sur Nieuport et Ostende, couper ainsi plus sûrement la retraite au duc d'York et b. Freytag ; on battait h la fois les Hollandais et les Anglais; avant la lin de septembre, on serait maître des Pnys-Ras, Le représentant Duquesnoy reconnut ijue le (il, e[à Bru LE PLAN D ATTAQUE 165 issein était beau; mais il se défiait de Gay-Vernon; il, ; ■_prétcndit que les mesures, pour n'être pas mauvaises i étaient au moins très hasardées ; il remontra que le coup i pouvait manquer; il objecta que, si l'expédition avortait, 1 les dépaitements du Nord et du Pas-de-Calais courraient ,' de graves dangers et seraient certainement la proie de , l'envaliisseur. Néanmoins, malgré l'opposition de 1 Duquesnoy, le plan de Gay-Vernon fut adopté. Ernouf, 1 converti, félicitait Gay-Vernon et jurait qu'il était im- possible de faire rien de mieux combiné, rien de plus i décisif. Houchard mandait au Comité qu'il allait, en huit jours, ramasser 50.000 hommes pour une « grande attaque », qu'il se jetterait sur Menin avec cette armée exterminatrice, et qu'après avoir écrasé les Hollandais, ; il traverserait la Lys et déboucherait par Ypres et Fumes sur le flanc gauche des Anglais (1). La < grande attaque » commença le 28 août. Il fallait, \ disait Berthelmy, entamer d'abord les Hollandais qui 1 gardaient les derrières de l'armée anglaise. La lutte |i s'engagea sur quatre points différents, à Wervicq, à 'I Lannoy, à Roncq et à Tourcoing, 1 ^0n ne devait faire h Wervicq qu'une démonstration. i (lais les troupes de Dumesny, parties de Pont-à-Harcq, avaient Beaulieu en face d'elles, et lorsqu'elles s'avan- , cèrent contre une flèche construite à la pointe du bois de Cysoing, elles furent arrêtées par deux régiments d'infanterie wallonne, le régiment de Wurtemberg et le i » régiment de Clerfayt, par le bataillon des chasseurs de i Le Loup, par les cuirassiers de Kavanagh que comman- | 1. DépoalUon d'Ernouf S riDierragitolre de Gay-Varaon (A. N.); Duqnesnoy &u Comité, 26 aoiU (A. G.) ; cf. Houchard au Comilâ, 22 | et 29 août; Berlhelmy à Boueholle, 26 août (A. G.). ' I i rÎBfi HONDSCHOOTE dait le comte de Uohenzollern. Elles s'enfuirent en abandonnant quatre pièces de canon. Macdonald échoua pareillement contre Lannoy. La bri- kfsade d'Anspach, conduite par le général-major de fieilzenstein, défendait ce poste qui couvrait la droite fdes llolliindais et fermait la chaussée de Lille h Tournai. [L'affaire, de l'aveu des représentants, n'eut pas d'effet Kiâécisif. Hais les Hollandais, intimidés par les forces que a'adversaire déployait de tous côtés, et craignant d'être [débordés, se retirèrent dans la soirée. Dumas s'empara de Roncq. Mais les Hollandais reçurent hdes secours de leur camp de Menin. Ils reprirent le vil- Pourtant, comme à Lannoy, et pour le même Ijnotif, ils n'osèrent garder la position, et, h la tombée de llanuit, ils l'évacuèrenl. L'effort principal des nationaux se portail sur Tour- I coing. Le jeune général de brigade Pierre Dupont, promu fde l'avanl-veille, accompagné de Bouchard, de Béru, des B représentants Levasseur et Bentabole, dirigeait t'attaque. rTourcoing, aujourd'hui grande ville, n'était alors qu'un ■gros village entouré de bois épais. On n'y arrivait que par une chaussée garnie d'un retranchement. Durant JTquatre heures, les deux partis furent aux prises. On ne Elsisait que tirailler et canoaner au hasard, et Houcbard inavoué que les siens étaient « cruellement maltraités > et u'à travers les haies et les fourrés ils ne pouvaient Baccoster l'ennemi. Enfin, à onze heures, les républicains forcèrent le retranchement à la baïonnette et pénétrèrent ■dans le village. Ils rencontrèrent encore dans les rues une ■%ès vive résistance. Les Hollandais disputaient le sol tpied à pied pour sauver leur artillerie et leurs munitions, illais, au bout d' une demi-heure, les carmagnoles battirent {la charge et furent maîtres de Tourcoing. Comme k LE PLiN D ATTAUCB iB7 Fumes au l" juin, comme à Linselles au 18 août, ils se débandèrent aussitôt pour courir au pillage ou s'enivrer. Ils envahirent les caves; ils brisèrent les armoires et volêreut les assignats; ils enlevèrent les lits, les nieubies et des effets de toute espèce. Vainement Houchard, Béru, Pierre Dupont, les officiers, les représentants, les dragons d'escorte tentèrent d'empêcher ce saccage. Les volontaires les couchèrent en joue et crièrent que les habitanis de Tourcoing étaient des aristocrates qu'il fallait dépouiller. Le désordre fut (épouvantable, et il y eut, rapporte Houchard, de tels excès d'ivrognerie qu'il était impossible de rien entreprendre et que si les Hollandais fussent revenus sur leurs pas, ils auraient eu bon mar- ché de leurs vainqueurs. Au lieu de rassembler sa colonne et de la mener en droiture au camp de Menin, comme c'était d'abord son intention, le général dut ordonner la retraite qui se fit en bâte et avec une confu- sion extrême. Deux pelotons de cavalerie se montrèrent au loin; la panique saisit les troupes; elles s'enfuirent sur la route de Mouveaux. Un bataillon du Finistère avait imprudemment engagé ses pièces de 4 dans un chemin dilTicile; il les y laissa. Lajouruée était favorable aux républicains, llsavaient pris un obusier, des munitions, des approvisionnements de diverse sorte, et une centaine de Hollandais dont cinq officiers; ils avaient débarrassé la frontière, mis les moissons en sûreté, gagné plus de trois lieues de terrain ; ils occupaient des postes importants où le prince d'Orange avait placé de forts détachements; ils pou- vaient désormais inquiéter sérieusement l'ennemi et, comme on disait, le tracasser. Les représentants citaient de nombreux actes de courage. Un soldat, Antoine Sicardy, de Ville-sur- Arce, qu'on venait d'amputer de la les HOSDSCHOOTE Jambe, s'écriait, en apprenant que les Français étaient entrés k Lannoy : « Je ne regrette plus ma jambel » et un autre, un grenadier du 5' régiment d'infanterie, Louis Boutry, i qui le chirurgien coupait le bras: « C'est égal, il me reste un bras pour défendre la République ! » Mais les Français avaient près de cent morts et de quatre cents blessés. De nouveau, des conducteurs d'artil- lerie avaient Coupé les traits de leurs chevaux et pris la fuite sans se soucier de leurs pièces. Les commissaires remarquaient avec douleur que des hommes « bien ri!)pré- hensiblcs » retai'daient la marche des troupes, traver- saient les projets de l'état-major et arrachaient la vic- toire aux généraux. Béru réclamait des lois sévères qui réprimeraient les «malheureux excès», et déclarait qu'on ne pourrait faire de vastes opérations tant que les volon- taires auraient cette ardeur effrénée de pillage. Hou- chard écrivait que la conduite des soldats dans ce vil- lage français enlevé si bravement aux ennemis, était inconcevable ; que tout succès serait impossible si l'on n'employait des moyens sûrs et prompts pour châtier le brigandage et rétablir l'obéissance; qu'il fallait convo- quer un Conseil de guerre qui jugerait et ferait exécuter sur riieiii'O les indiciplinés et les pillards. Ce qui l'irri- tait surtout, c'était la perte des canons. Comment les bataillons de volontaires n'attachaient-ils aucun prix à leurs pièces d'artillerie? Pourquoi les abandonnaient-ils sans défense? Et il proposait de recourir aus mesures les plus violentes, de destituer le chef et les capitaines de tout bataillon qui ne disputerait pas ses canons avec acharnement, d'imprimer au bataillon entier une marque de déshonneur (1), 1. Houtlmi'd au Coniilé, 39 aoùl (A. G. et Mon. du 5 acpl.): k riÉ LE PLAN D AITAQDB I fl9 Celte affaire de Tourcoing refroidit un peu Houchard et ses deux coopérateurs el conseillers, Berthulmy et Gay-Vernon, Pouvait-on, avec de telles troupes, être entreprenant et téméraire? Pouvait-on, h la tète d'une pareille armée, tenter qnelque chose de hardi? Sans doute, mandait Berthelmy i Bouchotte, elle avaif été systématiquement désorganisée et accablée par des trahisons sans nombre. Mais eile se montrait « pillarde au dernier degré ». La plupart des bataillons, livrés à l'insubordination, n'écoulaient personne. L'étal-major n'avait pas de bons ofliciers. Les trois quarts des géné- raux étaient des ganaches et semblaient perclus, presque morts. Bref, la machine ne se remonterait qu'avec le temps (1). Toutefois, ni Houchard, ni ses deux confidents ne renonçaient au grand dessein qu'ils avaient conçu. Us sentaient, comme disait Berthelmy, que le plus petit délai serait funeste et qu'ils devaient « résoudre rapi- dement le problème ^ et sauver Dunkerque, ce Dunkerque que les Anglais serraient de près et se disposaient à bom- barder. De tous côtés affluaient d'alarmantes nouvelles sur le péril de Dunkerque. Deux administrateurs du dis- trict de Bergues, enfermés dans la place, prévenaient leurs collègues que la situation paraissait désespérée. Des députés du Conseil général de la commune annonçaient à Houchard et aux représentants que Dunkerque était dans « l'état de crise » et qu'un brusque assaut, une surprise awi reprêscntanlB, 28 août {A. G.) ; Icllre de BentabolD et de Levaa- seiip, £8 août (Mon. du 2 sept.) ; lettre de Henl», 5 sept. (Rec. Aulard, Vil, 160) 1 Dohua, Der Felil:u'j der Freusaen [II, 328-329; Cposaaid, Mim., I, 51-52. t. Cf. loa lettres déjà ciléca de Ber llielmy à Bouchotlu el à Brune 23 el 23 août (A. G.}. L 10 HONDSCHOOTB pouvait livrer la forteresse aux Anglais. Hoche infomiait le Comitf^ que la ville était de la jilus haute importance, qu'elle avait une ai'tillerie considérable, que sa perte enU-atnerail celle de BergTius, puis celle de (Jravelines. En pleine Convention, Barère s'écriait que Dunkerque était « l'objet que convoitaient le plus les ennemis » (1). Bouchotte priait Bouchard d'agir au plus tôt pour dégager la pilace : « Je compte, lui écrivait-il, que vous s en occupez essentiellement, » et il le pressait d'atta- quer les coalisés, de les battre, de leur interdire les quar- tiers d'hiver sur le sol de la Flandre; il l'assurcùt qu'à la première victoire des sans-culottes, la ligue des rois se disloquerait et que le peuple anglais demanderait la paix. Pilt, ajoutait le ministre, espérait, en prenant Dunkerque, tenir une des clefs du territoire français et influer à son gré sur les .ifTaires intérieures de la République; si Houchard délivrait Dunkerque, il rédui- rait à zéro ces calculs politiques; Dunkerque débloqué, c'était la campagne perdue pour les alliés (2). Camot faisait au général les mômes exhortations. Lui aussi envisageait le salut de la place, non pas précisé- ment sous le point de vue militaire, mais principalement is le point de vue politique (3). Très mal renseigné sur . Houcbnrd h Bouchotte, 2d Boitl el mém, du 29 sept, ; lettre des admlniBlraleursdeBergues, 2Saoût(A. G.];RousieUn, II, 2; discours de Bsrfrro, 2 sept. (Mon. du 13). 1. Bouchotte à Houcliard, 28 et 30 août, 3 aapt. (A. 0.). I. Aprïs Hoodsclioole, Berlheliny lécrivïit ï Boucholle (13 sept. A. G.) qiie les Ang'lais alarmés n*^lsieiit pas en grande Inlelligence svee les Aulrichlena, i{iie les maaTemenla du peuple èloient tels qu'il fallait des succès au duc d'York pour ai'rSler le parli de l'opposition, qu'on Teralt donc hiea de prendre luulea les meaurca imaginables pour com- muaiifuer ft Loodrca les détails, de la bataille d'Hondecboote. Henti septembre : « L'Angleterre e terrain ddub asaureut que Pilt pourra bleu se repentir de ses perildiet k LE PLAN D ATTAQUE 171 les sentiments et les dispositions de l'étranger, croyant qu'un parti s'agilait dans le Royaume-Uni en faveur de la France républicaine et que la Convention écossaise qui ne devait s'assembler qu'au mois de novembre, allait pro- chainement siéger Ji Edimbourg, non seulement pour demander le suffrage universel et un parlement annuel, mais pour protester avec éclat contre la guerre, Carnot s'imaginait volontiers, de même que Bouchotte, que le déblocus de Dunkerque donnerait le signal d'un soulèvement en Angleterre. 11 fallait donc, disait-il k Houchard, sauver avant tout et h quelque prix que ce fût Bergues et Dunkerque, parce qu'il fallait sauver l'hon- neur de la nation qui était là. La conquête de ces deux places était pour les ennemis de la plus haute consé- quence, et Pitt n'avait pas d'autre moyen pour raffermir son crédit chancelant et consoler ses compatriotes des frais énormes de la lutte et de ,1a ruine totale de leur commerce. Délivrer ces deux villes, c'était produire iné- vitablement en Angleterre la révolution la plus com- plète, c'était renverser le ministre perfide qui égarait le peuple britannique, c'était briser la coalition des tjTans et consolider à jamais la République. Perdre Dunkerque et Bergues, serait répandre infailliblement en France le découragement le plus affreux. Aussi Carnot engageait-il Bouchard à jeter des forces immenses dans la Flandre maritime et à, chasser les envahisseurs coûte que coûte de ce « point si important de notre frontière » ; le géné- ral commandait la principale armée et justifierait le choix de la nation française, soutiendrait la réputation que lui avaient méritée ses talents et ses vertus répu- blicaines (i). 1. Carnot i Haac.hnrA, 2S août (\. G.) ; tf. l'adresap, rédigée par H0ND8CHO0TË III, Le 30 aoùl, une conférence des généraux et des offi- ciers supérieurs de l'armée du Nord avait lieu à Douai. Houchard, Bcrlhelmy, Gay-Vernou, les deux frères Dupont, Dupont-Chaumont et Pierre Dupont, les repré- sentants Dolbrel et Levasseur, les adjudants-généraux Alliiin el Merlin assistaient à ce Conseil de guerre. On arrêta de iionveau qu'une armée de 50,000 hommes pousserait sur Meoin et Furnes pour couper la retraite aux Anglais qui seraient assaillis en même temps par la division de Cassel. Mais, au sortir de la confi^ronce, Dupont-Chaumont eut des scrupules, et comme s'il voyait pour la première fois les dangers de l'aventure, il dit aux commissaires de la Convention que l'armée, en se portant sur Fumes, prenait le chemin le plus long; que sa marche pourrait être ralentie par quelques com- bats ; qu'elle arriverait peut-être trop tard au secours de Dunkerque; qu'elle ferait mieux de se diriger par Arras, Béthune et Cassel ; que le général en chef avait déjà pré- paré sur ce point de Cassel de grands moyens d'attaque lorsqu'il méditait une diversion sur les places mari- times; que toutes les troupes, s'acheminant vers Cassel, seraient promptement réunies; qu'elles n'auraient plus qu'à s'avancer sans faire de détour el à refouler devant elles le corps d'observation du maréchal Freytag. C'était le plan qu'Ernouf exposait le 25 août. Pierre Dupont se rendit aux raisons de son frère et les développa dans une lettre qu'il écrivit incontinent à Houchard. Les représentants Delbrcl et Levasseur coururent au camp. Dans une nouvelle conférence, Houchard, Berthelmy, Gay-Vurnon renoncèrent au dessein de tourner le duc LE FLAN D ATTAQCE 171 Tork par Menin et Fumes, Us^ apprenaient que Dun- l.kerquc était vivement pressé, que l'assiégeant recevait , des pièces d'artillerie qu'il mettait en batteries. Comme Dupont- Chaumont, ils jugèrent que le mouvement pro- jeté entraînerait des lenteurs, perdrait du temps, et, pour débloquer Dunkerque aussitôt que possible, ils ^résolurent d'aller aux Anglais par la ligne la plus courte ï'Ét de les aborder de Iront, L'armée irait de droite à jgauche, non plus par Lille, mais par Cassel qui serait r.tout ensemile son lieu de rendez-vous et sa base d'opé- Ij'ations;elie attaquerait Freytagdans ses cantonnements; Telle tomberait ensuite sur le duc d'York. * 11 faut [sauver Dunkerque, marquait Berthelmy à Jourdan ; c'est I le cri de toute la France ; c'€st là que tous les yeux sont [ fixés {!}!» Levasseur s'était hûté de gagner Cassel pour prévenir Ijourdan et Ernouf, Ce dernier ne cacha pas son étonne- ment. Comment Gay-Vcmon avait-il abandonné le projet [qu'il défendait naguère avec tant de chaleur? Et devant l'^evasscur, Ernouf répétait qu'en poussant sur Monin et TPurnes, on ôterait ans Anglais, pris entre deux feux, I tout espoir d'échapper. Mais la résolution de Houchard pétait cette fois irrévocable, et, dès le 30 août, Berthelmy E'Avait informé le commissaire-ordonnateur en chef JPetitjean que les dispositions étaient changées et que I 40,000 hommes devaient se rassembler à Cassel, Le premier plan, le plan de Gny-Vcrnon, était le f meilleur, Houchard, marchant sur Menin, battait I. Leitre île Levasseur, i" aepl,; Houchard ï Boucholtc, 3 aept. et r mdmoire du 29 aept.; BeHlielmy & Juurdsn, 31 auût (A.. G.); méw. E de Berllielmj' (SeUhnc, 111); Taàlfaa hUlanqut. Il, 309. ■ Nous t erojlunf, nvouc Lcvaascur le l"" «eplumbre, la ville de Duukerque I plui pressée qu'elle n'uit. » to. 174 HONDSCHOOTB aisément les Hollandais; puis, passant la Lys, descendait sans obstacle sur Ypres, sur Fumes, et, s'il faisait dili- gence, acculait Freytag et le duc d'York à la mer (i). En adoptant le second plan, il laissait au prince anglais une route de retraite. York, certai n qu'une armée ne manœu- ■vrait pas siir ses derrières, aurait toujours le temps de lerer le siège de Dunkerque, de se replier k Furnes et de se mettre hors d'alteinte. Peut-être Bouchard se disait-il en lui-même qu'il avait tort. Ce ne fut que le 3 septem- bre, comme s'il craignait de recevoir un contre-ordre de Paris, qu'il annonça le changement de plan à Bouchotte ; il assurait que les lettres du ministre et du Comité l'avaient di5terminé; au lieu de tourner ses efforts vers Menin et la rive droite de ta Lys et de prendre les Anglais k revers, il réunirait ses troupes à Cassel et « agirait directement » pour délivrer Dunkerque. Ni Bouchotte, ni le Comité ne firent à Bouchard d'ob- jections ou de reproches. Bouchotte écrivait, comme à son ordinaire, qu'il ne pouvait prescrire au général ses opérations et la manière de tes exécuter; il n'avait pas de « données » et ne lui envoyait que des réflexions en lui « laissant toute la latitude possible » ; il avait approuvé l'attaque de Menin et jugé la défaite des Anglais fort pro- bable; « si vous prenez un autre chemin, c'est qu'il est nécessaire >, et le ministre protestait que Bouchard avait la tonfiance du Comité, du Conseil et de tous les patriotes. 11 le félicitait de ses débuts : « IN'oubtie/. jamais que les 1. C'eal ce que recoanall un émigrë, attaché au duc d'York, Arnau- din. • Il est do la plua grande évidence que les armées d'obaervatioQ el de siège étalent eipoaées au dang-ar le plus pressant, ai l'ennemi avait profilé de tous ses avantages. Obi le comnteneeinent do l'afTaire, les j'épublicains étaient en meiurc d'arfivef ï Fumes avant les dsuK années al d'envelopper l'uue et l'autre, • sans-culoUes vous regardent a"vec intérôt; ils iront tou- jours bien quand ils auront des généraux de même étoffe qu'eux; courage et persévérance, et nous triomphe- rons (1)! » Carnot vît avec peine que Houchard eût soudainement abandonné le projet d'envelopper l'armée anglaise : il croyait que le général, en frappant ce grand coup, aurait peut-être mis fin à la guerre ; mais, ajoutait-il, « si vous avez pensé que le succès fût douteux, nous ne pouvons qu'approuver la résolution que vous avez prise; c'est à vous de juger; pleins de confiance dans vos talents mili- taires, votre civisme et votre expérience, nous ne vou- lons gêner aucun de vos mouvements et vous laissons la libre et entière disposition de vos troupes (2). » Ces troupes s'organisaient. Le corps d'armée qiii défen- dait le camp retranché d^; Maubeuge, s'augmentait de i2.000 hommes, et cette division qui comprit désormais 30.000 combattants, était assez forte pour imposer k Cobourg. 7,000 hommes restaient au camp de Gavrelle sous les ordres de Davaine qui commandait d'Arras à Pont-à-Marcq et qui devait couvTîr surtout les places d'Arras et de Douai presque dépourvues de garnison. 50.000 hommes étaient destinés au. débloquement de Dnnkerque. On répandit le bruit qu'ils se rassemblaient sous les murs de Lille pendant qu'ils filaient sur Cassel. Ils se réunirent en quelques jonrs malgré les cris d'alarme que jetaient les communes. « Point de villes, dit Ber- thelmy, point de généraux et de commandants particu- liers qui ne se crussent trop faibles ou ne voulussent avoir une armée; souvent, pour l'exécution des ordres, il fal- 2. Cai UONDSCHOOTE lait les donner deux fois. » Houchard forma des divisions. Chaque division, conduite par un géni^ral de division et deux généraux de brigade, compta deux brigades d'in- fanterie. Des règlements fixèrent dans les plus petits détails te service de la cavalerie ainsi que les marches et les campements. 11 y eut des pelotons de tirailleurs d'élite : 64 hommes étaient choisis dans chaque bataillon parmi les soldats les plus valeureux et les plus adroits, et ils avaient pour chefs deux officiers expérimentés du même bataillon, Houchard déclara qu'à la moindre négligence, il ne s'en prendrait qu'aux divisionnaires : il était temps, disait-il, de sortir de l'insouciance. 11 sup- prima les escortes de parade et les trop nombreuses ordonnances que s'attribuaient les officiers. Il menaça ceux qui traînaient encore des femmes h lenr suite, de les dénoncer au ministre et de proposer leur destitution ; quant aux femmes, la gendarmerie avait mandat de les appréhender, de les barb ouiller de noir et de les prome- ner h travers le camp (1), Les représentants aidaient, assistaient Houchard et, selon le mol de Châles, essayaient, par leur zèle et leur bonne volonté, de remplir l'attente de la nation. Ils obli- geaient les administrations fi marcher. Us « mercuriali- saient > les officiers et leur rappelaient que la Conven- tion les surveillait, qu'elle saurait punir les traîtres et les lâches. Le 3 septembre, Bentabole, Châles, CoUombel et Levasseur arrêtaient que lorsqu'un bataillon abandon- nerait ses canons à l'enuemi sans les disputer à outrance, le chef et tous les capitaines en premier ainsi que les 1. Haudiard il GoucItoUo, 22 août; Daralne à EtouotiuUu, 14 sept. ; Berllielmy a Buuoliolte, i2 et 2S noilt; mém. de Berlhelmy (Seilliac, 111) ; inslrucLion pour l'arméo du Nord, 23 août (A. G. ]. LU PLAN D ATTAQUE 17 7 officiers d'artillerie seraient destitués de leurs fonctions; que le bataillon serait renvoyé sur les derrières de l'ar- mée et privii de l'honneur de combattre; que sou nom, ainsi que les noms des officiers, seraient publiés pour être voués à l'infamie. Le surlendemain, afin de mieux « coopérer à la délivrance de Dunkerque », Hentz et Levasseur décidaient qu'un tribunal militaire, établi dans l'armée de débloquement, jugerait les coupables dans les vingt-quatre beures après leur arrestation, sur la simple audition des témoins et que la sentence serait exécutée sur-le-champ en présence des troupes (1). De Paris, Bouchotte stimulait les généraux, Honchard, Berthelmy, Béru, leur promettait des armes, des che- vaux, des pièces de campagne, leur assurait qu'il avait donné les ordres les plus précis pour la subsistance de» camps et l'approvisionnement des places, leur disait que leur armée était bonne et « bien plus disponible » qu'on ne l'imaginait, qu'il fallait fréquenter les soldats, leur parler souvent, leur inspirer l'audace, < remonter leur espoir et leur courage » en leur faisant envisager les nouveaux efl'orts de la République et les puissants moyens de tout genre qu'elle déployait : « Vous êtes sou- tenu; le peuple est derrière vous. Allons donc, peut-être un peu moins bien d'abord, mais surtout allons et pro- pageons par des altaques réitérées la terreur qui s'em- pare des ennemis instruits de nos mesures vigoureuses! » Et, s'adressant k Bouchard qu'il savait perplexe et tout près de succomber sous le fardeau : « Le Comité et le Conseil, lui écrivait-il, n'ont pas cessé d'avoir confiance en vous; les patriotes sont trainquilles sur votre compte HOKDSCHOOTË le montrent aucune inquiétude de vous voir chargé d'un aussi grand commandement dans des circonstances aussi importantes. Berlhelmy vous secondera bien ; je le regarde comme un bon républicain (1). » Mais dans le même moment, Bouchotte destituait le commissaire-ordonnateur en chef, Petitjean.Ce Petit- jean était un des vivriers les plus habiles et. les plus infatigables qui fussent alors dans les armées. Les géné- raux, Beurnonville, Labourdonnaye, Mirauda, Dumou- ;, se l'arrachaient. Tous rendaient hommage à son activité. Defrenne louait ses connaissances très vastes et La Marlière, son exactitude. Gasparin le proclamait « le seul homme qui aille et qui ait la clef de la situation », Kilmaine jugeait qu'il faisait son possible et Courtois, qu'il était fort nécessaire. Lui-môme assurait, non sans- raison, qu'il avait, après l'abandon du camp de César, s un tel soin à surveiller les subsistances et les équi- pages que l'armée lui devait son salut. Mais le Conseil général de la commune et le Conseil permanent du dis- trict de Cambrai l'inculpaient de trahison parce qu'il voulait tirer des greniers de la ville 20.0()0 sacs de grains. Berthelmy, Bouchard, Levasseur lui reprochaient de vider les magasins de Douai. Bouchard, n'osant lais- ser Douai en cet état de détresse et impatient de suivre les Anglais dans la Flandre maritime, déclarait à Petit- jean qu'il n'acceptait aucune excuse et le requérait de ravitailler aussitôt Douai, sous peine de mort. Levasseur, violent, emporté, méprisant les obstacles, sommait Petitjean d'approvisionné r Douai en six jours : « sinon, lui disait-il, je vous livre à la garnison que vous affamez loilt; a Berlhelfiiy, 20 aoi»; à LE PLAS 1> ATTAQUE 179 «qui fera de VOUS ce qu'elle A'oudra, et si vous n'ôlespas raîté comme vous le méritez, je vous donne ma parole 'honneur que je vous brûle la cervelle. » Il ne se con- tentait pas de menacer Potitjean; il le dénonçait au Eomité, le qualifiait de hâbleur qui promettait tout et ne tenait rien. Enfin, Ronsîn rappelait les liaisons intimes de Petitjean avec Dumouriez et proposait de l'arrêter, de lui demander compte des millions qui lui avaient passé par les mains sous le généralal de Custiae. Il incriminait outre Petitjean, le commissaire-ordonnateur de la divi- sion de Lille, OUivier, qu'il regardait comme une créa- ture du comte de Provence. Selon Ronsin, le commis- saire-ordonnateur Lambert, plein de lumières et de patriotisme, était l'homme lo plus propre â recueillir la succession de Petifjean; pour Ollivier, il serait facile- ment suppléé par le franc républicain Leboursier (1), Boucholle suspectait la moralité de Petitjean et le nommait l'homme de Dumouriez. « Sa façon de penser, écrivait Vincent le 5 juillet, est toujours la même sur Petitjean, et il n'y a pas de confiance. » Le 19 août, après avoir lu la dénonciation de Ronsin, Boucbolte remplaçait Petitjean par Lambert et Ollivier par Lebour- sier. A cette nouvelle, ilouchard et Levasseur se repen- 1. Mon. du 18 aoùl; Betlhelniy â BoiichoUe, 17 aoùL; Lavasseur au Comité, 13 BOill; rapport da Ronsin, 17 août. Cf. sur PeHtJesn /«r mappts, 162; Trahison da Dumouriez, 32 j Cbaravay, Camot, II, 33; lellre de Vanifuer, Z avril ; Derrenca il Boucholto, 6 mal ; KUmaka h Bouohotlis,4aoilt;BDuchotle auCumité desurveillancedes aubsi élances 18 juUlet, et jiisBfioalloQ de PeUtjoaii (A. N. w. 360.) Pelitjean répund victorieusement aux Cambrèsiena qu'il a très souvent averti le^ admi- □iatrateurs du district de ae prËcautloaner, qu'il doit aubveiiir aux besoica du aoidat et noa du bour^'eois, qu'il a laissé des subaislances pour aiï mois ï la garnison de Cambrai, et ifue l'approvisionoemont des militaires est si coaaidéi-able qu'il a été letfixi» d'6ter dea farliea à Cambrai pour les donner S LDle. HONDSCUOOTË tirent d'avoir porlé plainte contre Petitjean. Houchard protesta que l'arreslalion de Petiljean « produisait un mal horrible » : l'armée avait des besoins énormes en Ltoul genre et devait tirer des vi-vres des forteresses du iNord; depuis quinze jours, les chevaux de la cavalerie et de l'artillerie n'avaient plus d'avwine, et quelques-uns mouraient faute de nourriture suffisante ; sans les repré- sentants, les subsistances auraient manqué. Et, en cet instant critiipie, on destituait Petitjean 1 On le remplaçait par Lambert, par un homme qui ne semblait guère I actif, qui ne connaissait pas les ressources de la région, et qui ne pourrait assurer promptement les fournitures indispensables! « Je suis, s'écriait Houchard, cruelle- ment entravé dans tous les détails de l'exéeution, et je ne sais comment je ferai. » Et il demandait pourqnoi le ministre ne laissait pas Petitjean à l'armée sept ou huit ■ jours encore. 11 demandait que Petitjean, accompagné d'un gendarme qui répondrait de sa personne, pût ter- f miner du moins les opératirins commencées. Les représentants, Levasseur, Bentabole, Delbrel, I Châles, déploraient pareillement la destitution de Petit- Ljean. Quoi! dans un moment « des plus intéressants I pour le salut de la France », lorsqu'il faUail unanimement h seconder Houchard et mettre plus que jamais l'accord i dans tous les mouvements, Bouchotte prenait des 1 mesures si précipitées et si alarmantes ! 11 arrêtait Petit- [ Jean à l'heure où l'armée entière s'ébranlaiti 11 lui don- rnait un successeur incapable! Ignorait-il qu'un nouveau l 'commissaire-ordonnateur, si patriote qu'il fût, aurait b. bfaire un long apprentissage, et que ces sortes de stage L,èlaient toujours funestes? Et, en outre, Bouchotte sus- l pendait OUivier qu'il remplaçait par le médiocre Lebour- I sier! Levasseur et Bentabole n'hésitèrent pas à surseoir LE PL4N D ATTAOUE 181 ïfetion des ordres ministériels : ils siivaîenl qu'OUi- vier possédait des talents, qu.'il s'acquittait très liicn dB son service et qu'il avait une grande connaissance des localités; ils gardèrent Ollîvier, l'engagèrent à conti- nuer ses fonctions avec autant de zèle qu'aupara- vant, le prièrent même d'assumer provisoirement la besogne de Petitjean. Châles, plus hardi encore, pres- crivait à Petitjean de désobéir au ministre ; le besoin de l'armée, disait-il, était urgent et l'ensemble des circon- stances, diCGcile; on se trouvait à la veille d'une action générale; Petitjean resterait à son poste jusqu'à ce qull reçût des représentants la permission de se retirer; sa place, qui tenait à toutes les administrations militaires, avait une trop haute importance pour être vacante une seule minute. Bouchard, mandaient les conventionnels, est < affecté de ces contrariétés », Le pauvre général ne dissimulait pas sa douleur. Tout lui paraissait s'unir pour retarder l'expédition ou du moins pour en assombrir les débuts. Il comptait que Bouchotte lui enverrait des canons et des chevaux; mais son parc d'artillerie filait misérable et il lui manquait 600 chevaux pour traîner le peu de pièces qu'il avait. Il comptait mener avec lui 50.C00 soldats; il en aurait 5.000 de moins : les 30.000 hommes de ren- fort s'étaient réduits à 22,000, parce que les représen- tants en gardaient 8.000 sur les bords de la Sarre. Il comptait recevoir le corps des carabiniers, et les carabi- niers, également retenus par les commissaires de la Con- vention, restaient k l'armée de la Moselle et devaient y rester jusqu'à la fin de l'année, malgré les instances du ministre et les arrêtés du Comité. Il réclamait 10 millions, G pour acheter des fourrages et 4 pour acheter de la viande, répétait que la cavalerie était sans avoine, que J \Si IIONDSCUOOTE les chevaux ee mouraient, qu'il ne pourrait former d magasÎDS lanl qu'il n'aurait pas d'argenL. 11 se méfiait de ses lieutenants. € Je voudrais vous voir ici, marquait-il au ministre, pour que vous puissiez vous-même les juger; vous sentiriez véritablement notre misère et notre embarras sur ce point. * Tous ou presque tous ressem- blaient à ce général Béeourt, gouverneur de Péronne, qui refusait de donner un seul ordre par étrit, en citant le dicton latin verba oolant, scripta manunl. Us n'osaient rien prendre sur eux-mêmes, et la crainte de leur res- ponsabilité les rendait impuissants et difflcultueux. Tan- tôt, ils prétextaient que leur commandement était trop étendu; tantôt, ils épiloguaient sur le détail des opéra- tions et se livraient à des observations minutieuses et mesquines: plusieurs que le ministre avait annoncés, n'arrivaient pas ou, lorsqu'ils arrivaient, se hâtaient de dire qu'ils n'étaient bons k quoi que ce soit. Je fais, avouait Bouchard, « la plus triste grimace du monde; la chose n'eu ira pas aussi bien (1). » u Le 5 septembre, à l'aube, au moment où les troupes se concentraient, Freytag attaquait leurs avant-postes, comme s'il voulait, suivant le mot de Bouchard, tenter partout une reconnaissance et savoir ce qu'il y avait derrière les lignes françaises. Le 36' régiment d'infan- terie, pris au dépourvu, essuya quelques pertes : « Il ne s'est pas levé, gémissait Bouchard, aussi matin qu'il en avait ordre, et il aurait dû être plus vigilant (2). ■» 1. Leltpe des repréaanlants, Lcvaaseiir, Bentnbole et Chaîna, Lille, 3 sept. (Foucapt et Finot, H, 9f) i arrêté de Châles, 35 août; Bou- cliotle h BertUttlmy. 27 août: tloncliard a Boucliolte, £9 août et 3 sept. (A. O.) ; Rec, Aulard, Vl, 103 et 216. 2, Houchard {i Buiicbotle, 5 sept.; m^m. de Houchard, 29 sept, I A. 0.}i lel^e de llenti (Aulard, Vil, 160). W LE PLAN D ATTAQUE I 8 3 Mais Bouchotte s'efforça de rassurer le général. Il lui répondit que le cliangement de Petitjean était nécessaire et, au lieu de nommer Lambert commissaire-ordonna^ teur en chef, il nomma PÎDtlion, homme intelligent et actif, qui avait déjà travaillé sur la frontière du Nord. Il envoya des bidons et des marmites. Il envoya des cais- sons. Il envoya 10 millions et dès lors, témoigne Ber- | thelmy, l'armée, certaine de ses fournitures de viande et d'avoine, ne se voyait plus réduite à un dénuement total au milieu de l'abondance (1). Deux représentants, Levasseur et Delbrel, qui n'épar- gnaient pas leur personne et qui devaient assister à tout, au\ combats comme aux conseils, accompagnaient Hou. chard. Berthelmy et Gay-Vernon étaient à ses côtés pour l'aider de leurs avis : Gay-Vernon, froid, mesuré, réflé- chi; Berthelmy, vif, prompt, audacieux. Le jeune chef d'état-major avait reçu un coup de pied de cheval ; il boitait et ne pouvait porter de bottes; il eut la plus grande peine à se mettre et à se tenir en selle. Mais, dès le 29 août, il écrivait à Brune qu'il allait se livrer pen- dant cinq ou six jours h un travail agréable, qu'il prépa- rait la victoire cl qu'il y serait, même non botté; il jurait de vaincre tous les obstacles, d'établir de l'ensemble dans la disposition des forces, de suppléer de son mieux à la tiédeur des généraux, à l'incapacité de l'état-major, au manque d'artillerie : < Nous allons parler aux soldats, tonner contre les officiers, les réveiller, les échauffer; il faudra bien que ça aille I » Et, emporté par son zèle jaco- bin, il conseillait, non 5eulem.ent de chasser des places de la Flandre maritime les malintentionnés et les sus- . i UOXDSCHOOTE pecls, mais de les enfermer dans les vaisseaux en rade et- au besoin de couler les b&tiaients à fond. Il ne doutait pas du succès. Grâce à. la supériorité du uonibre, les Français accabloraieut le duc d'York : « Il faut absi/Iu- ment que notre affaire soit heureuse; mais l'armée sera telle que nous sommes sûrs de Ijattre York et de le faire repentir de sa fantaisie sur la Flandre maritime. Si Dun- kerque fait la résistance républicaine que nous avons lieu d'attendre, nous devons précipiter les Anglais dans la mer!» (i). Pourtant, quelle que fût l'ardeur de Berthelmy et mal- gré les exhortations de Boucholte, Bouchard partait sans gaieté ni confiance pour cette bataille d'Hondschoote i laquelle s'est attaché son nom. Il mandait plaisamment au ministre qu'il allait « faire un déjeuner à l'anglaise », Mais il restait pensif et mélancolique; il semblait avoir sur le front l'ombre des angoisses qui n'avaient cessé d'agiter son cœur depuis son arrivée en Flandre; il se demandait anxieusement s'il pourrait mener son monde et le tenir dans la main et, sans songer à l'importance dont .serait la victoire, il n'avait en lui d'autre sentiment que la peur d'un échec. Il se savait épié, soupçonné. Des membres du Comité, Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne, n'avaient-ils pas insinué qu'il n'était pas assez bien entouré et que ses intimes ne voulaient appliquer que le système défensif, le cuUinisme, entièrement con- traire au caractère français? Un adjoint du ministre. 1. mm. de Berthelmy (Seilliac, 110) ; Berllielmy à Brune, 8B aoùl. (A. G. Brune avait été chargé avec Calaadlni par le Camitè de salut public de visiler las années et les places forloa du riord et des Ardooaes; cf. Rec. Aulard VII, i2.) Notons en passant que le repré- sentaut Henli n'était pas ï Hundachoole, comme dit Gay-Vecnoo BU (p. 258); il éUilalora k Gravellaea (Af on. du 10 sept.). LE PLAN D ATTAQUE 18 5 Auger, n'avait-il pas dit aux Jacobins qu'on pouvait être né sans-culotte et devenir fripon, que les « grandes liaisons » de Houchard avec Custine suffisaient à le ren- dre suspect? Houchard redoutait, s'il subissait un revers, d'être accusé de trahison. Il s'écriait, en apprenant l'exé- cution de Custine : « C'est donc un parti pris de guillo- tiner les généraux ! > — « Et toi aussi, lui répondait dure- ment Levasseur, on te guillotinera si tu nous trahis ! » Le reître lorrain craignait, s'il était vaincu, d'être envoyé à l'échafaud et condamné à une mort infamante, au lieu de mourir en glorieux vétéran dans sa maison de Sarre- bourg (1). 1. Mém. de Levasseur, II, 3; Auger aux Jacobins, 19 août {Journal de la Montagne^ 21 août). CHAPITRE VII HONDSCHOOTË du p.ya — Les Bii corag de l'a rmé-r. - génëraoï. - Vsnd mniB, HWouïLIle, Laodrin, Dumesny, LocloIrB. — Combat fl'Ar- neke (5 »opW mbra), — Marohe des eolonuaa rraaçaiaea. — Loiodriu ndl et Eaqttelbooq. — lu ftciiou de — Vandaiiuno - HM.mïiUe à Pep erlBBha. i Rou.br ugge, à Oosl- Cippa - Calaud k Prevon. - Jourd ■eele ol à Bambauque. "R3a s da PrQBsbenk et de ElBche DhBuien - Marob» inr Reupo Kdé et p riae de c Tillag». — Rot™ te de F ajlag. — La maréchal hanovrie é, pals délivra p«-fl BlUn"dB . — Surprise de Relp aède et f ile de l'a mëe francise ■urB .mhecq., Beplemb ■e 1 préparalift d'attaque, Vandimme et Diepenhroick Jila du 8 leptombra. — Hédo villa ïf DuDke que, Du Tpre» - Écbac de Dumesoy. - Les irois colo ■ud, Jourdaa laire. - TcnlBtive» do la coio ne Jour «n. -1 L DelÛr 1,- Bl ssufB rlo Joardan. — U charge. - PiripH f a. — Retrailo deW llmaden - Ce que Bt lloncha u'U aurai dQC^re. - Réfla ÎDiiB sur la bsiaiUe d'Hundichno B. tLe pays où les Français allaient combattre les Anglo- Hanovriena n'a pas change d'aspect. Il est encore, telqu'il était alors, entièrement plat, et ne présente pas.de Cassel fcla plage, une colline,uneémiDenceconsid6rable, Entre les Dunes et le canal de Bergues à Furnes, il est plus bas HONDSCIIOOI'E que le niveau de la haute mer : mais les Dunes 1 lègent contre rinvasioo des ilôts. Celte plaine ir très coupée. Des bouiïuets d'arbres, des bois, des haies, des fossÉs arrêtent et retardent la marche d'une armée. «Le pays, dit justement Berthelmy, est abominable; on ne voit pas à quatre pas devant soi ; on ne se bat pas; on se poignarde. » Il y a des routes, des chaussées pavées et bonnesen toute saison, comme la route de Dunkerque à Lille par Bérgues et Cassel, comme la chaussée qui mène deBerguesft Hondschoote ensuivant le bord du canal. Cependant, les chemins de la campagne, nombreux d'ail- leurs, tortueux, difficiles à distinguer les uns des autres, sont impraticables durant l'hi-ver et même après de fortes pluies, dans la belle saison. L'artillerie et la cavalerie ne peuvent sur un pareil terrain , rendre de grands services, et peut-être offrent-elles plus d'obstacles que d'avantages. Ajoutez qu'une foule de rivières ou de ruisseaux traver- sent la- région dans tous les sens. Le plus remarquable de ces cours d'eau, l'Yser, coule de l'ouest ii l'est, et passe à Esquelbecq, k Wormhoudt, à Wilder, à Bam- becque et à Rousbrugge ; sa rive gauche, couronnée par un petit coteau d'une pente 1res douce, domine légère- ment sa rive droite ; il est large de trois & quatre mètres, mais guéahle en beaucoup d'endroits, et les villages onldes ponlsde pierre qui ne furentpas détruits enl793. C'est entre l'Yser et le canal -de Bergues à Fumes quese livrèrent les engagements qui précédèrent la bataille d'Hondschoote. (I) 1. Cf sur Hondschoote i^u'il Taut prononcer RoTucoole comme Houchard l'ËcriviiU bonnement — lu correspuadanne de Calvert, la Geich. der Krtege in Europa, II, IR-'ib, la j'écll du Hoasoi» dan» VBoytr-i Magaiin, 1802, 11,5, p 3e-40;Ditrurlh,DiB lleuen, 109-12*; Sicliarl, CejcÀ derhannov.Armte,\V,261-^î;hehmimn,Schai-nhont, pies UONDSCIIOOTE L'armée française qui s'avançait pour débloquer Dun- lerque, s'étendait sur une ligne de dix licueS, de Bailleul ' à. la mer. Elle comptait six corps : 3.6U0 hommes guidi'S par Vandammc ; 10.000 formant l'avaut-garde sous les ordres d Hé- , douville: 10.(100 au corps de bataille mené par Jourdan ; S.OUO à la droite, sous le commandement de Dumesny ; 6.000 à la gauche sous la conduite de Landrin ; 4. 000 qui composaient la réserve confiée à Leelaire. C'étaient 42.000 hommes, ardents, exaltés, mais encore I neufs pour la plupart et indisciplinés, Leschefsn'avaient que les qualités de leurs soldais, et, comme h presque tous ceux que la Révolution mît à la tète de ses premières armées, le génie de la guerre, les conceptions d'ensemble, les idées hardies leur faisaient défaut. Houchard,nous le I; Von àem KtiesebecV, Scène» aui dem Revotulionskfiege, dans V* Ari^liiv deshistorhhenVorelaarQrNiiiderjautisËD ■ (anaée 1845, S. 131-13'.'); lu iriLduclon de cet article par Gaimniin, soiu le Utre La bataillt li'lSaidschonle, é/iisode des guerres lie la Héiiolution (Haïa- brouck, liib'i), ei, parmi le* documenla fraoçaiB, l'uiivra^o de Gay- Vernon nie, le IVm/ûmme de Du Casse (1870, I, 46-47), les lettres de Borlhfliny piibli^oK par la Manïieur et ses divers mémoiroa (A. N. W, 291; Seilhac. Les votant, de It Corrf'i-, p. lIOHi; ClâmODt Simon, llutletU rf- ta Soc. des lettres, sciences tl arts de ta Corriie, I, p. 592-573) ; les letLres da Honchard et nolammenl une courte rela lion du général intiln'éo • Expédition de Houchard contre les Ironpei combiuéei * (Il aepl); aînal que son mémoire du 39 septembre ï B(}ucbDtte;letracailD<)a9Cicncicaxilel'ori1clerd'clnt'inajorile BoîsdelTre (A. G.' ; le.i .Yofes liislni-i/uei du niodoaloDelb'e! ainai et de • noble obligé de travailler pour aub- ■Uter • et acquiilé {\ô airàje an II) ; le Iribunal déclara qu'U avMt comproinis leK iolérèts de la Républii{ue notamment à Wervlcq et à Menio, oiaLa qu'il n'uviiit pas ai;! ' «vee des iatentiona criminelles et par IrahinoD ». HédouïHLe péclamii vain^menl un service acUf. On l'admit au traitement de réTorme (29 aivàae an VII]. Il obtint pour- tant uae place d'adminialrateur de l'hûpilal militaire ï Luxembourg, pula à Mayence, eollo à Ajacolo. Mais 11 oe tarda pas It être de nou- veau admU au Iraitemonl de rêforaie [6 prairld an XI), et rotcaitÉ (7 Juillet ISIl). Il mourut â Saudrupt, dans la Même, lo S3juinlSI8. 1. Cei liez et , Varin ï Bouchotte (26 juillet); ordre du joui-, signé Thiiring, iZ août; Fouuarl et Finot, II, 127. Landrin (Jean No81) né à Paria le 22 mai 1752, avait servi dana l'artillerie ft Saint-Domingue, dès l'i^o de 15 ans (1767) et aprâs le licenciement du corps (1773) dana la milice bourgeoiae. Il était employé chez un uéBooianl de Paris IL l'époque de la Kèvolullon. Le 2u seplombro 1702 U Tut élu capitaine de la compagnie des nanoaniera des Enfanta-Rougee, attachée au 1" haluillon de Salnl-DenU. Le 15 avril 1793 il devenait chef de ce bataillon. Le 30 juillet suivant, il était générai de diviaion. Mais, ■ODuiié d'avoir fait désarmer et démonter Deschampa, commissaire du (lomlli^, el de l'avoir « traîné comme un crimloo! -, taxé de dureté et de despoUamc, quatillé d' ■ â,me damnée de Moreton cL de Beur- nonville, • Icioulpf par Garrlon (voir -ci-dessus p. H5, note.) il fiit auipondu lo 13 septembre par Trullard, BerUer et Henli, mandé le 17 i Purli par Uuucholle pour rendre compte de aa conduite, interrogé HONDSCHOOTE Dumesny n'était qu'un brave soldat sans beaucoup d'intelligence et de discernement sans cet esprit d'ini- tiative et d'audace qui sied au général (1). p&r le ministre qui ■ ne changea rien A U déoisi jd des i^eprËaenlsnts n (8 novembre) et arrêté le 6 décembre sur la rêqiiUltion de l'adjoint du 4* bureau, à la suite d'une Fausse dénonciation du Cumilâ révoln- Uonoaire de la scc'icm de l'Homme ar.né. Empriionné durant aeat mois ï la maisoo d'arrèl dos Enosaaia, libità le £S thermidor, il sa reUra près de Sainl-Just, ï Maignelay. Mais il était, dit-il, courbé soua une aflreuse misère, et ne désirait ijne son ancien paata de capitaine. Trullard, Bedier, Hentî déclarèrent alors qu'ils l'avaient suspendu h caujc de sa brusquerie, que «la conduite démesurée tenue Il son égirA par quelques ag'cnls l'avait aigri > et qu'il serait utile- ment employé, uou comme général, mais dans l'arllllerie qui était son arme. Le 7 germinal an lil, le CnmiTé levait la suspention de Landria et décidait de l'employer comme oapitaiac d'infiulerie. puisqu'il n'avait servi dans l'artillerie que comme simple canonnicr aux colonisB et comme oriicler dans une compagnie de canonniefs d'un bataillon de volontaires. Landrin répondit ï Pille ie3£ Qoréal an III qu'il accep- tait avec sattafaclion le grade do capitaine d'mfEinlerie. Il fut envoya &u 1" batail;an de la 54' demi-brigade à l'armée du Rhin. Destitué un instant, par erruur (parce qu'on le crut mimmé du 15 germinal au 15 thermidor alors qu'il était nommé par un décret du 7 fructidor an ni), rétabli dans son ^'ade à la recoin m nadaUon d'un membre des Anciens, Rimsieau, son compagnon de priion, il quitta le service après l'arrêté du 1 p'-atrîal an V, selon lequel le^ ofliciors pouvaient opter entre le traitement du grade dont ils étaient actuellement pourvus et le traitement de réforme de leur ancien grade. Landrin ae démit de ses fondions de capitaine et obtint le traite .nent de réforme de général de divitton. i. Voir sur lui le numéro du 14 mai 1893 delà RéDolution fran- çaise (notice d'Et. Gh^ravay). Son nom est presque toujours ortho- grapliié Dumesnil (cf. Valmy, 216, et Jemappes, y2). Il s'appelait eu réalité Salomon et appartenait à la noblesse ; son péro était écuyer et seigneur de Bourg- Charente. Entré au service comme lieutenant dans le régiment de Mailly, il prit le surnom de Dumesny pour ne plus le (piitter. Il reçut une blessure â Rossbac h. Lorsque éclata la Résolution il n'était encore que capitaine. Lieutenant -colonel du £0" (6 novem- bre 1791], colonel du 54' {^ mai 1792), général de brigade (la mai 1793), il assista b. la canonnade de Valmy, il In bataille de Jemappes, à la retraite de Liège, ï la déraile da Neerwinden où il fut grièvement blessé. Aptes avoir cousacré quatre mois ï sa guérison, il vint, le J Leclaire, enfant de troupe ou, comme on disait, ■ dors, enfant du corps au régiment d'Aohall où il Itonquit tous les grudca jusqu'ft cehii dï capitaine, ■ Disjoi' en 178!) au régiment de Bouillon, et, di^puis la ÏBévolution, lieutenant-colonel, colonel, général de bri- gade, avait pris part à tous les combals des premières cam- pagnes, La Croix-aux-Bois. Grandpré, Volmy,Jemappes, et, après avoir commandé l'aile gauche de l'expédition de HoUaude, élait revenu dans la Flandre pour assister aux batailles du 1" et du 8 mai, à l'affaire de Famars et à la retraite du camp de César. Il avait du zèle, de l'énergie, du coup d'uîil, mais une mauvaise santé (1). 1" JuillRt nSS au camp de Céiar. Le 23 Bofit, il conîliatlalt à Wep- ïicq et «ominandiil la colonne d'ntla'iue. Arrêlé le 25 septembre sQiraiii et siis|iea>lii le 27, mis ea lib<3rlé le n aoilt 1TH4, i-i^inl^g"'â et promu dii'isir)nnalre{13 juin 1795), il fut, aprài divers comin^udomenls, férormé le 25 novembre 1797 et se retira à An^oiilËme. 1 . Leclaire [TbÉodove-Frangois-Jaaepb), élail né le 18 oclobre 1758 L DdndermaDde un Termonde, dnni le Brabanl, soua le drapeau (rua- gal9 t^on pf^re mourut capitaine de l'nrmée royale). I) passa les trente première» années de sa rie au ré^imeat d'Anhalt devenu plu» tord Sal^n-Saim, puis le (12', et y Tut suceeBilre iieul • cntaul du corps >, Baua-lieulena[il(17 juillet 176-1], lleuleuant en premier (16 octobre 1768], neulenant de grenadiers à La Douvolle Tormalion (3 juin 1776), capitaine en second (4 juillet 1777), premier capitaine en second (1"'' septem- bre 1784]. Il appartint onsnllc au l'i^^iment de Bouillon qui dovlal le B8>, et y fut mnjor (5 oovembra 1786), iieutcnsDl-Dolonel [1'"' jan- lier 1791] et colonel (1* joillet nsS]. L'année 1793 le vil RÉnéral de brigade (S avril) et généial de division (22 septembre). Mais II était malade, souffrait des uui-rs, ne pouvait pins réslslor aui falisues du cbeval, ut d'autre part, Cilliez t'accusait d'arair tenu des propos inoi- riques au cïmp de PaUlen:ourt et d'avoir dit que tous les rêpubli- eaioB étaient des coquins, le qualifiait d'aristocrate et d'ami de l'ancien régime, de Lamarche, d'Ihier et rie • loula la eli lue ■. Leclnire resta MDs empioijusqu'à i"Sn. [nspccloiir générai de l'infanterie i. l'armée de Sambre-et-Meuse (25 décembre ;1793], com.inindant d'armes ft Lille (1) Dctobi'e ISOO), commandant de la place de Slrasbourg (3 décembre 1804), 11 mourut dans celle dernltre ville le 13 jan- vier 1811. C'éUlt, disait HouoharJ, un otllcier d'an vrai mérite. liO.NOSCHOOTE 193 Mais, quelles que fussentles imperfectioDset lesdt'fail- lanccs des Français, l'armé* de Freytag devait èlre baLtue.NonseulementellenecomptaitquelO.ÛOOhommes, c'est-à-dire quatre fois moins de monde que l'agresseur; mais elle occupait une position trop étendue. « Nous étions très mal témoigne Scharnliorst qui commandait une bat- terie hanovrienne, et Houchard aurait pu nous détruire totalement. > Freytag, comme les généraux de son temps, voulait tout garder.tout assurer, et en réalité, ne gardait, n'assurait rien, Mù par le désir de couvrir chaque poste et de fermer chaque issue, il avait éparpillé ses forces, sans imaginer que ses détachements succomberaient l'un après l'autre èi une attaque soudaine. Il n'avait d'ailleurs aucune idée du péril imminent. Le 4 septembre, Scharn- horst Écrivait qu'il ne doutait plus du succès, que la prise de Dunkerque terminerait la campagne do 1793, et il proposait k sa femme de passer l'hiver avec lui ; il irait la chercher à Cologne et la ramènerait dans ses canton- nements à travers le Brabant et la Flandre. Mais déjà s'annonçait le futur échec. Le S septembre, sur l'ordre du duc d'York, Freytag faisait assaillir le village d'Arnêkc. Sous le feu des tirailleurs français, les Hanovriens de Diepenbroick et de Fabry n'avancèrent qu'avec peine sur un terrain coupé ; ils dorent donner l'assaut au cime- tière, et ils ne conquirent Arnéke qu'après avoir essuyé des pertes relativement considérables. Ils eurent 2U0 des leurs hors de combat. Le capitaine Schliiter fut tué, et le général Fabry. blessé. Scharnhorst et l'Anglais Calvert dt'>sapprouvèrent cette échauffourée : « L'attaque, disait Scharnhorst, était irréfléchie et inutile; ce fui notre pre- mière disgrâce et elle enhardi t les Français. > Le 6 septembre, à trois heures du matin, les~colonnes françaises s'ébranlèrent. IL 19^ IIONDSCMOOTE Vandamme devait prendre Reninghelst, puis faire sa jonction avec Hédouville; — Hédouville, se porter sur Poperinghe, nettoyer les bois et tenter à Rousbrugge le passage del'Yser; — Jourdan, se diriger sur Houlkerque; — Dumesny, partir de Bailleul, tourner à droite, brûler ou enlever Ypres ou du moins couper les communications de cette ville avec Poperinghe ; — Landrin, opérer une fausse attaïuc sur le village de Wormhoudt et s'en saisir le lendemain à l'aubo du jour ; — Leclaire, suivre Lan- drin et longer le canal de Bergues ii ilondschoote. Landrin, chargé de contenir "Wallmoden h Wormhoudt etàEsquelbecq, s'acquitta strictemenlde ses instructions. Il aborda les deux villages, fnt repoussé sur tous les points ; mais il avait exécuté les démonstrations prescrites par Bouchard, et il se gurda de faire davantage. Dumesny ne bougea pas. Il aurait dû marcher après que les chasseurs du Mont-Cassel auraient défilé devant lui. Une faute de rétat-major lui fournit un prétexte pour rester dans l'inaction. Le 5, au soir, Gay-Vemon avait appelé Vandamme; il lui montra la route sur la carte, lui expliqua les mouvements, et, sans lui donner rien d'écrit, le pria de transmettre à Dumesny les inten- tions du général en chef. Mais, lorsque Vandamme se présenta, Dumesny déclara qu'il n'obéirait pas â un ordre purement verbal, et il demeura toute la Journée du 6 dans son camp de Bailleul. Vandamme se passa de Dumesny. II chassa les avant- postes hanovriens de Westoutre et de Reninghelst, et les rejeta sur Ypres. Hédouville enleva Poperinghe et força deux bataillons hanovriens qui défendaient la ville, à battre en retraite sur Vlamertinghe. Puis, se portant sur Proven et s'unis- sant en cet endroit aux troupes de Colaud, il s'empara UONDSCHOOTE 195 de Rousbrugge, traversa l'Yser, et, au soir, avant neuf heures, il était h Oosl-Cappel, Que pouvait contre la masse des Français la poignée de Hanovriens du colonel de Linsingen?Elle dut, malgré sa vive résistance, reculer sur Rexpoêde et de là sur Hondschoote. Au corps de bataille où se trouvuiooL, avec Jourdan, Houchard et les représentants Itelbrel et Levasseur, la lutte tournait autrement qu'on ne l'avait cru. Elle était favorable aux républicains, ma is après combien de péri- péties curieuses et de dramatiques angoisses 1 Dès sept heures du matin, Français et Hanovriens étaient aux prises. Colaud (1) qui menait l'avant-garde, attaqua les I. Colaad (Claude-SilveBli't;}, que Celliei et Varin jugeaient bon patriote et bon soldat, Ëtait un ofilcier de cavalerie, loui â Tait dénué d'iaitiative, âani ambiUoo, sana autre pensée que d'obéir strictement el de se battre. Nul n'a reFuaË l'uvanceniHot avec autant d'obsUcatlon. Il accepta le comraaDdeineul dos flatiqucura, mais en déclarant qull ae serait pas gënéral, qu'U n'avait jamais servi qu'aui avant-postes et dans les U'oupes légèrps A cheval. On te cbargea de commander une division d'inCanlerie. li se Idcba, s'indig.iH, s'écria qu'il voulait itre en sou^-ordre, qu'il se moquait des complimenta qu'on lui faisait, qa'il ooQoaiHsait ses moyens et n'avait pas assez de talent pourassQ- mcr une si grosse reapuaaabilité et s'acquitter seul de l'ouvrag'e de trois généraux, qa'Q douoerait sa démis: I bataillon hessois, accabla, lâcha pied. Bientôt Hcrzeele fut enveloppé de tous eûtes. Le colonel Pruschenk com- manda la retraite vers Bambecque. Les ilessois, s'abri- lant derrière une petite élévation de terrain, se replièrent sur la xive gauche de l'Yser sans essuyer de perte. Les compagnies de Laudon-Vert furent refoulées dans les broussailles et abandonnèrent une pièce d'artillerie, La cavalerie dut se faire jour le sabre S. la main. Néanmoins Pruschenk défendit encore le passage de la rivière. 11 avait trouvé à Bambecque on bataillon d'in- fanterie et deux escadrons qui formaient le détachement du général Dachenhausen, et le pont qui conduit au vil- lage était couvert par un ouvrage armé de plusieurs bouches à feu. Les républicains se présentèrent devant le pont et le canonnèreni avec deux pièces de 8. Mais leur atta'^ue fut ralentie par un orage affreux qui dura près de deux heures. Un aide de camp de Jourdan vint dire que la pluie empochait le combat, que les soldats avaient consommé leurs cartouches, que l'ennemi s'obs- tinait, qu'il semblait impossible d'en avoir raison, et qu'on ferait bien de quitter la paitie. Berthelmy s'indi- gna : « 11 faut vaincre à tout prix, s'dcriait-il, et s'il n'y a plus de cartouches, qu'on se serve des baïonnettes! > 11 proposa de tourner le pont, et son avis fut écouté. Un bataillon du 36° passa l'Yser à gué au-dessous de Bam- becque et prit l'adversaire en flanc. Berthelmy était au premier rang; il avait aveclui des tambours qui battaient la charge. PrQschenk évacua Bambecque et, ainsi que le - général Dachenhausen, recula sur Rexpcëde, Sa troupe était épuisée. Le bataillon des chasseurs hessois comp- tait plus de quarante tués ou Liesses, et parmi ces der- niers, le colonel PrQschenk qui avait reçu quatre coups de fusil, le capitaine Ochs et le lieutenant Lentulus. ' t9 8 HONDSCHOOTE Les Fran(^ais n'étaient pas moins harassés. Battus de l'orage, brisés par la fatigue de cette lutte qui durait depuis le matio, ils murmuraient à la vue des chemins horribles où ils devraient s'engager. Houchard déclara qu'on en resterait là, que la possession do Bambecque était un grand et sérieux succès, qu'il allait de Bambecque lier facilement ses avant-postes tt ceux d'Hédouville qui s'établissaient à Oost-Cappel. Hais les représentants lui répondirent que, puisque les Hanovriens étaient en déroute, il fallait suivre son avantage et pousser sur Bex- poëde. Des officiers de l'étal-major objectèrent que ce mouvement n'avait pas d'objet, qu'il valait mieux se .diriger sur Hondschoote par Oost-Cappel, qu'il se faisait tard, qu'il serait dangereux d'atteindre Rexpoëde à la nuit, qu'on prendrait nécessairement de mauvaises dis- positions, qu'on se trouverait entre deux camps ennemis et que les alliés qui connaissaient le pays, profiteraient sans doute de l'obscurité pour attaquer l'armée française dans ses quartiers. Houchard partageait cette opinion. II craignit toutefois d'être blâméparlesconventionnelss'il n'assaillait pas Rexpoëde avant la nuit. Le corps de bataille marcha sur Rexpoëde. L'endroit est tellement entouré de haies qu'on le croi- rait situé au milieu d'un bois. Dachenhausen mandait à Freytag qu'il comptait s'y maintenir avec les troupes qu'il avait amenées de Bambecque. Elles ne firent qu'une faible résistance et se replièrent aussitôt vers Killem et Hondschoote. Les Français, plus las que jamais, entrè- rent à Rexpoëde. La nuit venait. L'orage avait éclaté de nouveau. Les soldats cherchèrent un asile dans les mai- sons. La plus grande partie de la cavalerie se réunit au milieu du village. Quelques escadrons restèrent au HONDSCHOOTE 199 dehors. Houchard avail, avec Ernouf, placé les postes; « nous serons attaqués », disait-il à Delbrel. Presque au même instant, le maréchal Freytag avail résolu de battre en retraite. Quoiqu'il eût repoussé les attaques de Landrin contre Esquelbecq et Wormhoudt, il remarquait avec une inquiétude croissante les progrès des républicains sur la gauche de sa ligne de défense : ils ne se contentaient pas de rompre son frontàBambecque; ils menaçaii'nt de le prendre à revers par Rousbrugge et Oost-Cappel. « Les ennemis, rapporte Scharnhorst, nous environnaient de tous eûtes; pas un endroit, pas une direction en arrière, adroite, à gauche, où nous ne fus- sions assaillis et n'entendions la fusillade: mais partout on tin tassez ferme jusqu'à ce qu'il fit sombre, et alors on se mit à se tirer d'affaire aussi bien que possible. « Frey- tag décida donc que son armée reculerait sur Hond- schoote. Tous les détachements qui campaient autour de Bergues, se réuniraient à Maison-Blanche. Le reste qui se rassemblait à Wilder, se porterait sur Rexpoëde, et for- merait deux colonnes, l'une, composée surtout d'infan- terie et commandée par le général Von dem Busche, l'autre qui emmenait avec elle l'artillerie et que Freytag conduisait en personne; la première de ces colonnes prendrait le chemin de "West-Cappel ; la seconde, la route de Wilder. Freytag était parti vers onze heures du soir. Il ne savait pas que Rexpoëde était aux mains des Français, et les officiers qui devaient lui annoncer la retraite de Dachenhausen, ne l'avaient pas rencontré. Aussi, mar- chait-il sans trop de précaution en avant de l'artillerie, avec le prince Adolphe d'Angleterre, ses aides de camp, le général Trew et le capitaine Scharnhorst, 24 dragons et 100 hommes de la garde. Soudain, il quelques mètres frs HONDSCHOOTE de Rexpûi-de, il est assailli par un escadron de cavalerie française. Tout le monde, drngons, garde, officiers, se disperse, s'enfuil vers les canons. Le général Trew si> lUveà travers la campagne. L'ofDcier d'ordonnance du lar^chal tombe percé d'un coup de sabre. Un dragon d(! suite a le crâne fendu. Freytag, blessé à la léle, per - dant son sang, défaille et s'affaisse dans un fossé. Le prince .Adolphe d'Angleterre, blessé pareillement et un instant prisonnier, ne doit son salut qu'au dévouement .du capitaine d'Uslareldu lieutenant de Wangenheim 'jÇui sacrifient leur vie pour délivrer leur prince : Uslar est tué et Wangenheim gravement atteint. L'escorte s'était arrêtée sur le chemin entre des haies; mais elle refusait de se battre dans les ténèbres. Trois fois on essaie de la faire charger; trois fois elle s'élance pour tourner bride aussitcM et s'abriter jusqu'au milieu des canons. On appelle six escadrons qui sont derrière ; mais comment les porter en avant sur une voie étroite que les voitures encombrent, et autour de laquelle tourbillonnent les Français? Pourtant le colonel Mylius accourt avec son 1" bataillon de la garde hanovrlenne. Mais, au fracas de cette échauffourée, Bouchard commandait à Jourdan de" ne laisser que trois bataillon s dans Rexpoiidc et d'envoyer les autres en arriére du village surla route de Bambecque. Les bataillons qui sortent du bourg, poussent à la ren- contre de Mylius, et l'accueillent par un feu de mitraille. Lesfanlassins hanovriens plient de tous côtés. La colonne de Freytag, privée de son clief, égarée dans l'obscurité, ignorant le nombre des ennemis qui l'attaquent, se rabat gauche, hors de portée des balles. Infanterie, cava- artillerie errent par les champs dans le plus grand lésordre. Les Français, rassurés, certains d'avoir refoulé 'adversaire, et ne pouvant le poursuivre en pleine nuit, HONDSCIIOOTE ÎOl ne pensent plus qu'au repos et allument des feux de bivouac. Freytag, revenu de son étourdissenient, se relève, se dépêtre du fossé où il gisait, et cherche à rejoin- dre ses troupes. Il passe devant un bivouac, puis devant un autre, entend les soldats parler français, se rejette en arrière et arrive à un troisième bivouac, prête l'oreille; pas un bruit, pas un mot; il s'approche doucement; il croit trouver des compatriotes. Ce sont des Français. Pris, entraîné i Rexpoëde, il se garde bien de se nommer. Ceux qui le conduisaient étaient des jeunes gens imberbes, et ils considéraient avec respect ce vétéran tout meurtri de sa chute et couvert du sang qui ruisselait sur son visage. Au bout de quelques moments, l'un d'eux lui demande sa bourse. Freytag tend sa bouree pleine d'or. « Monsieur, c'est trop, dit le Français, donnez ce que vous voudrez, » et il rend la bourse i Freytag, qui dis- tribue une poignée de ducats. On entre h Rexpoëde, on enferme le captif dans une maison, et l'on place deux sentinelles à la porte. Mais bientdt se présentent d'autres soldats, puis d'autres encore ; ils se précipitent sur Frey- tag, le dépouillent complètement, le maltraitent, le pié- tinent. Pour échapper à de nouvelles violences, il finit par gagner la porte et reste sur le seuil entre les deux factionnaires. Il allait être délivré. Wallmoden, resté à Wilderpour défendre le pont, avait voulu rattraper Freytag. Les fuyards qu'il rencontre, le colonel de Sporken et le lieu- tenant-colonel Kuntze, lui disent que les Français sont à Rexpoëde, et que le maréchal a disparu. Il prend incon- tinent son parti. Sans s'inquiéter de la colonne de Frey. tag, il vole à la colonne de Von dem Buache qui se dirige sur West-Cappel, ordonne à ce général de se mettre à la tête du 2* bataillon de grenadiers hanovriens et de quel- lOS UONDSCUOOTË qiies compagnies aulrichienncs de Laudon-Vert et du régiment Brenlano, et d'enlever Rexpoëde coûte que coûte. Les soldats ont été tout le jour au combat, ils onl longtemps cheminé par la boue et l'averse, ils n'ont plus que huit cartouches par homme. Mais Wallmoden les encourage, leur rappelle leur devoir, leur montre qu'il faut sauver des camarades, qu'il faut à tout prix empor- ter Rexpoëde pour arracher Freytag à la captivité, pour rallier et dégager sa colonne compromise, qu'il faut s'ouvrir par la force l'unique voie de retraite qui reste àl'armiïe. Guidéparun paysan, Von dem Busche traverse Weet-Cappel, atteint sous une pluie ballante la chaussée de Bergues, puis oblique vers Rexpoëde; il commande à sa troupe de garder le silence ; il pousse dans les champs, à, droite et t gauche de la route, deux canons dont le roulement trahirait sa marche; i minuit, il est aux abords de Rexpoëde. 11 braque ses pièces sur le cimetière où il voit un grand nombre de Français réunis autour d'un immense feu de bivouac. Criblés de mitraille, atta- qués à l'improviste sur leurs derrières, les carmagnoles courent aux armes. Ils tournent deux pièces d'artillerie légère contre les assiégeants; mais les Austro-Hanovriens tuent les canonniers et, conduits par le général Von dem Busche et le major de Drieberg, ils s'élancent, culbutent tout ce qu'ils trouvent sur leur passage et envahissent le village. Bouchard, Delbrel et plusieurs officiers del'état-major étaient entrés dans la maison d'un potier où ils avaient trouvé de la bière et du pain de munition, précieuse aubaine, comme disait le conventionnel, pour des gens qui n'avaient pu se réconforter et se rafraîchir depuis le matin. On buvait gaiement dans la sécurité la plus pro- fonde, et l'on s'entretenait des événements de la journée H01NDSCUOOTI£ Î03 lorsqu'éclata la canonnade, suivie d'une [clameur qui retentissait de toutes parts: ûua; arme*/ li fallait fuir. Les Hanoïriens étaient déjà devant la maison du potier. Coquebert de Honlbret fut capturé à l'iastant où il met- tait le pied à l'élrier. Houchard, Delbrel et les autres n'eurent que le temps de sauter en selle et de rejoindre le gros de la division qui bivouaquait sur la route de Bambecque. Le général eu chef envoya sur-le-champ à Hédouville l'ordre de marcber d'Oost-Cappel sur Rexpoëde. Mais ses deux messagers tombèrent entre les mains de l'en- nemi. Pourtant, Rexpoêde n'était pas pris encore. Jour- dan faisait face aux Hanovriens avec les trois bataillons qui restaient dans le village. On combattait au milieu de l'obscurité la plus épaisse, on se heurtait avant mÉmode s'être aperçu, on n'avait d'autre point de mire que le feu de l'adversaire. Mais les républicains, décontenancés par la soudaineté de l'attaque, et comme frappés de stupeur, ne luttaient que très mollement, La plupart, amassés sur la place, ne songeaient qu'ù se garantir des projectiles. Jourdan s'efforça vainement de les entraîner. Il vit bien- tôt que toute résistance serait inutile. Mais il était seul, sans état-major, sans officiers d'ordonnance, et il n'osait prescrire la retraite. 11 courut demander à Houchard ses instructions. Le général en chef lui permit d'évacuer Rex- poêde et de reculer sur Bambecque où lui-même allait se retirer avec toutes ses troupes. Jourdan se liMa de re- tourner à Rexpoêde ; mais pendant son absence, si courte qu'elle eût été, les Hanovriens s'étaient rendus maîtres du village, et les nationaux, saisis de panique, fuyaient dans une affreuse confusion sur Oost-Cappel. Dès ses premiers pas, Jourdan reçut à bout portant une décharge de raous- queterie. Il rebroussa chemin sans savoir ce qu'étaient HOXDSCHOOTË devenus ses batiiillons, et gagna Bambecque où déjà se répandait lebruilde sa mort. Freytag était aauvi5. Ses sentinelles l'avaient abandonné dès le commencement de l'action. Il rentra dans la sou. Un sergent-major et cinq soldats vinrent successi- vement s'y cacher. Hais le lieutenant Vondem Busche, fils et aide de camp du général, el l'enseigne Arentschildt s'étaient juré de retrouver Freytag. lis frappèrent à. la porte et reconnurent la voix du maréchal ; ils pénétrèrent en criant aux Français de se rendre : « Ne leur faites pas de mal, dit Freytag, ils m'ont bien traité; mais les autres qui étaient ici auparavant m'ont foulé auspieds, moi, un vieillard ! » Il était las et souffrait de sa blessure. On le coucha sur un caisson et l'emmena à Fumes, Cette affaire de Rexpoede fut décisive. Elle ouvrait aux fi alliés le chemin d'Hondschootequeles Français auraient :' pu lui couper. "Wallmoden avait pris le commandement. ) 11 mit en ordre les colonnes et les conduisit le lendemain iJ matin à, Hondschoole, après avoir fait filer durant la nuit l'artillerie et les bagages. Hais il fallut, pour pousser les canons, débarrasser la route des blessés qui l'obstruaient, et Scharnhorst se souvint toute sa vie des cris déchi- rants qu'il entendit et de la douleur qu'il éprouva lorsqu'il dut jeter dans les fossés ses compatriotes qui respiraient encore. Bouchard, Jourdan, les représentants attendirent le jour à Barabecque dans la plus vive anxiété. Le général en chef, ignorant qu'il avait cédé devant un millier d'hommes, et se croyant en présence de tout un corps d'ar- mée, s'étonnait de n'être pas poursuivi. Le désordre était indescriptible. Les bataillons débandés refluaient dans la direction de Cassel. On essayait de les retenir. Hais les soldats, sûrs de n'être pas reconnus dans les ténèbres, I UONDSCUOOTE SOS 'détalaient aussi vite qu'ils pouvaient à travers la pluie et la boue. Delbrcl, Berthelmy et les officiiirs de l'élat- major passèrent la nuit à courir autour de cette traînée de fuyards. A force d'exhortations et de menaces, ils par- vinrent h rallier la division. Pour la concentrer et la débourrer, la tirer des chemins exécrables où elle patau- - geait depuis plusieurs heures, Houchard recula de Bam- becque sur Herzelle. Telle fut la journée du 6 septembre. Tandis que Du- mesny demeurait oisif à Bailleul,que Landrin faisait une démonstration sur Esquelbecq et Wormhoudt, que Van- darame prenait Reninghelst, que Hédouville et Colaud s'emparaient de Rousbrugge et d'Oost-Cappel, Jourdan et Houchard, après avoir occ upé Bambecque et Rexpoëde. se repliaient sur Herzeele, comme s'ils fiaient vaincus, et, malgré la supériorité du nombre, ils n'avaient pu détruire ou capturer un seul détachement de l'armée d'observation. La journée du 7 septembre n'eut presque aucun résul- tat. Houchard était obligé d'interrompre l'expédition. de débrouiller le chaos de la division du centre qui, après l'avantage de la veille, était confuse et mêlée comme après une défaite, de rendre du cœuràccs troupes novices, si promptes à s'effrayer, si insouciantes, si gas- pilleuses. Il avait prescrit que chaque homme eût des vivres pour quarante-huit heures et cent cinquante car- touches . Dans la matinée du 7, les bataillons de Jourdan n'avaient plus ni pain, ni eau-de-vie, ni muni lions; ils avaient vidé, le jour précédent, leur sac et leur giberne. Hédouville était intact, et, à huit heures du matin, il quittait Oost-Cappel, attaquait l'arrière -garde de Wall- moden qui marchait de Rexpoëde sur Hondschoote. Celle Î06 HONDSCHOOTE arrière-garde formait i'extrôme droUe de l'armée d'ob- servation. Elle était partie trop tard, et Hédouville pou- vait lui fermer le chemin d'Hondschoote, la recogner au nord vers le canal de Furnes. Mais les Hanovriens, animés par le courage du désespoir, réussiront à se frayer un passage, et h rejoindre leurs compatriotes dans l'après-midi. Vandamme fut plus hardi qu'Hédouville II avait passé par Rousbrugge, passé par Rexpoëde où il fit halte pour rassembler ses troupes, puis par West-Cappel. Là, il rencontra le convoi que Wallmoden envoyait h Furnes. 11 l'inquiéta et le harcela, s'empara de plusieurs voi- tures de bagages et d'un détachement de dragons. En- hardi par ce succès, Vandamme poussa surllondschoote, à quatre heures du soir. Un feu de raousquelerie et d'ar- tillerie s'engagea des deux parts. Vandamme assure qu'il était très vif et très soutenu, que balles, biScaïens et boulets tombaient comme gréle, que ses tirailleurs entrèrent néanmoins dans la première rue d'Honds- choote. Mais ce que Vandamme ne dit pas, c'est qu'il recula devant une charge audacieuse des Hanovriens. Fatigué, désireux d'en finir, le général Diepenbroick ordonne soudain à ses bataillons de mettre la baïon- nette au bout du fusil, s'élance sur les républicains et leur enlève trois canons. La nuit venait, et Vandamme ■se retira sur Killem où il fît cuire du pain et tuer des bestiaux pour son avant-garde afi'amée. Le 8, se livra la bataille. Wallmoden pouvait l'éviter ; . mais, sur les ordres de York, il l'accepta. Dans l'après- midi du 1, le général Werneck et le marquis de Bouille l'avaient instamment prié, au nom du duc, de lutter encore, et un régiment hessois, le régiment Erbprinz ou HOHDSCHOOTB 107 dn prince héritier, détaché de l'armée de siège et com- mandé par le général-major Cochenhausen, était venu le renforcer. Le corps d'observation s'établit donc en avant d'Hondschoote. Il appuyait sa droite au canal de Bergues et sa gauche aux jardins du village de Leysele. La ville d'Hondschoote, derrière le centre de la posi- tion, n'était nullement propre à la défense parcequ'elle est ouverte presque de tous côtés. Mais Wallmoden gar- nit d'infanterie et d'artillerie les buttes, les remparts qui tombaient en ruines, les vieilles maisons du dehors et le cimetière. 11 fit construire h la hâte de petites redoutes sur ses deux flancs. Au centre, sur une émi- nence où s'élevait un moulin à vent, il mil une batterie de huit pièces et de quatre obusiers, et^cette batterie dominait le seul chemin que les pluies n'eussent pas dé- foncé, la seule voie praticable aux Français, la chaussée pavée qui mène de Killcm ^ Hondschoote. Toutefois, le terrain, plein de buissons et de bouquets d'arbres qui donnent au pays l'aspect d'un véritable bocage, n'était pas favorable aux coalisés, et les Français furent surpris que l'adversaire n'eût pas élagué les haies qui leur offraient un couvert. En outre, sur ce sol coupé, la cava- lerie ne servait à rien ; aussi "Wallmoden l'avait-il placée en arrière, à droite de la route de Furnes, Bouchard avait fait, la veille, des dispositions d'attaque. Cette fois encore, il commit des fautes. Au lieu d'appeler h lui les divisions d'Hédouville, de Landrin et de Du- mesny,il envoya l'une vers Bergues, l'autre à Dunkerque, et la troisième sur Ypres. Le général d'Hédouville était à Oost-Cappel: Houchard lui enjoignit de se porter aux environs de Bergues, et, s'il ne rencontrait pas d'en- nemi.de s'établir entre Oost-Cappel et Leyselepour par- ticiper h la bataille. Le général Landrin avait, après la nONDIiCHOOTE retraile des Hanovriens, occupé sans coup férir Esquel- becq et Worinhouclt-: il eut mission de renforcer la gar- tiison de Dankeniue. Le général Dumesny. qui rtsstait à . Bailloul sous prétexte qu'il n'avait pas d'ordre écrit, I reçut les mêmes instructions qu'auparavant: il devait f hombarder Ypres et s'en saisir, si l'occasion était pro- I picfl. Bouchard croyait qu'Hédouville reviendrait à [ temps pour jouer son rôle dans l'action, que Landrin ' empêcherait le duc d'York d'envoyer du secours au corps ■ d'observation, et que Dumesny faciliterait les opérations de l'armée française en couvTant sa droite. Il eût bien mieux fait de garder sous sa main ces trois divisions qui grossissaient ses forces et qui l'eussent aidé dans la journée du 8 à cerner Wallmoden et h recueillir tous les avantages de la victoire. Ni Hédouville, ni Landrin, ni Dumesny ne firent rien d'utile. Hédouville arriva trop r tard et n'assista pas à la bataille. Landrin mena très ' mollenient les sorties de la garnison dunkerquoise et laissa deux bataillons hessois se jeter dans Hondschoote. Dumesny échoua piteusement dans son entreprise. Le 8, il poussait sur Ypres après avoir refoulé les tirailleurs qui lui disputaient le village de Vlamertinghe et le soir, à. la faveur des buissons, deux de ses officiers, l'un du génie, l'autre de l'artillerie, reconnaissaient les abords d'Ypres et le corps de la place. Le lendemain, au matin. r . durant cinq heures, trois batteries, l'une de 16 et de 12, I l'autre de 18, la troisième d'obusiers, canonnaient Ypres. La ville était défendue par vingt-quaire pièces et n'avait pour toute garnison que 700 Hanovriens qui manquaient de cartouches, et un bataillon autrichien de Stuart, com- mandé par le colonel de Salis. Mais Dumesny ignorait la faiblesse numérique des assiégés et il crut aux espions qui lui annonçaient faussentcnt que des masses consîdé- UONDSCHOOTE â09 rables venaient de Menin sur sa droite et sa gauche. Dès le 9 septembre, il ordonnait la retraite qui s'ex^'cula à huit heuresdu soir, souslapluieetparlesmauvais chemins. Encore eut-il le chagrin de voir ses troupes se livrer au désordre. Vainement les officiers les sermonnaient en mêlant h leurs remontrances d'énergiques sacredieux. « Le soldat, écrit le commissaire des guerres Chivaille, s'est beaucoup trop occupé du pillage et les chefs n'ont pas toujours été écoutés quand ils ont voulu l'arrêter ; si l'on ne fait pas un exemple éclatant, je ne sais ce que nous deviendrons quand nous entrerons en Bel- gique (1). > Mais, bien que privé des divisions Hédouville, Landrin et Dumesoy, Bouchard avait encore assez de monde pour battre l'adversaire. Le 8, îi trois heures du matin, il ébranlait le centre de l'armée. A neuf , il débouchait au hameau des Cinq-Chemins, h 1.200 mètres environ au sud d'Hondschoote. Il s'étonna que ce poste, qui lui spm- blait de grande importance, ne fût pas défendu, et il interrogea les habitants pour savoir si les alliés occu- paient Uondschoote et combien ils étaient. Les paysans lui répondirent qu'on ignorait le nombre des ennemis, que personne ne pouvait approcher de leur camp, mais qu'ils se trouvaient sûrementà Hondschoole. Gay-Vernon alla reconnaître la position et s'en appro- cha tellement qu'il put compter les bouches à feu (jue renfermaient les batteries. Il revint dire que Wallmoden avait sans doute usé de prudence en n'établissant ai avant-postes, ni défenses extérieures, que ce général craî- 1. Poucart et Finot, II, H3-M6; Schals, 20; relallon d'Arnaudin dé[ioaiUon de Levaaaeur s HédouvIlLo aurait dû se Irourer à Hood- scbaote, et Houcbard l'en avait èlaigaé. > HONDSCHOOTE gnait.l'enlèYement de ses vedettes qui auraientrenseigné les Français, qu'il se tenait sur ses gardes et occupait for- tement lesendroits accessibles, mais que le terrain mon- tait en pente douce vers Hondschoote et que l'armée pousserailfacilemenf jusqu'à cent toises des retranche- ments en se couvrant des haies et des bois. Les rapports de Gay-Vernon ne sufflsaient pas à Mou- chard. 11 (il lui aussi sa reconnaissance, et ti la vue du sol coupé d'arbres, de broussailles et de fossés, à la vue des canons et des redoutes, il déclara que l'altaque serait très difficile. Il aurait dû tourner la gauche des Hano- vriens qui n'avait d'autre appui quele village de Leysele. L'aspect imposant de cette aile où Wallmoden avait posté une partie de sa grosse artillerie, l'abusa. Il résolut de diriger ses efforts sur la ligne entière et, comme avait fait Dumouriez à Jemappes, de l'attaquer vivement sur tous les points. Colaud devait combattre à la droite et marcher entre Killemet Beveren.Jourdanaborderait le centre et empor- teroit la chaussée de Killem. A gauche, Leclair, sorti de Bergues, suivrait la rive du canal, se joindrait h Van- damme qui flanquait la gaucbe de Jourdan, et de concert avec lui, enfoncerait la droite des coalisés, 21,000 Frau-" çais s'avançaient contre 13.000 Anglo-Hanovriens ; mais Wallmoden, ne pouvant se servir de sa cavalerie, ne dis- posait en réalité que de 9.000 fantassins. Dix canons furent amenés au centre, en tête de la co- lonne de Jourdan, et tonnèrent contrelabatterie que Wall- moden avait installée en avant d'Hondschoote. Le feu de l'artillerie française était habilement dirigé. Quelques canonniers hanovriens furent blessés, non seulement par les boulets, mais par les éclats de bois que les projectiles , enlevaient des maisons voisines et jetaient dans les bat- HOKDSCHOOTIi SU 1. Toutefois Houchard ne lançait pas encore l'infan- terie. Il attendait que la colonne de Colaud, guidée par Berthelmy, eût atteint l'emplacement qu'il lui avait assigné. Mais cette colonne fit un grand circuit et deus heures se passèrent avant quelle fût en ligne. Le cen- tre trépignait d'impatience, Bientôt des enfants perdus sortirent des rangs et engagèrent ta fusillade. Houchard les laissa faire ; puis, voyant qu'ils se repliaient, déta- cha plusieurs centaines de tirailleurs. A leur tour, ces tirailleurs n'eurent pas l'avantage. La colonne de Jourdan, émue par leur reculade, émue aussi par le canon qu'elle essuyait h demi-portée, se mangeait le sang. En vain Del- brei remontrait à Houchard qu'il était dangereux de garder immobile sous le feu une troupe qui brûlait du désir de combattre, que les choses s'aggravaient, que l'action qui paraissait de petite const^quence, prônait de considérables proportions. En vain il disait que la mous- queterie retentissait des deux côtés, que les divisions de droite et de gauche assaillaient les avant-postes ennemis, qu'il ne fallait pas différer l'attaque. Houchard n'osait prescrire un mouvement UéciHif. Delbrel, entendant des murmures et voulant donner aux soldats l'exemple du courage passif, alla se metlre à. la tète delà colonne, entre deux canons, et resta là, s'exposant au péril, bravant la mort avec crônerie, offrant par son panache tricolore et par le cheval blanc qu'il montait un pointde nâire aux artilleurs hanovriens. Mais enfin la divisoun'y tient plus; elle ne saurait durer en place ; de son propre chef, elle se précipite, frémissante. Presque tous les bataillons se débandent et s'éparpillent en tirailleurs. Rien ne peut d'abord résister à leur élan. Ils se servent avec adresse, pour se couvrir, des fossés, des haies, des buissons. Ils enlèvent des épaulemeots; ils approchent peu à peu des HONDSCIIOOTE Hanovriens déployés en longues lignes, et, malgré les salves do petoton qui les accueillent, menacent le flanc gauche de la position. Wallmoilen, inquiet, fait avancer une partie de son in- fanterie. Le géniSralmajor de Cochenhausen était posté à quelque.^ centaines de pas à j^auclie d'Hondschootc avec le premier Lutaillon du régiment Erbprinz et deux com- pagnies de Brentano 11 eut ordre de so jeter au-devant des tirailleurs républicains et de les refouler. Cochen- faauscn marcha aur-le-champ.et ces huit compagnies qui s'ébranlaient gravement et avec un calme imperturbable, mirent en déroute le centre de l'armée française. De toutes parts les nationaux étaient en fuite. Le péril gem- bia si grand que Houchard réunit les drapeaux et les en- voya sur les derrières sous la garde d'un bataillon. Exaspéré, Delbrel reprochait au général ses tergiver- sations. Houchard, embarrassé, répondait que l'affaire était très chaude, qu'il ne croj-ait pas l'adversaire aussi fort, et au bout dequelfiues minutes, lâcha le mot de re- traite. Le représentant éclaUi : il déclara que l'armée ne reculerait pas ; qu'elle était trop engagée pour se re- tirer; qu'on avait tout à craindre d'un mouvement rétro- grade; que les troupes, pour la plupart de récente levée, ne pourraient pas se replier lentement et sans confusion; que le signal de la retraite serait le signal du iauoe çtà peut ; bref, concluait Delbrel, il fallait pousser en avant; l'attaque était l'unique ressource, le seul espoir de saint qui restait ; pourquoi ne pas se fier k la valeur et k l'im- pétuosité des Français 7 Levasseur et Jourdan l'approu- vèrent. Houchard céda. Trois bataillons avaient gardé leurs rangs et ne s'étaient pas encore dispersés, comme les autres- Il appela cette demi- brigade pour arrêter la marche victorieuse de Cochenhausen. 11 pria Jourdan fp UONDSCHOOTE ÏIS de rallier sa division aussi bien que possible et de tenter un nouvel assaut. 11 dépécha un officiera la division de gauche qui devrait fondre vigoureusement sur l'ennemi lorsqu'elle entendrait battre la charge au centre. II re- commanda pareillement A Jourdan de n'attaquer que lorsque la charge battrait à la droite. Lui-même courut à cette droite pour lui donner l'impulsion. Le représen- tant Levasscur l'accompagnait . Delbrcl restait avec Jourdan à la division du centre. Tous deux calculaient que Houchard était depuis long- temps à la division de droite, et ils attendaient fébrile- ment le signal de l'attaque générale. Mais la charge ne battait pas. Les troupes ralliées par Jourdan ainsi que les trois bataillons de réserve, s'étaient élancées de re- chef en tirailleurs et, après avoir gagné du terrain, pliaient pour la seconde fois sous le feu des compagnies de Cochenhausen qui ne cessaient d'avancer, fermes et flegmatiques, malgré les obstacles du sol. Jourdan et Del- brel s'efforcent Inutilement de retenir et de ramener les fuyards. Bientûtils se trouvent seuls en avant delà ligne française. Ils n'avaient pas néanmoins perdu courage et ils agitaient les moyens de rallier une troisième fois la division du centre et d'opérer une troisième attaque. Jourdan proposa de battre la charge sans plus attendre, de faire donner le bataillon qui gardait les drapeaux etde se servir de la cavalerie qui demeurait inactive pour arrêter les fugitifs et les pousser au combat. « Que le ba- taillon qui garde les drapeaux, disait-il, débouche au pas de charge et forme une léte de colonne qui impose aux tirailleurs ennemis; nos fuyards, rassurés, reviendront à nous ; la colonne ira se grossissant comme une boule de neige, et, si nous battons la charge, la division de gauche nous secondera. » Delbrel applaudit k cet avis. Hais le HONDSCHOOTE général ajoutait qu'il avait les bras liés par les ordres dt Bouchard; on lui avait commandé de ne rien entreprendre au centre avant que la droite eût commeocé l'attaque ; s'il échouait, on imputerait le revers à. sa désobéissance. Delbrel se déternaina sur-le-champ ; quel que fut l'évé- nement, il croyait bien faire et voulait, dans cet instant critique.se dévouer au salut de l'armée. « Vouscraignez la responsabilité, dit-il avec vivacité à Jourdan bien je prends tout sur moi et je vous donne l'ordre for- mel d'attaquer aussitôt; mon autorité prime celle du gé- néral en chef, et vous ne pouvez balancer. » Puis, se radoucissant : « Vous m'avez mis dans la TOUS parler en supérieur ; je vais maintenant agir en subordonné : je serai l'aide de camp, l'adjudant qui vous manque. » Il courut chercher la cavalerie e.t la mit aux trousses des fuyards. 11 amena le bataillon qui gardait les drapeaux. Mais il ne trouva plus Jourdan à l'endroit où il l'avait laissé : le général, légèrement blessé par un boulet qui lui effleura la poitrine, avait dû se retirer. Tout semblait désespéré, et Houchard avoue que le combat devenait toujours plus rude. L'infanterie de Cochenbausen n'avait pas interrompu sa marche lente et menaçante. La batterie qui ripostait k la batterie du moulin d'Hondschoote allait être compromise. Les canonniers ne savaient que faire : s'ils ne bougeaient pas, leurs pièces tomberaient peut-être aux mains de l'en- nemi, et, s'ils rétrogradaient, ils décidaient la défaite ; quelle est l'infanterie qui ne se dissipe pas lorsqu'elle voit la retraite de son artillerie 7 Par bonheur, la charge- se fit entendre dans ce moment à la droite. On la battit au centre. On la battit à la gauche. Les carmagnoles s'élancèrent de nouveau, la baïonnette au bout du fusiL Delbrel les menait, et les soldats, s'animant tes uns lesi UONDSCROOTE 3 1 S autres par les cris de Vive la Nation, Vive la République, suivaient avec enthousiasme le plumet du conven- tionnel. Ils se jetèrent dans un large fossé dont les bords étaient couverts d'une haie épaisse. Ils criblèrent de balles la colonne de Cochenhausen ijui s'arrôta brusque- ment. A cet instant revenait Houchard, le sabre au poing, en tête d'un superbe régiment de cavalerie, le 17° qu'il avait tenu jusqu'alors en réserve et qui comp- tait plus de cinq cents chevaux. Le régiment arrive au grand trot et se déploie dans le meilleur ordre. Il fond sur le flanc des compagnies autrichiennes de Brcntano, il l'enfonce et fait prisonniers le colonel de Wolf ainsi qu'une centaine d'hommes, il entoure à droite et à gauche le 1" bataillon du régiment Erbprinz. Ce choc rétablit tout; l'artillerie française reprend cœur; les bataillons épars se reforment derrière elle. La colonne de Cochenhausen se retire dans les jardins d'Hond- schooteen laissant sur le terrain une quantité de tués et de blessés, une pièce de canon qui n'a plus de servants, et l'intrépide Cochenhausen à qui un coup de mitraille a fracassé les deux jambes. Kt pourtant, les Austro-Hes- sois ne se rebutèrent pas. Ils se rallièrent, et de nouveau le 1" bataillon Erbprinz et les deux compagnies autri- chiennes, renforcés de deux autres compagnies de Bren- tano, réapprovisionnés, pourvus de poudre et de balles, se portèrent à la rencontre des Français. Le 1" bataillon Erbprinz reconquit la pièce de canon qu'il avait perdue. Mais la masse des républicains ne cessait de grossir; la ligne des alliés mollissait, tléchissait peu h peu; les nationaux se montraient sur la chaussée de Killem en nombreux essaims, les uns poussant de grands cris, les autres chantant la Marseillaise ou la Carmagnole. Wail- moden avait mis au débouché de cette chaussée tous ses HOWDSCHOOTË bataillons de grenadiers hanovriens et en arriÈre, prô! de la batterie qui balayait la route, te 2" bataillon du régiment Erbprinz. Les grenadiers n'avaient plus de munitions. Sur l'ordre de Wallmoden, le 2* bataillott Erbprinz, encore frais et intact, quitta la batterie & laquelle il servait de soutien et vint sur lu première ligne relever les grenadiers. 11 fit feu, puis, à la voix son chef, le major Mallet, marclia baïonnette baissé* sur les tirailleurs français qui ne discontinuaient pi d'avancer, et leur arracha des prisonniers le major de Dilring. Les grenadiers hanovriens le bataillon Erbprinz, et, cette fois encore, les rép* blicains reculèrent. Hais ce fut le terme des vaillante efforts des alliés. Quatre heures d'un combat persislaaj les avaient épuisés, et b ien que le parc de réserve les efti ravitaillés ù. divers intervalles, ils avaient consomn^ toutes leurs cartouches. A midi, la gauclie de la grande batterie qui couvrait Hondschoote, était emportée pai ebataillon des grenadiers nationaux du Pas de-Cal aîS qui pénétraient au cœur de la position en môme tempt que les gendarmes de Paris et les chasseurs du Moat« Cassel qui formaient l'avant-garde de la division (" gauche, Les deux colonnes de droite et de gauche s'étaient i effet ébranlées, comme celle du centre. \ la droite, Colai reçut une blessure grave et Levasseur eut son cheval tiH sous lui. Un autre général, le Belfortain la cuisse traversée par un coup de feu (1). Une redoutl 1. François- Xavier Meo^aud, ne à BelTort le 9 avril IISS, était !& d'un svocït au psrlemenl d'AIsnce. Au sortir du i^ollàge, il entra U gardes du corps du comle d' Artois. Il rcviol k Beirorlen ITSl.Elu,! uotpbrc ns9, commnodBnb d'un corps de volonlsiras k choval, t en janvier suivaDl, colonel des deux corps de la ^rde Dstioiiili dépulé en cette qualllé aux rédfrations à Ddle, à Straal>oiu'g | UONDSCnOOTE î)7 fut prise deux fois par les républicains et reprise deux fois par les Hanovriens. Cette division, livrée à elle- à Paris, procureur syndic de U commune, jaife au tribunn! ttu liMricI, il prËsIdsit le club île Beirort lors de la < dëiertion • de Louia XV[ et proDonga k cctlu occnsjoii \m discours propre à inspirer l'iiorreur de la royiuté. Elu ca^itaiue de grenadiers, et le lendemain, clief du 2* balaillon dei voloala-res du Hiut-Rbin, il fit les campâmes de l'armée du Rhin juaciu'.iu 14 aoiU 1793. Appelé & l'arriiSe du Nord aTBO la 38' brigado, il fut nommé ï Arraa e.het do celle brig'ade pai' lO! représentants Elie Lacasta, Peyssard et Delbrel, eu remplacement du cllo;eu Feretle desUtué. Mais, au menai instant, le colonel Saiot- Laureul arrlrait, avec aa brevet du Conseil exècuUr, pour prendre lu commande ment de la brigade. Mengaud, ■> culbuté ■ de cetlie place, et déjà pourvu d'un successeur au S" bataillon des volontaires du Haul-Rhin, perdait ses deux emplois en buit jours et se trouvait, comme il dit, dans une inquiélanle position. Mais les repréacntants lai orJonnÈreal d'eiercer les fondions de général de brigade, el ce Tul en cette quaillé qu'il coranaada ï lierzeeie et ï Hondschoolc. Transiorté kUassel après sa blcsiure, Mengaud y reijut une lettre ûa Conseil exécutif qui le nommait générd de division par arrêté du 25 septembre. Mengaud Tut ravi: ■ Un être bicnfalBant, Ecrivait-Il, protë^^e tes patriotes ; le Coosell a bien trouvé te moyen de me coDiOler; je n'aurai pas t'bumilialiou de voir un oFlider de ligne (Saint-Laurent] me prendre ma pince; je ta quitte pour devenir ion chef. • Mais sa joie ae mBlall de surprise ; il n'avait pas eu, avant d'Être divisionnaire, le bre.et de brigadier, et il se deman<1ait s'il était général de brigade ou général de divisl i3. Revenu à BeKorl lorsqu'il entra en ooovalesreace, U reçut une leUre datée du 30 juillet qui le iioramait général de brigade : ■ J'^ appris, marquai t-11 à Audouin que j'étais général divisionnùre avant de savoir que j'Étais porté au crade de général de brigade ; cela te prouve l'eiaetltude qui règne dans les postes, * Le ministre lui demandait des pièces; Mongaud répondît qu'il n'avait rien; les généraux aous lesquels il avait servi, étaient guillotinés ou des^tués: ■ Custine ne vit plus; Bouchard peut- être l'a suivi; Munnler est arrêté ê Strasbourg; Neuvinger est prUon- nier; je ne sais où est La Farelle, > Nommé au mois de germinal an II ï l'armée du Rbin qu'il oe put rejoindre i cauae de sa bloaaure, réformé, puis remis en acUvilé et cbargé du comuinndemeot de la 6< diviilon mQîiaire k Besancon (9 Ihermidor an Vil) , employé k larmée d'Italie (8 décembre l'î99} et (jammnndant ï Tortone (4 juillet 1800), réformé de nouveau {22 aoit ISOO), aoua-pré'et de BeKort du 25 janvier 18(6 au !2 août 1814, Mengaud mourut daai sa ville uataie te 30 décembre 1S30 (A. G.). HONDSCHOOTE même, ne fit pas de très grands progrès et une pailsj seult-'iiient entra dans Hondschoote fi la fin de la lutte; Hais l'attaiiiiede la aolonne de gauche fut vigoureuse, La division d'Hédouvîlle oe donna pas. Ce générd, comme on pouvait s'y attendre, chemina prËs de la moitié du jour sur la route de Bcrgues sans voir l'e» nemi, et lorsqu'il se raLattit vers Hondschoote oti groDi dait la canonnade, l'action était terminée. Vandamme éi surtout Leclaire firent ce qu'Hédouville aurait dû faire; Leclaire était sorti de Bergoea avec 3.000 hommes, seloi son instruction, et, longeant le canal, poussait droit su) Hondschoote. Après avoir refoulé derrière la petite Moëre un détachement qui gardait Warhem et qui n'op-'^ posa qu'une faible résistance, il arriva à une redoute,' Cette redoute, construite en avant du port d'Uond-; schoote, derrière une flaque d'eau, et armée de deux' canons, protégeait la droite des alliés. Les volontaires ■ de l'Orne, qui marchaient au premier rang, eurent peuf et se sauvèrent. Le 2i" de ligne, autrefois firie, et le| gendarmes à pied de Paris vinrent à la rescousse. Mal les bataillons hanovriens de Diepenbroick tenaient fermi et sur plusieurs points chargèrent l'assaillant k la baïon; nette. Le 3" bataillon de grenadiers enleva môme deui canons. Enfin, la bravoure des soldais du 24° et de ott gendarmes de Paris qui passaient pour le corpa le plui indiscipliné de l'armi^e, eut le dessus. Ils traversent Ij flaque d'eau où ils eafoncent par instants jusqu'à ii poitrine, ils atteignent la redoute, ils l'escaladeat ^ montant sur les épaules les uns des autres et en faisan des échelons avec leurs sabres et leurs baïonnettes qu'il) fichent dans le talus. La redoute tut prise. Pressé sur son flanc droit et craignant que les Fraa< çais ne vinssent envelopper son flanc gauche, lui coupa UONDSCHOOTE 119 la foute de Fumés et le rejeter dans la grande Moëre, Wallmodea prescrivit la retraite. Elle se fiL en deux colonnes. Le 2° bataillon du régiment Erbprinz défendit le débouclié de la chaussée de Killem, puis les avenuea d'Hondschoote jusqu'à ce que toute l'armée eût gagné les deux cbemins qui mènent k Furnes, Tun par Bula- camp, l'autre par Hogesstade. On combattit encore au milieu de lii ville, sur la place, au grand corps de garde et dans les maisons environnantes. La résistance des Hessois et des Hanovriens élait opiniâtre, et suspendit quelque temps la poursuite. Le capitaine d'ai-tiilerie Seharnhorst se signala par sa valeur et son sang-froid. Il sauva deux canons en appelant h lui quatre officiers dont le général Diepenbroick, eu ralliant autour des pièces quatre cents hommes d'infanterie, en couvrant d'un feu de mitraille les premiers républicains qui s'ap- prochaient, en repoussant par trois fois les tirailleurs qui le prenaient de flanc. Il ne s'éloigna que lorsque le reste du corps d'observation eut quitté Hondschoote : il emmenait, pour ne pas laisser ce trophée dans les mains du vainqueur, une pièce d'artillerie dont l'avant-train était brisé, el, s'il dut abandonner les blessés, le doux et généreux capitaine qui s'était fait jurer pur les siens de ne jamais l'oublier sur le champ de bataille, mit du moins sur son cheval un pauvre Hauovrien gravement atteint et incapable de marcher. A trois heures du soir, expiraient les derniers bruits de cette sanglante journée (1). Les colonnes françaises entraient, chacune de leur côté, dans Hondschoote. Les rues et la place se remplissaient de soldats, Delbrel r îiO HOSDSCHOOTË prévit la confusion qui résulterait de cet amonceliemi de troupes en un même endroit. L'armée eut ordre d< traverser la ville sans s'arrêter et de se porter au dehoras sur le chemin de Furnos. Le général en chef avait prii les devants. 11 était en deçà d'Hondschoote avec quatri cauonset les bataillons qu'Hédouville s'était enfin décidé mais trop lard, â conduire sur le lieu du combat. Li 2' régiment de hussards et un bataillon d'iniantcrii pourchassèrent l'ennenni; ils ne dépassèrent pas Hou them 011 Walimoden avait rompu le pont. Houchard aurait pu fermer la route aux alliés et leM donner le coup de grâce s'il avait poussé hardiment s{ pointe et marché sur Furnea sans balancer. Son cImj d'état-major, Berthelmy, n'avait-il pas promis de jeta les Anglais dans la mer ? Ne disait-il pas h la ConventioQj en annonçant la victoire d'Hondschoote, que, si le siègi n'était pas levé, les Anglais le paieraient cher, « qu'il< seraient obligés de mettre bas les armes, sans quoi ita seraient hachés ou mourraient d'eau salée 7 » En couraol A Furnes dès le soir du 8 septembre, les Français refoii! laient sur Thourout les débris du corps d'observation el barraient à l'armée de siège la seule voie qui lui restait Il est vrai que l'entreprise présentait quelques risques 1 il fallait franchir trois canaux; il fallait accabler Wallri moden ; il fallait s'étendre de Furnes à la mer et attaquei le duc d'York qui se battrait peut-être en désespéré. Mais, si les Hanovriens de Walimoden avaient Aé* ployé toute la bravoure dont les forces humaines soni capables, et, comme dit Dohna, s'ils n'abandonnaient Iç champ de bataille qu'après la résistance la plus obstiné^ et ne cédaient qu'à la terrible supériorité du nombrej leur retraite s'était exécutée dans un désordre inexpri HONDSCHOOTE ÏÏ1 mable. Sur 9.000 hommes d'inÈniterie, 83 officiers et 2.500 soldats étaient tués, blessés ou prisonniers (1). Des bataillons perdaient la moitié de leur monde, et le régi- ment Erbprinz, le dernier qui frtl resté dans Hond- schoote, plus du sixième de son effectif. Les survivants, découragés, harassés, manquant de nourriture et de mûfiitions, se traînaient avec peine sur les chemins. Les généraux, les aides de camp, le chef d'état-major n'avaient pas dormi depuis deux nuits. Scharnhorst con- fesse que l'armée de Wallmoden, pressée vigoureuse- ment, courait un péril immense: « Une nouvelle ba- taille, écrit-il, aurait eu des suites extrêmement tristes, et si les républicains avaient toujours menacé notre flanc gauche, même s'ils n'avaient engagé qu'une canon- nade, nous aurions abandonné Fumes, Dixmude, Nieu- port, pour nous retirer sur Thouroul. » Avec un peu de diligence et d'audace, Houchard refoulait donc Wall- moden jusqu'aux portes de Brugues et enlevait comme d'un tour de main la Flandre occidentale. En celte occa- sion, conclut gaiement Scharnhorst, *. les Français ont été plus amis qu'ennemis ». Quant au duc d'York, les coalisés avouent que sa situation était critique. L'Annuat lieghtei- de 1793 assure que Bouchard ne sut pas saisir le moment et ne fit pas son devoir, qu'il aurait pris le duc d'York, s'il avait voulu. Les bulletins anglais rapportent que la plus grande confusion régnait dans le camp du prince, que les sol- dats voyaient avec inquiétude briller sur un terrain de 1. Cocbenhiuien prisonnier mourut deux joura après la batalUei c'eat le général hesiols que Vandimnie lit enterrer arec los lionneura de lu guerre (Du Catse, I, S3}; cf. Doboa III, 332 ; et Lehiuann, Sc/iurnliaral, 1, 124. HOSDSCHÛOTE plusieurs milles le long du canal de Fumes les feux des Franijais; on crai^ait très sérieusement, disent-ils, que Houchard n'eiU rid(5e de passer la grande Moère dans les endroits où elle était praticable, de forcer le pont de Chyvelde et de couper ainsi l'armée de siège en deux tronçons. L'émigré Arnaudin, attaché à l'élat-major de York, reconnaît que si les républicuins avaient brusque- ment traversé la grande Moëre qui, dans la partie du nord, offrait un passage très facile, ils auraient empêché la jonction de York et de Wallmoden, et que le duc, cerné de toutes parts, n'aurait eu d'autre ressource que de se faire jour baïonnette baissée ou de capituler, « Remercions, s'écrie un Hessois, remercions la Provi- dence que les talents de Houchard n'aient pas égalé ceux de Turenne, de Marlborough, d"Eugène ou de Frédéric II; que n'aurait pas souffert l'armée combinée! » Mais Houchard était satisfait de ses avantages: l'al^ taque d'Hondscboote avait réussi, et cette lulte qui lui inspirait les plus vives alarmes, se convertissait, disait- il, en une victoire de la plus grande conséquence. Il voyait les Anglo-Hanovriens en déroute ; il voyait Dunkerque débloqué, débarrassé des « soldais de la tyrannie », Les vœux de ta natiou n'éfaient-ils pas rem- plis? Les alliés, en fuyant, épargnaient à l'armée répu- blicaine l'a peine d'un second combat et laisseraient en sa possession leurs magasins et leurs bouches à feu. Que de beaux et glorieux résultats ! Pourquoi les compro- mettre? Carnot ne lui recommandait-il pas d'éviter une action décisive pour peu qu'elle fût douteuse ? Les représentants n'étaient pas du même avis. Delbrel et Levasseur pensaient que Houchard aurait dû marcher sur Fumes. Delbrel ne dit rien. Il avait, quelques in- Blants auparavant, au forl de la bataille et dans l'immi- HONDSCHOOTE ÎÎS nence d'un désastre, donné des ordres impérieux; mais il déclarait volontiers qu'il n'avait pas de connaissances militaires, qu'il n'était que le premier soldat de l'armée el qu'il ne traverserait jamais les desseins des généraux qui sont seuls responsables de leurs opérations et doi- vent concevoirlrbrement leurs plans. Levasseur fut plus hardi, plus tranchant. H proposa de mener les vain- queurs d'Hondschoote sur la chaussée de Furnes pour couper la retraite à l'Anglais. Bouchard lui répliqua qu'il n'avait pas assez de monde et Gay-Vernon, ap- puyant Houchard, affirma que les chemins étaient impra- ticables et qu'on ne pourrait y conduire le canon, qu'on devait tout craindre de troupes indisciplinées et que, si l'on essuyait un revers, on perdrait l'artillerie, qu'ilvalaîl mieux attendre au lendemain pour prendre parti, t Si les chemins, s'écria Levasseur, sont mauvais pour nous, ils le sont aussi pour les alliés, et où passe leur artil- lerie, passera bien la nôtre ! »■ Mais Bouchard et Gay- Vernon persistèrent dans leur opinion. < Vous n'êtes pas militaire, » répétait Bouchard au représentant. 11 ajou- lait que ses bataillons étaient extrêmement fatigués, qu'ils avaient besoin de quelques heures pour manger et se reposer, qu'ils feraient, en se portant sur Furnes, une de ces marches de nuit qui sont si dangereuses, et il rappelait Rexpoëde et la douloureuse expérience de l'avant-veille. Berthetmy l'approuvait sur ce point. « La nuit approche, remarquait-il, et l'affaire de Rex- poëde a montré que les combats de nuit ne conviennent pas aux républicains; en de telles occasions, le courage agit moins que le silence, et, dans l'obscurité, les Fran- çais ne savent s'abstenir de bruit, ni serrer leurs rangs. » Pourtant, le chef d'état-major voulait qu'on fît quelque chose; il fallait, selon lui, essayer de gagner Furnes et J HONDSCUOOTB pourchasser les vaincus; la chaussée é lait baignée d'eau, et deux caDOns suffisaient à en di'ifendre l'accès; mais [luisque les ennemis s'engageaient sur cette chaussée, on pouvait les y suivre ; on en serait quitte pour se retirer si l'on trouvait des obstacles insui'montables. Bouchard se fâcha : « Vous êtes trop jeune, répondit-il à Ber- Ihelmy.pourm'apprendrc àfaire la guerre. «Cependant. il alla reconnaître avec Gay-Vernon les bords de la grande Moëre. On lui conseilla d'envoyer de l'autre côté un corps de 4.001) cavaliers et chasseurs k pied qui serait commandé par Vandamme, et Gay-Vernon assure qu'il lui dit vhigt fois miile pour une : « Jetez-vous sur le flanc des Anglais, faites passer la Moëre b un corps de cavalerie qui aura de l'infanterie en croupe; c'est le seul moyen d'écraser le ducd'York. » Le général hésitait. La circonstance était importante, et, dans de pareils mo- ments, il ne donnait un ordre que si les commissaires de la Convention l'autorisaient ou le soutenaient de leur présence, et, par malheur, Delbrel et Levasseur, restés à Hondschoote où ils débrouillaient le pêle-mêle des bataillons, ne se trouvèrent pas là pour flxer son âme incertaine et lui imposer la résolution qu'il n'osait pren- dre. Comme à son ordinaire. Mouchard tâtonna. 11 ques~ tionna les gens du pays : il recueillit des renseignement» divers et contradictoires ; les uns attestaient que la tri- versée était facile; d'autres, qu'elle serait très malaisée parce que lagrandeMoére avait grossi depuis deux jours. Finalement, Houchard, craignant de perdre ce qu'il avait de cavalerie, adopta un demi-moyen : il chargea Van-- damme de passer la Moëre avec soixante cuirassiers (IJ [ HOSDSCHOOTE ÎÎB Telle fut la bataille d'Hondschoote qui dura trois jours, le 6, le 7 et lo 8 septembre. Il est peut-être utile de ramasser, de résumer les observations qu'elle a «léjà suggérées dans ses diverses phases au cours du récit. Le mouvement qui la commença et qui porta l'armée fran- çaise sur l'Yser fut habile, mais décousu, sans suite, sans cohérence, et les attaques particulières ordonnées par le général en chef furent conduites avec lenteur et irrésolution. Bouchard aurait dû jeter fa masse de ses troupes sur Herzeele et Bambecque, marcher aussitôt sur Hûudschoote. prendre à revers la ligne des détache- ments épars de Freytag. Au contraire, il fractionna ses forces, forma de petits corps séparés, et n'obtint pas sur le point essentiel un succès décisif. Uaitre d'Herzeele et de Bambecque, il se dirigea sur Rexpoëde, au lieu de pousser sans retard sur Oost-Cappel oii il rejoignait Hédouville, et de là sur Hondschoote pour couper la retraite de Freytag au seul endroit où elle pouvait s'opérer. Maître de Rexpoëde, il devait faire des disposi- tions pour s'y maintenir, et s'il avait gardé solidement le village et usé de toutes les précautions, il aurait arrêté Wallmoden : il n'ignorait pas que l'ennemi cher- cherait à ressaisir Rexpoëde et à s'ouvrir la route in- dispensable d'Hondschoote. Il passa le 7 septembre à remettre son armée en ordre. Mais pourquoi ne profitait- il pas de cette journée pour reconnaître le poste où nalioDales, iu 1er l'osa loi re de Houcbuvi (atnsl que son mémoire du 29 sept, A. G.) el de nBy-Vefnon; mém, àe Berihelmy. Î3 fnmdre (st Bulletin de la Soi^fli de la Corriit, I, 5^^ déposition de Levas- BBur. Le témolgaaBe du repri^ieolant concorde aaiez avec In pasaagB corresiuiiiilaat de ses Mémoires. Le mot, emprunté aux Mémoires, vous n'Sles pas mililairo », doit être ïraJ; Levasscur m^mble l'aïoir sur le cieur, et de \à vint son acbamemeat contre tloucbard. 13. HONDiiCHOOTE s'était installé Wallmoden '? Pourquoi envoyait-il Hédou- \ ville sur Bergues dans une direction ofi, selon toute t_ Traisemblance, ou re trouverait plus l'adversaire? N'est- I il pas évident que, si Hédoaville s'était établi le lende- Emain, dans la matinée, entre Oost-Cnppel et Leysele, il (aurait pu déborder la gauche des Hanovriens, leur B tomber sur le dos, intercepter leurs communications ? I Et pourquoi Houchard détachait-il Landrin sur Dun- kewiue? Pourquoi s'affniblissait-il? Avail^il à craindre [•pour ses derrières? Était-il si nécessaire d'observer, de t «omprimer le duc d'York ? La garnison de Dunkerque ne Lsaffleail-elle pas à cette tàclie? Et n'était-ce pas sur • Hondschoote et sur le chemin de Furnes qu'il fallait ■asséner le grand coup? Enlin, le 8 septembre, pourquoi JBouchard, prenant le taureau par les cornes, tournait-il KSOD' principal effort sur le centre des alliés qu'il ne F réussit k enfoncer et à rompre qu'après U'ois attaques? (.Pourquoi s'obstinait-ilàemporter la chaussée de Killem? pourquoi oe fondait-il pas sur la gauclie dos Hanovriens jpour la précipiter dans lesMoëres? Kn manauvrantdela es aurait-il pas anéantis? Et, s'il marchait rapidement sur Furnes, navait-il pas chance de de- e duc d'York et de le faire passer sous les four- '«hes eaudines ? On objectera qu'il eût été impossible de poursuivre Wallmoden et d'accabler York tout ensemble. Mais l'armée française était deux fois supérieure en nombre à celle des Anglo-Hanovriens et animée de l'ardeur de la victoire. Houchard n'avait qu'à pousser le ■corps d'observation, à le canonner, à le refouler; après avoir achevé Wallmoden, il occupait Furnes et barrait sues au duc d'York. Il a donc commis des fautes, non un crime, comme disaient plus lard les représentants, et, après tout, il a délivré Dunkerque. HOSDSCH OOTIÎ Qu'on l'ait blâmé, destitué, soil. : il ne méritait pas l'éehafaud (1). Houchard, parlant de ces trois jours d'engagements qu'on peut nommer l'expédition d'Hondschoote, écrivait qu'une chose ^ faisait ombre au tableau > ; la confusion épouvantable qui avait lieu dans toutes les actions. Une quantité de mauvais soldats quittaient leurs rangs pour s'enfuir à travers les haies et se cacher dans les fossés, et il fallait mettre de la cavalerie sur les chemins afin d'arrêter ces déserteurs; encore n'arrivait-on pas k les ramener tous au combat. Cependant, Houchard avouait qu'à Hondschoote, celle fois-ci, les troupes avaient été assez bien disciplinées. Il louait l'artillerie et la cavale- rie : l'artillerie avait donné des preuves de la plus grande intrépidité; la cavalerie s'était distinguée par son obéis- sance et son amour du bon ordre. Bref, concluait-il dans son rapport, « les carmagnoles ont bien mérité de la pa- trie, et il n'y a rien de tel ipie les vrais sans-culottes » (2). La bataille était en effet honorable pour l'armée fran- çaise. Elle marquait un progrès dans sa façon de combati- tre. Dès le début de la guerre, et comme d'instinct, l'in- fanterie avait reconnu qu'elle ne saurait lutter avec profil qu'en se dispersant. Hondschoote raffermît dans cette croyance. On avait vu des soldats en guenilles abrités i. Voir surloul le mémoire ite Boisdeffre. 2. Mém. tle Houchard (H septembre). Le \1 ïepLombve, la Conven- tion détrflHlt que l'arm^B du Nord avail bien mérilé de la patrie, et elle cliargvait son pri^sidoDl d'écrire une lettre de satisraction aui citoyens de Berfnies et de Dunkerque, à l'armée du Nord, et sdi généraux Jourdan et Colaad ■ grièvement bles^ég après avoir con- tribué k la victoire. » Elle accorda à la oommune d'Hondscbooto une Indemnité qui s'éleva, d'nprèa le procts-verbal de véparUllon du Zi nivflae un III, à 379.730 livres (Foucarl et Finot, II, 132). ••■1 pas < UONDSCHOOTE derrière des buissons, décimer les beaux bataillons qui leur faisaient face et qui n'étaient pas à couvert. Que pouvaient contre ces innombrables fusiliers, légers. alertes, si prompts à se dérober, si prompt-^ à reparaître, I la constance héroïque des coalisés, leur incessant feu de f peloton, le long développement de leurs lignes, leur marche imposante mais un peu lourde, trop conforme aux règlements, dépour\'ue de cette vivacité, de cette impétuosité, de cette fougue agressive qni ne laisse pas d'ébranler le cœur des plus braves? Timides d'abord, hésitants, inquiets, les fantassins de la République allaient être audacieux et téméraires. Hondschoote est une des premières affaires idù se montrent ces grandes ' bandes, ces fourmilières de tirailleurs qui, par la multi- plicité de leurs feux, par la hardiesse et la rapidité de leurs mouvements, devaient déconcerter, ruiner la vieille i tactique. Les généraux français, dit un vaincu d'Hond- I schoote, s'efforçaient déjà d'organiser le désordre (1). En réalité, ce succès ne changea presque rien dans la situation. Hais l'impression morale qu'il produisit, fui immense. Il inaugurait une nouvelle période de glorieux 1. Diirurth.I, lZ3;Kne3ebeck, 13Z;Calvert, 19^. On Iganre la perle de» FniD;nl9. Mais on anit cincUimotit que dans les trois jmimëea du 6, du 7 et du 8 aepKfmbre, le 2° bataillon du 67» régimenl dforaii- terle eut ]0 tués, \2i bleasfa, 3î disparua. et le Z' balsillon des Voa^ea 7 tués et 45 blessia (Foucart elFioot 11, 117-119;. CJn des bataiUoDa qui se distlngu^rsDl le plus particuliâremenl, fut le b" des volontaires de ia Somme. Un soldat dia ce bataillon, Modeale Di^eou, vint porter ï U Convention deux drappaui que ses camarndoa avaient pria. • Le de la Somme, écrivail Berthelmy, avùt perdu son drapeau et ie« lona dana une surprise de l'ecincm! (ft Ooit-Cippel), il a réparj loris h ValTaire d'Hondacboato et racbelê par son coui-age la IkulD (^u'on avait à lui reprocber > (Bertbelmy k Boucbotte, 18 aepL A. G:\ Ud décret de la Coiiventlon,du £7 septembre, accorda un dra- I peau h qne rencontra le duo d'York. - Retard» de la flou.. — Lta carcassi res. — SorllE!! dos 6,7 et S Le général Pascal de Itère nveyer ou, ainsi quon l'appe- lait simplement, le général Pascal, commandait Uuaker- quedepuisle commencement delà guerre, llavait soixante- quatre ans, el son âge, son extérieur peu imposant, sa bonhomie, sa minutie, sa circonspection faisaient croire qu'il manquait d'énergie. Mais s'il était vétilleux el vou- lait tout écrire et tout copier lui-même, s'il craignait de se compromettre et dennandait sans cesse l'autorisa- tion des représentants, il était encore vert, actif, coura- geux, patriote; il désirait sincèrement discipliner sa gar- nison, s'efforçait de réprimer l'insubordination des volontaires et des gendarmes; « en cas d'attaque, disait- DUNKERQdE S } 1 il, une partie se dispersera dans les jardins' touffuB qiii m'environnent. » Le 24 avril 1793, le comraodore John Cléments parais- sait devant Dunkerque avec une escadre, et sommait Kerenveyer de capituler; il venait, assurait-il, offrir aux habitants la protection d'une grande puissance jusqii'à ce (|ue leur constitution fiilétablie sur des bases solides. Kerenveyer répondit qu'il n'écouterait jamais aucune proposition déshonorante pour lenomft'ançais, et il pria le Commodore de ne pas perdre son temps à un com- merce de lettres qui deviendrait fastidieux, et serait du moins illégal. « Faites-moi l'honneur de m'attaquer, ajoutait-il, j'aurai celui de vous riposter militairement; c'est ainsi que se terminent les discussions entre gens de notre robe. » Cléments vépli Thugal pria Mercy d'ernpficlier qu'une nouvelle sommation M fit au nom et pour le rompto de la cour de Loadrea : • 11 me sembla,' ^crlvail-il, contre le véritslile intérôt de l'Angleterre de se mettre ett< posi'p^aioD d'une parUe de la terre Terme de ce cQlé, el notre cour a(i< pourrait voir avec aatiaraction ilaos lea Paya-Saa ua nouveau at puL»' Le 24, eut lieu le combat le plus mémorable du siège, York avait résolu de chasser l'ennemi de Rosendaël, L'endroit offrait de grandes ressources à la d(^fense. 11 renfermait des maisons solidement conslruites et une quantité de potagers et de vergers entourés soit de murs soit de haies épaisses et de larges .fossés. L'avant-garde au stro- anglaise, commandée pai' le fetd-maréchal lieu- tenant comte d'Alton, et composée de troupes légères, d'un bataillonStarraj et de i£uatre bataillons anglais, dnt prendre les maisons l'une après l'autre, et d'ailleurs d'Alton avait eu tort d'attaquer par petits paquets et de morceler son monde. Enfin, à neuf heures du matin, pendant que la lutte flottait en.core indécise, d'Alton fut renforcé par les deux bataillons de grenadiers hessois Eschwege et 'Wurmb, Il emporta Rosendaël. Mais O'Meara et le Conseil de guerre avaient Justement décidé de faire une sortie pour refouler les Anglais aussi loin que pos- sible et donner le temps aux charpentiers de la marine de couper les arbres qui offusquaient les remparts. Le colonel du 5° chasseurs, La Noue, promu récemment chef de brigade, se mita la têt^ de 1.500 grenadiers des différents corps qui devaient s'avancer, les uns à travers les jardins, les autres sur la chaussée pavée de Rosendaël. Les compagnies que menait La Noué, ne s'ébranlèrent qu'avec peine et en rechignant, lorsqu'il eut pris les de- vants avec quelques-uns de ses chasseurs. Elles débou- chaient à l'instant où d'Alton arrivait au glacis. Excitées, enlevées par La Noue, elles assaillirent impétueusement les Hessois. D'Alton était descendu de cheval et l'épée au poing, essayait par l'exemple et la parole d'entraîner ses Mtil TOÎain. »(BBCOurt; Corresp. entre Mirabeau el La Murck, III, 435-436 el Thûrheim, Bricfe, 133.) H0ND8CH00TE Boldats et de brusquer le dénouement de l'affaire. H tomlja, frappé k mort par uu coup du milraillu. Les Ues- Bois évacuèrent Rosendaêl. Mais La Noue quitta sa co- lonne pour diriger une autre colonne de i.OOO hommes et fondre sur le liane droit des assiégeants. Le lieutenant général de Wurnib secourut les Hessois avec les régi- ments Prince Charles et Kospolh. Les compagnies de grenadiers qui tenaient Rosendaêl, lâchèrent pied. Le '- lieutenant-colonel a qui La Souè" avait délégué le com- mandement, tenta vainement de les rallier; elles lais- sèrent trois canons dans le village et regagnèrent en [ désordre le chemin couvert après avoir eu 7 tu6s et ) 110 blessés (1). La perte du jeune ot chevaleresque d'Alton fut unani- \ mement déplorée dans le camp austro -anglais qui la ju- , geait irréparable. Mais l'échec de la garnison était grave. ' Les alliés vinrent hardiment l'insulter en s'abritant der- ' rière les clôlares des jardins et les haies les plus voisines ' du [glacis. Ils déterminèrent leur ligne de ci rconva dation •à droite et à gauche du canal de Fumes Ils firent des retranchements et poussèrent avec activité les travaux de la première parallèle qu'ils tracèrent à 250 toises de la place. Ils tirèrent d'une frégate échouée près de Nieu- I port 30 canons de fer. lis reçurent des pièces de marine ' d'un gros calibre. Ils établirent peu à peu, dans les der- niers jours du mois d'août, libatteries, 7 sur chaque rive du canal; celles de droite enfdaient les routes qui sillon- nent Hoseudaêl, et deux d'entre elles étaient construites 1. Dilturth, 07-lOÏ;SoholB, 13; Sichiirt,2ô4-2&);C:alvert, HO elHa ; Hoyer'3 Magaitin, 11,5, p. 28-29; relation d'Aroaudin; O'Meara à BoueboUe, 25 août {\. G.); FoucaplelFinot H.'ÎO. LesalUés avslent 13 oinoieri et 351 liommes borâ de combat. DONII.ERQDE sur des dunes élevées qui se prolongeaient vers l'Estran; celles de gauche balayaient le terrain entre le canal et Téteghem. Enfin, ils annonçaient la prochaine arrivt^e d'une flolte qui bombarderait la ville {!). Dunkerque tremblait. « Le port, écrivait le commis- saire Toustain à Bouc hotte, court le plus grand danger d'être incendié, et la ville, dont les magasins sont pleins de matières combustibles, sera bientôt consumée. » Aux craintes et aux alarmes s'ajoutait la discorde. Le Conseil de guerre semblait sans énergie ;ilavouait que Dunkerqiie n'était pas en état de résister; il ne parlait que de la fai- blesse de la place, de la lenteur des secours et de la supé- riorité des ennemis; pour ne pas être responsable de la reddition qu'il présageait, il invitait les municipaux et les administrateurs du dislrictài'* aider de leurs lu- mières » et à participer aux délibérations. Le peuple se plaignait de l'indiscipline des soldaUs et de la mollesse des officiers; il assurait que la garnison était travaillée par des malveillants et que O'Meara, LaNout et l'ingé- nieur Farconet étaient des hommes corrompus; il de- mandait qu'un représentant vint déjouer les manœuvres du parti anglais. La municipalité se joignait aux habi- tants pour déplorer l'insubordination des bataillons et leurs excès de tout genre qui n'étaient pas réprimés parce qu'il n'y avait pas à Dunkerque de tribunal militaire. Elle prétendait que Bergues accaparait les ressources de la défense, et elle reprochait aux administrateurs du district de favoriser cette ville, parce qu'elle était chef- lieu, aux dépens de Dunkerque qui se voyait depuis longtemps « le plastron de petites rivalités ». Elle accu- sait d'inertie le Conseil de guerre et ordonnait de l.'Ditturlh, 102-105; Sicharl, 265-267. battre à HONOaCHOOTE la génOraic sans avertir O'Meara. Elle prolégeait ouver- tement l'nfljiidant-géiK^Piil Grj-sperre f[ue le Conseil de goiTre refusait d'employer. Elle blàmail le Conseil de guerre de faire une infinité de dispositions inattendues et d'exiger de la cité le paiement de tous les frais. Elle envovciiL.Ie 24 août, deux députés aux commissaires de la ConvenLion etàHouchard pour leur remontrer la situation critique as Dunkoniue et leur dire que la place n'avait que de trt's mauvaises tortifications; qu'elle serait probable- ment emportée de vive force la nuit suivante si l'on n'y mettait incontinent des troupes; ([ue Bergues, sa forte- resse, était presque totalement cerné; que les membres du Conseil de guerre avaient peut-élre de bonnes inten- tions, mais que plusieurs et notamment O'Meara ne pa- raissaient pas avoir les connaissances nécessaires. Elle sommait, le 27 août, le Conseil de guerre de déclarer sur- le-champ, positivement et par écril, s'il disposait de moyens suffisants pour conserver Dunicerque à la îlépu- blique r les préparatifs de l'adversaire annonçaient une attaque imminente; les renforts n'arrivaient pas; Me Con- seil de guerre allait-il prendre, dans cette fâcheuse con- joncture, de grandes mesures de salut, et s'il ne pouvait les prendre, la conscience, le devoir, les serments n'obli- geaient-ils pas la municipalité de dépêchera Paris des délégués qui solliciteraient de la Convention une assis- tance indispensable (1)? i. Touitain k Bouchotle, 27 août; Leblond à .GuiTroy, 28 août (Cf. B\ir ce Leibiond d'abord rnailier, puis ofllcier b.u i" bitiilloa du Pas- Ae-CalaU, puis aide de camp de Carrion, le Rougy/f, a'' 15 et 5t); DescbampB i BoQchoiïc , 9 sppt.; Houchurd ï B'iiichoUe, S6 Hot^t; U municipalilé do Dunkerijue aui représentaals, 24 soûl; lettres de» admiiiiatrateurâ du district de Beryues et du Conaeil de g-uerre, 25 aoûl; Foucart et Flnot, II, 61, 68, 69, 71, 12, 7S-19, 82. 1 Les Dunkerquois eurenl satisfaction. O'Meara qu'ils suspectaient, était de toutes parts taxé de tiédeur et d'in- civisme. Kilmaine, qui l'uvait nommé, assurait qu'il con- naissait parfaitement la cdte ainsi que la population de Duakerque. de Saint-Omer et de Calais, et qu'il saurait découvrir les agents de Ptlt qui foisonnaient dans la région. Mais le chirurgien Dauvers écrivait au Comité que cet O'Meara avait, suivant un bruit qui courait à Lille, trois frères émigrés. Berthelmy le dénonçait aux représentants ; il l'avait pratiqué en Alsace : O'Meara, disait-il, ne fréquentait ft Colmar que les aristocrates; lorsque les voloulaires du Doubs couraient aux armes, sans prendre ses ordres, pour châtier l'assemblée des électeurs qui brûlait le drapeau tricolore, O'Meara mena- çait de licencier le bataillon; lorsque tous les corps de l'avant-garde de l'armée du Rliin s'engageaient à ne plu» faire de quartier aux Prussiens qui avaient, croyait-on» massacré le 4" des Vosges, O'Meara etles officiersde son bataillon, le 6° d'infanterie légère, refusaient de signer l'adresse. D'autres accusaient O'Meara de brutalité, d'ineptie et de lâcheté : dans la nuit du 25 août, il acca- blait d'injures des volontaires qui déchargeaient leur fusil sur l'assiégeant, leur criait grossièrement qu'ils tiraient après la lune, qu'ils ne tuaient que des gre- nouilles, et, comme un officier objectait que, si l'on ne tirait pas, les ennemis entreraient dans les retranche- ments, O'Meara le mettait au cachot et pai-lait de l'exé- cuter militairement (1). i. KllmïiQB h Booctiotte, 10 août; Dauvorn bu Comilc,12 soûl; I3er- llielmy k ChMe», Sî août; Delforlerie, offloiar du I"'' du Piis-de- CalaU, i Lehland, 26 boiII (A. G.); ef- uqb lettre ndreasée le 21 août du camp de Ghyveide au Rougyff [n" 19) où l'on demande des sans- culotWs pour conduire la garniaun et dénoace O'Meai'a comme un ci- I DONDSCHOOTE O'Meara fut suspendu. Le commandant temporaire, Bour(<, (ut remplacé par Hudry, chef de bataillon de la 31" divisiun de gendarmerie. La Noue, que le représen- tant Duquesnoy traitait d'aristocrate, fut arrêté. Le directeur de l'artillerie, Hennet de Lambresson, eut ordre de se rendre à Saint-Omer. Le directeur du génie, le capitaine Farconet, échappa pour cette fois; mais il fut, après le siège, envoyé, comme Hennet, à Saint-Omer, puis incarcéré à Arras (i). dflvaiil, un j... f..,.. ■ dans la force de touloa les expressions • Thomaa O'Meara,, corote de Baajie, iiè le 4 aoùi 1750 i Ûunkergua, o&det itu ré^inienl de Clare, depuis l'êgiment de Bemick — où son pèra avait aervi trenle-sii ans — (4 février 1758), som-lieulenant au régiment de Roscomon, depuis régiment de Walah (16 avril 1767), lieutenant ea premier (13 juillet 1771), qultUi sons prétexte d'affaires de famille et pour aller en Irlande oii aea parents l'accueillireal mal, et en réalité pour chercher fortune en AllemagTie{2î avril 1774), revint en France et fut sucl^essiveIneat lieutenant au dépfit des recrues de 111e de Ré (& décembre 1775), capitaine aide-major dans les volon- tajrei de Nassau (décembre IISS), et après avoir été réforraé (15 BOilt 1779), capital ne- commandant au corps da Nassau-Siegen. plus tard Montréal (t6 août 177Ë), caplla.i(ie au baUtUlotl des chaaieurd eanlabrea, plus lard le 5° d'infanterie légère (tl) juin 17S8), lUulenant- colonel au fi" balnilloo d'Infanterie légère (6 novembre 1791}, général de brigade (30 juin 1793). Suspendu le 35 août 1793, il se retirait K vingt lieues des fr^nllËres et nvaii dû a'arrSler i Amiens pour loigncr sa santé ébranlée par la lièvre, l.e représentant Dumool, averti de son séjour, le fit mettre en prison. Mais O'Meara protesta qu'il av.iit eu toujours une conduite irréprochable et — comme lit Maodonild — qu'il n'était ni noble, ni étranger, puisqu'il était ai i Dunkerque d'un père irlandais, proscrit et fils de fermier. Le Zi septembre, ordre était donné à Dumont de relâcher son prisonnier. Pourtant O'Meara oe fut que la 13 déetmbre 1794 relevé de su auspen- alon et autorisé i prendre sa retraite. Réinlégi'é (6 mai 1795), admis an tralirment de réforDie (i!) déc, 17%), et nommé comomadant d'armes k Duiil;eri[ue (10 novembre 1807), il eut sa retraite déliniUve le Emars ISIâ et mourut à Orléans le 19 avrmBI9. 1. Voirsiir Hennet le Carnol de Charavay, 11, 253 et sur Farconet iii., 122. Le successeur de Hennel arriva le 5 septembre au maUo (Poucarl etFinol 11,69). fiouchotte voulait déjfi,pendant le siège, rem- DUNKBnQUli Ï41 Souham succédait à 0'Mea.ra. Ce Corrézien qui mesu- rait six pieds, avait servi pendant quatre ans dans le 8* régiment de cavalerie. li tlait gendarme à Lubersac, et sa stature, qui le lit appeler le « géant Goliath > , son caractère violent, un duel célèbre où le futur giron- din Chambon lui donna trois coups d'épée, et quelques autres aventures l'avaient mis en renom dans son dépar- lement. En 1791, les gardes nationaux et les gendarmes de LubtTsac visitaient le château pour enlever les armes ; le propriétaire, M. Brachct, maréchal -dc-camp et ancien officier des gardes de Louis XV, refusa de livrer son épée : « C'est mon épée de Fontcnoy, s'écriait-il, et vous ne l'aurez qu'avec ma vie. » — « Et avec la mienne, » répondit Souham qui tira son sabre et vint se placer à côté de M. de Drachel, comme pour lui faire un rempart de sa haute taille. Souham, élu lieutenant- colonel du 1" bataillon des volontaires de la Corrèze, se distingua dans les premiers combats de l'armée duNord, surtout à Raismes, et les ag-ents du ministre, Celliez et Varin, vantaient ses connaissances militaires et son républicanisme prononcé, le jugeaient digne de remplir placer Farcooet; le 30 août, il proposait àHuucliariJ, Casimir pDitevIn, le futur UeuleDant-Kénéral et barou de Maui'cQlui, doul on diduU du bien, quoique sorti de l'tcole do MêiiÈres, el Houcliird, qui ïit Poi- tevin, Je jugeait plein d'inli'Uig-ence et de bravoure. (Houc)mrd »a Comité, 29 août, et HouchoUe i Houctiard, 30 loùt A. G.) La Nuuë fut Is victime de Duquesnoy. Dëa le 11 août, Duqiiesnoy el Le Bas écrivaient que La Noue, en Taisant publier dans le camp de Caesel que les aoldala d'inraolerie pouvaient entrer dana son 5° l'ëgiuient de cbaaaeurs à cheval, avait * inapirë de graves soupçons >. Durant OQze mois, La Noua Tut déicnu k Bëlhune. Il devait être plus tard inspecteur aux revues. < Je fus, dil-il dana un Etal de acrvicei, cbargë à Dunkerqiie par le ComeM de guerre de commander toutes les sorties; j'allai tous les *oira aux avaut-poates dea ennemis pour re^oa- naître leurs mouvements et présumer lea opérations du lendem&in BOIUUCHOM-E. 14 KONDSCUOOTE les fonctions d'adjudttnt-gênéral : t II n'a, disaient-ils, d'autre défaut «jue d'èlre bègue. » Bouchotte le nomma général de brigade. Bt-rthelmy l'envoya à Dunkt-niue : Souliain, affirmait-il, montrait dès les commencements de la Kévolution un chaud patriotisme et unissait une grande ardeur à sa helle tournure militaire. « Souham, lui écrivit-il dans le style du temps, la devise du 1" de la Corrèze sera la vôtre ; poi nt de quartier pour les tyrans ; point de capitulation ! H ne faut pas survivre à la honte ; on meurt alors un million.de fois, -du sang et toujours du sangl » Il ajoutait ijue Souham ne devait se rendre sous aucun prétexte, qu'il s'agissait, non pas de faire de savantes dispositions, mais d'avoir du nerf, d'acquérir la confiance des habitants, d'encourager la garnison et de rappeler aux troupes qu'elles combattaient pour la liberté. Que Souham tienne à "tout prix; qu'il tienne absolument huit jours encore! «Nous marchons à votre secours, concluait Berthelmy, vous ne tarderez pas à entendre notre canon, et quand vous l'entendrez ronfler, il faudra redoubler d'audace, et, de concert avec nous, tomber sur l'ennemi à corps perdu (1) ! » i. Sellhao, Les bntaïlloii' de nalotitaires de laCori^:», 92-93; Ifil- 103;Celliei et Varin à Bouchotte, 26 jaUleiel 1" «oiU; Berlhelmj k Hoche el i. Souham, S3, 27, 30 noùt (A. G. et A. (J. W, 296), à Jour- dan (31 août A. a.). Soulmm était oé ïe 30 avril (700 à Lubapsac. Il fut cavalier au 8" régiment de cavalerie, alors cuirasiiers du Roi, du 17 mars ITSS k 1786. Ëtu lieutcn an I- colonel an secouil des voloo- . tairea de la Carrbïe (15 Boiltl792), puis lieulenauL-calonel ea premier (19 septembre 1792), il fut pro^u çéiéral de brigade le 30 j uillel 4793 et eéaémX de dtnslon le 13 seplombre suivant. Un an avait buFII h l'ancien soldat de la monarcbie pour ■ élever aux premiers irradea de l'armée, et il db devait pas mouler plus haut. La plupart des couleni- porains écrivent son nom soit Stiam, aoit Souhanl et même SoiiS' hamps (ortliogpaplie qui aous montre comment il se prononçait i l'Époilue révolutionnaire). Il est certain qu'il dut son grade de divi- DUNKERQUE 3 4 3 Le 26 août, Souham arrivait iDunkerque et seprésen tait sur-lu-champ au Conseil général de la commune. Le maire Emmery lui déclara que les soldats se livraient à l'indiscipline et négligeaient le service, que la municipa- lité comptait sur la fermeté du nouveau commandant pour les ramener à leur devoir. Souham rétablit la police. 11 fit une proclamation. Il menaça de punir les discours séditienx'qui se tenaient dans la ville, et pro- posa le sana-culotte Jean-Bart à l'imitaLion des Dunker- quois. 11 créa une commission militaire, et ordonna que les sentences de ce tribunal seraient exécutées deux heures après avoir été prononcées. La municipalité témoigna sa gratitude à Souham, loua les mesures vigou- reuses qu'il avait prises, le proclama son libérateur : ?ouham, disait-elle, voulait le bien, le bon ordre, et ven^t sauver Dunkerque des fureurs de l'ennemi (1). Mais t^ouham avait montré, dans une lettre au Comité de salut public, un peu d'inquiétude. On lisait dans sa proclamation que les Anglais allaient bimtôl pfut-être attaquer les murs de Dunkerque et que les personnes, autres que les membres du Conseil de guerre, qui parle- raient de reddition, seraient punies de mort. Enfin, il avait assuré, dans une conversation, que Dunkerque tien- drait seulement cinq jours. Le Comité décida de remer- cier quiconque ne voudrait pas répondre de Dunkerque. 'G a Dit ([lie m oy. {Qt. la lettre du 15 septembre 1793 écrite par Duc;iieinoy et autrei au Comilë et le Résuiné expositif de la conduite de Carrion, p. 11.) 1. Poiicart et Finol, 11. 7<). S3 ; proclamalioa de Souham, l<'''âept.; Houcbard au ComUé, 29 août [\. G.) Û'Mearaet leConaeil du guerre relUEèreat il'abord da recoanalti'c Saubam, pu-ce que aa nominalioa était signée par Berthelmy, et non par Bouchard ou par Boucholte. Mais sur ces entrefaites O'Ueara était snapendu par le minisire. Iter- Ihelmy lu somma siu-'lc-ebanip de quitter la plaoe. J I Le ministre écrivit que Souliam n'était pas assez fort et assez ferme, rjue l'homme qui oommand.iit une place de la République devait être un pur républicain, inac- cessible h la crainte, résolu de périr plutôt que de capi- tuler. Vainement Bouchard objecta que tiouliam n'était nullement disposé à porter aux Anglais les clefs de la ville, qu'il avait répété le dire des officiers du génie qui raisonnaient mathématiquement et d'après les calculs des anciennes guerres de roi à roi, qu'il n'aurait pas tenu ce lanjrage s'il avait eu plus d'expérience et plus de moyens défi.'nBif3. Souham fui suspendu (1). Lu population protesta. Souham, marquait-on à Paris, « n.ous a paru un vrai républicain et sa suspension nous a fait une peine sensible. » Lorsque le 2 septembre, au matin, il annonça, dans le Conseil général de la com- mune, qu'il avait ordre de quitter la ville, les municipaux déclarèrent qu'il avait en sept jours exécuté des choses qui donnaient de sa capacité l'opinion la plus favorable, qu'il avait restauré la discipline militaire et mis tout en œuvre pour encourager les habitants, qu'il possédait la confiance de Dunkerque et que le Conseil général le regardait comme un bon et loyal oflicier. Duquesnoy plaida chaleureusement pour lui, affirma son civisme et ses talents. Le 6 septembre, le Comité de salut public arrêtait que Souham reprendrait provisoirement le com- mandement de Dunkerque et, une semaine plus tard, Bouchotte le nommait général de division (2). , Le successeur intérimaire de Souham se présenta le 5 septembre devantia municipalité dunkerquoise. C'était 1. Buueliotte à Berlliclmy et i Ilouchnrd, 30 aoi"it el 3 sept. ; Bou- chard i Doudiotlc, 5 aepl., (A. G.)i mot de Barère, 11 sept, {tlon, du 13], 2. Uebchamps k Boucliolle, 9 sept. (A.G.); Fouoarl etFinol, 11,87. DDNKEByrE H» Jacques Ferrand qu'il ne faut pas confondre avec Henri Becays-Furrand qui défendit Valenciennes. Il ne com-- manda que jusqu'au 11 septembre; mais il assista à la lovée du siège, et la municipalité lui rendit le même témoignage qu'à Souham, loua son patriotisme et ses soins, attesta qu'il avait tout fait pour maintenir la dis- cipline et qu'il manifestait le zèle le plus ardent. Fer- rand, disait un agent de Comité, < est bon et ne paraît pas capable de trahir (1). » Des commissaires de la Convention vinrent animer la population. Ce furent d'abord Collombel, Duquesnoy et Hentz qui s'enquirent de la situation le 30 et le 31 août. Ils accordèrent aux paysans réfugiés dans la ville un secours de 300.000 livres et envoyèrent aux prisons d'Arras tons les Anglais et autres gens dont les princes étaient en guerre avec la République. « Nous avons, écri- vait Hentz, épouvanté les traîtres et chassé environ 200 prisonniers, tant étrangers qu'extrêmement sus- pects (2). > Puis, arrivèrent, chargés d'une mission spé- ciale, les deux représentants Trullard et Berlier. Ils infor- mèrent leurs collègues près Tarmée du Nord des besoins de la place et mandèrent au Comité que la garnison de Dunkerque manquait d'habits, de chemises, de souliere. Us établirent un Comité de surveillance qui traqua les 1. Foncart et Finot, II, 89, ia3. On retrouvera Ferrand dans la vnlume suivant; il sviit commandé le camp de Casael et mérité l'èlo^e de Duipiesnoy et de Le lias. Cf. Deachampa a BouctioUe, 9 sept (A. G.}. 2. Lelli-c de lleolz, Tsept. {Mon. du iO); Foucart et Finul, II, 88. FoTBter, passant à Dunkerque, trois ans auparavant, notait qu'a y avait dans la ville des maisons de commerce anglaises, tpie le plu» riche comptoir appartenait à In famille irlandaise O'Conolly, , républicain m depuis le lOaont.poussé dans l'armée • par les crénturea de I.LBfayelle *. C'est i cet épiiude que se rapportant les leltrca du 18 et l'du 30 septembre à la Société populaire de Dnnkerciue (Rousaelln, II, I Wl.) Cf. la dénonniation de Hudry, iS sept, et la réponae de Hoche Ia.o.) 1 la Hotte anglaise mouillait à trois quarts de lieue et que les gens de la ville lui faisaient des signaux, s'étaient insurgés et avaient quitté leur station pour regagner le port. Incontinent, en un style franc et courageux, — c'est lui-même qui le caractérise ainsi, — il leur adressait une proclamation, les menaçait d'user de tous les moyens que la loi mettait en son pouvoir, les priait d'entendre la voix de la patrie et de songer à leurs femmes et à leurs enfants, à la République qu'ils avaient juré de mainte- nir, à la gloire que leurs pères avaient acquise en défen- dant Dunkerque : « N'étes-vous pas disposés à faire pour votre liberté ce que vos pères firent pour un tyran? N'écoutez pas les malveillants; reprenez au plus tôt le poste de l'honneur que vous avez quitté; comptez sur la prudence du chef qui vous commande; vous n'avez rien à craindre. Et de quel œil vous verraient vos frères d'armes qui, jour et nuit, font le coup de fusil, si tous entreprenez de vous déshonorer I » 11 sentait que la gar- nison avait besoin de la population, et il tâchait de « patriotiser » les habitants. Il exhortait les citoyens à seconder les soldats et à ne pas soufifrir que Dunkerque devînt un autre Valencieunes. Il excitait la Société popu- laire qui s'était dissoute, A rouvrir ses séances et à ravi- ver l'esprit public. 11 déclarait que Souham incendierait Dunkerque plutôt que de capituler et que, si la garde nationale exigeait la reddition, il tournerait contre elle les canons destinés à combattre les traîtres comme les tyrans. « Malgré notre faiblesse, disait-il fièrement à J Xavier Audouin, nous tiendrons bon, je vous assure, et [ je crois pouvoir vous répondre de la conservation ( cette importante place à, la République; on nous promet I des secours prompts etpuissanls; et, tardassent-ils quinze ] jours à arriver, dans l'élat où, ix force de travail,.. DTINKERQUE ÎO place se trouve acluellement, on peut les attendre (1). » Aussi, après le siège, Hoche veçut-il de toutes parts des compliments et des éloges. Souham. appelé au camp de la Madeleine, ne voulait d'autre second que lloche qui lui inspirait la plus entière confiancepar ses lumières et sa capacité. Le commissaire du Comité, Doschamps, vantiiit son intrépidité et le vigueur, l'agitité de son esprit : Hoche, êcrivait-il, « a été constamment sur pied pour rétablir l'ordre, » Le Conseil général do lu com- mune attestait que Hoche avait déployé l'activité la plus louable et montré dans ses rapports avec l'administra- tion municipale des connaissances précieuses et le vif désir d'opérer le bien, qu'il était fi tous égards un boa militaire et un excellent citoyen, que mention honorable serait faite de sa conduite civique. Les représentants Trullard et Berlier témoignaient non seulement de ses sentiments de patriotisme, mais des services éclatants qu'il avait rendus; ils déclaraient que Hoche s'était com- porté avec une bravoure et une intelligence rares ; ils le nommaient chef de brigade et requéraient le général Gigaux d'adjoindre à l'état-major du camp retrauché de Leffrinkhoucke le combattant de Dunkerque, Mais le ministre fut plus généreux encore que les représentants ; le 13 septembre, deuxjours avant que Berlier et Trullard eussent promu Hoche chef de brigade, Bouchotte lui con- féraitle grade de général. Le nom de Hoche reste attaché désormais à la défense de Dunkerque. Par une Je ces erreurs qui sont des vérités, ce n'est ni O'Heara ni :;ou- ham ni Jacques Ferrand, c'est Hoche que les mémoires 1. D;a Bruilyd il Ihter, 2 soût. et ordre Ha 16 juin i Kilmaiao ï Bou- choUe. 7 aoiU; Banhelmy ï BouchoUe, 27 aoùl et à Souham !3 août (A. G. et A. N. VV. B96) ; Romaelin. II, 2-7 et 10; cf. sur Irts débuU du géiiéral Uoche el la tuile pour l'Alsace. À S5 HONDSCHOOTE contemporains et les livres d'histoire citent le plus sou- vent comme le gouverneur de la place, et il l'était, en rlFel, par les qualités dont il fit preuve et par l'ascendant qu'il prit sur son entourage. Dès le siège de Dunkerque» il se dessine dans sa mâle grandeur, ardent et opiniâtre tout ensemble, f«'»cond en ressources, évidemment né pour commander, électrisant la troupe, maîtrisant les esprits par la crainte et par de chaudes harangues, obtenant en quelques jours d'importants et imprévus résultats (i). L'arrivée de Hoche marqua le terme des succès de York. Tout semblait se conjurer contre les alliés, et Tin- <|uiétude commençait à les saisir. Ils discernaient trop tard que les 37.000 hommes qui devaient à la fois assié- ger Dunker([uc, observer Bergues et couvrir la Flandre entre Ypres et Menin, avaient une besogne malaisée, «prils ne sauraient subir sur tous les points le choc d'une armée de déhloquement, qu'ils auraient dû, pour atta- quer Dunkerque avec des chances sérieuses, s'emparer ;nq)aravant d\\rmenlièro.s,de Cassel et de Bergues, et bar- rer chaque issue. Dès la nuit du ^3 au 24 août, les Dun- Kerquois avaient ouvert les écluses de la mer, et les eaux, s'inlroduisant par larrière-port et coulant à pleine voie, moulant de cinq ;\ six pieds dans le canal de Bergues, conduilcs entre le fort Louis et le pont de Steendam par dos ci>upures pratiquées dans les digues, avaient inondé la couirée sur les derrières de Dunkerque. La place n'était ipi a demi investie : assaillie à l'est, elle restait libre à l'ouest, conservait ses communications avec !. IV>oh;\mps A nouchottc, 9 sept.; arrôîé de Trullard et de Ber- llor, ir» ot IS sept.; décision du Conseil général de Dunkergne !l> î*opt. ; Souham à Joiirdan, 14 oct. (A. G.) ; lettre des représentants \>«opt. [Mon, du la). Dim&EnQL'E î 5 1 l'intérieur, recevait de Bergues, de Gravelines, do Sainl- Omer, de Calais des secours de toute sorte. Pas une nuit où les Anglais n'entendissent distinctement le bruit des caissons et des fourgons de munitions qui entraient dans Duukerque. Si du moins York avait hâté son .atta([ucl Hais la situation de son camp était très défavorable. Le pays, complètement épuisé, manquait de toutes choses. Pas même d'eau potable : il n'y avait dans les canaux et la plupart des fossés que de l'eau de mer; celle des puits élait trouble et nauséabonde; on fut obligé d'aller quérir au loin des tonneaux d'eau douce. Il avait fallu, non sans peine, combler les rigoles et fendre avec le sabre les broussailles et les haies dont le sol était cou- vert. On ouvrit la tranchée; mais dans le sable mouvant qui composait le terrain, on trouvait l'eau à deux pieds de la surface. On éleva des retranchements; mais on n'avait pas d'ingénieurs et l'on dut promettre une solde extraordinaire à tous les hommes de l'armée qui possé- daient des connaissances dans l'art de la fortification. Pas de fascines : on s'a\"isa tardivenaent d'abattre de petits arbres pour façonner des gabions, et les lignes, dit un Hessois, étaient les plus méchantes, les plus misé- rables qu'on put voir, incapables de protéger les troupes contre de la mitraille tirée de près. On voulut faire venir (les matériaux par le canal de Fumes ; mais les assiégés coupèrent les eaux dont le canal s'alimentait, et mirent presque à sec la partie navigable; York fut contraint de recourir au roulage ; ses convois n'arrivèrent plus que par une seule et mauvaise route, celle de Furnes. Bnfln, sur le front sud de la place, les Dunkerquois tendirent si bien l'inondation que les flots bordèrent l'aile gauche du camp anglais, et Ils haussèreut tellement en certains HON DBCnOOTE endroits qu'une nappe profonde se forma devant lu bat- terie n°0; la communication directe de York avec Freyiag était comme interceptée: lorsque Cochenhausen inar- chîi le 7 septembre avec le régiment Erbprinz sur Hond- schoote, il dut passer par Furnes, La ville reçut donc à peine quelques projectiles qui ne causèrent pas le moindre dégSt. « Les ennemis, écrivait Hoche le l" sep- tembre, ne nous ont point encore envoyé une bombe ni an boulet, et ce n'est qu« fort lentement qu'ils conti- nuent leurs travaux, » York n'avait plus d'espoir que dans la Hotte qui bom- barderait Dunkerque. Mais vainement ses aides tie camp interrogeaient l'horizon; vainement ses commissaires «ngageaient déjà les pilotes qui conduiraient les vais- seaux dans les ports de Nieuport et d'Ostende. La flotte n'appareilla que le 7 septembre et n'entra que le !l à Nienport. Ce retard du gouvernement britannique excita l'indifînution des assiégeants et la surprise de leurs alliés. On ne manqua pas de l'allribuer à des causes politiques, Le bruit courut que l'armement naval était depuis long- temps prêt à Porismouth, mais que le duc de RichmonJ, grand maître de l'ordonnance ou de l'artillerie, et l'ami- ral Macbride, chef de l'expédition, tous deux membres de l'opposition et adversaires politiques du duc d'York, avaient è, dessein différé le départ des bâtiments. Uais Macbride ne venait-il pas en personne le 30 août iiii eamp de York pour s'entendre avec son Altesse Royale? N vaut mieux croire, comme dit r,4»intta/ JicgUter.i quelque extraordinaire négligence administrative. Quoi qu'il en soit, au lieu de leur flotte, les Anglais virent sou- dain huit « carcassiêres » françaîsesouchaloupea canon- nières, commandées par le lieutenant Castagnier. s'em- bosser dans la rade, tout à fait à l'est. De U, Castagnier DUNKEllQUË î»ï prenait en écharpe l'aile droite des coalisés; de là, n empêchait le passage deleui-s détachements de cavalerie qui, filant sur l'Estran, auraient coupé la retraite aux tirailleurs de la place ; de là, il inquiétait nuit et jour les postes ennemis, et les Anglais avouent que ces gun-boals ou ces small vessels, comme ils les uomment, les incom- modaient fortement par leur feu constant et bien dirigé. L'ing(5nicur en chef, quartier-maître général de l'ar- mce, le colonel James MoncriefT, établit sur le bord de la mer une batterie de gros canons qui devait écarter les chaloupes, et une frégate, accompagnée de plusieurs cut- ters, essaya de mettre en échec l'cscadi-illedeCastagnier. Mais les carcassières ne s'éloignèrent pas, et elles appuyèrent très efficacement les opérations de la garni- son dunkerquoise. Hoche ne se contentait pus d'élever, près du moulio à vent, entre Rosendnël et le glacis, une batterie qui canonnait le front du camp anglais. Il har- celait quotidiennement et tenait en haleine les assié- geants par de petites sorties, et, lorsqu'il connut la marche de Bouchard, il fit le 6, le 7 et le 8 septembre, d'assez vives attaques (1). Le 6, à trois heures de l'après-midi, tandis que ton- naient les batteries des remparls et des « petits vais- 1. Magasin de Hoyap II, 5, p. 30. 33 et 47; Ditrurth, 96 et 129; Scbeli, 12; Dahaa, III, 165; AucblaDd U\. iU et 116; Calvert, 109-110, 118-119, I2i; tioanAln.U. 1: Le B^lave, 2 el 3 sept.; ieltre deToustain (Jtf on. du SB noûtj, cl àBoncbclle.S/ soÛi(A,C.); Uerode HUi. de Dunkerque, 185Ï, p. 383. Castagnlcr, « oommuodanl ea rKde >, se slguala dès ce mottiunl ï l'attention île Camot gui auto- risait plui tard le ministre de ,1a marine h l'employur devact Toulon (Itec.Aulard VI11,339 et 390] et de Hoche qui le nurninait< un linmme de lete • et qui lui donna, ilans l'eip^dilioo d'Irlande, le commindf- ment de •; la seconde légion des Francs ou légion noire, composée de dËleiius et' galériens d'élite a.et destinée ï être jetée sur Qrintol (tiuilloo, La France et l'Irlande, 1888, p. 2«.} HO-NUSCHOOTil. 13 ÎS* aOMDSCHOOTE seaux », quatre colonnes françaises assaillirent l'ennemi^ La première venait par la digue du canal de Furnes; mais elle dut jeter des ponts, et recula sous les projeOf tiles d'une batterie ani^laise qui lui démonta un cunoni La deuxième di^bouchait par la rue de la Chapelle et a^ fit qu'incendier des maisons. La troisième et la qutf trième, qui jouaient le rôle principal et sortaient par 1) barrière de Nieuport et celle de l'Estran, gagnaient l'une Rnsendaël, l'autre- les Dunes. A Rosendaël, le régi- ment de Jordis, uniquement composé de Hongrois, plïi d'abord sous le choc impétueux des républicains. On l) débusqua des bosquets qu'il occupait. Quelques maisoni où il s'était retranché, furent emportées d'assaut t) livrées aux llammes. Mais, à force de bravoure, Jordi reprit le dessus et refoula l'agresseur, La colonne qu marchait sur l'Estran était la plus nombreuse et s'eng^ gca le plus loin. Elle repoussa les avant-postes; elle a saisit d'une dune élevée et y planta un drapeau ; pen dant une demi-heure, elle entretint un feu de ûle trfe nourri. Mais Moncrieff démasqua une batterie armée (^ six pièces de 12, et les Français, voyant une gro^ colonne qui longeait les dunes, et craignant d'être enve loppés, se retirèrent en bon ordre. Ils avaient 200 blesséâ Toutefois, plus de 600 des assiégeants, dont 330 homme de l'héroïque régiment de Jordis, étaient hors de combat et l'ingénieur Moncrieff, mortellementatteint, succombai lendemain. Le 7, même altaquo contre l'aile droite de York. L'in fantcric sortit en deux colonnes parle port et parla ba^ rière de Meuport avec les généraux et le représentai!' Trullard. L'action, qui dura de cinq heures du soiri sept heures et demie, fut insignifiante. Les républicain n'avaient que très peu de blessés et faisaient une dizain DtJKKERQUE inâ de prisonniers. Le sohiat, disent les commissaires de la Conveation, louait la façon dont les généraux l'avaient conduit, et ceux-ci donnaient les plus grands éloges au soldat (1). Le 8, lorsque la division Landrin fut arrivée et pen- dant que se livrait la bataille d'Hondschoote, avaionl lieu, selon l'instruction de Houchard, deux sorties, l'une entre neuf et dix heures du matin, l'autre à deux heures de l'après-midi. La seconde fut la plus considérable. Trullard, écrivait un de nos agents, « a vu tomber une bombe à deux pieds de lui, mais l'esclave a respectii l'homme libre! » Tandis que les canonnières ou « batte- ries flottantes » couvraient le camp anglais d'un feu con- tinuel, les troupes françaises entamaient une vive fusil- lade sur les dunes et tentaient, à divers reprises, de tourner le flanc droit de l'adversaire. Elles savaient que Houchard approchait, et les représentants lisaient sur les visages l'allégresse, présage du succès. L'infanterie légère des Anglais et les régiments de Jordis et de Starray furent rudement éprouvés, et les alliés recon- naissent qu'ils durent s'imposer de grands elforls. Mais les républicains étaient fatigués, et s'ils criaient avec une sorte de fureur m avant! en avant !, Us n'avaient pas, rapporte un des assiégeants, l'envie de combattre à la baïonnette. Landrin qui les menait, ne montra pas l'ar- deur que le général en chef lui avait recommandée; Hou- chard l'accuse d'avoir manqué de vigueur, et Berthelmy le taxe de lenteur et de mollesse. Enfin, l'ennemi qui faisait ses adieux k la garnison, ne ménageait pas sa BO NDSCUOOTE poudre, et la fermeté de ses fantassins, la bonne conte-' nancede sa cavalerie, le sang-froid d'Alvinlzy, de Wer- necfc et de Merveldt qui ne cessaient de parcourir les lignes et d'encourager Hessois, Autrichiens et Anglais, arrêtèrent les nationaux. Ils n'osèrent pousser bien loîa et rentrèrent en triomphe dans la ville. Ce fut la dernière action. Depuis l'avant-veille, on entendait une violente canonnade qui venait d'Hond- schoote. La veille. Hoche écrivait au commandant de la garde citoyenne que la générale ne battrait plus sans doute à Dunkerque, Le 8, au soir, le tourier remarquait que York pliait ses tentes et envoyait sur le chemin de Furnes des voitures chargées de munitions et de vivres. On annonçait déjà dans les rues que Bouchard avait enlevé Hondschoote et capturé quantité de drapeaux et de canons. « Nous regardons Dunberque comme sauvé, mandaient Trullard et Bcrlior h leurs collègues, et nous comptons nous mettre demain à la suite de l'ennemi (1). > Le duc d'York avait, en effet, résolu d'opérer sa retraite. A lu nouvelle de la défaite d'Hondschoote, il tint conseil de guerre. On convint que, si l'on restait devant Dun- kerque, on laisserait le temps aux Français de marcher sur Buiscamp et de détruire entièrement le corps d'ob- servation, puis de se rabattre sur l'armée de siège et de l'acculer à la mer. On partirait donc dans la nuit même pour occuper une position de sûreté qu'on avait reconnue en avant do Furnes et qui, tout en appuyant la droite au canal de Furnes près de Buiscamp et la ^H CllE Magatin àe Hoyer, 11, 5, p. .37; Goeh, der Kriege in Europe. Il, 73; Ditfurlh, 1Î5; Calvert, 120; Foucart et Finot II, 106; nonsae- lio, 11, 8; BiilUliii fie la Soe.de la Corr'eze I, 563; mémoire da Hou- cliard, 29 sept. : Trullard el Berlierau Comilé, 8 sept.; DescbampBt Boucliotte, 9 aepl. [A. G.J. DD^KEBQL"E 257 gauche au canal de Loo près de Steeokerke, couvrait le front des troupes par deux petits canaux parallèles. L'armée, dans sa reculade, formerait deux colonnes; la première colonne, menée par Alvintzy, longerait le canal de Fumes, et la seconde, conduite par le lieute- nant général Biela, la grande Moere. Les postes de tranchée feraient l'arrière-garde, dirigée par Werneck. Un bataillon de Kospoth reslerait en soutien, à la queue de chaque colonne. Dans la nuit, les alliés décampèrent. Les Autrichiens et les Hessois étaient depuis longtemps sous les armes. Mais il fallut éveiller les Anglais qui dormaient profon- dément et qui, malgré les ordres donnés dans l'après- midi, n'avaient pas encore plié leurs tentes. 11 fallut faire halte au bout d'une heure de marche pour débar- rasser du chemin les bagages qui l'encombraient. !I fallut jeter de côté et renverser des voitures parce que les charretiers anglais avaient dételé les chevaux et s'étaient dispersés de toutes parts, les uns pour se griser, les autres pour sommeiller. Heureusement, quoique la nuit fût éclairée par les étoiles et que le ter- rain permît la poursuite, les assiégés n'eurent pas l'idée de harceler les colonnes. Heureusement, Bouchard n'enjoignit que le lendemain à Vandamme de se porter sur les derrières de l'ennemi avec un régiment de troupes légères et le 17' cavalerie. Le 9 septembre, à dix heures du matin, l'armée de York avait regagné le camp de Fumes, et ce fut seulement dans l'après-midi qu'elle aperçut au loin une patrouille française de cent chevaux (1). Le même jour, b cinq heures du matin, Dunkert apprenait que les assiégeants avaient disparu. « Ils sont enfin partis, s'écriait Hoche. Soldats de îa liberté, n'ou- blionspas quec'estàla vigilance ipienous devons notre salut, Gardons-nous de nous rel&cher sur le service. Veillons, citoyens, veillons ! > A sept heures et demie du soir, Bouchard arrivait et se rendait à la municipalité où le maire Emmery lui exprimait la reconnaissance des habitants. La population, ivre de joie, se répandait par les rues, acclamait les représentants, criait Vive h République et Vive la Convention nationale. TruUard, Berlier, Hentz mandaient à l'Assemblée qu'ils ne pou- vaient peindre l'allégresse de Dunkerque, et qu'ils avaient dansé avec le bon peuple. Soldats et bourgeois allaient visiter les retranchements et les batteries de l'assiégeant, revoir les dunes, parcourir les bois de Rosendaël où les Austro-Hessois se logeaient naguère. Us se disaient les uns aux autres, à l'aspect des préparatifs d'attaque, que York voulait d'abord terrifier la ville par un bombar- dement, puis l'enlever par une escalade. Us comptaient, énuméraient les armes, engins et effets de toute sorte que les alliés avaient abandonnés : 52,000 sacs à terre, 8.000 chevalets de ponts volants, 800 barils de poudre. 41 pièces de canon, 6.0O0 boulets de 24, et des fusils, des caissons, des fourgons et des équipages, des forges, des pelles et des pioches, des fourrages (i). Mais ce ne fut qu'une semaine plus tard, le 17 septem- bre, que cessa l'état de siège. Au bruit du carillon et de toutes les cloches, pendant que le tourier hissait sur la 1. TruUird, HenU, Berlier au Comité, tO sept. (A. G.) ; Foucirtet FiDOt 11, 95j lellre du Conisil général do la commune de DaakerquB J SUK muaioipaux de Grarelines, 9 aepl. [iSun. du I3>. DUNKEBQUE t&9 tour le pavillon national, les représentants du peuple, les généraux, les munici[iaux, escortes par des chasseurs à cheval et par la cavalerie bourgeoise, se rendirent sur la place de la Liberté pour lire une proclamation de Souham : < Dunkerque n'est plus en état de siège, et les choses rentrent dans l'ordre prescrit par les lois. Votre territoire est libre, comme vos personnes le seront tou- jours; la pairie qui vous retrouvera éternellement au chemin de l'honneur et du patriotisme, vous rend en ce moment îi vos travaux ordinaires (1). » Thugnt et Mercy apprirent avec chagrin le débloipie- ment de Dunkerque. « Je suis au désespoir, marquait Thugul, de l'aventure qui fera beaucoup de sensation en Angleterre et causera surtout au roi une grande dou- leur, » Mercy déclarait que l'échec était facile à réparer et que les Français obtenaient un avantage plus illusoire que réel; mais lui aussi redoutait l'impression que le désastre produirait en Angleterre, redoutait les clameurs de l'opposition qui saisirait avidement l'occasion de « tracasser » le ministère et de jeter de la défaveur sur le gouvernement, redoutait les nouveaux efforts des républicains dont ce succès ranimerait évidemment « l'insolente audace » et la « frénésie » (2). En France, la joie fut universelle. Journalistes, com- missaires, représentants célébraient cette brillante vic- toire et les conséquences qu'elle devait entraîner. Ua militaire s'écriait que la frontière avait été balayée en ' Irois jours et que ces trois jours étaient les « flambeaux . Dufresse annonçait que l'armée ne ferait plus d'allaipie partielle de petits postes el qu'en masse, d'un élan, elle délivrerait le ter- Wtoire, qu'elle allait reconquérir les l'ays-Bas autri- ehiens, qu'il voulait, avec L'inséparable Lavalette, mar- I cher en avant, que tous deux connaissaient la Belgique mieux que personne, qu'ils avaient plus d'une dette à y I jajer. Lavalette qui, comme Dufresse, rêvait déjà l'in- r vasion du Brabant, exhortait, par un placard imprimé, I les soldats des régiments wallons k passer au service de fe République et & goûter de notre vin et de notre [ liberté. Furster applaudissait à la confusion du blond \-due et al, ■ ï. Cette mauvaise position, dit Lan^eron, ae lui offrait nulle gloire et d'émlnenls dangera. â IIONDSCIIOOTE 1er sur Courtrai, y concentrer ses troupes, et dt'jà son frère cadet qui camptiil & Wervirq avec cinq mille liom- mes, avait rc(;-u l'onlre de le rejoindre. Mais les Aulri- ehiens se méfiaipnl des Provinces Unies, et n'oubliaient pas qu'elles projetaient naguère de se diitacher de la coalition. Lorsque Cobourg apprit que les Hollandais se repliaient vers Courl.rai, il s'imagina qu'ils allaient s'abs- tenir désormais de toute hostilité. Il somma le prince d'Orange de rester fi Menln, lui fit d'amers reproches et mêlant aux remontrances les prières et les promesses, assura le prince qu'il le seconderait. Le corps hollandais, parti le iO septembre, â trois heures du matin, avait atteint Wevelghem h deux lieues de Courlrai, et à une lieue de Menin. Mais le prince d'Orange obéit au généralissime. Le même jour, il rega- gnait son camp. Il disposait de 13 a 14.000 hommes. S. 000, formant 13 bataillons et 10 escadrons, étaient postés à Wervicq sous le commandement du prince de Hesse-Darmstadt l.GOO garnissaient Hall uinetles redoutes dont cette ville était entourée. Trois détachements gar- daient, l'un, Gheluvell, l'autre, Mouscrou, le troisième Courlrai et les bagages. Beaulicu, chargé d'appuyer les Hollandais et de couvrir avec eux Marchiennes, Orchies, Cysoing, Bouvines et Lannoy, avait 6.000 Impériaux è. Lauwe non loin de la Lys. Le 12, Dumesny, Ilédouville et Béru commençaient leur attaque. Us n'eurent pas l'avantage. Hédouville fut repoussé devant Wervicq, après s'Être emparé de Com- œines et de Messine. Bérune put que refoulerles avant- ■postes de la brigade qui défendait Halluin, Mais le 13, les républicains remportaient une victoire MComplète. Le prince Frédéric d'Orange qui remplaçait le L prince de Hesse-Darmstudt blessé la. veille, fut assailli diinsWervicqpar Hédouville. Au bout d'une lulle de qua- tre heures, il dut céder au nombre et battre en relraite. Les Français entrèrent dans "Wervicq au pas lie charge et au cri de Vive la Hépublique. Trois escadrons impériaux, envoyés par Beaulleu en reconnaissance et conduits par Kray, arrivaient à cet instant sur le lieu de l'action. Le prince Frédéric d'Orange, enhardi, ramena les siens au combat. Sa cavalerie se joi- gnit aux escadrons autrichiens. Deux bataillons d'infan- terie essayèrent de reconquérir Wervicq. Mais les Impé- riaux s'engagèrent dans des marais et s'exposèrent im- prudemment au feu d'une batterie ; ils tournèrent bride et entraînèrent avec eux les débris de la cavalerie hol- landaise. Les deux bataillons qui tentaient, sous les ordres du prince de Nassau-Weilbourg, de reprendre Wer^■icq, eurent une semblable fortune. Une batterie française les salua par des volées de mitraille. Des sou- piraux des caves, des fenêtres des maisons, du haut des toits on leur tira des coups de fusil. Le prince de Nas- sau-Weilbourg fui blessé; le prince Frédéric d'Orange, accouru pour rétablirl'afraire.fut 1res grièvement atteint et jeté à bas de cheval. Les Hollandais s'enfuirent dans la plus grande confusion. Le prince héréditaire d'Orange, averti du désastre, mais comptant que Beaulieu lui prêterait appui, envoya sur-le-champ à l'aide de son frère quatre bataillons et quatre escadrons, les derniers qu'il eût sous la main. Ces renforts devaient s'avancer à. gauche de la chaussée de MeninàYpres pour tomber sur le flanc de la colonne républicaine et arrêter sa pour- suite. Ils s'égarèrent et allèrent se heurter aux vainqueurs près du village de Gheluwe. Ils furent enveloppés. Deux bataillons seulement réussirent à s'oumr un chemin et HONDSCHOOTE à gagner Ypres par Gheluvelt. Le reste fut dispersé ou fait prisounier. Tandis que Hédouville et Dumesny se rendaient maîtres de Wervicq, Bêru enlevait Halluin. Il bombarda la ville durant une heure, puis forma ses troupes en deux co- lonnes qui s'élancèrent au pas de charge. La garnison hollandaise ne les attendit pas; elle se précipita vers le pont qui mène à Menin. Ce pont était couvert par des redoutes. Mais les Français serraient de près les fugitifs; ils entrèrent pêle-mêle avec eux dans les redoutes; ils passèrent le pont; ils s'emparèrent de Menin :« Rien, dit Levasseur, ne peut résister à la valeur française: c'est un torrent qui entraîne tout ce qui s'oppose à sou passage. » Vainement le prince héréditaire d'Orange dépêcha l'un de ses lieutenants, le général d'infanterie prince Waldeck, àBeaulieu pour lui demander du secours. Beaulieu était h la tête de sa division qu'il avait mise en ordre de bataille. Il déclara que si elle intervenait, elle serait en- globée dans la déroute des Hollandais. Pourtant, sur les instances de Waldeck, il consentit à faire un léger mou- vement et à protéger la retraite du prince d'Orange, en occupant à, Dadizeele une position qui menaçait la droite des carmagnoles. Orange lui reprocha de demeurer spec- tateur du combat et de lui refuser toute assistance par haine des Provinces Unies. Beaulieu répondit que, dans ce pays couvert, les issues étaient tellement obslroées qu'il n'avait pu soutenir qu'une partie de l'armée hollan- daise, celle qui se sauvait vers Gourtrai et Bruges, que sa colonne avait été embarrassée a chaque pas par les cha- riots et les équipages des fuyards, qu'il avait bais plus d'une heure à ranger sa division. Les Hollandais lâchaient pied de tous côtés. Ceux de Halluin et de Menin détalaient vers Dadizeele et, de li, vers Rousselaere. Ceux de Wervicq se jetaientvers Menin et, y rencontrant l'ennemi qui les accueillait par des salves de mousquelerie, se rabattaient à gauche pour gaiEuer pareillement Rousselaere. Abandonné par ses alliés comme par ses propres troupes, mais outré de colère et de désespoir, le prince héréditaire d'Orauge voulait lutter encore; il finit par se résigner, et, sur les conseils de sou quartier-maître général, le comte Bentinck, quitta le champ de bataille. 11 se rendit à Courtrai. emmena les troupes qui gardaient les bagages, ralliai Haerlebecke le détachement qui tenait Mouscron et qui n'avait pris aucune part à l'action, puis de Haerlebecke revint sur Rousselaere, de là. sur Deynze et enfin sur Gaud. De même qu'à Fumes, à Linselles, à Tourcoing, l'armée républicaine commit des horreurs, et Béru éprouva, dit- il, la douleur de voir cette belle journée déshonorée par des excès. Inutilement les généraux et les représentants s'efforcèrent d'empêcher les déprédations. Les voleurs étaient les premiers à crier au vol, et parmi les soldats qui se joignaient aux conventionnels pour appréhender les détrousseurs, se trouvait un dragon qui cachait sous son manteau une pièce de toile. Conduit sur la place, accusé par Levasseur qui porta plainte au nom de la République, condamné par Béru et les officiers de l'état ■ major à dix années de fers, le dragon fut déshabillé et passa devant les rangs du 2' bataillon de la Gironde qui le couvrit de huées et applaudit & son jugement. * Si la loi, mandait Levasseur au Comité, eût permis de le fusil- ler, cet exemple eût arrêté la fureur du pillage (!}. » 1. Cf. sur le pillage de Meain \a» lelires de l'Anglrtla CalTert, 13a. gai Bssiue gae ■ lei ennemii ont donné la plus diabolique exemple de HONDSCHOOTE Mais le succès des républicains était complet, et lord Sheflield avouait que l'armée hollandaise était « anni- hilée > pour le moment. « Victoire, écrivait Hédouville àOsten, nous avons leurs canon» en notre pouvoir, Wer- vicq. Menin; ils sont f , tous ces despotes, et sont pri- sonniers dans lesmainsde nos bataillons! »Les commîs- e l'Assemblée, Levasseur et Châles, avaient guidé les troupes, partagé leurs dangers et animé leur courage. Châles était à la tête de la colonne Dumesny et reçut à la jambe un éclat d'obus. Le 2' bataillon de Paris qui souf- frit le plus, et le V bataillon batave qui combaltail avec fureur ses compatriotes, méritèrent, au témoignage des représentants et de Béru, les plus grands éloges. Un chas- seur du 6', LéonBrunel, deTroyes, avait pris un drapeau qu'il remit à Levasseur :1e représentant donna l'accolade à ce brave Champenois, Les Hollandais perdaient 40 bouches à feu, 88 officiera et 3.000 soldats, dont 1.200 prisonniers. Ils s'éparpillaient dans les bois et les villages de la Flandre, et ne purent être rassemblés qu'au bout de quelques jours, et, selon le mot d'un contemporain, que par pièces et morceaux. Même à Gand, les vaincus de Menin ne se croyaient pas en sûreté. A toutes les questions qu'on leur faisait, ils répondaient : « Misérables FrançaisI » La Haye se pré- parait à célébrer avec pompe l'anniversaire de la révolu- leur prétenUeuse philanlhrapie et fralernilé >, qu'ils ont ■ vidé llnté' rieur de chaque inaiaon » el ■ délpuit méchamment ce qu'Us ne pou- vaienl empovler. » Voir auisi dana le Magasin de iloyor, [I, 5, (i. 4*, le récit d'un Hes^oia : > Menin a été eDliÉremenL pillé ; dus bordei tarlarRs ne peuvent faire dt! ravages aussi barbares que ces homnei sauB Ffein; parloul des ma,iions briMées; dea geus dépouiilés deloul, presque nus. pleurant, se lordaat les mains. * Uu Belge écrit de Lille, le 16 septembre, au Rougyff" [o" 25) que « le pillage et le désordn font le malheur de l'armée rrançaiie. ■ MENIN !2 69 tion de 1787 lorsqu 'arriva la nouvelle du désastre; les fêtes se changèrent en deuil; à la joie bruyante qu'exci- taient encore la prise de Valenciennes et les petits avan- tages de Linselles et de Tourcoing, succéda dans les rues un morne silence. Par malheur, comme disait Pierre Dupont, les Français ne pouvaient profiter de cette journée pour prendre une offensive décidée, et ils allaient évacuer Menin, deux jours après l'avoir conquis (1). 1. Mémoire de Hoiichard; relation d'Âraaudin ; Levasseur et Béru au Comité, 13 si pt. (A. G.) ; Mo7t, dji 17 septembre (lettres de Ben- tabole, de Houchard, de Berthclmy, |de Béru); Hédouville à Osten, 13 sept.; Dupont à Belair, 15 sept.; Batave des 21, 28 sept, et du 1" oct. ; ^chel8, 20-22; Witzleben.il, 298-303; Cal vert, 134 ; Auckland, III, 118 (ShefOeld à Auckland); Grossard I, 65-67; Foucart etFinot, II, 136. CHAPITRE X LE QUESNOY lé de la Tor&i de Marins.1. - ■ Clerf»jl lîevsnl Ls Qnoam Uce. — DemoDBtratioDi du le lep IS.OOO bammos pour débloquer Ù Hondschoole et Menin étaient deux éclatantes victoires, Béru disait que les succès du 8 et du 13 septembre pa- raissaient d(5cisifs. « La farce, écrivait un rédacteur dtt Balave, est jouée pour les Anglais et les Hollandais, et brave Bouchard, qui est un général à la Père Ducliesne, aura soin que les Autrichiens arrivent sous peu au d* nouement de la tragédie » (1). Les Autrichiens allaiegi juste ment arrêter Houcliard dans sa marche triomphaDtcK Pendant que le duc d'York levait le siège de Dunkerqul cl que le prince d'Orange se faisait ballre à Menin, bourg s'emparait du Quesnoy. i. Le iialave, IS septembre. LE grESNOY Ï7! Le généralissime des coalisés aurait dû bg saisir de Ciinihrai. « Terminez vile vutre campagne, mandait Du- mouriei au colonel Mack dès le mois de mai ; si une fois Valenciennes est pris, tout' est dit, parce que vous pou- vez éviter Bouchain et vous porter sur Cambrai qui ne peut pas tenir. » Sitôt qu'on sut à Paris que l'armée du Nord abandonnait le camp de César, ou crut que Cambrai avait cai'Lulé. « Cambrai est cerné, disait Couthon, et je ne serais pas étonné qu'il fût pris ». Aussi Cobourg avait-il l'intention d'investir Cambrai et lorsqu'il eut débusqué les Français de leur position de Paillencourt, il pria le duc d'Yorli de coopérer au siège de la place. Hais York marchait déjà sur Dunkerque, et Cobourg, délaissé par son allié, ne s'estimant plus assez fort, et s'imaginant que Cambrai pouvait résister six A huit semaines, se dirigea sur Le Quesnoy. Les Anglais furent outrés. Pourquoi, après avoir som mé Cambrai, se détourner sur Le Quesnoy ? N'était-ce pas rétrograder? Ce mouvement ne passerait-il pas pour une retraite ? Ne serait-ce pas encourager les troupes républicaines, augmenter l'influence de la Con- vention, exciter la France k faire deplusgrandse£forts7(l) Avant de bloquer Le Quesnoy,il fallait chasser les répu- blicains de la forêt de Mormal. Custine, Kilmaine et Bouchard avaient chargé le général Ihlerde s'établir au centre de celte forêt avec 8 bataillons, 400 cavaliers et 4 canons pour protégera la fois Le Quesnoy et Landrecies. Ihler avait ordre de lutter aussi longtemps que possible et, s'il était forcé, de faire sa retraite sur Avesnes et Mau- beuge. C'est le frÈPC aîné de ce Théobald Ihler qui tom- I. Wilzlpben, 11,270; Teni«ux, Ten-ew;\l.b6B;Coi-resp, daCoa- thon, 21; Tburbeim, Briefe, 1!5; Auckltnd, III, UO (Graulurd h Auckland, 13 août]. 1 m HONDSCHOOTE bait glorieusenient dans la journée du 30 août 1793 Jockgrim el qui couvert de blessures, frappé à mort, animait encore ses dragons et leur recommandait d"ûter ses lïpaulctles, pour que l'ennemi ne le reconnût pas. Né à Thann en 1713 et succ.es^sivement sous-lit-utenanl, lieutenant, aide-majoret capitaine en second au régiment de La Marck, major au régimentde Bouillon, lieutenant- colonel en 1786, colonel en 1791, Ibler était général de brigade depuis le 12 juillet 1792 et général de divisiou depuis le 1" juin 1793. Représentants et commissaires le louaient à l'envi. Courtois assurait qu'il « raisonnait 1res, bien son métier», qu'il éLiiL aimé dusoldal el que sa pro- bité garantissait son civisme. Defrenùe marquait au mi- nistre qu'il avait des connaissances techniques, qu'il vîi- quait sans relâche aux devoirs de sa fonction et « se montrail trèsbien.» Celliez et Varinle croyaient * étran- ger et un peu partisan deCustine», mais le regardaient comme un * brave homme » et un « excjUent officier > qu'il fallait conserver. Viger le jugeait bon militaire, quoique aristocrate. Houchard le qualifiait rie patriote.'et comptiiit beaucoup sur ses talents distingués. Le vieil et infirme Gudin qui commandait à Maubeuge, ne souhai- tait pas d'autre successeur (1). 1. KUmsine à Bouchatte, 30 juillel, et ordre de Des Brusljs. 30 juillet; Caurloisal TeUsier k BuuchoUc, 5 juin; Defrenne ■ Bou- c)ioUp, £S avrU; Ceiliej et V&rin à Biuchotle, S6 juillet; Vl^r i. BouctiDlte. !5 soflt: Hduc1i9.r(l et Gudlu Ftu miniaU'o, 10 et E7 aoAt (A. G.). Cr. sur Theobiild Ililer, Wissembouis, 107, el Uba-aray, Lu giinémux maris pour la pairie, 9, et sur rainé, Jean-Alaiandre, dont J il est il^i question, une noie de Charavay, Carnot, II, 3Z9 qui doimejl ses étatï de teivl'eB. Jean-Aleiundre Ihler élait proposé pur le rapré-fl ■entant Du Bols du Bais comme sticcesseiir de Gudln. Mais BonchotU | jugea rjiie llilpr ■ ne pouvait Hre chargi^ de ce commandement pi qu'il ne réuDissail pas assez de conliance. ■ [Du Bols du Bnis ji 1 Carnot, 7 sept, et Boucholle à Houchard, 3 sept.) Itiler fut suepeuda j LE QDESNOY Î^S Fidèle aux inatrucUons qu'il avait reçues, Ihler mit son Ccimpà Hecqet le défeodilpar des coupures et des abatis- Il éleva des redoutesà. la Maison-Rouge, au Rond Quesne, il la rue Couloo, à l'Opéra, au carrefour de la Taperie ob iiboutissaient les principales communications. Mais les troupes dont il disposait, n'étaient pas capables d'une longue etvigoureuse résistance. Le I6août,le chefd'éLat-major de Cobourg, Hohenlohe- lùi-chberg, vint examiner la position française. Le 17 au matin, il ordonnait l'attaque. Deux bataillons, trois compagnies et deux escadrons, le comte d'ErbacU à leur tête, marchèrent sur Berlaimont et refoulèrent les avant- postes de la division de Maubeuge qui se replièrent de l'autre côté de la Sambre sur les bauteurs de Saint- Rémi et de Hautmont. Unbalaillon elquatre escadrons, menés par Lilien. poussèrent sur Hecq et Preu\-au-Boia. Le général Wenkheim s'achemina sur Poixet Englefontaine. Neuf bataillons et quatorze escadrons auxquels était con- Ce le principal effort, partirent de Villerspol, sous la conduite de Bellegarde, pour attaquer Gommegnies et Jolimelz. Cette attaque était, comme dit Ihler, environnante, et Ifs Français, abordés de touies parts, n'avaient d'autre route, pour faire retraite, que celle de Landrecies. A neuf heures du matin, deux compagnies du corps franc d'O' Donnell avaient enlevé levillage retranché de Ville- reau, un des points essentiels. La Maison-Rouge, la Mai- son-Blanche. Jûlimetz, l'Opéra, les grandes (barrières ^ élaient assaillis de front et aussitût emportés. Les natio- d(! SCI ruDcliona le surtendemikm de sa locttative sur Lo Qiiesnoy (14 septembre 1793) et retraité un an plus tard le t7 octobre 1194. Comme son carlet, il était Alsftclen et naquit & Thann !o 2S1 octo- â Î7t IIONDSCHOOTB naux fuyaienl h travers la forêt. Le général Colomfi le^ rallia au carrefour de laTaperie.les plaça dans lapetilei redou'e qui couvrait ce passage.el sur les Bancs, dans lesi bois de droite et de gauche, à la lisière des avenues, sur la chaussée et en avanE de Locquignol. Mais, dès iju«; l'ennemiparutjils se sauvèrent derechef. Colomb parvint à les rassembler au carrefour du Calvaire , il leur parla, leur prouva qu'il avait pris et prenait encore d'effîcaces mesures ; il leur dit que leur position était belle et nvan-, tageuse ; il menaça de Les sabrer s'ils fuyaient de nou- veau. Mais lorsque l'Autrichien se montra, les sana^ culottes abandonnèrent le carrefour du Calvaire commfli ils avaient abandonné les précédents débouchés, et s'échappèrent de la forêt par le pont d'Hachette; leu^ terreur, rapporte Colomb, était à son comble. Ihler sej hala de jeter six bataillons dans Landrecies et de gs«{ guer Avesnes avec le reste; le jour suivant il était i Maubeuge (1). 1. Ihler k Houcbard, 17 aoât; Colomb au président de ta Convrn- lion, 21 soût (A. G.). Ce fut ]\ que pét^t l'adjudant généi-al Legros. Mtf i Copbaix, dans le Brabiint, major dans l'iDaurreolion des Payi-Ba^ il avait l'i çu aumota de novembre 1792 du Comité militaire bdgiqu le brevet de colouel et la mlasion de Former le 2> râKlmeal bèl|^}; puis, il avait été comuiiiodanl temporaire de Saict-Queotia et, en qui Itlë de cher de brigade, il 6lait k la tèle des postes avanças dans 1 forél de Mormal lorsqu'il fui pria le 17 aoilt 179;]. Lea Autricbiens Is fusillèrent comms déserteur. Le 6 octobre 1791, sa veuve Ursulf d'Aubreinez et ses trois eufauts demandèrent un secours k la ConvcO' lion, el Laurent déclara que Legros ^tait digne des reg'reta de l'is^. semblée; Legroa, ajouta Laurent, est mort en vrai républicain j ccu«; qui ei^cutai''ut l'ordre de Cobourg, tremblaienl ; mais Legroa leuT^ dit ; ( Tirez, ne tremblez pas, je ne crains pas la mort s, et il ul voulut pas qu'un lui rormâc les yeux, parce qu'un i-épub1icaln sail. mourir les y«u» ouverts. Le 19 octobre, sur le rapport de Salleogroï,. La Convention déci'èla que la veuve de Legros recevrait un socoars if mille livre» el qu'elle avait droit à une pensiiin. La commune dA LE QUISNOY ÏTS Les Impériaux n'avaient que 50 morts et blessés, et on lil dans leur journal de guerre qu'ils firent à l'adver- saire 150 prisonniers et lui mirent 500 hommes hors de combat. * Le feua été très vif, écrivaitHohenlohe-Kirch- berg, et il a coûté cher aux Frani;ais; ils ont été dé- logés de la forêt comme dans une chasse à courre; en trois heures, l'attaque était terminée [i). » Le Quesnoy fut investi le surlendemain. Cette ville défend un espace deneuf lieues de l'Escaut à la Sambre, et commande la ligne de Bavay à Saint-Quentin parle Cateau. Elle est située sur un terrain assez élevé entre les petites rivières de la Rhonelle et de l'Ecaillon qui prennent toutes deux leur source dans la forôt de Mor- mal et rejoignent l'Escaut, la première ii Valenciennes et la seconde à Haulchin. Ses fortifications consistaient alors en un rempart et en huit bastions irréguliers munis de contregardes, de ravelins et de larges fossés pleins d'eau. Son point faible était le côté qui regardait Valenciennes; Villars l'avait attaqué en 1712; les Impé- riaux l'atlaqoèrent en 1793. Le feldzeugmestre Clerfayt dirigeait le siège et avait sous ses ordresl5.000 hommes (2). Les travaux furent con- duits, comme devant Valenciennes, par le colonel de Froon qui disposa peu à peu de 132 bouches à feu : 34 mortiers, 12 obusiers et 86 canons. Samt-QuGDtin avait fait inscriro la imm de Legros eo lettres d'or sur uQUbleiu eoti'o le» noma de Le PeleUep H de Marat. Lei7 décembre, aur la propoaitioii du Comtlâ d'inalructioa pubUrjue, ta Conveiillon décidait que le □om de Legroa aérait insci'il sur la colaane du Pan- Ihéon et que les clrooDaUncos de sa mort seraient insérées dans le recueD des fails b^roîiuea {Mon. XXII, 170, 28S, 769; Borsoet, Hisl. des Belges, 11, aol.) 1. Witzleban, II, 281 asî; Schels, I8-)9; I^oucarl et Piaol, II, 155; Gadin à Boucbolle, 18 aoùl (A. G.). 2. 19 btlaillons, 12 compagnies et 10 escadrons. 27 6 UO^DSCH00TE La garnison fit plusieurs eortios do nuit vers le pos de Potelle el la ferme de Béart. Elles n'eurent auci succès. Le 27 août, les Autrichiens ouvraient la tranchai à 350 toises du glacis contre leâ-bastions Soyer et César Le 2 septembre, au matin, les batteries de leur preraièn parallèle étaient installées et prêtes à jouer. Le menu jour, à cinq heures du soir, après avoir inutilemeni sommé le gouverneur, Clerfayt commençait le bombar dément qui dura toute une semaine presque sans relâche Li' canon de la place riposta d'abord avec vigueur, et, ' 3 septembre, démonta deux pièces de l'assiégeant, Mail le 4, les Impériaux, débouchant en zigzags, entamaien la deuxième parallèle S"ur une étendue de 730 toises, l 7, ils l'avaient terminée. Le 8, ila dominaient et dooi] taient le feude l'artillerie française qui ne répondaitpli que faiblement en certains endraits. Le 9, ilsfaisaieû sauter plusieurs dépôts de poudre, Le 10, ils travùl laient à l'établissement de la troisième parallèle. Mais jour-là, à cinq heures et demie du soir, le commandait le clief de brigade GouUus^i), envoyait le lieutenant-coU nel du régiment deBouIllon proposer à Clerfayt une capï I. GouUui [François), aé ï Lyon lo 4 novembre 1158, fils d'iBl] aubergiflle, eoBagé ku r^giuiRnt de ia Couronna, devenu le W-i («8 octobre 1176), caporal (1" décembre 1778), fourrier (a) décenh-S bre 1779), b argent -major (23 juin 1787), odjudout [24 décembre 17891 Ueuliîuant (15 seplembro 1791), capiliine (Ï6 avril 1792), nomma llifu lenant-colonel par Dumouriez (1" octobre 1792), commanduitl Niinur (15 décembre 179!) et k Maiibeuge (1" mars 1793), praB cbef de brigade du 45" par Damplerro (12 avril 1793), envoyéa Quoâooy [29 juillet 1793), rentré de oaplivîté au mois d'octobre ITÎT coufirmiî chef de brigade (6 ventûse an IVi, devint général de brigtl le n rèvrier 1797 et fit la plupart dei campagnes de ta Hëvolutla et de TEmpire on Allomasue, en Italie el en Espagne. Après i été commandant d'armes k Amsterdam (2 jinvler IBIl], il fut »■„ k la rclraite le 25 moTi 1814 et mourut k Brie, dans l'-^riège, le 7 h mbi'C de la même année. LE QCEBKOV Î77 tulation honorable. Le feidzeugmestre déclara que la garnison serait prisonnière de guerre. Le 13 septembre, H neuf heures du matin, 4.O0O républicains mettaient bas les armes, et les assiégeants prenaient possession du Quesnoyau nom de Sa Majesté l'Empereur et Hoi (1). La ville avait considérablement souffert. Les casernes et les hôpitaux, rarsenal, le munitionnaire, les magasins (le foin et de paille étaient devenus la proie des flammes. Un quart des maisons avait été incendié, et un autre quart, brisé, fracassé par les bombes et les boulets. Cependant, la forteresse pouvait tenir encore. Les fronts des bastions attaqués, adroite et à gauche delà porte dite de Valenciennes, leurs courtines, leurs demi- lunes n'avaient aucune brèche praticable. Les trois redoutes qui, dans cette partie de la défense, entouraient Le Quesnoy, n'étaientpas prises. Les ponts de communi- cation entre les souterrains e les chemins couverts n'étaient pas coupés. La garnison occupait tous les che- mins couverts et toutes les places d'armes. La troisième parallèle était à peine tracée et ne fut achevée que durant les trois jours où se débattit la capitulation. Mais il y avait dans la ville 200 tués et 300 blessés. Beaucoup d'artilleurs — IIS, selon un témoin du siège — étaient plus ou moins grièvement atteints. Les autres avaient plusieurs fois, sous la grôle des projectiles, abandonné leur poste. Des canons étaient démontés, et leurs embrasures démolies ; malgré l'abondance des matériaux que renfermait la place, les cliarpentiers, les menuisiers, les charrons refusaient de rt'îparer les pièces. La population se rebutait et montrait le plus mauvais vouloir. Goullus avait reçu, dès le troi- 1. Il» perdaient 4 oliieien Rt !0t aoldats lues ou blessés. f!» Ha»DBCaOOTE slème jour du bombardpment, une blessure à la jambe e{^ ne quillait plus le iil. Les municipaux, désespérés, épeS dus, te priaient de k'rminer les misères et les angoisses des bourgeois par une prompte reddition. La faiblesse des fortifications n'a pus causé la chute du Quesnoy;; ce fut, écrit un adjoint au corps du g et demanda le bruvetde général de brigade : Bouchotte lui donna ce brevet (30 juillet 1793) en l'engageant à « continuer dans son attache- chement à la liberté ». Après son écbec de Cambrai, Declaye fst envoyé à Lyon comme commandant temporaire (9 brumaire an II) et y exécuta les rameuses fusillades sur la place des Broteaux : « Une d>'charge, écrivait-il, suffit pour exterminer de la foudre Dationtb ces traîtres attachés à une corde tendue le long d'une ran .^ée d'arbrei; J'espère que nous serons bientôt débarrassés de cette borde demoi- cadins. » Aussi fut-il nommé général de divi-iion par les représen- tants (13 ventôse an II), et employé en cette qualité à Tannée dei Alpes. Arrêté après le 9 thermidor « sous le nom vag'uc de terroriste*! relâché gr&ce à la recommandation de Fouché, il ne fut pas compiii patriotes détenus dans les maisons d'arrêt et menacés chaque jo^ d'être égorg«*s par les chouans. » Mais le commissaire du gouve^l^ ment Bouguclet le dénonça à Paris : Declaye, disait Bouguelet, étt capable de tout; c'était un vaurien et un brigand, il déclamait coDt^ le gouvernement, il cherchait à égarer les ouvriers, il fréquentait îs cabarets avec le général Sabatier, « le plus dégoûtant des coquins» et autres mauvais sujets, il ne cachait pas dans ses orgies qu'il sev virait celui qui le paierait le mieux, « il nous aurait égorgés s^ Hdbapuf a/at réussi, » et Bouguelet proposait de débarrassera ville de ce Declaye qui troublait l'ordre public et qu'on voulait* voi: à tous les diables », de l'employer ailleurs, de le surveiller etdek casser à la moindre faute (lettre du 9 vendémiaire an V). Le 11 bra- de maire an V, Declaye dut cesser ses fonctions à la suite de l'étal' fa\ major de Nevers. Pourtant, le 13 vendémiaire an VU, il fut Domm' o?^ de îouveau commandant de place de 3« classe à la suite à Vanaeside; puis chargé d'organiser les compagnies franches du Morbihan et *lde commander le l*"" bataillon franc formé de ces compagnies (16 veih du s 1( C lô: CAMBRAI S 8 9 colonel, puis colonel dans l'armée belge, levée par Rosières et par le Comité bruxellois. Nommé comman- dant temporaire de Cambrai, il acquit la confiance du club. Les agents du ministre Bouchotte faisaient son éloge. Celliez et Varin écrivaient qu'il était excellent ré- publicain, brave militaire, propre à commander soit une place forte, soit une division de cavalerie. «IL est Liégeois^ disait Def renne, conséquemment bon patriote », et l'on répandait le bruit que les barbares Autrichiens avaient massacré sa femme et ses enfants. Le 2^ juillet, il fut rem- placé ; mais la Société populaire sollicita son maintien ; elle affirmait le civisme brûlant et la franchise, la loyauté de Declaye; elle était « disposée à tout tenter » pour le garder dans la ville, et une députation du club, accom- pagnée de quatre commissaires de la municipalité, alla prier Kilmaine de laisser Declaye à Cambrai, au moins provisoirement. Kilmaine exauça ce désir; il jugeait que Declaye saurait électriser les Cambrésiens qui n'étaient, à l'exception des membres de la Société populaire, que de mauvais citoyens. Le 30 juillet, Declaye était promu général de brigade, et les municipaux applaudissaient à la nomination d'un homme dont ils appréciaient l'éner- gie et les talents. Deux jours plus tard, dans Tardeur de son zèle, Declaye proposait d'éclairer la place, d'abattre les arbres et les maisons à cinq cents toises du glacis : le Conseil général de la commune répondit prudemment tôse an VII[). Mais bientôt il fat derechef réformé avec le traitement de chef de bataillon (2 germiual an X). et vaine neut il so.licita la faveur de Napoléon en alléguant qu'il avait composé un Citateur antibHtannique ainsi (qu'un opéra, Le Tinomphe de Mars, allégorie des hauts faits de l'empereur, et une hymne gu(3rrière dédiée à l'armée de Boulogne. (Cf. outre l'article dt H. W.il.ori dans la lievue bleue du 8 août 1891, Les docu;nents de la guerre.; HOMDSCHOOTE 1 ^ — ^— i inn iiosDsciiooTE qu'il attendrait sur ce point l'avis du Consuil de guerre. Bientôt les Autrichiens approchèrent et coupèrent la route de Dapaume. Declaye, alarmé, envoya de toutes parts des palrouilles pour arrêter les « malîntf ntionnés »; il fit clore les portes ; il enjoignit de n'admettre que les personnes qui seraient munies d'une autorisation signée de Kilmaine, de doubler lagarde des ouvrages extérieurs, d'augmenter le nombre des factionnaires sur les rem- parts ; il prescrivit au commandant temporaire de fermer Ini-môme les poternes (1). Les représentants du peuple, Delbrel, Châles, Le Tour- neur, CoUombel, étaient encore dans la place. Ils la quittèrent sur-le-champ. Le club se plaignit de leur départ et les accusa de s'être éloignés avec une « préci- pitation scandaleuse. > Mais Delbrel justifia ses col- lègues. On était convenu que l'un des quatre commis- saires resterait h Haubeuge et veillerait il la défense du camp retranché, qu'un deuxième se rendrait à Lille afin de pourvoir au ravitaillement de la forteresse, que les deux autres s'enfermeraient h Douai et suivraient, en attendant, le quartier général pour assurer le service des distributions. Fallait-il abandonner l'armée qui fuyait vers \rras7 N'y avait-il pas à Cambrai une garnison sollisante ? Les approvisionnements n'élaient-ils pas complets, si complets qu'on annonçait un excédent de deux mille sacs de farine ou de blé? Le 7 août, .-iprès avoir signé deux arrêtés, l'un qui chassait de Cambrui les bouches inutiles et les gens suspects, l'autre qui r plaçait des membres faibles ou douteux des administ I, Dpfranne à Boucholle, 16 mal; Cflllie» el Vario à Boucholj es jnilk-l; KUmaiae i BoacliDtte, 4 août (A. G.). 1 lions de la commune et du district, Delbrel et Collombel sortirent-dé Cambrai (1). Le lendemain, un officier des dragons de Cobourg vint, au nom du général Boros, sommer Cambrai de capituler : le commandant cxposerait-il la ville à la des- truction dont Valenciennes offrait un si triste exemple? Declaye répondit simplement qu'il savait se battre, et non se rendre. Cette brève et fàère réplique accrut sa réputation et le fit passer pour un Spartiate ; elle est, écrivaient les commissaires du Comité, une preuve de son civisme (2). Sept mille hommes formaient sa garnison : le S3' régi- ment d'infanterie, trois bataillons de volontaires, le 25' cavalerie et le 10" hussards dit des hussards noirs ou des hussards de la mort parce qu'ils portaient au frontal de leurcoiffure une tête de squelette sur des os en sautoir. Ces hussards noirs, levés et commandés par Hériau, se proclamaient des héros et se vantaient ridiculement d'être leï sauveurs de Cambrai. Ils eurent pourtant un petit avantage. Dans une sortie, ils prirent un drapeau anglais qu'ils offrirent àla Convention (3). i . Rapport de Delbrel et Nolea hist. du infime, 64r-66. MsU daas une .eltre du 7 aoill, Lcvasaeiir et Le Tourneur FuDt est aveu au Comité: frc AacuD de uDiia ne s'est eurermé dans C&mbrai ifae l'on croll ne levoir paa Iculr longlempa ; noua n'arons pas eu le temps de pri-adra OVtes Ib)* pr-éD«utiiins relatives aui circonstances; l'upprofisioDue- lent est asgez oonsidéralilB, mais il y a peu de poudre. . S. DescliLmps, Uécard et leur secrËtaire Quincy au Comité, 23 août "■■ (J.). ur Mériau, fermier de la censé Idea Sars Pi nrpanisaleur e la lËgioa des hussards noirs du déparlcment du Nord la no i;e de feennepin. {Défense nationale dans le Mord, 11, )P3.) Mpriitu pi'éfen- Ktit avoir • seul arrâlë une armée Tormidable ■ (Lr>Hre du 1 1 aoûf, mioamal de la Untitagne du IT). Le Conseil de gueri'o de Cambrai dut ' e i Laveaui pour « relever les erreurs el Tausselée de Mériau ■ Ï9Î UOiSDSCHOOTE Mais dès le 11 août, les Impériaus se retiraient, l place fut il()bltiquée et ses portes se rouvrirent. Reclaj maintint cependant l'état de siège; il abattit les maison et les arbres des jardins à deux cent cinquante toises d glacis; il dirigea dans les environs des e.Mpédi tiens facile et nullement dangereuses; «des traîtres, disait le Con seil général, ont la perfidie d'en prévenir l'ennemi. » Pur malheur pour Declaye et surtout pour les troupe de Cambrai, une entreprise importante lui fut confiét Houchard lui commanda d'opérer le 12 septembre kl pointe du jour, une fausse attaque sur le camp de Soles mes, taudis que Gudin. parti de Haubeuge, fcruil un démonstration uontre Englefontaine et Forest. Le minis tre Bouchotte approuvait ce mouvement; il enjoignait. Declaye de s'entendre avec Gudin, et il comptait que le ordres seraient donnés clairement, qu'aucune confusitq ai lea bussïriJd Doirs, disait te Conseil, avaient pris un drapeau sngM le reate Ih la garnison avait aussi combattu, {Joui'itui de la Monta sue, 'il aoiU). Ce Tameux dr&peau fut porté ù Paris par ua aide di camp do iJeclny«. Le» liuaaarda ho plaignirRol à Boucliolie : Deolayi était jaluux. écriviiient-Ua, et voulait douriar la gloire à sou ;aide Âi camp; les uas avuiGQl l'hoaneur ni lea anti-us, la dan^r; Ha deman- datent mèiim a itervir Hilleura <[u'& Cambrai. Le ministre leur répond! qu'ils se plaigoulent ï tort, que Ueclafe avait proclamé luur valeui el déclBi'f ifue lea hussards avaient enlevé l'étcndurd (Letlfo di 10' Imsssrda, ï5 août, et réponse de BouGliolle, 3u août, A. G.) Vyic ausai sur ces liu^aaids noirs une lettre du représeuiaut LaurenV 29 ocl. (liée. Autui'd, VIII, lUOi. Laurent se plaint à la toia des ofU ciers qui < ne veillent pas su maintien de La troupe * et des soldati dont pas un n'a bop livret ; « On demande luujourael on us peut liei uonstaler; c'est un désordre dana la complaiiilllè qui est alTrcui, oUi pour mieui dire, depuis la formatioD du uorps II □'}' a |ii>inl enoorc eu de cumptabitilé-Onel corus el quelle organissliun I Le soldat pille !l a cooli'ibuliuQ l( son équipe- ment, etc. • Un mois plus tard, le 27 noiembi'e, Lam enl êeriïait ft Boucliotle que .VtL-riïu était deslUiié parce qu'uo l'inculpait furlemenl et qu'il avait des cumplca à rendre. ne se produirait. Mais ce fut Gay-Vernon, et non Ber- thelmy, que Bouchard chargea d'informer Declaye, et Berthelmy reproche justement à Gay-Vernon de n'aVoir pas rédigé pour l'inhabile général une instruction précise et détaillée il). Declaye déclara devant les autorités de Cambrai qu'il ne rentrerait dans la ville .qu'après avoir gagné sur les Autrichiens une victoire complète et, derechef, il pres- crivit de fermer les portes et de ne laisser sortir qui que ce fût. 11 pria les membres du Comité de salut public (â) de visiter les remparts pour surveiller les factionnaires et les employés qui voudraient peut-être par quelque signal avertir les Impériaux, et il leur donnai un bon de samain, aBn qu'ils pussent aller librement sur tous les points des fortifications où lesappelleraitleurvigilance. Lel2septembre,àune heure du matin.il quittait Cam- brai. 11 emmenait la plus grande partie de la gar- nison : 2. SOU hommes d'infanterie, 240 de cavalerie et 120 canonniers bourgeois; il avait dû prendre des che- vaux de tous côtés pour traîner ses pièces d'artillerie, et des charrettes de paysans pour porter ses munitions. Au jour, un des administrateurs du département duNord arri- vait à Cambrai et lisait dans ta salle du Conseil général delacommune, au milieu des applaudissements, une lettre imprimée qui retraçait longuement les succès des Fran- çais sur l'armée anglo-hanovrîenne. On décidait aussitôt 1. Bouchotli? à Deolayft, 11 septembre (A. G,); BiiUelin de la Soc. de la CoiT^îc, I,p. M,l, a. Comme Landiu (cf. Ilocfie el la tulle pour l'Alsace, p. SOI) et In plupart de» vUles de France, T^ambrai avait, 4 rmemple de la Con- vention, soD Camitii ite salut publie ou plus eiactcment «ou Comltâ de aurvelllance* eénérale et d'eiécutton; on anit qu'un décret du 2h septembre ordonna que le Comité de aalul public de la Conveotton porterait soûl cette dé Domination. 19 1 BOSDSCblOOTË de reproduire ce triomphant message à 400 exemplaire Le Comité de salut public, le Conseil général, l'admï: nislration du district, la Société populaire allaient ré pandre la nouvelle dans les rues. De toutes parts retea tissaient des acclamations de joie et les cris de Vive b République. Le carillon de l'hôtel de ville jouait desain patriotiques. Soudainle silence se fit. Deshussards noirg des dragons accouraient hors d'haleine, effarôs, livida de peur, criant d'une voix entrecoupée et tremblante qa les troupes de Declaye étaient tailli5es en pièces. Après avoir, à trois heures du matin, renforcé sa peta armâe Je 1.300 hommes de la garnison de BouchaÏB Declaye avait pris la route d'Iwuy, puis, tournant ] droite par le grand chemin d'Avesnes-le-Sec, il aval chasse les patrouilles autrichiennes de poste en posf jusqu'à. Villers-en-Cauchies, et il allait, avec la témé rite la plus folle (1), se porter vers Saulzoir lorsque, stu une hauteur, h gauche de Villers, parut la cavalerie in périale. Informé qu'âne colonne ennemie sortait i Cambrai, Cobourg avait ordonné k Hohenlohe-Kirch berp de courir avec trois bataillons et deux escadron des cuirassiers de Nassau à l'aide du prince de Liechtai stein qui défendait Saulzoir Ji la tête des chevau-lég^ de Kinsky et de cinq compagnies d'infanterie. HuheulolM Kirchberg partit au galop avec les deux escadrons j Nassau, pendant que Bdlegarde quittait le camp d Solesmes avec trois escadrons des hussards de l'En peruur. Sitût qu'il aperçut ce grand rassemblement i cavalerie, Declaye commanda la retraite, et sa colonq se replia lentement pui* Villers-en-Cauchîes sur Avesae le-Sec. Mais à peine Holienlohe avait-il remarqué i 1. Eipresaion de Langoron. mouvement rétrograde qu'il donnait l'ordre de charger. Declaye comptait que ses troupes â cheval, les hussards noirs, lesdragona du 10", les chasseurs de Versailles, sou- tiendraient le choc. Elles furent enfoncées et s'enfui- rent en criant : A'nwue qvipeut. Épouvanté, oubliant son devoir de général, Declaye les suivit et piqua des deux surBûuehain oii il entra vers 10 heures du matin avec quelques dragons et une soixantaine de hussards noirs. L'infanterie, lâchement délaissée, essaya de faire bonne contenance et forma devant Avesnea-le-Sec deux carrés dans l'intervalle desquels s'établirent les canons. Elle fut enveloppée de trois côtés : sur son front par quatre escadrons de chevau-légers de Kinsky que com- mandaient le prince de Liechtenstein et le major prussien Tauenzien ; sur son flanc droit, par trois escadrons des hussards de l'Empereur que menait le comte de Belle- garde; sur son flanc gauche, par les deux escadrons de Nassau que conduisait le lieutenant-colonel Vavasar et par un escadron de Royal-Allemand aux ordres du lieu- tenant-colonel Spechl. L'artillerie française lit plusieurs décharges k mitraille. L'infanterie, calme et résolue, attendit pour tirer que l'ennemi fût à quarante-cinq pas. Mais rien ne put arrêter l'élan de la cavalerie impé- riale. Elle pénétra dans les carrés, enleva les canons et massacra sans miséricorde les carmagnoles qui lui tom- baient sous la main, même ceux qui se mettaient & genoux pour demander grâce. Les répubUcains en déroute se sauvèrent à toutes jambes vers Avesnes-le-Sec. Cobourg arrivait à cet instant sur le champ de bataille. Il lit sonner l'appel et ranger la cavalerie. Bellegarde et Liechtenstein entourè- rent le village à droite et à gauche. Des escadrons en- voyés deDouehy par le général Olto, se portèrent entre raa iioncischoote Avesncs-Ie-Sec et Lieii-Saint-Aniandpourbarrerlfl|l Mge an reste des (iigitirs. 2.000 cavaliers impériaij avaient, h nux seuls, di-fait et dispersi!: 3.000 homme^ 2.000 Français étaient édorRés. 2.000 aulres prisunnierii ne conservaient la vie que parce que leur adveimsi était laB de sabrer. Les Autrichieus perdaient (19 dâg tèurs et s'eiriparaient de 3.000 fusils, de 20 canons, de W caissons et de :t drapeaux (1). Les premiers fuyards entrés à Cambrai dans la moli- née du 12 septembre avaient été sur-le-champ interroge par le Comité de surveillance. Tous dtïclaraient que Declaye s'était retiré devant un ennemi trop nombreux, mais qu'il avait engagé ses troupes dans un ravin oi elles ne pouvaient manœuvrer, que la cavalerie impé- riale les avait cernés et que les survivants ne devuenl leur salut qu'à la bonté de leurs chevaux. On leur demai^ dait où était Declaye. Tous disaient qu'ils Tavaient per^li de vue. Lns Cambrésiens refusaient de les croire. Vt^ peu à peu des hussards, des dragons, échappés de ]i débâcle, rentraient dans la place et confirmaient l'ef- ft-ayanle nouvelle, A trois heures de l'après-midi, se pré- sentait Marceaux, administrateur du district et membre du Comité de surveillance ; il avait accompagné Declaye; lui aussi assurait que le général avait mal à propos quitté sa première position, que les Français n'avuieiil pu résister, que la cavalerie avait tourné bride et quf Declaye l'avait suivie à, Bouchain, que l'infanterie, livrée 1. WiUlaben, Coiu.'/, Il, S87-290. A elle seule, la garnison 4 Cambrai (jiii complaît la veilla 3Mh Uommef , en penlalt 2.303. (LlIlt^ du comiiifimliinl temporaire, là sept.) Va comuiiindunt lii' volootnirei Cbemln, tlm de l'iiri;un de an selle un pialolel et se brilla In r.crvelte la Convcnlton dèci'fU, te ^1 septembre, que sou BMttin ferait men UOQ de cctLB mort bêrol lue. j à elle-même, s'était défendue jusqu'à la dernière extré- mité, mais que les Autrichiens l'avaient hachée. Enfin, à: huit heures du soir, comme s'il eût honte de se montrer en plein jour, paraissait Declaye. Deux b. trois cents hommes, tristes restes de l'expédition, lui servaient d 'es- corte. Le général essaya d'atténuer le désastre. I! prétendit qu'il n'avait avec lui que 3.000 hommes dont les cinq sixièmes appartenaient ù. la garnison de Cambrai, que 200 étaient tués et 400 blessés, qu'il perdait ses pièces et ses caissons, mais que les canonniers, rebelles à toute discipline, avaient méconnu leur chef et refusé de faire leur devoir, que les charretiers avaient coupé les traits de leurs chevaux, qu'une partie de la cavalerie avait imité la conduite des artilleurs et, dans sa fuite, culbuté les bataillons, qu'il s'était vainement efforcé de rallier les escadrons, que l'infanterie avait chassé les ennemis de cinq postes différents et leur avait ensuite tenu tête, qu'elle eût été victorieuse si les troupes à cheval l'avaient secondée, qu'il croyait s'être loyalement acquitté de sa tâche et que, dans sasituation, nul autre n'aurait mieux agi. Mais, le lendemain, le Conseil général de Cambrai rece- vait une lettre de l^omu, commandant temporaire de Bouchain. Cette lettre était navrante. La garnison de Bouchain se réduisait à 600 hommes, dont 200 malades ou convalescents, et il fallait faire monter la garde à 50 bourgeois. Des i.300 combattants sortisavec Declaye, 60 au plus regagnaient la place. Pernette, commandant des volontaires de la Somme et gouverneur de la ville, les chefs de corps et tous les officiers, à l'exception de cinq, avaient disparu. Quarante canonniers des batail- lons étaient tués ou prisonniers ; il ne restait que 24 artil- UONDSCUOOTE leurs pour servir 55 bouches à feu. Cornu n'hésitait pas' charger De cl iiye : Declaye, disait-il. ne lui inspirait pas dfl confiance ; Declaye avait fui sur Bouchain sans ordoonei ni préparer la retraite; Declaye devait au moins s'ait** cher à « combler l'ablrae qu'il avait creusé », envoyé» des renforts, rendre ii Bouchain sa garnison perdue. Le Comité cambrésien de salut public mauda sur l8 champ Declaye et lui montra la leltre de Cornu. Le gêné" rai prétendit que 1,300 hommes n'avaient pu sortir dt Bouchain, qu'il n'avait eu que 600 tués et blessés, qu^ ses ennemis personnels méditaient sa ruine. On insista, on le somma de déclarer exactement les pertes qu'il avaîl subies; il restait embarrassé, ne répondait que par deg pleurs. Enfin, le commandant temporaire de Cambrai, u levant, avoua que la garnison presque entière avait sue- comhé; que les Impériaux avaient tout pris, pièces S caissons; mais que les charretiers et les canonni«8 avaient causé la défaite . Le 14 septembre, nouvelle réunion du Comilô de salQ public. Le capitaine Cabeau qui commandait l'artillerii de Cambrai, défendit les canonniers contre les imput^ tions du général, et Declaye reconnut que les charretier seuls montaient des reproches. Mais Cabeau rendi Declaye responsable d« l'échec et l'accusa sans pitié-; Declaye, disait-il, n'avait pas su ménager à son arma les moyens de battr'î en retraite; il avait quitté saj motif la première position qui paraissait très avanti geuse; il s'était, et non un des derniers, enfui dans Boa chain ; il devait être traduit devant un Conseil de guerrt Accablé, Declaye consentit à la formation imméditi d'un Conseil de guerre qui fut présidé par Scheppe^ chef d'escadron du 7° hussards. On lui, dans la séance,] leltre du commaudant de Bouchain; on se coayainqu que Declaye avait diminué le chiffre de ses pertes ; on le qualifia d'incapable et d'inepte. Quelques membres pro- posaient de l'arrêter aussitôt; mais on objecta qu'il fal- lait attendre le retour des commissaires que la munici- palité de Cambrai avait dépfichés aux représentants du peuple à Arras. Declaye était condamné d'avance. Vainement il invo- quait le témoignage du commissaire national Tarlarin qui rapportait que les Autrichiens avaient 33B hommes hors de combat (1). Vainement il assurait qu'il avait été renversé deux fois dans la mêlée, qu'il s'efforçait de ral- lier son monde et qu'il criait : * Au nom de la patrie, rallions-nous 1 », qu'il avait couru à, Bouchain avec la cavalerie pour la ramener à la charge, que les hussards et les dragons consentaient à faire volte-face, mais que les chasseurs de Versailles avaient refusé de le suivre en disant que leurs chevaux étaient trop fatigués. Vaine- ment il écrivait à Davaine et &, Bouchotte qu'il aimait la patrie, qu'il gémissait sur sa disgrâce, qu'il désirait ardemment » se venger de ces scélérats du Nord » et , qu'il avait « l'éternelle envie d'exterminer cette horde d'esclaves », qu'il avait été battu et « repoussé avec perte », malgré toute sa prudence et sa crainte d'exposer 1. C(. sur ce Tartaria une lettre da Chapu^, cotnmanaaut de Cun- brai (10 oclobi'E, k Bouchollo) ; Chupiiy ritoonle quil a envoyé Tar- tarin ea parlcmeatalro : les Autricbiana aat Tail mille ÏDstances pour engager Tartaria k déserter; ils ont employé tous les moyaos pussi blea de sédui^tion, earesBes, menaces à la Bouille, mais Tartarm * «et un rfpubllrain ï l'épreuv-j de la bombe ». Tarlorin avait aïec lui, dans sa mission au camp ennemi, un trompette du iO' dragons, nommé Luxembourg; de mAme que Tartarln^le trompelle Luxembourg, écrit Chapuy, a t déployé devant ces esclaves menaçanla toute la Qerlé d'ua républiciLn par des réponaea et des interpellations dignes da i*» IIONDâCHOOTE ses frères d'armes, nmis que sa défaite était due fcl désobéissance et k la poltronnerie de quelqaes-uns.Vftinfr' ment il mandait qu'il espérait garder, en dépit de ett- accidenl, l'estime d'un ministre vertueux et des vrato sans-culottes. Le Comité cambrésien de salut puhw assurait que les talents militaires de Declaye étaient inf^ rieurs au poste qu'il occupait. Fliniaus, administrât^ du département du IVord, le laxait d'impéritie et i couardise. « Il n'était pas capable, disait Forster, T commander vingt hommes, et, par-dessus le marché, c'est probablement un traître. » Les représentants El le Lacoste et Peyssard lui reprochaient, sinon sa perfidie, du moins sa maladresse et son ignorance « véritablement crinii- nelle *. Ëtail-il possible, s'écriaient les commissaires, dÇ; faire sortir plusieurs milliers d'hommes et de les co»^ duire en rase campagne sans pousser des détachemeotlj ou des partis d'éclaireurs pour observer les mouvement||; de l'adversaire et annoncer l'approche de forces supé- rieures! Ne devait-on pas instruire sans retard le procès d'un général qui laissait si lâchement égorger ses troupes? Enfin, les débris de la garnison de Bouchain réclamaient « la plus prompte et la plus éclatante ves geanee », demandaient que Vinfdme Declaye, qui avaitj honteusement abandonné ses soldats, fût arrêté etù duit au tribunal révolutionnaire. Mais Declaye était sans-culotte et ami du commi&sal Gelliez. Le ministre Bouchotte se défendait de l'ainï nommé commandant de Cambrai et rejetait avec raia ce mauvais choix sur Kilmaine, sur le club, sur lanini_. cipalité; pourtant, ajoutait-il, « cela n'empêche pas a murs d'Acraa. — RotrallB dos Mlonnaa d'Hidouvlllo garde formée par ft brigade Oemurs. — Marche sur Coûrtrai. -llù^X- dade du IS «pCam SaapeiitiDnd'Hâda temani ai irritation, — Plainla» dosropcésanianls.- — Henti iParia. — âenUtoeaU ia Comilé, de Car BOI, du Bonoholte- — Gay-Veroon. - Ar de Honchard avec Isa princes étrangar.. - [.a géuénl e, JeanboD et Robosp arre. - Sa juadHralion. - Son oïdcuUoo. — Ban h Iroj et Ga.j-Vornon.- Iir. Fautes des Bllièn.- Inutilw I. Quel que fût, après Hoiidschoote et Menin, le plan conçu par Houchard, il ne pouvait plus l'exécutei' depuis qu'il savait le danger du Quesnoy et l'écrasement de la garnison de Cambrai. Les représentants et le Comité priaient le général de tout abandonner, de tout lâcher pour voler au secours des places fortes du Nord Curnot, qui recevait les nouvelles les plus alarmantes de la fron- tière, pressait Houchard de profiter du • moment d'en- thousiasme », de sauver les villes menacées, de faire M 30* HOXDSCHOOTË lever le siège du Qucsnoy. Elie Lacoste et Peyssard écrivaient que le camp de Gavrelle ne contenait que 7,000 hommes obligés de sVtenilre sur quatre lieues de terrain que Douai ne renfermait que quelques batail- lons, que Buut:haia et Cambrai couraient les plus grands périls, que le commandant de Bouchain sollicitait de la façon la plus instante un renfort de 1.500 hommes, que Cambrai n avait plus que 200 à 300 soldats, que Hou- chard devait « couvrir autant que possible cette partie împoi tante de la République », que les départements du Nord et du Pas-de-Calais étaient ouverts à l'invasion et que les ennemis feraient sans obstacle toute tentative qui leur plairait (1). Il était trop tard pour délivrer Le Quesnoy qui capïti lait le 12 septembre. Mais on eut le temps de mettre i sûreté Bouchain et Cambrai. Les Autrichiens n'avaîenî qu'à paraître ; ces deux villes n'auraient fait qu'un simu- lacre de résistance et se seraient aussitôt rendues. « Nous sommes perdus, mandaient les administrateurs du di»' Irict de Cambrai aux représentants, nous sommes perdisi si vous n'envoyez à l'instant même de l'artillerie et u la garnison. Qui sait même si l'ennemi, profitant de soâ avantage, ne viendra pas cette nuit ou demain nousattaj quer? El comment résister? » Mais au lieu de pousser se pointe, Cobourg s'arrêtait, hésitait. Il ne concevait pas qu'on pût prendre une place autrement que par un bom- bardement régulier, par un siège dans les formes, et d'ailleurs, comme dil Langcron, la prise de Cambrai ne cadrait pas dans le plan de campagne (2). 1. Carnot II Houchnrd, 13 seplcmbre ; Élie Lacoste et Peyaaard 1 Houcbard, 19 et 11 sept. : cf. Cornu au Conseil général do Cimbrai et ï itouchot'H, 14 sept. [A. G.]. ï. Lee administl'ateiira du district de Catnbi'ui aux reprilsenlanlj lî aepl, (A. G.]; mémoire de Langeron (A. E,]- Ltive 4 ïient f LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJOHS 3 05 Encouragés par l'inertie des Impériaux, les représen- tants, de concert avec le chef de l'état-major Berthelmy, se hâtèrent de jeter du monde dans les deux forteresses. Le plus actif fut Delbrel. Un décret le rappelait à Paris. Mais il résolut de conserver h la République Bouchain et Cambrai. Il était ft Armentières lorsqu'il sut que Cobourg avait mis en déroute le détachement de l'inepte Declaye. Sur-le-champ il partit en poste pour le camp de Gavrelle; il vit le général Ransonnet, le chargea d'envoyer des secours, puis, sans autre suite que son domestique et un hussard, gagna Cambrai h franc-étrier, au risque d'être enlevé par flespatrouillesenQemies.il voulait s'enfermer dans la citadelle et y tenir, avec les débris de la garnison, jusqu'il l'approche de l'armée. Mais, peu d'inslants après, quatre bataillons, dépêchés par Davaine, entraient à Cambrai. Restait Bouchain qu'il sem.blait plus malaisé de ravi- tailler parce qu'on croyait ses communications inter- ceptées. Mais Delbrel avertit Ransonnet, et le 18 septem- bre, le 2' bataillon de l'Oise, traînant avec lui un gros troupeau de bœufs, arrivait à. Bouchain (1). Si Le Qucsnoy succombait, Bouchain et Cambrai qui, selon le mot de Delbrel, n'auraient coûté qu'une som- mation à l'envahisseur, étaient donc sauvés. Berthelmy marquait le Useptembre au ministre qu'on alluitmettre en teuvre tous les moyens pour obtenir, après les succès d'Hondschoole et de Henin, un troisième avanlage; qu'on attaquerait très prochainement et sans reprendre haleine, peut-être le lendemain, peut-être le surlendemain, le camp de Cysoing occupé par les Autrichiens de Beaulieu ; que les troupes avaient désormais l'habitude de vaincre; . Noies hUtor. de Delbrel. 59-60 et rapporl du 2Î lept. (A. G.). sus HONDSCHOOTE que le soldat était transporté de plaisir (1). Et, si Kou chard avait eu, en effet, plus de vigueur et de décision, il pouvait arracher une nouvelle victoire. Il a trois ai- vei^aires : Orange, York et Cobourg. Mais Orange ne compte plus, et York, d'ailleurs assez mal accommodé, est loin encore. Que Bouchard rassemble ses forces, et qu'avec 60 à 80,000 hommes dont le moral est excellent, puisqu'ils ont eu le dessus dans deux rencontres précé-' dentés et qu'ils auront conscience de leur immense supé- riorité numérique, il se jette sur Cobourg, puis sur York- Mais le pauvre Bouchard ne s'entendait qu'aux escar- mouches et n'avait jamais pratiqué que le menu détail de la guerre; il n'était pas homme à tenter de si consi-* dérables entreprises; il ne voyait partout que difficultés et ne s'iLttachait à connaître dans la situation que le cAt$ faible et vulnérable de sa propre armée. Loin de marcher en avant, Bouchard recula. Il i mieux regagner le camp de Gavrelle. Le 13 septembre^ Berthelmy ordonnait, au nom du général en chef^ que 40.000 hommes, les 10.000 de Dûmes n y, les lO.OOl d'Hédouville, les 7.000 de Deroque et 3 000 du camp dà la Madeleine, se rassembleraient sous les murs d'Arras^ Concentrer ses bataillons et les reformer derrière lat Scarpe, se tenir à portée de Bouchain et de Cambrai pou| secourir ces deux places « dont les malheureuses garni- sons avaient été exterminées », observer Cobourg qjj pouvait venir sur Arras et prendre l'armée à revers :tet étaient les motifs que Bouchard alléguait au ministre (2]( Hédouville et Dumesny étaient encore à Menin.Suivan leurs instructions, ils quittèrent tous deux les bords if I.G.). L DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS 3 07 la Lys dans la matinée du 15 eeptembre pour se rendre à Lille. Une urriêre-garde de 3.000 hommes, commandée par le général de brigade Demars (1), avait mission de masquer la retraite et d'inquiéter les alliés du côté de Courtrai. Dès le 13 au soir, Demars était en présence de l'adversaire; mais le lendemain, au lieu de pousser sur Courtrai et d'assaillir les postes qu'il avait devant lui, il se contenta d'occuper le village de Wevelghem. Hédou- ville lui reprocha sa lenteur, menaça de le dénoncer è, Bouchard et lui enjoignit une seconde fois de marcher sur Courtrai et de prendre la ville ou de la bn'iler h force d'ohus ; si Demars, ajoutait Rédouville, trouvait une vi- goureuse résistance, il tâcherait de contenir l'ennemi 1. OdoQ-NicoUs Lœillol-Deniars, qui se guB.line fila d'uD bourgeois de Paris, ëUlt né daoB celle fille le l°< oclobre IT^I. Le crédit de bod oncle materael Demars, premier commis ilu la mariae et ci-devant de la guerrf, lui valut le grade de a ou a-lieu tenant au rÉgimeot de Naasau >38 février ITliS.) 11 tit \a. campaime de Corse, devint lleu- tenaat (9 Qovenibre 177£), capitaine (1778), puis aldemliS ÉTATS-MAJOIIS 309 raffermir au point que celte marche rétrograde s'opéra lentement et sans désarroi ; on fil un kilomètre en deux heures. L'Iionneup était donc sauf, ut, bonnement, H édou- ville jugeait TalTaire terminée : il aurait dû demeurer jus- qii'au bout sur le lieu de l'action et imprimer en personne les divers mouvements; il s'éloigna. A quatre heures et demie du soir, il partait avec sa colonne qui traversait Menin, passaitlepon tdela Lysets'engageaitsur laroute de Lille. La brigade Demars formait l'arrière -garde ; elle devait se poster en avant de la porte dite de Courtrai et ne pas bouger jusqu'à la nuit. Mais â peine était-elle sur laposition qu'Hédouville lui avait assignée qu'elle aperçut de loin sur le chemin de Thourout quatre escadrons d'Eslerhazy et deux escadrons de Karacïey qui compo- saient l'avant-garde du duc d'York, guidée par le comte d'Erbaeli. Aussitôt l'alarme se répandit dans les rangs de la brigade Demars. On se crut attaqué detous côtés; on se répétait que les troupes d'ilédouville qui pouvaient détendre Meniu ou s'établir siir la Lys, h Nechin, pour surveiller les abords de la rivière, avaient pris la route de Lille ; fantassins, cavaliers, artilleurs, ressaisis d'épouvante, criaient : à Lille, à Lille! Daendels, ce Daendels qui devint généi'ai, et qui, selon l'expression de Béru, donnait les preuves de la plus grande intelligence et d'une valeur étonnante, comman- dait dans Menin et y tenait garnison avec les Belges elles Balavcs. Il n'avait qu'une chétive idée des aptitudes et de la fermeté de Demars. Sitôt qu'il sut que la brigade seretiraitet qu'elle était pressée par l'ennemi, il se rendit i diers, « Général, lui dit Daendels, il est temps que c la confusion ; faites vous-même l'arrière-garde ou lais- Bez-moi la faire; je crains toutefois que si vous la faites, vous n'ayez plus personne dès le premier coup de feu. ; Demars laissa Daendels faire l'arrière-garde. Déjà la pièce qu'il avait braquée contre la porte de Courtrai, était abandonnée par ses canonniers et ses conducteurs, et de^ meurait sur la chaussée. Déjà la mitraille tombait s ^ LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS 3 I I place de Menin. Des hussards autrichiens entraient dans la rue de Courtrai. Daendels voulut les sabrer. Il courut au-devant d'eux. Sa monture trébucha et le lança sur le sol; des dragonsquisesauvaieut lui passèrent sur le corps; il eut la chance d'attraper la queue d'un cheval, et, se levants demi, se laissa traîner jusqu'à l'autre bout du pont; là, des grenadiers l'emportèrent dans leurs bras; uneordonnance du 21° régiment lui céda sa bête : Daen- dels, tout meurtri et presque défaillant, gagna de la sorte le village de Linselles, Le vaillant Daendels avait de quelques minutes retardé la déroute. Elle recommença deplusbelle. Prise entre les Impériaux qui pénétraient par la porte de Courtrai et la cavalerie du comte d'Erbach qui venait par la porte de Thourout, l'arrière -garde des républicains traversa Menin en toute hâte. Mais l'ennemi la poursuivait dans les rues l'épée aux reins, tandis que les habitants, qui se rappelaient le pillage de l'avant-veille, criaient de leurs fenêtres : « Vivent les braves Autrichiens I Vivent les braves HcasoisI » Le pont, si funeste aux Hollandais deux jours auparavant, le l'ut cette fois aux Français, Plu- sieurs se noyèrent dans la Lys. De toutes paris s'élevait une immense clameur «Sauve qui peut! » Détentes parts les soldats fuyaient éperdus, effarés, affolés. C'était, écrit Levasseur, à qui courrait le plus fort. Le représentant, accompagné de son collègue Bentabole, tâcha de rallier la colonne.delareformer.deremettre l'ordre dans les rangs. Il tira son sabre et. allant à la rencontre des fugitifs: « Hulte-Iàl leur dit-il.Je tends la tôte aupremier qui bouge! Serait-il possible que les vainqueurs d'Hondschoote dé- campentdevantunepoignée d''esclaves ! » On hésita; puis on s'arrêta parce qu'on avait confiance dans les commis- saires de la Convention; on pria Levasseur et Benlabole d'indiifuerce <|u'il fallail, faire. Les deux repréaeati ôlaienl. fort embarrusséâ. Ils se diJcidÈront à ra troupes en baluîlle à droite et à giiuche. Par Itonheid gémirai B^ru arrivait. 11 fit venir des pièces d'arlïlf légère, et les assailltints, après avoir essuyé quelques j charges, se replièrent sur MetiÎQ. Béru dirigea la retf et ramena les unes à Tourcoing et à Linselles, les atlJ h Bondues. « Sans Béru, assure Levusseur, je n que nous serions devenus. » Aussi les représentants demandaient-ils pour Béd grade de général de division. Quoique noble de i sance, n'était-il pas courageux, instruit, et nécessaâ l'armée du Nord sur cette partie de la frontière? N'avai pas montré dans cette débâcle de Meniu du sang-froid de la présence d'esprit? Le Ifî septembre, de leur propi chef, et pour forcer La main au ministre, ils nommaici Béru général de division. Mais s'ils vantaient lesméi-ites de Béru,ilsn'avaieDlpoi Hédouville que des paroles de blâme. Delbrei avait loi la valeur et l'activité de ce vieux soldat. Levasseur i Bentabole le jugeaieut indolent etmou. Us remarquaiei déjà son insouciance au combat de Wervicq. HéduuvilU disiiient-ils alors, aurait dii fondre sur les ennemis qi lâchaient pied; il s'était contenté do les canonner a lieu de détacher k leurs trousses un parti de cavaleri qui cet du moins capturé les traînards. Mais la conduit qu'Hédouvdle avait tenue à Meniu, les transportait d'in dignation. Pourquoi délaisaait-il son arrière-garde atï prises avec les Autrichiens ? Pourquoi était-il en téted la colonne lorsque son devoir lui commandait de resi^ il la sortie de Menin puur arrêter la confusion qui s'ét^ mise dans ses troupes ? « Cette affaire, écrivaient-ils, n( lui fait pas honneur ; il est brave, mais ce ne sera jamais LA DESÏITU l'ION DKS ÉTATS-MAJORS 3 1 i un général. » Le 23 septembre, avant de regagner Paris où ils rentraient fatigués et rendus, ils suspendaient Hédouville de toute fonction militaire; Hédou ville, déclaraient-ils, n*avait pas exécuté le plan d'attaque de Wervicq concerté entre les généraux et en présence des commissaires de la Convention ; il avait refusé de charger l'arrière-garde des ennemis au moment où ils se retiraient de Wervicq; il avait, par de mauvaises dispositions, changé au 15 septembre la retraite en dé- route ; il avait osé dire aux représentants que la canon- nade dirigée sur Menin se faisait à Linselles et que son arrière-garde était en sûreté quand elle était vigoureu- sement assaillie; enfin il avait abandonné cette arrière- garde et, lorsque les représentants l'envoyaient chercher, il était tranquillement assis sur le bord d'un fossé (i). 1. L'action dura de cinq heures du matin à cinq heures du soir. Les Autrichiftns y perdaient une centaine d'hommes. Les Français» avaient, selon Arnaudin, 400 tués et blessés, et ils laissaient aux mains des alliés lOU pci^tonniers, 2 canons, 8 caissons et un drapeau. Cf. sur cette affaire très peu connue et sur laquelle, dit Abel Iluga .-dans sa France militaire (I, i20), la plupart des auteuis contempo- - pains ont gardé un silence mystérieux, sur laquelle, disent également les auteurs de la Geschickte der Kriege in Europa, II, 79, manquent entièrement les détails authentiques : Schels, 24; Witzlebiîn, II, 30l; Ditfurth, T, 132; Persen, II, 428 (le duc de Deux-Ponts à Ferscn, 4 oct. 179 <); Gay-Veinon, Custine et Uouchai^d^ 285; et surtout la lettre de Levas»eur au Comité (16 sept. A. G.) dont Sybel a bien vu -l'importance ; la re niion d' Arnaudin; le Détail de la marc/te de la .colonne Demars (mémoire justificatif do Demars, imprimé, A. G.) et la rapport de Oaeiiifls (16 sept., Batave du 5 ocu^bre) qu'appuie une lettre de Bé u, du 8 oct., où on lit que Daendels eût été pris sans jsa dextérité et qu'il s'accrocha à la queue d'un cheval qui le traîna sur le ventre dur.inl près d'une demi-lieue. Ajonlons que Bouchottc confirma, le 19 sepie«nbre, la nomination de Béru et qu'il avait la veille suspeudu Heiouvnle en môme temps (fue Dumesny. Le :ii8 sep- tembre, Hédouville, Dumesny et Demars furent envoyés tous trois à TAbbaye par arrêté du Comité. (Rec. Aulard, VII, 101.) Foucart et HONDSCHOOTE. -j^g oaiit» it bJ su HOMISCtIOOTE n. De retour au camp de GavTelle,Houcfaapd eeprt raitù combattre Cobourg, Il ne savait trop quels éta les desseins du prince. Cubourg allait-il assiéger I dans l'espoir que la population se révolterait, cou avait fait celle de Valenciennes? Allail-îl plutôt se po parTournaysTir Dunkerque pour« renouer la coalitit et réussir 0(1 le duc d'York avait échoué 7 Quels ( sent les projets de Cobourg, Ilouchard mandait ( qu'il ferait tout pour les renverser: il avait laisdi troupes à Dunkerque et sur la Lys; il renforçait le cl de Cassel; il comptait bientôt se mettre en mouvec et marcherai la hauteur des ennemis (t). Mais, peni qu'il traçait ces lignes où se marquaient les vacillât habituelles de son caractère, le Comité de salut pu et le Conseil exécutif décidaient de le destituer, La reculade de Menin succédant de si prèa aux | rieuses journées du 8 et du 13 septembre avait répa partout un esprit de mécontentement et d'irritation, C ment les républicains vainqueurs n'êtaient-ils restés quarante-huit heures à Menin? Pourquoi cette ail malheureuse et si gauchement conduite suivait-ell vite de très grands avantages? On s'indignait cootE; généraux; on les taxait de mollesse et d'incapacttf les suspectait de tiédeur; on les regardait commi auteurs du désastre. Lavalette écrivait de Lille que la République s( 1 vaincue si elle ne trouvait le moyen d'altai les officiers et les sous-officiers à leurs soldats ain^ F'iaol ont reproduit (II. 149) la déclslun prise par Levasseur op labolo oimlpe Hndouville. Lea dépositiona des rtrm conventionM protfis d^HédouïHlc (A- N. W. 307] Q^ofTrtnl rien de parUciiIier 1. Houohard i Boueholto, 19 septembre (A. G.). J LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS 315 j « Tombre Test au corps », qu'on criait sans cesse à Tin- discipline des troupes et à leur amour de pillage, mais . qu'il valait mieux crier à l'insouciance des officiers qui ne pouvaient empêcher le désordre parce que leur voix n'était pas familière au soldat (1). Les commissaires de laConvention,HentzetDuquesnoy, mandaient qu'il fallait au plus tôt réformer les abus. C'était, à Içs entendre, au courage seul des soldats que la République devait ses succès; plusieurs officiers n'avaient point paru dans les dernières afi*aires à la tête de leurs hommes ; une foule d'entre eux étaient des roya- listes et des traîtres qui méritaient d'être destitués sur- le-champ. Dunkerque même inspirait à Hentz et à Du- . Et les cummissaii accusaient Houchard, Berlhelmy, Gay-Vernon, de U. désorganiser, de fatiguer et de ruiner exprès les pauvi chevaux de l'artillerie el des charrois, de ne pousser q les intrigants, de dégoûter du service les pursjacobii d'écarfer les observateurs, d'envoyer à Cassel le patrit Davaine, d'éloigner de Gavrelle la division sur laque r LA DESTITUTION DES ÉTATS 1 comptail surtout pour couvrir la plus imporlante partie des frontières, de livrer &. l'Autrichien Itis deux départements du Nord et du Piis-de-Caliiii^ si fertiles en ressources, de le laisser couper les communications entre la Flandre et le reste de la France, de lui faciliter l'enva- hissement de l'intérieur (1). Pei'suadé de la trahison de Houchard, Hentz partit le 18 septembre pour Paris. Il avait su se faire vin certain renom pannises collègues, et Le Bas vantait la fermeté de son caractère (2), Il déclara qu'il aurait mis Houchard et ses complices en état d'ai;reslation s'il n'avait craint d'excéder ses pouvoirs; mais il venait se concerter avec le Comité, lui révéler les complots de l'èlal-major, lui demander la punition des coupables. Robespierre, Ba- rère.Jeanbon Saint-André, Carnot et le ministre Bou- chotte, convaincus du patriotisme et de la probité de Hentz, accueillirent ses dénonciations. Eobespierre et Barère n'avaient plus k la bouche que les mots de vigueur et de rigueur : ils disaient volontiers que l'esprit des soldats était admirable et que les échecs de l'armée résultaient de la traîtrise de ses chefs; ils. recommandaient aux représentants de surveiller les généraux, de ne pas les perdre de vue un seul instant et de ne leur rien pardonner (3). Jeanbon Saint-André s'était toujours mélié de Hou- chard et ne Uii reconnaissait d'autre mérite que d'avoir 1. Hontî, Peyssard, Isorâ el Duquesnoy au Comilé, 26 aepl, (Rec. Anltrd,VU,70); cl. Lacoiteet Peysaard h HoucLard,12 sypl. {A. G.). Le 20 septembre, Hoi>Ehï]'ii uvait ordonné à Davaiae de parlir avec la divisiac pour se rendra à Cassai. 2. Comap. de Le Bas, 1837, p. 31. 3. Cf. notammeat une lellre du CamItË, du 6 octobre, aui repré- lentaolB à l'armée du Khin. [Rec. Auiard VI!, 252.] M HOKD3CHO0TE rompu avec Custine ; mais, ajoutait-il, < il y a loin entre haïr un contre-révolutionnaire et aimer la nation, » Il avait une antipathie profonde contre Berthelmy et, un mois auparavunt, s'efforçait de le chasser de l'armée, l'accuaait d'insolence et d'incivisme; Berthelmy, avait-il dit, paraissait mal disposé, ne devait son avancement qu'à la cabale et ne ferait certainement que nuire aux opérations. Enfm, Jeanbon avait la conviction que le soldat était partout excellent, mais que les états-majors étaient gangrenés; la grande mesure qui de jour en jour devenait nécessaire, indispensable, c'était, répétait-il, la destitution de tous ces étals-majors dont aucun ne désirait sincèrement le bien de la chose publique (1). Carnot marquait, il est vrai, à Hooehard, que le Comité avait reçu la nouvelle de ses brillants succès avec la plus vive satisfaction. Mais il regrettait infiniment que le général n'eût pas exécuté son premier projet, le « grand projet », n'eût pas marché directement par Fûmes, Ostende et Nieuport pour envelopper entière- ment l'armée anglaise et l'écraser. Il avait recommandé à Houchard d'éviter le morcellement, de frapper un €oup terrible. Houchard avait-il obéi? Avait-il eu la vigueur que lui prescrivait le Comité? Avait-il profité de l'énergie française et de la confiance qu'il inspirait aux troupes? Avait-il jeté sur les ennemis la masse de ses forces (2)? Pareillement, Bouchotte avait félicité Houchard de la bataille du 8 septembre. Mais, de même que Carnot, il 1. Cr. plus bant, p 106, ainsi ijiie les diseoiirE de JsaDbon aux jaco- bins (M aepl., Jaurnal de la Montagne du 22, et Mon. du 25) et à la Convention (24 sept.. Mon. du VS). 2. Carnot k Houchard, 5 et 13 sept. (A. G.). ^B LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS 3Î1 ^Kqièlait des regrels à ses compliments, et assurait, après ^Wa.Toir consulté la carte, que les résultats étaient moina ^r brillants qu'on l'espérait. Houchard pouvait couper aux alliés le chemin de Fumes, les obliger à se rendre ou les anéantir totalement. Pourquoi ne lavait-il pas fait? Et BouchoLte se prenait à penser que Bouchard avilit trouvé peut-être une meilleure combinaison (1). Tels étaient les sentiments du ministre et des mem- bres du Comité de salut public lorsque Hentz leur pro- posa de sévir contre Houchard. Ils sévirent. Ils crurent tout ce que Hentz leur débitait, s'indignèrent avec lui des lenteurs calculées du général. EtquandHentz affirma que Dunkerque n'était pas sûr et que des gens de la ville tramaient un complot pour appeler les Anglais et leur ouvrir les portes, quelle colère dut s'allumer dans le cœur de Carnot ! Le 20 septembre, le Conseil exécutif destituait Houchard qu'il remplaçait par Jourdan, et, le même jour, le Comité arrêtait que Houchard et ceux qui avaient empêché l'armée du Nord de profiter de la victoire, Berthelmy, Gay-Vernon, Hédouville, Landrin, Dumesny, Demars, seraient amenés à Paris (2). Le lendemain, Carnot mandait au!C représentants & Dunkerque d'être sur leurs gardes et de s'entourer d'ir- réprochables patriotes. On avait, disait-il, porté des plaintes graves contre l'état-major général de l'armée du Nord, et la plupart des officiers qui le composaient étaient suspendus depuis la veille; les commissaires de la Convention devaient se souvenir que le sort des armées leur était confié; ils devaient étudier les hommes 1. BoiTCbolte à Berthelni)', U sept., et h Houobard,t5 tepL (A. O.). 2. LaRDStc et Peysïaiil au Comité, 20 sept., et noies de Carnot (A. G.); a«c. Aulard, VI, 577. HONLSCHOOTE que lîi République employait et s'attacher à mieux con- natlre leur caractÈro, recueillir de tous eûtes des ren- seignemenls sur le civisme el les talents de ceux qui pourraient exercer un commandement, di^couvrir parmi les chefs de bataillon et les offleiers d'un grade inférieur le mérite modeste (1). Bouchard ne soupçonnait pas le coup de foudre qui le toucherait bientôt. Mais déjà deux de ses amis et collaborateurs étaient frappés. Le ministre avait sus- pendu Coquebert do Monlbrel, suspendu Gay-Vernon- [ Coquebert de Montbrel était cet officier du génie qui, '• «n un accès de délire, avait, au mois d'avril. tirésurCus- tine. A la sollicitation de Gay-Vernon, le ministre l'avait employé dans l'étaUmajor de l'armée du Nord; mais, suivant le mot de Bouchotte et des représentants, il n'inspirait pas une entière sécurité. Le 12 septembre, il avait ordre de quitter le service (2). 1. r.aroot a.ux roprâsenlanta du peuple ï Duniccrque, 21 aepl. (A. G.). 2. iJoDchotte ï Berlhplmy, 15 sepl. (A. G.). A cet instnal, le iiiiniat''eB.ppreiiait que Coquebert avait Aie Fait {iridannier ï Rexpoëde; ■ CeUG nouvelle, écrivait-il, rend La BUapeUalao inoUle *■ U avait en même t^iups aiiipeadu radjudiui-géDérol Tbilrlng (cf. plus hauti p.78); mais le i5, U écrivait sur un de ces houls de papier qui sei'vuieDt 1 1« transniiasloa de ses ordres : * J'a.î arrêté l'etTct de lu «uspenaion pour Cogueliert et Thùriog». Cf. sur Coquebert L'expédition de Cuilitte, SI 5 et 26U. Âutoine-Ilumain Coquebert, fils d'un couseiller de H Chambre des Comptes, était né le 6 avril IIQT! à Saint-Gennilu-CD Laye. Sou«-lieoteaFinl i i'E.oole de Mézières {l" janvier 1784), Ueu- tenajilen second [l"rjanviernae),licutenaûtenpreinier (("avril ITOJ), capitaine (15 juillet 17yl). emplojé au Havre et à Cherboui-e, il avait servi d aide de ca,tnp à CusUne depuis le mois d'avril l'Si et il éUlt lieuleaant-culunel lorsqu'il tira son coup de pistulet. CualïDe se vengea en sollicitant pour lui le grade d'adjudanl-généri] et ea le rs commandant à Bouchard quiprialo Diiaislre d'envoyer i son armée nn officier auasl distingué par son civisme et ses moyans. (GusHoa et Hoachard k BoacboUe, 2S avril et 13 mai 1733). Coquebert moumt W LA. DESTITUTION DES ÉTAT3-MAJ0BS 3a î Gay-VûmoQ eut le même sort. C'était, avait dit Cus- tine, « un ch.iud patriote, instruit et brûlant du désir de s'instruire ». Mais vainemetit il entrait en correspon- dance avec le gendre de Pache, Xavier Audouin, te nom- mait son cher Audouin, lui dénonçait les aristocrates du l'armée, se recommandait à Pucke et à Bouehottc : « Rap- pelez-moi au souvenir du nainîstre et de votre beau- père; aidez-moi do vos lumières et de vos conseils. » Thûring le signalait au représentant Le Tourneur comme le faiseur de Custine, CelHez s'étonnait qu'il n'eût pas subi le destin du général Moustache: « Ce valet ou plutôt ce complice de Custine voulait se donner un vernis de patriotisme.; son règne ne sera pas de longue durée; bientôt vous pourrez montrer aux patriotes gobe-mou- ches cet homme tel qu'il est. » Ronsin écrivait à Paris que Gay-Vernon n'avait aucune des qualités qui carac- térisent le républicain, et qu'il était dissimulé, astucieux, redouté de tous les vrais jacobins. Duquesnoy lui trou- vait infiniment de connaissances et d'activité, mais, ajoutait-il, « Gay-Vernon a des yeux qui ne me plaisent pas, » Benlabole déclarait qu'il avait perdu la contiance des patriotes. TruUard et Berlier louaient sos talents, mais, disaient-ils, il était un des plus zélés partisans de Custine, et il avait tenu des propos alarmants Jeanbon Saint- Vndré le jugeait un homme i'roid et craintif qui n'avail d'autre stratégie que de cantonner les troupes (1), Le li septembre, Bouchotle suspendit Gay-Vcrnon, 1. Gay Vernon ft Audouin, 3 aoûl : Celliez k Baacholle, 14 Juillet ; CeUiez it Varlri d Vincent, 3S juillat; rapport ds RDusin, 17 aoûtj Daifue'-Duy au ComîM, 26 août (A. G.) : témoignage de Bi^olabole (ioterpowtnire de lloucharci) ; TbiHng i Le Tourur-ur, lî aept. (A. N. W. ïai); Foucarl el Finot, II, 12T; Mon. du 26 . pi. (iéanoe du 24). t 31 ( HONDSCHOOTE en allt^guant que.cet officier donnait de t'inquiâtude ses liaisons avec Cusline et semblait hostile au sysl populaire. Gay-Vernon répondiL qu'un coup de potgnoKi lui eûL été moins sensible, et il protesta qu'il était sans culotte et ardent défenseur de l'égalité, qu'il avait pi être trompé par les hommes, mais qu'il ne partageiû pas leurs vices et leurs erreurs. Il partit cependant-j gagna son village de Vernon, dans la Haute-Vienai entre Saint-Léonard ttt Sauviat"; il promettait de piocha la terre, de donner aux paysans l'exemple des vertu! républicaines et de lire tons les jours de repos, dans sot petit jardin, la constitution de 1793 que son entouragi saurait bientôt par cœur et pratiipierait fidÈlei Uouchard était consterné. Il avait fait de Gay-Verai son inséparable coniident. Sur-le-champ, il offrit. démission. Que ferait-il sans Gay-Vernon? Privé 6t l'homme qui tenait sa correspondance, pouvait il con- server le commandement ? Une pareille fonction n'était elle pas désormais au-dessus de ses forces et de moyens? Il demandait* qu'on lui rendit son coopé^a1 dont il ne saurait se passer : Gay-Vernon était un ôl cier du plus grand mérite, un ami de la chose publique un patriote qui voulait bien, mfime au détriment de si santé, l'aider de ses conseils, de ses connaissance 'ocales et militaires {%. L'arrestation de Houcliard et de Berthelmy suivit . suspension de Gay-Vernon. Le Comité décidé que la mesure s'exécuterait avec autant de 1. Boui-hoUc à Berttielrny, la sept.; Gay-Vci tu nepl. (A. G.). î. Jlouhorii à lîoiichollc, 1 (A. G.). LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS 3 25 que de promptitude. Hentz, de retour au quartier- général d'Arras, résolut, avec Lacoste et Peyssard, d'appréhender sur-le-champ les prétendus traîtres. On n'attendrait pas Jourdan ; on confierait le commande- ment provisoire de Tarmée à Duquesnoy, le frère du député, et le seul des généraux qui parût sûr, et qui possédât la confiance des soldats depuis qu'il les avait menés au feu dans l'affaire récente de Wervicq; une fois Duquesnoy installé, on enverrait la gendarmerie natio- nale au logis de Berthelmy et de Houchard. Les deux inculpés se livrèrent d'eux-mêmes. Le 23 septembre, au matin, Berthelmy alla demander aux conventionnels des chevaux de luxe pour son usage per- sonnel. Ils l'auraient aussitôt arrêté, mais Duquesnoy n'était pas arrivé; ils promirent à Berthelmy de lui faire réponse à une heure de l'après-midi. Berthelmy revint à une heure; mais Duquesnoy n'était pas encore là; les commissaires fixèrent un second rendez-vous à quatre heures. A quatre heures, peu d'instants après que Duquesnoy avait accepté le commandement provisoire, Berthelmy, suivi de son domestique, frappait à la porte des représentants. Lacoste s'était placé sur le seuil en embuscade. Il fit, dit-il, « mettre l'embargo sur l'homme. » Berthelmy perdit contenance, et, pendant cju'ôn le menait à la maison d'arrêt, il gémissait, se désespérait. « Nous sommes convaincus, écrivaient Bentz, Peyssard et Lacoste, que nous renversons une ^es grandes batteries de l'ennemi. » Restait Houchard. Mais le domestique de Berthelmy l'avait instruit de l'arrestation de son maître. Le général, tout affairé, accourut chez les représentants et leur demanda ce qui se passait. « Berthelmy est arrêté, lui répondirent-ils, et vous aussi. » Il montra moins de sur- B0ND8CH00TS. (9 St6 HONDSCHOOTB prise et de douleur que son chef d'état-ma j or ;inais lorsqn' sut qu'il serait conduit à la maison d*arrôt, il se plaigii qu'on le mît à la prison commune sans faire aucune dil férence entre un générai et un simple soldai. « Il a trour fort dur, remarquent les commissaires, que nous l'ayon traité républicainement ; ces généraux qui ne font qu commander, ont de la peine à obéir. » Il s'entretint tran quillement de la situation de l'armée avec les deux con ventionnels; il les avertit que les ennemis dirigeaien des troupes considérables sur Maubeuge^ et il exprimi de très vives inquiétudes sur le sort de la place : < L conservation de Maubeuge est de la plus haute impor tance, mais je crains bien que la République n*ait pa* assez de monde pour se défendre (i). » Lacoste et Peyssard se hâtèrent de saisir les papier! de leur prisonnier. < Nous avons trouvé, mandaient-il^ à la Convention, sa correspondance avec les princeî étrangers ; il en résulte que nos armées étaient confiées â l'ami de nos ennemis, à la créature de Gustine ; aussi le duc d'York, voyant que le soldat avait rompu les mesures prises pour nous faire hacher devant Hondschoote, a dit en se plaignant : « Nous sommes trahis (2)1 » On ne pouvait mieux altérer la vérité, et un historien allemand affirme avec raison que rien n'était plus impu- dent que cette assertion, qu'elle n'a jamais été prouvée et qu'il suftit de connaître les événements pour la regar- der comme le plus grand mensonge. Que contenait en effet la correspondance de Bouchard avec les princes 1. Hentz, Lacoste et Peysaard au Comité, 24 sept. (À. G.). 2. Les représentants à la Convention, 26 sept. {Mon. du 30). Mais le 28, aux Jacobins, Collot d'Herbois reconnaissait que cette corres- pondance « renfermait, sinon des p7*euves de trahison, du moins des présomptions bien désavantag'euies contre le général. » H LA DBBTITUTION DES ÉTATS-MAJOBS ÎÎ7 étrangers? Les repréeenlants se récriaient d'indignation en lisant des lettres du prince héréditaire de Hohenlohe- Ingelfingen et de Szeliuly qui commandaient l'avant- gardc prussienne. Ils frémissaient en constatant que ces « messieurs » témoignaient à Houchardune haute con- sidération. Ils accusaient le général d'avoir des complai- sances envers la comtesse de la Leyen émigrée, d'écrire au duc de Brunswick en faveur des ennemis de la Répu- blique incarcérés à Metz et à Forbach, de correspondre avec Merlin et Reubell assiégés dans Mayence, et sûre- ment, ajoutaient les représentants, Merlin et Reubell n'allégueraient plus maintenant, pour excuser Yinfâme capitulation du 23 juillet, qu'ils ignoraient ce qui se pas- sait en France! Quelle crédulité grossière! Quelle rage Stupide de tout suspecter et de tout dénoncer! Si les représentants avaient lu ces missives sérieusement et à tète rassise, ils auraient vu qu'elles ne renfermaient que des formules de politesse. Un prince de Nassau disait à Bouchard qu'il s'empresserait toujours, en bon voisin, de faire ce qui serait agréable à la France. Le prince de Hohenlohe-Ingelfingenlui proposaitd'échangcr des pri- sonniers, et, avec cette courtoisie dont se piquent entre eux les hommes de guerre, se déclarait prêt à < se porter avec facilité aux arrangements qui pourraient obliger » son adversaire. La comtesse de la Leyen faisait h Hou- chard des offres semblables : des gens de Blieskastel avaient été emmenés en France comme otages et empri- sonnés, les uns à Metz, les autres à Forbach ; elle de- mandait qu'ils fussent délivrés ou échangés et assurait, poui- prouver son bon vouloir, qu'elle avait prié Hohen- lobe d'adoucir le sort de la femme et de la belle-sœur du patriote mayençais Patocki, détenues à Kdnigstein. Mais, pour effectuer cet échange, ne fallait-il pas s'adresser au s il UONDSCHOOTE roi de Prusse par rintermédiaire de Szekuly qui com- mandait son avant-garde? Ne f allai t-il pas informer Mer- lin et Reubell? Et les représentants inculpaient Houchard qui s*intéressait au destin de ses compatriotes captifs et qui, dans un billet à Szekuly, se plaignait que le roi de Prusse les eût barbarement traités! 11 est vrai que la correspondance de Houchard com- prenait encore une lettre au colonel Murray, chef d'état- major du duc d'York, une lettre à Frédéric-Guillaume,el une lettre à Kalkreuth. Mais la lettre au colonel Murray, la seule que Houchard eût envoyée aux alliés pendant qu il était à Tarrnée du Nord, concernait la mission de Forster, chargé, comme on sait, par le Comité, de négo- cier un échange de prisonniers et d'entamer des ouver- tures de paix ; Forster l'avait corrigée sous les yeux de Gay-Vernon, et des représentants l'avaient lue. La lettre à Frédéric-Guillaume avait paru dans le Moniteur ; elle était datée du 4 avril : Houchard, croyant sur de faux bruits que des hussards prussiens avaient massacré les blessés du 4' bataillon des Vosges, protestait contre de pareilles cruautés, assurait qu'il s'était toujours battu loyalement, que la générosité, l'humanité l'avaient guidé dans chaque circonstance, qu'il professait le respect du vaincu, qu*à Limbourg il embrassait les prisonniers pour les préserver de la fureur de ses soldats, et qu'il faisait panser les blessés prussiens avant les blessés français. Enfin, la lettre à Kalkreuth exhalait un patriotisme ardent, enragé, dénué de scrupules : Houchard refusait de reconnaître la capitulation de Mayence ; il disait à Kalkreuth et le chargeait de dire à son maître que la garnison n'avait pas été consultée, qu'elle n'était pas liée par l'infamie de son chef et que lui, Houchard, l'emploierait contre les Prussiens. Voilà quelle était Li DESTITDTIOfJ DES ÉTATS-MAJOBS la correspondance de Houchard avec les ennemis {1}1 Mais il était irrévocablement condamné. Vainement, dans la séance du 24 septembre, les conventionnels s'émurent lorsqu'ils apprirent sa destitution par une let- tre de Bouchotte. Vainement quelques-uns protestèrent. Billaud-Varenne et Jeanbon Saint-André défendirent le ministre qui n'agissait que de concert avec le Comité. Houchard, dit Billaud-Varenne, étaitnon seulement des- titué, mais arrêté parce qu'il avait trahi la nation, et il paierait de sa tête cette trahison. Quant à Jeanbon, il blâma le général d'avoir marché sur Mayence lentement et à pas de tortue, de s'entourer d'hommes comme Gay- Vernon et Berthelmy qui ne pensaient qu'à prolonger la guerre, et de ne pas posséder la moindre étincelle de talent. Les griefs du Comité contre Houchard furent exposés avec plus de précision par Barère, Jeanbon et Robes- pierre, dans la séance du lendemain (23 septembre). Ba- pèré déclara que Houchard était infiniment suspect pour quatre raisons : i' 11 n'avait pas jeté les Anglais à la mer après leur déroute; 2° il n'avait pas taillé en pièces les Hollandais, quoiqu'il les eût cernés; 3° il n'avait imprimé qu'un mouvement partiel h Tarmée, et il gardait inac- tives des troupes qui pouvaient être d'un grand secours, lorsque les Impériaux assassinaient la garnison de Cam- brai dans un ravin; 4° il avait abandonné Menin et laissé massacrer son arrière-garde qui battait en retraite. Ces faits, ajoutait Barère, étaient présentement certains ; mais, 1. Voir les lettres dans le dossier de Houchard (A. N); dfcUt- ralion de (iEy-Vernon au président de la SoclHé popuInJre de Limoges (A. G.) ; Houcliard au roi da Prusse, 4 avril (.Ifon. du il) ; Bouchard à Kalkreiith,31iaDilt'A. G. el Mnypnce.BPÎ.); Geschichlet/er Krif.ge in Eiii-opn, 11, 83, note (« uoverachSmt,.. die groaate Luge •). 1 ) HONDSCIIOOTE « environnés de lauriers », ils n'avaient d'abord été qu'incomplètement connus. On croyait que Houchard avait remporté la plus belle -victoire ; on n'examinait pas les résultats de ce succès, les pertes qu'éprouvait l'armée et les mauvaises dispositions que le général lui comman- dait de prendre ; on était indulgent pour un vieux soldat qui s'était signalé par plusieurs actions d'éclat sous l'an- cien régime et qui, des rangs obscurs d'une légion, s'élevait jusqu'au grade le plus éminent. Mais Hentz était venu à Paris, et ce commissaire intègre et éclairé (Ba- rère le qualifiait ainsi) avait confirmé tous les rapporta que recevait le Comité. Là-dessus, Barère décrivait h sa façon, c'est-à-dire de la fa(;on la plus inexacte et la plus fantastique, la bataille d'Hondschoote. Il y avait, selon Barère, trois colonnes fi cette bataille; la première avait étécommandée par Landrinqui s'étai t caché ;la deuxième, dirigée du côté de la mer, avait laissé aux Anglais le temps de se retirer; la troisième, envoyée sur Hond- schoote, et inférieure en nombre aux coalisés — elle comptait 12.000 hommes et luttait contre 18.000 ennemis bien retranchésl — n'avait atteint son but que par un efTort de valeur qui tenait du prodige. Pourquoi, con- cluait Barère, le Comité n'eùt-il pas destitué Houchard qui morcelait son armée soit par ignorance crasse, soit par trahison? Robespierre et Jeanbon Saint-André appuyèrent le rapporteur officiel du Comité de salut public. Jeanbon assura que Houchard était à la fois incapable et traître, que les Anglais seraient maîtres de Dunkerque si Ion eûL suivi ses plans, que ses troupes l'avaient forcé de vaincre, et il comparait le malheureux général à Dumou- riez qui devait sa victoire de Jemappes à ses soldats, et qui méritait la honte de l'échafaud, au lieu de la cou- r L4 DESTITUTION DES ÉTATS-MAJOnS ronne civique. Robespierre vanta le Comité que certains hommes osaient attaquer, ce Comité qui voyait des tra- hisons au milieu d'un triomphe, ce courageux Comité qui destituait un chef encore investi de la confiance et revêtu de l'éclat d'un succès apparent; c'est malgré Bouchard, disait Robespierre, que les sans-culottes ont ■vaincu, et, k l'assaut d'Hondschoote, l'armée française ar.raildû périr I Le même soir, il développait une sem- blable accusation h la tribune des Jacobins. Il traita Hou- charii de conspirateur. Le Comîté.s'écriait-il, avait formé et communiqué au générai un plan dont la réussite était infaillible ; pas un Anglais ne devait échapper pour por- ter à Londres la nouvelle du désastre; mais Bouchard s'entendait avec les ennemis; il refusa d'exécuter le plan du Comité; par trois fois il s'enfuit devant les alliés; de peur de les atteindre, il revenait sur ses pas, et cet homme à qui l'on contestait du talent, en déployait beau- coup pour ne point battre l'adversaire (1) I Dès lors, l'opinion s'anima, se monta contre Bouchard. Dans une séance des Jacobins, Chabot l'accusait d'avoir jadis calomnié les volontaires et prodigué les épithètes les plus injurieuses elles plus imméritées aux bataillons nationaux. Jacques Roux, le continuateur de Marat,écri- Tait niaisement que le « barbare » Houchard avait niigligé de jeter dans la mer les Anglais et les Ëspagnolt, Laveaux affirmait que Houchard avait pris part A tous les brigandages de Custine en Allemagne et dénoncé le 1. séance de la ConventioTi, 25 aept (Mon. du 37), séancu des Jaco* bina, Ï5 sept. {Mon. du 30 el Journal de la Montagne, du SS). On & vu plus haut que le Comité n'avait pas • formé un pian u; le plim est d(3 G&y-Vertioa qui l'eipusa le 25 août et l'abaaduuna lu 30 auùt; Levaa9eiir qui gavait ce qui s'était passé, contHbua surtout ï répandre Terreur; Houctiard, dil-iJ dons aa déposition, « a, par les conseils de Vernon, ciiangé le plan d'attaque envoyé par le Comité. ■ h i génOruI Moustache après la capitulation de Mayem éloigner les soupçons et parce qu'il voyait bien que soi? pûlvon ûtait perdu sans ressource. Le correspondant lit lois (lu Balave mandait que, si le traitre Bouchard av^ voulu, Ostende appartiendrait aux Français, mais qu* était un de ces officiers de fortune, par malheur si nom breux. qui n'avaient pas le moindre attachement aux not veaux principes et qui taisaient leur chemin sous l'an cien régime en flattant messieurs les officiers et en leo rapportant les propos des chambrées. Hébert disait dan le Père Ducheme que la caque sent toujours le harengs que Bouchard savait tourner casaque : « Un palel'reniç devenu général d'armée, trahir la République qui 11 tiré du fumier pour Je mettre sur le pinacle! Un Bon chard vouloir singer un Dumouriezl Pouvait-on miea! attendre d'un misérable goujat qui ne s'était élevé qu^ force de bassesses et en décrottant les boites de Custiae^i Tel maitre, tel valet. > Une députation des clubs du Sedan, de Montmédy, de Givet, de Philippeville et djS Mouzon se présentait aux Jacobins de Paris et demandau que les états-majors fussent entièrement purgés, que (I prompt jugement de Bouchard devînt un avertissement pour tous les généraux. « Victoire, lisait-on dans le Rov*. gylf, Bouchard et son état-major sont gobés; ils étaient! de moitié avec l'ennemi, et voulaient lui livrer notrfi] armée; que l'on fasse aiguiser la sainte guillotine; ellfl' aura de la besogne (1)1 » Le 37 septembre, Bouchard avait été, en même tei que Berthelmy, envoyé à. l'Abbaye, Le 24 octobre, F' ■ LA DESTITUTION DES ÉTATS-MAJ0B3 333 H' laud-Varenne diïclarail à !a Convention, au nom du W Comité de salut public, que les généraux devaient être K les premiers frappés puisqu'ils étaient les premiers à trahir leurs serments, et il proposait de rapporter le décret qui ne livrait les généraux d'armée au tribunal ( révolutionnaire qu'après une décision de l'Assemblée : « Que ce décret soit rapporté, et Bouchard paiera bien- tôt de sa tête le sang qu'il a fait verser par ses trahisons ' multipliées 1 > La Convention rapporta le décret (1). Bouchard, transféré à la Conciergerie, — où il y avait ^ alors vingt-quatre généraux 1 — pria la Convention de ' hâter son jugement et d'appeler devant le tribunal ses j frères d'armes qui témoigneraient de son innocence (2). 11 se défendit. BarÈre, disait-il, a produit contre moi qua- tre chefs d'accusation : 1° Je n'ai pas jeté les Anglais à la mer. — Mais étaient-ils d'humeur à se laisser jeter à ' la mer par un adversaire qui leur était de moitié infé- I rieur en nombreî S'il y avait lo.OOO HanovTiens à Bond- schoote, il y avait 30.000 Anglais devant Dunkerque. et ces Anglais n'étaient nullement mis en déroute, nulle- ment entamés; ils se sont retirés, aussitôt après le com- ' bat du 8 septembre, dans une position avantageuse der- I rière Furnes;pour aller à eux, j'avais quatre lieuesâfaire, ' le jour tombait, et devais-je me hasarder fi travers un pays inondé où les ponts étaient rompus? 2° Je n'ai pas taillé les BoUandais en pièces. — Mais j'avais prescrit de les tailler en pièces; pouvais-je être partout et suis-je » responsable d'une affaire où je n'étais pas? 3" Je n'ai 1. G'élïlt Billaud qiil, le 9 juin, aux Jscobias, avnlt deainndi que ]■ Conv^atioD rendit par décret lei généraux res|ionsables sur leur tète de touloa lai défaites qui aersient ëvldemmenl la auile de leur impérlUe. {Journal de la Montagne du 13jnm.) 2, LetlfeMa Conveation, li nov. (Mon. duifljjcf. Chasaignet, Vn loldat lorrain, 48. 1^ M HO^DSC«00TE imprimé qu'un mouvement partiel à l'armée el j'aurais causé par là regorgement de la garnison de Cambrai dans un ravin. — Mais j'avais commandé à. cette garnison d'opérer une fausse attaque et non de se fourrer dans un ravin h. Avesnes-le-Sec, si loin de la place. Pouvais-je tout mdeker à Declaye 7 Pourquoi s'est-il exposé? Pourquoi ne s'est-il pas « conduit mililairement »7 4° J'ai aban- donné Menin et laissé les ennemisassaillir l'arrière-garde, — Mais étais-je à Menin? Ai-je envoyé des ordres en cette journée? Puis-je, cette fois encore, répondre des fautes d'aulrui?Et Houchard concluait : Carnot a désiré que le siège de Dunkerque fût levé; j'ai fait lever le siège, et ce débloquement a rapporté six millions à la République et coûté plus du double aux coalisés. On dit que j'ai trahi. Mais pourquoi aurais-je trahi? Pour jouir d'un meilleur sort? Pour avoir plus de considération? N'étais- je pas « an poste suprême du militaire »? N'avais-je pas la confiance de mes concitoyens et de mes frères d'armes? Aurais-je changé la place de général d'un peu- ple libre contre celle de dernier soldat des despotes? On prétend, il est vrai, que je ne suis pas républicain. Mais je suis un plébéien, un sans-culolte. Dès le commence- ment de la Révolution, je me suis prononcé en faveur du système populaire. Pas un soldat n'a lutté plus que moi pour la cause de la liberté. Pas un n'a été aussi bien ré- compensé. Hélas! la récompense a été trop bellel Je ne souhaitais que le grade de capitaine de dragons, et ce grade, je l'avais obtenu; étranger à toute ambition, t toute intrigue, je n'ai pas sollicité tous ces emplois que j'ai exercés; je ne voulais être ni colonel, ni général de brigade, ni général de division, ni général d'armée, et l'on m'a forcé de prendre ces commandements qui me Talent aujourd'hui l'injure et la prison. Quoi! j'ai trente- L* DESTITUTION DES ÉTATS-MAJORS „1 huit ans de services dont dix ans de guerre; j'ai tou- jours combattu vaUlammeni, et personne n'a douté de mon courage; j'ai six blessures qui sont autant de certificats de ma bravoure, un coup de fusil à tra- vers la figure, un deuxième dans la cuisse, un troisième è. la jambe et trois coups de sabre. Et je suis à la Conciergerie I Mais mon innocence, je l'espère, sera reconnue ; j'ai l'âme pure et la conscience nette ; je prie le ministre et le Comité de me renvoyer à Sarre- bourg, dans ma famille, sous la surveillance de ma mu- nicipalité (1). Il comparut le 15 novembre devant le tribunal révolu- tionnaire. Indigné de la bêtise et surtout de l'insoiencs de ses accusateurs, il avait rédigé pour sa défense une harangue chaleureuse et brûlante de colère. Beugnot lut ce discours et en admira l 'éloquence sauvage ; il crut entendre le Marins du marais de Minturnes; « telle com- paraison, dit-il, rappelait les chants d'Homère ou d'Os- eian; je conçus une idée plus relevée de Bouchard et je vis que la nature lui avait départi une étincelle de génie qui n'avait point été amortie par les mœurs et le ton du jour. » Bouchard confia sa harangue à Osselin qui la délaya en style de palais de la façon la plus froide et la plus plaie. Hais, quand elle eût été un chef-d'œuvre, le sort du général n'auraitpas changé. Dumas lui reprocha sa lâcheté. Aussitôt, le vieux soldat se leva, ouvrit son habit et présenta sa poitrine sillonnée de cicatrices : < Lisez ma réponse, » s'écria-L-il. On lui imposa silence et il retomba sur le fauteuil. Il pleurait. On put le juger, 1. On s mfilé et résumé ici les diverses justifications de Hourhard, ' son mémoire du 29 septembre à Bouchotlo et un mémoire aa tribu- | Bai révoIuUoDDgdre aiasi qae ses réponses à l'interrogatoire. { 1^ J HONDSCHOOTE -le condamner, le mener au supplice : il semblait Ignorer ' ce qui se passait autour de lui; il n'avait plus au cœur d'autre sentiment que le sentiment de son honneur pro- fondément blessé; il ne répétait plus qu'un mot, le mot de Dumas qui lui semblait pire que la mort : « Le miàé- rable, il m'a traité de lâche I » Le 16 novembre, il mon- tait sur l'échafaud pour avoir, disait Fouquier-Tinville. « pratiqué des manœuvres et intelligences avec les enne- mis de la République, facilité leur entrée en France el -favorisé le progrès de leurs armes, notamment à l'armée de la Moselle qui devait secourir Mayence et à l'armée du Nord qui devait secourir Dunkerque. » L'exécu- tion de Houchard fil une impression profonde sur les armées. On le savait sans-culotte, et sa trahison ne trouva dans les camps que des incrédules. « Jusqu'à cette époque, écrit un officier, la faux révolution- naire n'avait moissonné que des têtes titrées. Chacun craignit d'avoir son tour, et nous avons souvent entendu répéter ce qu'aurait dit Houchard en allant à la mort : < Ballez-vous donc pour ces bougres-là qui vous guiiloti- netit (1)1 » Berthelmy et Gay-Vernon échappèrent. Neveu d'Aubert "ue le ministre de la guerre avait eu pour adjoint, ami de Brune, lié avec le commissaire Varia et par suite avec Celliez, Berthelmy n'avait rien à craindre de Bou- chotte. Malgré Jeanbon Sainl-André qui le haïssait, malgré les adjudants-généraux Thilring et Sauveur Ché- nier qui le dénonçaient comme modéré, il put se sous- ^^ LA DfSTITCTiON DES ÉTATS-UAJ0R3 337 traire et DXLII, 5) ; Berthelmy au Comité, 30 septembre; Uémuire â